Le debat public en urbanisme a Montreal : un instrument de developpement urbain durable?
Gariepy, Michel ; Gauthier, Mario
Abstract
Sustainable development has become a keyword and a guiding
principle for metropolitan and urban planning. This paper treats
sustainability from a procedural perspective and investigates the
following questions: can public participation be a tool, first for
defining the content of urban sustainability, then for implementing it?
How is this concept mobilized in public debate? To look into the
questions, an analysis of two major public debates held in relation to
urban planning in Montreal is conducted: first, the public hearings held
by the OCPM (Office de consultation publique de Montreal) in 2004 for
the new city wide master plan; then the ones held by the South-West
Borough in 2008 for the Griffintown development project. The paper
contrasts the two cases as to their nature, the procedures involved, who
were the public participants with issues raised, and examines linkages
between them, both expected and actual, to conclude with more
theoretical comments about urban sustainability and "the
engineering of public participation."
Key words: urban sustainable development; urban sustainability;
public participation; collaborative planning; urbanism; Montreal
Resume
Le developpement durable des villes et des metropoles est devenu un
principe d'action pour l'amenagement du territoire et
l'urbanisme. Cet article, qui envisage le developpement durable
comme un concept essentiellement procedural, pose les questions
suivantes : comment le debat public peut-il servir a la construction et
a la mise en oeuvre du concept de DUD? Comment peut-il servir a lui
donner du contenu? Comment le concept est-il utilise a des fins de
legitimation dans le debat public, par les elus et les promoteurs qui
veulent faire accepter un plan ou un projet, ou par les citoyens et les
associations, qui veulent influencer la prise de decision? De quelle
maniere le concept est-il mobilise par les participants aux
consultations publiques? Pour repondre a ce questionnement, sont
examines deux grands debats publics menes recemment en matiere
d'urbanisme a Montreal : la consultation publique tenue en 2004 par
l'Office de consultation publique de Montreal (OCPM) sur le nouveau plan d'urbanisme de la Ville de Montreal et la consultation
publique tenue en 2008 par l'Arrondissement Le Sud-Ouest de
Montreal sur le projet de developpement Griffintown. En contrastant ces
deux cas, les auteurs proposent une reflexion sur <<
l'ingenierie de la participation >> publique et discutent de
la portee et des limites du debat public comme instrument de mise en
oeuvre du DUD a Montreal.
Mots cles: developpement urbain durable; ville durable; debat
public; participation publique; planification interactive; urbanisme;
Montreal
Introduction
Le developpement durable des villes et des metropoles est devenu un
principe d'action pour l'amenagement du territoire et
l'urbanisme (Da Cunha et Ruegg 2003; Gauthier et Lepage 2005;
Jepson 2001; Mathieu et Guermond 2005; Theys 2000). Sur le plan
normatif, le developpement durable refere a l'integration des
dimensions ecologiques, economiques et sociales du developpement, a la
prise en compte du court et du long terme et a l'articulation des
echelles territoriales (Jollivet 2001). Toutefois, comme le souligne
Theys (2000), ce concept apparait surtout comme un << principe
normatif sans norme >> puisqu'il ne peut etre defini a priori scientifiquement ou objectivement. En ce sens, il est d'abord un
concept procedural qui agit comme cadre de reference pour l'action
publique urbaine. Pour assurer un developpement durable, la mise en
place de nouvelles procedures visant a organiser la discussion entre les
acteurs prend la forme d'un imperatif (Blondiaux 2008). A un point
tel que, argumenter, deliberer et debattre sont devenus les nouveaux
mots d'ordre de l'amenagement du territoire et de
l'urbanisme (Wachter et al. 2002, 195 a 199). Selon Ascher (2004,
98), le nouvel urbanisme se caracterise principalement par sa dimension
procedurale--un << urbanisme de dispositifs >> de discussion
et de negociation--ainsi que par son attitude plus reflexive--un
<< urbanisme reflexif >>--visant l'approfondissement
des connaissances par la negociation et l'interaction entre les
acteurs.
Ainsi, au cours des deux dernieres decennies, le concept de
developpement urbain durable (DUD) s'est impose dans les champs
disciplinaires des etudes urbaines et de l'urbanisme. La notion de
ville durable est mise de l'avant par les chercheurs en sciences
sociales et par les organismes gouvernementaux, les institutions
metropolitaines et les villes. L'experience canadienne se
caracterise d'ailleurs par de nombreuses initiatives qui mettent
l'environnement et le developpement durable au centre des pratiques
amenagistes : bilans environnementaux, indicateurs de durabilite
urbaine, evaluations environnementales de projets, consultations
publiques sur des politiques urbaines, experiences de gestion integree
de l'eau, etc. (Brown 2006; Gariepy 1995; Gauthier 2005; Gauthier
et Lepage 2005; Marsden et al. 2003; Senecal et al. 2005). Ces multiples
initiatives mobilisent divers dispositifs de gouvernance et de debat
public--partenariat, concertation, consultation, negociation, mediation,
etc.--pour la realisation de diagnostics, l'identification des
objectifs de developpement, la determination des actions prioritaires
ainsi que l'evaluation et le suivi des resultats. En outre, le
concept de developpement durable est souvent envisage comme nouveau
paradigme susceptible de renouveler la planification urbaine et
l'urbanisme (Berke 2002; Gauthier et al. 2008; Wachter et al.
