摘要:Que savons-nous de la « parole » des Poilus ? Si le célèbre recueil Paroles de Poilus publié en 1998 par Jean-Pierre Guéno et Yves Laplume, nous a donné à lire des lettres écrites par les soldats de 14, c’est, dans leur titre, de parole au sens large de « discours » qu’il est question. Mais pour la parole au sens spécifique de « discours oral », nous n’avons pas de témoignage direct : les quelques scènes de guerre filmées que nous avons conservées sont muettes ; les enregistrements d’époque gravent la parole des acteurs, des chanteurs, des hommes politiques, des professeurs ; les « Archives de la parole » ont recueilli, par les soins de Ferdinand Brunot, de précieux exemplaires des parlers dialectaux des campagnes des Ardennes, du Berry et du Limousin ; mais elles n’ont pas enregistré le français tel qu’il se parlait aussi dans cette Troisième République encore essentiellement rurale du début du 20e siècle : il était en effet la langue de communication lorsqu’on s’adressait aux administrations, qu’on se rendait en ville, et il était bien sûr la langue apprise à l’école1 . Les Poilus connaissent et parlent cette langue française, qu’ils l’aient acquise au berceau ou apprise à l’école2 . À sa femme, l’un d’eux recommande, à propos de leur fils.