摘要:Le déclenchement d’un cycle protestataire sans précédent dans les sociétés du Maghreb et du Machrek n’a pas seulement ébranlé les bases des régimes mais il a aussi sérieusement remis en cause un certain nombre de présupposés scientifiques sur le caractère inéluctable de l’autoritarisme et sa capacité extraordinaire à survivre aux crises politiques, sociales et économiques.Pourtant, le débat au sein des sciences sociales est loin d’être tranché.Les premiers balbutiements des processus de transition démocratique en Tunisie, en Libye et en Égypte, la normalisation « par le haut » du champ politique marocain et jordanien ou, encore, la contre-offensive répressive lancée par les régimes bahreïni et syrien, semblent partiellement donner raison à « l’école des consolidologues » pour qui les mouvements contestataires, aussi inédits soient-ils par leur ampleur et leur diffusion régionale, n’ont fait qu’effriter les fondements des régimes en place, le « génie de l’autoritarisme » étant appelé à se perpétuer sous d’autres formes.Certains spécialistes vont même plus loin dans leurs propos, moins par fatalisme scientifique, que par optimisme démocratique, en soulignant que la notion d’autoritarisme n’est plus véritablement pertinente pour décrire les réalités politiques du monde arabe et que certains régimes disposent désormais des ressources internes suffisantes pour engager des processus de démocratisation pacifiques et consensuels, le Maroc faisant ici figure d’exemple à suivre (Dupret et Ferrié, 2012).Pourtant, au-delà des débats contradictoires qui s’engagent dans les cercles d’initiés sur l’avenir des mouvements protestataires dans le monde arabe, « pessimistes » et « optimistes » semblent pêcher par le même excès : celui de focaliser leurs analyses sur une temporalité courte (celle des contestations et des réponses apportées par les régimes en place), alors que précisément les mouvements en cours s’inscrivent dans une temporalité longue, dont les secousses actuelles ne représentent qu’un épisode.
其他摘要:What Beyond the contradictory debates held in social science circles on the future of protest movements in North Africa, researchers tend to err on the same point: they focus on the short-term ( protest cycle, repression, standardization), whereas the movements they analyze are specifically part of a long-term process, in which current upheavals are only one episode. The purpose of this study is to show that the ongoing collapse of authoritarian regimes did not start with the 2010-2011 Arab Spring. Previous social protests in the 2000s were probably early signs of possible substantial changes across the Maghreb and the Arab world. Subsequently the process of political transformation in Maghreb and Mashreq societies will not be limited to revolutionary events. Beyond the actual visible weakening of the men in power, the central issue in revolutionary processes remains the legitimacy and symbolic effectiveness of systems: why don’t identical circumstances lead to changes in regimes everywhere?