2002). Finalement, comme le soulignent Emelianoff et Theys (2000), le
concept, malgre ses ambiguites et ses contradictions, peut etre
considere comme une opportunite de renouvellement de la democratie
locale. Selon eux, sa principale vertu repose sur sa capacite a mettre
en debat les contradictions et les incertitudes qui caracterisent la
notion de << ville durable >>, d'ou l'importance
accordee a la qualite des dispositifs participatifs.
Dans ce contexte, les thematiques du debat public et du
developpement durable sont abondamment discutees dans les cercles de
l'amenagement et de l'urbanisme (Berke 2002; Burby 2003; Brody
et al. 2003; Gauthier et al. 2008; Willson et al. 2003). Les
interrogations portent generalement sur la capacite de ces thematiques a
renouveler la planification et a accroitre la rationalite et la
reflexivite dans les pratiques planificatrices. Comme nous l'avons
mentionne, notre point de depart est a l'effet que le DUD doit etre
compris avant tout comme un concept essentiellement procedural qui
renvoie moins aux formes spatiales que la planification produit ou
induit, qu'aux formes sociales qu'elle adopte comme processus
de prise de decision. Ainsi, notre conception de la planification et du
debat public en amenagement et urbanisme s'inscrit dans la
continuite des critiques formulees depuis les annees 1960 a
l'endroit du modele de la planification rationnelle globale
(Alexander 1984; Hamel 1997) et dans le cadre du tournant
communicationnel au sein des theories de la planification, qui envisage
la planification comme un processus interactif et politique permettant
d'etablir des valeurs communes (Healey 1997; Fisher et Forester
1993; Forester 1999).
En nous interessant au concept de DUD et aux dispositifs de debat
public en matiere d'urbanisme a Montreal, notre objectif est de
contribuer a cette reflexion sur le renouvellement de la planification
territoriale. Nous formulons l'hypothese que le debat public,
compris comme << ... la designation generique de toute forme,
instance ou procedure de mise en discussion publique des choix
collectifs >> (Rui 2004, 19), peut etre envisage comme un
instrument de construction et de mise en oeuvre du DUD. Notre
perspective de recherche vise a comprendre les transformations de
l'action publique urbaine en s'interessant, notamment, aux
acteurs, aux pratiques effectives ainsi qu'aux effets des
dispositifs participatifs sur la decision et l'action publique
urbaine. En ce sens, nos interrogations rejoignent des preoccupations
d'une communaute de chercheurs qui s'interessent a
l'emergence du phenomene participatif et a ses effets sur
l'action publique (Bacque, Rey et Sintomer 2005; Blondiaux 2008;
Fourniau 2003; Gauthier et al. 2008; Revel et al. 2007; Rui 2004; Simard
et al. 2006). Notre questionnement peut etre resume ainsi : comment le
debat public peut-il servir a la construction et a la mise en oeuvre du
concept de developpement urbain durable (DUD)? Comment peut-il servir a
lui donner du contenu? De quelle maniere le concept est-il mobilise par
les participants aux consultations publiques? Comment est-il utilise a
des fins de legitimation dans le debat public, que ce soit par les elus
et les promoteurs qui veulent faire accepter un plan ou un projet, ou
par les citoyens et les associations, qui veulent influencer la prise de
decision?
Pour repondre a ce questionnement, nous examinons deux grands
debats publics menes recemment en matiere d'urbanisme a Montreal, a
savoir, la consultation publique tenue au printemps 2004 par
l'Office de consultation publique de Montreal (OCPM) sur le nouveau
plan d'urbanisme de la Ville de Montreal et la consultation
publique tenue au printemps 2008 par l'Arrondissement Le Sud-Ouest
de Montreal sur un projet de developpement immobilier (le projet
Griffintown). Notre demarche de collecte des informations s'est
appuyee sur une etude des documents de planification et de consultation
publique, une revue de presse, des observations directes des seances de
consultation publique, une analyse des memoires deposes aux
consultations publiques et des entretiens semi-directifs menes aupres
d'acteurs-cles. Notre grille d'analyse prend appui sur des
questions liees a l'organisation du debat et aux effets du debat
(tableau 1). En examinant et en contrastant ces deux cas, nous
poursuivons deux grands objectifs : il s'agit d'abord
d'examiner << l'ingenierie de la participation >>
pour reprendre l'expression de Blondiaux (2008, 22-24),
c'est-a-dire les normes, les dispositifs, les instruments et les
logiques de professionnalisation qui se deploient pour organiser et
mettre en oeuvre le debat public. Nous voulons ensuite examiner les
effets du debat en considerant plus specifiquement comment la question
du developpement durable est prise en compte et traitee aux differentes
echelles territoriales et temporelles de planification de meme que les
interrelations entre les notions de DUD et de debat public.
