摘要:Nombreux sont les manuels québécois de rédaction technique, scientifique ou administrative qui comportent une section spécialement consacrée à la qualité de la langue écrite. On y retrouve généralement des guides théoriques sur les catégories et fonctions syntaxiques, des listes de connecteurs logiques, des recommandations générales sur les difficultés orthographiques (participes passés, homophones, etc.). Il n’est pas rare d’y lire également des « conseils pratiques » sur la syntaxe (faites des phrases complètes, évitez les phrases trop longues), la cohérence du texte (accordez une attention particulière aux mots de liaison) et le vocabulaire (évitez les termes familiers). Ces rappels ne sont certainement pas nuisibles en eux-mêmes : nul ne contestera l’utilité de bien construire ses phrases, d’être cohérent, de châtier son style. Bien souvent, ils sont malheureusement trop généraux pour être vraiment utiles dans des contextes où l’enjeu est de produire des documents bien écrits et efficaces – sans nécessairement avoir à réviser l’ensemble des règles grammaticales. Par exemple, les policiers transcrivent des propos souvent très grossiers dans leurs rapports quand ils rendent compte de leurs interactions avec les suspects : ils doivent pour cela maîtriser les règles du discours rapporté, dans le but précis de respecter les écarts de registre. Les graphistes emploient peu de connecteurs logiques dans leurs argumentaires de projets, car ils doivent « séduire » leurs clients sans leur donner l’impression d’argumenter; leur défi est justement de trouver des tournures permettant d’éviter l’emploi des adverbes, subordonnées et groupes prépositionnels à valeur argumentative. Dans les devis, les technologues en architecture emploient plus souvent des phrases infinitives que des phrases conformes au modèle canonique; pour eux, la difficulté consiste à s’assurer de la cohérence syntaxique de ces énumérations de groupes verbaux « sans sujets ». Ces personnes et tant d’autres rencontrent de réels défis d’écriture, et pourtant ont disposé à ce jour de peu d’outils pour développer des compétences rédactionnelles particulières aux différents programmes d’études (rédiger des rapports en Techniques policières, écrire et interpréter des devis en Technologie de l’architecture, justifier une proposition visuelle en Techniques de graphisme, etc.).