La définition et les méthodes d’enregistrement archaïques des mortinaissances qui prévalent actuellement au Canada entravent à la fois les soins cliniques et la santé publique. La situation est délicate à cause des problèmes de définition que pose l’inclusion des avortements provoqués à ≥ 20 semaines de gestation parmi les mortinaissances : le recours généralisé au diagnostic prénatal et les avortements provoqués en cas d’anomalies congénitales graves ont entraîné une augmentation temporelle artéfactuelle des taux de mortinatalité au Canada et placé le pays dans une position défavorable dans les classements internationaux (de la mortinatalité). Les autres problèmes dans la définition et les méthodes d’enregistrement canadiennes des mortinaissances sont l’inclusion de la réduction fœtale (pour les grossesses multifœtales) parmi les mortinaissances et l’emploi de critères de viabilité inconsistants pour déclarer les mortinaissances. Nous examinons ici l’histoire de l’enregistrement des mortinaissances au Canada, nous justifions une révision possible de la définition de la mort fœtale et nous recommandons une nouvelle définition et des méthodes d’enregistrement améliorées des morts fœtales. Les recommandations proposées se veulent un point de départ à une reformulation des questions liées à la mortinatalité, dans l’espoir que l’établissement d’un consensus sur une définition et sur les méthodes d’enregistrement facilitera les soins cliniques et la santé publique.