Ces deux debats ont ete choisis parce qu'ils portaient sur des
documents particulierement importants, a portee referentielle et
revelateurs de demarches de planification complementaires a Montreal.
Ils nous semblaient ainsi potentiellement feconds pour examiner le
contenu donne au developpement durable et analyser les mobilisations
sociales respectives qu'ils avaient suscitees. Le nouveau plan
d'urbanisme, dans les faits la revision du plan de 1992, devait
constituer le document de reference pour les interventions sur
l'ensemble du territoire montrealais, un role qui a fait consensus
lors du Sommet de Montreal de 2002, une operation mobilisant les
principaux acteurs de la scene montrealaise. Le plan avait aussi
identifie 26 secteurs de la ville presentant une problematique
d'amenagement particulierement complexe et << d'interet
pan-montrealais >> qui devaient faire l'objet d'une
planification detaillee; il precisait une demarche de planification
integree, des orientations et des balises pour l'elaboration
subsequente d'un Programme particulier d'urbanisme (PPU) dans
chacun de ces secteurs. Le projet de Griffintown fut le premier PPU pour
un de ces secteurs. Les deux documents differaient quant a leur portee
sur la mise en oeuvre et leur niveau de precision, et ce, conformement
aux orientations de la Loi sur l'amenagement et l'urbanisme
(LAU), le plan d'urbanisme etablissant les lignes directrices de
l'organisation spatiale avec une vision d'ensemble de
l'amenagement du territoire, le PPU apportant plus de precision sur
l'affectation detaillee et les regles a integrer dans les
reglements d'urbanisme, materialisant ainsi le plan
d'urbanisme (MAMR 2007a).
A partir de ces considerations, le texte qui suit est structure en
quatre parties. Dans la premiere, le cadre actuel du debat public a
Montreal est presente succinctement. Puis est analysee, dans la seconde,
la consultation publique sur le plan d'urbanisme de Montreal. La
consultation publique sur le projet de developpement immobilier
Griffintown est l'objet de la troisieme. Dans la quatrieme, avant
de conclure, un retour est effectue sur les questions liminaires.
Le cadre actuel du debat public en urbanisme a Montreal et son
evolution
A Montreal, le cadre actuel du debat public s'inscrit dans la
continuite du processus de modernisation et de democratisation de la
gestion publique amorce au Quebec au cours des annees soixante avec le
projet de la Revolution tranquille (Hamel 2008). A la suite de Gariepy
(2002) et de Hamel (2008), il est possible de regrouper en quatre
grandes periodes l'evolution generale du cadre du debat public a
Montreal depuis les annees 1960. A une periode de mobilisations, de
luttes et d'affrontements entre des groupes de citoyens et
l'administration du Parti civique et du maire Jean Drapeau (1960 /
1986) a succede une periode de democratisation de la gestion municipale
avec l'accession a la mairie, en 1986, de Jean Dore et de son parti
le RCM (1986/1994). Cette seconde periode s'est caracterisee par la
modernisation de l'appareil administratif et la democratisation de
la gestion municipale. Le RCM a mis en place, des 1988, une politique
cadre de consultation publique et plusieurs instances pour
l'appliquer, dont le Bureau de consultation de Montreal (BCM), un
organisme mandate pour organiser des audiences publiques a la demande du
comite executif, generalement sur des sujets majeurs en calquant
presqu'integralement le modele du Bureau d'audiences publiques
sur l'environnement (BAPE). Comme le souligne Hamel (2008), les
transformations impulsees par l'administration du RCM au cours de
cette periode ont ete importantes, ayant favorise une remise en cause de
la gestion bureaucratique, une plus grande imputabilite des
planificateurs et des fonctionnaires et une plus grande transparence des
elus locaux. En outre, les demandes sociales et les mobilisations des
mouvements urbains ont largement contribue au developpement d'une
culture de la participation en termes d'acces a l'information,
de transparence de la gestion, d'imputabilite et de mise en place
de dispositifs de consultation publique en matiere d'amenagement et
d'urbanisme. Cependant, l'administration du RCM a ete
critiquee pour sa propension a trop consulter au detriment de
l'action. C'est dans ce contexte qu'une nouvelle
administration municipale--le parti Vision Montreal elu en
1994--s'est employee a deconstruire la politique cadre de
consultation mise en place par l'administration precedente, allant
jusqu'a abolir, entre autres, le BCM. L'entree au pouvoir du
maire Gerald Tremblay et de son parti l'Union des Citoyens et des
citoyennes de l'Ile de Montreal (UCIM), en novembre 2001, ainsi que
la creation de la nouvelle Ville de Montreal, (1) marquent remergence
