摘要:Une dimension clef du processus d'acquisition d'une langue seconde (L2) est la mise en relation d'une forme et d'une fonction. Cet appariement forme-fonction ne se met néanmoins en place que fort tardivement. Ainsi, pour exprimer certaines fonctions, l'apprenant L2 a dans un premier temps recours à des principes discursifs et sémantico-pragmatiques, à des structures préfabriquées et à des formes intermédiaires avant de grammaticaliser progressivement ses énoncés et enfin d'utiliser adéquatement la grammaire pour marquer, entre autres, les différentes catégories grammaticales (nombre, genre, temps, etc.). Bref, le processus acquisitionnel passe d'un stade premier de lexicalisation vers un stade de morphologisation, qui ouvre la perspective d'un emploi adéquat, d'un appariement donc entre la forme et sa/ ses fonction(s) (Noyau 1997). En ce qui concerne l'analyse du processus d'appropriation des formes verbales, les études acquisitionnelles se sont avant tout intéressées à l'appariement entre les formes conjuguées des verbes et l'expression du temps et de l'aspect. En français, le marquage de ces deux fonctions est intrinsèquement lié. En particulier, l'exploitation émergente des conjugaisons du passé (passé composé, imparfait, passé simple) offre un champ d'observation particulièrement riche qui a suscité de nombreuses études (cf. e.a. Kaplan 1987 ; Noyau et al. 1995 ; Kihlstedt 2002 ; Ayoun 2001, 2004, 2005). Plusieurs études ont ainsi indiqué que les formes de la conjugaison du passé se limitent dans un premier stade au passé composé qui est par conséquent souvent suremployé à des contextes où devraient apparaître des formes de l'imparfait. L'imparfait s'impose ensuite progressivement, d'abord avec les verbes être et avoir et plus tard avec les autres verbes lexicaux. Le plus-que-parfait est la conjugaison du passé qui surgit en dernier lieu dans l'interlangue des apprenants de français L2 (FL2). La contribution se donne dans un premier temps pour but de décrire le développement des formes de la conjugaison du passé dans l'interlangue d'apprenants néerlandophones du FL2 à l'aide d'un corpus oral. Elle examinera ensuite les fonctions temporelle et/ ou aspectuelle que ces formes verbales y remplissent afin d'étudier leur appariement forme-fonction. La contribution tentera plus particulièrement de répondre aux questions suivantes, issues de l'hypothèse aspectuelle d'Andersen (1986, 1991) : L'aspect est-il effectivement marqué avant le temps en FL2 ? L'imperfectif apparaît-il après le perfectif en FL2 ? Les apprenants marquent-ils d'abord le perfectif avec des verbes téliques, et seulement ensuite éventuellement avec des verbes atéliques ? L'imperfectif est-il d'abord utilisé avec des verbes atéliques et seulement après avec des verbes téliques ? Les données de notre corpus confirment prudemment l'importance et la primauté du marquage de l'aspect dans l'interlangue des apprenants FL2. Cette primauté de l'aspect permet sans doute aussi de comprendre la primauté des formes du passé composé, qui s'opposent par l'aspect accompli au présent qui indique l'accomplissement. Le surgissement de l'imparfait semble aller de pair avec la prise en compte de l'expression du temps passé par le passé composé et donc aussi de la nécessité d'introduire une dimension d'accomplissement au passé. L'analyse détaillée des lexèmes verbaux convoqués indique que leur aspect lexical inhérent semble aussi jouer un rôle dans l'ordre développemental des conjuguaisons du passé, bien que certaines affirmations de l'hypothèse aspectuelle d'Andersen n'aient pas pu être pleinement confirmées.
其他摘要:A key dimension of the acquisiton process of a second language (L2) is the link between a form and it's function, but this form-function pairing emerges rather lately. In order to express certain functions, the L2 learner first uses semantico-pragmatic resources, chunks and intermediate forms before being able to progressively grammaticalise his utterances and finally to adequately use the grammar to mark different grammatical categories (e.g. number, gender, tense, etc.). The L2 acquisition process evolves thus from a lexicalisation to a morphologisation stage, which progressively enables the L2 learner to adequately combine form and function (Noyau 1997). Regarding the acquisition process of verbs, most studies have examined the pairing of finite verbs and the expression of tense (temps in French) and aspect (aspect). The marking of these two functions is intrinsically linked in French. The progressive exploitation of the conjugations of the past (passé composé, imparfait, passé simple) offers in particular a rich investigation field (cf. i.a. Kaplan 1987; Noyau et al. 1995; Kihlstedt 2002; Ayoun 2001, 2004, 2005). Several studies have revealed that the reference to the past is limited to the passé composé at first, which is consequently overused, even in contexts where the imparfait should appear. The imparfait develops progressively afterwards, in the first place with the verbs être and avoir and later with the other lexical verbs. The plus-que-parfait is the last conjugation of the past to develop in the interlanguage of FL2 learners. This contribution will first describe the development of the different conjugations of the past in the interlanguage of Dutch speaking FL2 learners, by examining oral data. The focus of this contribution is the temporal and/ or aspectual functions expressed by these conjugations. This paper will more particularly enable us to answer the following research questions, that are derived from Andersen's Aspect Hypothesis (Andersen 1986, 1991):Is aspect actually marked before tense in FL2? Does the imperfective emerge after the perfective in FL2? Is the perfective first marked with telic verbs and afterwards marked with atelic verbs? Is the imperfective first used with atelic verbs and only afterwards used with telic verbs? The data of our corpus cautiously confirm the primacy of aspectual marking in the interlanguage of FL2 learners. This primacy of aspect seems to explain the primacy of the passé composé forms, since they express the perfective in opposition to the present tense which expresses the imperfective. The later emergence of the imparfait seems to go hand in hand with the actual reference to the past with passé composé forms and therefore with the necessity to introduce an imperfective dimension in the past. The detailed analysis of the produced verbs indicates that the inherent lexical aspect also plays a role in the developmental order of the conjugations of the past, even though certain elements of Andersen's Aspect Hypothesis have not been fully confirmed by the data.