标题:Pourquoi l'acquisition des pronoms est plus simple que celle des articles : apport du japonais L1 dans l'expression de la référence aux entités en français L2
摘要:En matière de référence aux entités, les usages malheureux des articles par des apprenants d'une langue première dépourvue d'articles sont souvent envisagés comme le résultat d'un transfert négatif des propriétés morphosyntaxiques de la langue source. Or cette explication qui s'inscrit dans la lignée des hypothèses contrastives présente des limites. Sur le plan théorique, les déterminants du nom ne sont pas des unités absentes du japonais ni d'ailleurs des unités obligatoires en français, et l'explication de leur mésusage dans le français L2 de locuteurs nippophones, par exemple, ne peut résider dans la seule absence de moyens formels en langue première. Sur le plan empirique, cette explication se heurte au constat, non pas d'une absence d'articles dans le discours en langue cible d'apprenants de langue première sans article, mais à un emploi facultatif et une distribution a priori aléatoire des articles (Trévisiol 2003, Sleeman 2004, Lenart 2004, 2012 ). Nous suggérons donc d'envisager également l'hypothèse sémantique selon laquelle les prénoms participent, dans le domaine de la référence aux entités et avec d'autres éléments paranominaux comme les pronoms, de la construction en situation de la structure informationnelle du discours. Nous élargissons ainsi l'étude des articles en français langue seconde à celle des pronoms, autres éléments a priori absents du japonais d'un point de vue strictement morphosyntaxique et présents en français, afin de tester ces deux hypothèses explicatives des usages en situation de contact français L2 – japonais L1. Une revue de la littérature (Lambrecht 1994, Epstein 2002, Lebas-Fraczak 2009) permet de clarifier l'hypothèse sémantique. Elle suggère que, dans une perspective sémantique, les deux notions clés permettant de rendre compte de l'usage des prénoms et pronoms en français sont les notions d'identifiabilité énonciative et de saillance discursive. Si cette dernière notion est pertinente pour décrire l'expression de la référence aux entités en japonais, la précédente l'est beaucoup moins. Ainsi les hypothèses morphosyntaxiques et sémantiques font des prédictions distinctes sur l'usage des prénoms et pronoms en français L2. Tandis que l'hypothèse morphosyntaxique prédit un mésusage des prénoms et pronoms en raison de leur absence et /ou caractère facultatif en langue source, l'hypothèse sémantique prédit que les unités linguistiques qui expriment la saillance en français, en l’occurrence les pronoms, sont, pour des apprenants nippophones, plus accessibles que les unités exprimant l'identifiabilité énonciative, soit les prénoms. Le but de cet article est donc de proposer un cadre translinguistique d'analyse des éléments paranominaux dans les langues en contact et de montrer sa pertinence en deux étapes : d'une part à travers l'étude de la référence aux entités dans des passages narratifs comparables en deux langues, l'une dite sans article, le japonais, et l'autre avec articles, le français. L'analyse contrastive nous montrera la pertinence des notions d'identifiabilité et de saillance pour comprendre l'expression de la référence aux entités dans ces deux langues. D'autre part, une étude longitudinale exploratoire de l'usage des prénoms et pronoms dans le discours narratif en français L2 d'apprenants nippophones à partir du même support en image, nous montrera que le processus acquisitionnel en situation de contact japonais L1-français L2 est prioritairement guidé, non pas par des contraintes morphosyntaxiques, mais par des catégories sémantiques.