d'un nouveau cadre du debat public a Montreal. Celui-ci se
caracterise par la creation en janvier 2002 d'un Office de
consultation publique, la tenue au printemps 2002 du Sommet de Montreal,
l'adoption en mars 2005 d'une Politique de consultation et de
participation publiques, puis en janvier 2006 d'une Charte
montrealaise des droits et responsabilites. (2)
Au depart, il faut mentionner que ce cadre s'inscrit dans une
continuite evidente avec la culture de la consultation publique au
Quebec et a Montreal plus specifiquement. Cette culture de la
participation a ete faconnee essentiellement a partir du modele des
enquetes et audiences publiques du BAPE (Gauthier et Simard 2007), avec
des audiences non judiciarisees comportant deux phases, la premiere
d'information et la seconde de formulation d'avis, presidees
par une commission neutre, a l'interieur d'un delai prescrit
et a partir d'un dossier relatif au projet. (3) Le poids de ce
modele, qualifie par Gariepy (2006) de << code genetique >>,
est tel au Quebec qu'il est approprie de parler de <<
dependance au sentier >> (Negrier 2005). En outre, c'est avec
cette culture en arriere-plan que le ministere des Affaires municipales
et des regions lui-meme reconnait le caractere incomplet des
consultations menees sous son egide et les limites de la LAU, dont une
reforme est a l'etude depuis deux ans (MAMR 2007b, 24).
Mais ce nouveau cadre du debat public qui se met progressivement en
place a Montreal depuis le tournant des annees 2000, et ce, sous
l'impulsion d'une societe civile tres active et dans un
contexte de reforme des structures municipales et metropolitaines
(Latendresse 2004), se presente egalement comme une panoplie
d'instruments non contraignants visant a developper cette culture
de la participation : politique cadre, principes directeurs, regles de
<< bonnes pratiques >>, mesures de soutien aux pratiques,
guides destines aux promoteurs et aux citoyens, mecanismes
d'evaluation et de suivi, chartes, ombudsman, etc. Ce cadre
s'inscrit en grande partie dans un contexte general de flexibilite
ou experimentation, demonstration et accompagnement des acteurs
predominent. Toutefois, dans le developpement d'un cadre du debat
public original, les dimensions procedurales semblent prendre le pas sur
les dimensions substantielles de l'action publique urbaine. Tout se
passe comme si la mise en place d'un cadre du debat public
comprenant une diversite de dispositifs de participation se presentait
comme un prealable a des effets sur le contenu des documents de
planification et des politiques urbaines.
La consultation publique sur le nouveau plan d'urbanisme de la
Ville de Montreal
Au terme d'un exercice approfondi de planification et de
concertation, la Ville de Montreal distribuait, en juin 2004, dans tous
les foyers une invitation a participer a une consultation publique sur
son nouveau plan d'urbanisme, dont le parti d'amenagement
repose sur le concept de developpement durable (Ville de Montreal
2004a). L'injonction a la participation et <<
l'imperatif participatif >> (Bacque et al. 2005; Blondiaux
2008) ne pouvaient etre plus clairs. Dans ce document, le plan est
presente comme un instrument privilegie de mise en oeuvre du
developpement durable a travers sept grandes orientations
d'amenagement et une serie de mesures visant a diminuer la
dependance a l'egard de l'automobile. Le document indique que
la mise en ouvre du plan se fera a travers des mesures reglementaires
adoptees par les arrondissements, des investissements publics et des
partenariats avec le secteur prive. La ville y indique enfin son
intention de realiser annuellement des etudes publiques des bilans de la
mise en oeuvre de ce document de reference en matiere d'amenagement
du territoire.
La consultation publique, tenue sous l'egide de l'OCPM
nouvellement cree, (4) a donne lieu a dix seances d'information et
d'echanges dans les differents arrondissements de Montreal et a
quatre jours d'auditions d'opinions et de commentaires (OCPM
2004). (5) Au total, l'OCPM a recu plus de deux cents interventions
dont 180 memoires ecrits et plus de 1 000 personnes ont participe aux
seances d'information et de consultation publiques. Au terme de ses
travaux, la commission concluait que le plan d'urbanisme suscite
l'adhesion mais que plusieurs questions liees a la mise en oeuvre
du plan preoccupent grandement les citoyens (OCPM 2004, 73). Depuis,
Montreal a adopte, en novembre 2004, son nouveau plan d'urbanisme
(Ville de Montreal 2004b) et s'est engagee dans l'elaboration
de politiques sectorielles qui font toutes appel a divers dispositifs de
debat public. La ville a aussi produit des bilans annuels de la mise en
oeuvre de ce document de planification et mis en place un suivi par le
biais d'une serie d'indicateurs (Ville de Montreal 2007).
