摘要:La liaison a déjà fait l’objet de nombreuses études dans le domaine de la phonologie mais ce n’est que récemment que l’on s’est intéressé à son acquisition (pour un bilan général Chevrot, Fayol & Laks, 2005). Les nouvelles avancées concernent notamment l’élaboration de scénarii développementaux impliquant la liaison et la segmentation des mots chez l’enfant (Wauquier-Gravelines & Braud, 2005 ; Chevrot, Dugua & Fayol, 2009). Lorsqu’il apprend les liaisons, l’enfant francophone n’a d’autre choix que de construire cet apprentissage sur l’analyse des flux de parole continue et variable qui l’environnent. Cette analyse le place dans une contradiction. D'un côté, puisque la consonne de liaison est enchaînée au mot de droite, elle forme une syllabe CV – Consonne-Voyelle – à l’initiale de ce mot : "les amis" est perçu comme /le.zami/. Cependant cette syllabation crée une disjonction entre césure lexicale et frontière syllabique puisque, dans /le.zami/, la frontière entre le mot1 et le mot2 est après le /z/ alors que la frontière syllabique est avant le /z/. Dans ce cas, l’enfant va privilégier la césure syllabique et attacher la consonne de liaison au mot2. D'un autre côté, l’enfant remarque que l’initiale du mot2 est conditionnée par le mot1. En effet, la nature phonétique de la consonne de liaison (/n/, /z/ ou /t/) est déterminée par le mot1 « comme si elle lui appartenait » (Tranel, 2000) (la forme /n/ suit le déterminant "un", /z/ suit "deux", /t/ suit "petit", etc). L’enfant va donc percevoir un lien entre la consonne de liaison et le mot de gauche. Précocement, l’acquisition de la liaison est donc influencée par deux tendances qui peuvent sembler contradictoires : la syllabation avec le mot2 qui l’attire vers la droite et la détermination de sa nature phonétique par le mot1 qui l’attire vers la gauche. La façon dont évolue cette contradiction déterminera le futur statut lexical de la consonne de liaison : soit attachement au mot1, soit attachement au mot2, soit indépendance lexicale (Côté 2005).