Notre analyse de ce premier cas permet d'apporter des elements de
reponse a notre questionnement de recherche.
L'adhesion au concept de developpement durable
Selon le rapport de la commission de consultation publique de
l'OCPM, les participants se sont rallies au parti
d'amenagement qui souscrit aux principes du developpement durable
et ont reconnu que les orientations et les objectifs du plan
d'urbanisme etaient axes sur le developpement durable (OCPM 2004,
53). Toutefois, l'absence d'opposition au plan
d'urbanisme constitue-t-elle pour autant une adhesion des citoyens
aux principes de l'urbanisme durable? Lorsqu'on examine la
synthese des preoccupations, attentes et opinions exprimees par les
citoyens, on constate que le theme du developpement durable n'a pas
ete directement souleve par les participants (tableau 2). Nos
observations indiquent cependant qu'ils se sont appuyes sur le
concept de developpement durable pour faire valoir des preoccupations
relatives a des problematiques specifiques telles que le transport,
l'habitation et la qualite de l'environnement urbain. En ce
sens, le concept apparait comme une ressource discursive permettant aux
participants de faire valoir leurs interets et leurs preoccupations.
Toutefois, a l'exception de quelques interventions lors des seances
d'information, la signification et la portee du DUD n'ont pas
vraiment fait l'objet de debat. Cependant, l'analyse des
preoccupations des citoyens realisee par la commission au terme des
audiences a permis de degager quatre grands enjeux transversaux--la
sante publique, le partage des competences municipales,
l'accessibilite universelle et l'inclusion sociale (OCPM 2004,
45-51)--qui interpellent la capacite de la Ville de Montreal a
developper des solutions integrees dans une logique territoriale. Alors
que les enjeux de la sante publique et d'accessibilite universelle
ont ete integres subsequemment au parti d'amenagement du plan
d'urbanisme (Ville de Montreal 2004b), les questions reliees au
partage des competences municipales et a l'inclusion sociale ont
ete renvoyees aux demarches d'elaboration des politiques
sectorielles. Ainsi, il semble que le debat public sur le plan
d'urbanisme a permis de prendre au mot la Ville de Montreal, en la
forcant a inclure ces themes dans la nouvelle version de ce document de
planification et de ses politiques urbaines sectorielles. En ce sens, le
debat public a agi comme un instrument de construction de
l'acceptabilite sociale du plan d'urbanisme et a contribue a
donner sens et contenu au concept de DUD.
Les modifications apportees au parti et aux orientations
d'amenagement
La seconde retombee directe de la consultation publique sur la
version preliminaire du plan d'urbanisme concerne les modifications
apportees au parti et aux orientations d'amenagement. D'abord,
comme nous venons de le mentionner, le parti initial a ete precise afin
d'y inclure des principes d'accessibilite universelle et de
sante publique. Ainsi, dans la version finale du plan d'urbanisme,
l'approche de developpement durable en matiere d'amenagement
du territoire est associee a la << viabilite des collectivites
>>, a la << qualite de l'amenagement urbain >>, a
<< l'accessibilite a l'ensemble des batiments prives ou
publics >>, a la << qualite des logements, des equipements
publics, des milieux naturels et de l'environnement >> et a
l'amelioration << des conditions de vie des citoyens >>
(Ville de Montreal 2004b, 5). Les modifications apportees aux grandes
orientations initiales d'amenagement consistent pour
l'essentiel en bonifications : des precisions apportees a la
designation de certains secteurs d'emplois ou a l'affectation
du sol pour des grands equipements institutionnels ; des elements
contextuels ajoutes pour eclairer les propositions du plan ; de
nouvelles intentions formulees pour la prise en compte d'elements
tels l'efficacite energetique, l'architecture ecologique, la
pollution lumineuse et l'apaisement de la circulation ; des
objectifs precises, notamment en matiere de logements abordables et de
diminution de l'offre de stationnement. Ces modifications resultant
de la consultation constituent egalement des apports au sens et au
contenu du concept de DUD.
Les difficultes associees a la mise en oeuvre et au suivi du plan
La troisieme grande retombee a ete de permettre aux participants de
faire valoir leurs inquietudes envers les difficultes associees a la
mise en oeuvre des actions ainsi qu'au suivi du plan
d'urbanisme, et ce, meme si la mise en oeuvre ne fait pas partie
des attributions prescrites de ce document. Tout au long des audiences,
les participants ont souleve des preoccupations relatives aux politiques
et aux strategies sectorielles auxquelles le plan fait reference. Ils se
sont egalement montres tres preoccupes par l'allocation des
ressources financieres necessaires a sa mise en oeuvre. Ils se sont
interroges sur les indicateurs et les bilans annuels comme instruments.
Plusieurs interventions ont porte sur le partage des competences entre
ville centrale et arrondissements en ce qui a trait au logement
abordable, a la conservation du stock de logements, a la preservation et
a la mise en valeur du patrimoine naturel et bati de meme qu'a la
revitalisation urbaine integree. D'autres intervenants ont souleve
des preoccupations relatives a la participation des citoyens a
l'elaboration des chapitres d'arrondissement et des secteurs
de planification detaillee, un enjeu qui sera au coeur des discussions
sur le projet immobilier Griffintown. Or, ces questions ont ete
systematiquement renvoyees a d'autres tribunes de consultation ou a
d'autres acteurs impliques dans la mise en oeuvre des actions. En
fait, la consultation publique a permis de reveler que le plan
d'urbanisme etait etroitement associe a plusieurs politiques
sectorielles ou strategies d'action en voie d'elaboration et
devant etre soumises ulterieurement a des consultations publiques. La
consultation a aussi permis de reveler que la mise en oeuvre de ces
politiques etait largement tributaire d'actions emanant
d'autres partenaires, dont les paliers de gouvernements superieurs,
la Communaute metropolitaine de Montreal et les arrondissements ainsi
que divers acteurs prives et associatifs. En outre, dans un contexte ou
les ressources humaines et financieres sont limitees, la consultation a
aborde le difficile probleme des arbitrages politiques. Dans ce
contexte, il n'est pas etonnant de constater l'importance
accordee aux instruments de mise en oeuvre et de suivi du plan, dont
l'etude publique des bilans annuels. Or, les moyens alloues pour
realiser ces etudes publiques des bilans annuels apparaissent tres
limites comparativement a l'ampleur de la consultation sur le plan
d'urbanisme realisee par l'OCPM. En effet, les etudes
publiques prennent la forme d'une auto-evaluation effectuee par une
commission permanente du conseil municipal. Toutefois, le dernier bilan
annuel (Ville de Montreal 2007) qui propose des indicateurs de suivi
apparait prometteur pour une plus grande coherence interne au sein de
l'administration publique.
Par ailleurs, les preoccupations soulevees par les citoyens
semblent avoir eu pour effet de renforcer l'encadrement de la
reglementation d'urbanisme dans les arrondissements. En effet, la
nouvelle Charte de la Ville de Montreal prevoit que le plan
d'urbanisme doit s'accompagner d'un document
complementaire etablissant des normes et des criteres dont devront tenir
compte les arrondissements au moment de l'adoption des reglements
d'urbanisme. Ce document, l'un des outils principaux de mise
en oeuvre du plan, contient des dispositions generales qui ont pour but
d'assurer une coherence et une harmonisation des reglements
d'urbanisme sur l'ensemble du territoire. Or, il a ete
considerablement transforme a la suite de la consultation, afin de
prevoir des dispositions generales en matiere de transport, de qualite
de l'environnement urbain, de patrimoine naturel et bati, de
verdissement et d'encadrement de projets se situant aux limites des
arrondissements. De plus, sa structure a ete completement remaniee afin
d'epouser la table des matieres du plan d'urbanisme, ce qui
rend le document beaucoup plus intelligible du point de vue de la mise
en oeuvre des grandes orientations par les arrondissements. En somme, il
semble que la consultation a fourni a la ville centrale une legitimite
pour renforcer l'encadrement de la reglementation d'urbanisme
dans les arrondissements. En ce sens, le debat public sur le plan
d'urbanisme apparait clairement comme un instrument de legitimation
de l'action publique urbaine.
La mobilisation des citoyens et la formation d'un reseau d'acteurs
La derniere grande retombee de cette consultation a trait a la
mobilisation des citoyens et a la formation d'un reseau
d'acteurs. Elle a donne lieu a une importante participation des
citoyens. Des les premieres etapes du processus d'elaboration de
son nouveau plan d'urbanisme, Montreal a consacre des efforts
importants pour susciter leur participation et leur mobilisation : tenue
d'un concours d'idees aupres de la population, demarche de
concertation sur les enjeux locaux aupres des arrondissements,
distribution d'un resume du plan dans l'ensemble des foyers,
mise en place d'un site Internet, etc. De plus, l'examen de la
participation selon les categories d'intervenants et les memoires
deposes indique que les citoyens non-affilies se sont prononces en grand
nombre. Selon notre compilation, la majorite des memoires recus par
l'OCPM provenaient des citoyens non affilies (44%), suivis par des
groupes pan-montrealais de la societe civile (18%) et des groupes
communautaires de service (10%). Les autres categories
d'intervenants ayant depose des memoires sont des organismes et
institutions publiques preoccupes par des enjeux transversaux, tels que
la sante publique et la coordination entre transport et amenagement
(6%), des associations locales de residents (6%), des corporations de
developpement economique (6%), des groupes de militants locaux (5%) et,
finalement, des partis politiques ou des elus (2%). En outre, nos
observations indiquent que cette consultation a favorise la creation de
partenariats et d'alliances entre les elus, l'administration
municipale et la societe civile pour les processus d'elaboration
des politiques sectorielles : plan de transport, plan strategique de
developpement durable, politique de protection et de mise en valeur des
milieux naturels, etc.
En definitive, il apparait evident de cet examen de la consultation
publique sur le plan d'urbanisme de Montreal d'abord,
qu'un certain nombre d'ideaux et de principes qui sous-tendent
le paradigme du developpement durable ont influence le processus
d'elaboration et le contenu du plan et de ses principales
politiques urbaines connexes. Puis, notre analyse de la consultation a
permis de reperer des transformations concretes et significatives
impulsees par la participation. En outre, il appert que les participants
ne se sont pas laisses << envouter >> par le concept de
developpement durable, conservant plutot un esprit critique.
Globalement, la consultation n'a pas tant reflete des oppositions
fondamentales sur le plan des idees ou de valeurs, mais a plutot
favorise un role de chien de garde de la part de la societe civile :
manifestation d'exigences d'engagements plus forts de la part
de l'administration municipale, demandes de coherence accrue entre
les actions, demandes de reddition de compte, etc. Il s'agit la
certainement d'un apport considerable. Dans ce premier cas, nos
observations vont donc dans le sens de notre hypothese de depart : le
debat public organise par l'OCPM s'est revele un instrument de
construction du concept de DUD et de legitimation du plan
d'urbanisme.
La consultation publique sur le projet de developpement immobilier
Griffintown
Un programme particulier d'urbanisme (PPU) sur mesure pour le
projet d'un promoteur
Le projet Griffintown est un vaste projet de developpement mixte.
D'une superficie de 10,2 ha et impliquant des investissements de
$1,3 milliards, il comporte un volet commercial, avec plus de 100 000
[m.sup.2] de commerces dont des magasins a grandes surfaces, un volet
residentiel, avec 4 000 unites de logement dont un fort pourcentage a
caractere social, un volet culturel et recreo-touristique, dont
l'element principal serait une salle de spectacles de 2 000 places,
et des espaces a bureau. Il doit prendre place dans le quartier sud-est
de l'Arrondissement Le Sud-Ouest de Montreal. Ce quartier, berceau
de l'industrialisation au pays, au milieu du XIXe siecle, avec
l'amenagement du Canal de Lachine, fut peuple par la
main-d'oeuvre bon marche requise dans les nombreuses industries et
composee en grande partie d'immigrants irlandais. Depuis le milieu
du XXe siecle, le quartier a subi une devitalisation importante. Peu de
gens l'habitent et un processus de gentrification y prend place. Le
projet de Griffintown, le plus ambitieux dans la metropole a ce moment,
est pilote par une societe, Devimco, qui s'est fait connaitre
principalement par la realisation d'un centre commercial, un
<< Lifestyle Center >>, (6) en banlieue de Montreal, sur la
rive sud.
Un plan d'urbanisme ne pouvait tout prevoir et ce sur quoi
celui de Montreal ne s'etait pas prononce etait considerable. Mais
la reside precisement l'interet pour notre recherche de retenir
comme cas complementaire le debat sur un PPU : dans la perspective de la
LAU, il y a continuite entre un plan d'urbanisme qui represente des
engagements d'ensemble et un PPU qui, plus concret et specifique,
vient lui donner sens lors du passage a l'action. D'ailleurs,
l'OCPM en transmettant aux autorites de Montreal le rapport sur la
consultation sur le plan d'urbanisme a fait de la continuite et de
la coherence avec les gestes ulterieurs un defi majeur pour
l'administration montrealaise (OCPM 2004). Griffintown constituait
un des 26 secteurs de planification detaillee precises au plan
d'urbanisme, comme mentionne, mais le projet de Devimco couvrait un
territoire plus limite. De plus, le PPU du secteur Peel-Wellington
(Griffintown) fut elabore directement en rapport au projet et pour
l'encadrer (Ville de Montreal 2008a), non pour mettre en coherence
ce sous-secteur avec le plan d'urbanisme et sans qu'un PPU
pour l'ensemble du secteur n'ait ete produit. Par sa nature
meme, le projet soulevait plusieurs contradictions avec le plan
d'urbanisme. Ainsi, au niveau de la morphologie urbaine, il
n'y avait qu'un respect partiel de la trame urbaine historique
et des immeubles de 22 etages etaient prevus alors que le plan n'en
prevoyait que 6 et demandait le respect du caractere et de
l'echelle du secteur, en fonction du passe industriel. Alors que la
ville avait mis au coeur du plan d'urbanisme des mesures pour
diminuer la dependance a l'egard de l'automobile et preconise
la densification autour des corridors de transport collectif, dans une
optique de developpement durable, se retrouvaient au coeur du projet des
grandes surfaces commerciales dont la rentabilite serait tributaire
d'un achalandage vehicule principalement par automobile et les
stationnements idoines. Serait ainsi cree un nouveau pole commercial
dont aucune mention n'etait faite au plan. De plus, aucune mention
et aucun arrimage n'etaient faits au sein du PPU avec la peripherie
du projet ou etaient pourtant a l'etude des dossiers de
renouvellement urbain majeurs, comme les vastes terrains du Canadien
National recemment cedes a un promoteur prive et en quete d'une
affectation appropriee, le site d'un immense centre de tri postal
de Postes Canada, objet d'un appel d'offres, l'autoroute
Bonaventure dont la demolition prochaine doit constituer le geste structurant de l'ambitieux plan d'amenagement de la Societe du
Havre. La demarche de la ville etait on ne peut plus explicite, ainsi
que l'a mentionne l'urbaniste porte-parole des services
techniques lors d'une assemblee publique : << Le PPU a ete
elabore pour encadrer le projet du promoteur, qui a lui-meme, a la
demande de la Ville, rencontre 150 groupes et intervenants qui ont
collabore a la bonification du projet >> (Ville de Montreal 2008b,
Annexe 14).
D'emblee, le dossier du projet Griffintown se situait donc en
contradiction importante avec des enjeux significatifs du debat public
sur le plan d'urbanisme, tout comme il etait revelateur de la
strategie planificatrice de la ville. Face aux inquietudes sur le suivi
et la mise en ouvre exprimees alors ainsi que la requete de la societe
civile d'etre associee a l'elaboration des PPU, la sequence
qui irait du plan d'urbanisme aux PPU puis aux projets s'y
inscrivant eventuellement, a ete inversee : la ville a encadre,
accompagne le promoteur, plus qu'elle n'a planifie. De plus,
une concertation d'amont importante a ete laissee aux bons soins du
promoteur: des specialistes de la concertation et de la consultation, en
liaison avec la firme mandatee pour planifier le projet, ont procede a
plusieurs rondes de revision du concept aupres d'intervenants
choisis du milieu.
Le dispositif retenu et le << debat sur le debat >>
Le projet, vu son envergure et sa localisation, ne pouvait manquer
de susciter un important debat public. Le dispositif choisi par la ville
pour la tenue de ce debat fut aussi sujet a controverse, ce que nous
designons par l'expression << le debat sur le debat >>.
Alors que l'envergure carrement metropolitaine du projet aurait
selon plusieurs dicte la saisine du projet par l'OCPM, la ville
choisit de confiner le debat sur le PPU a une assemblee publique en
vertu des exigences minimales de la LAU et tenue par
l'Arrondissement Le Sud-Ouest. Elle s'est etalee sur sept
seances, entre le 21 fevrier et le 14 mars, structurees en deux phases,
une d'information sur le projet, la seconde de depot d'avis et
de memoires. La mairesse de l'arrondissement presidait cette
assemblee. Le rapport fut depose aupres du Comite executif de Montreal
et rendu public le 16 avril 2008.
Lors des seances de consultation, plusieurs intervenants ont
exprime leur insatisfaction a l'egard de la demarche de
planification et du processus de consultation (Ville de Montreal 2008b,
37-38). Les preoccupations soulevees concernaient notamment le role des
citoyens/riverains dans le processus d'elaboration du PPU,
l'absence de planification d'ensemble du quartier et des
secteurs limitrophes, la relation trop etroite entre la ville et le
promoteur, le manque de temps pour la preparation d'un memoire, les
difficultes d'acces aux etudes, etc. Plusieurs requetes furent
formulees pour que l'exercice de consultation publique soit confie
a l'OCPM. Cette insatisfaction fut largement relayee dans les
grands quotidiens montrealais par des professionnels de
l'amenagement et de l'urbanisme, (7) dont l'Ordre des
urbanistes du Quebec et d'autres personnalites, pour qui le recours
a l'OCPM s'imposait dans ce dossier, a la fois pour des
raisons d'expertise et de credibilite du processus. Notre analyse
de ce << debat sur le debat >> nous permet de degager, a la
lumiere de la culture de la participation publique a Montreal, trois
grandes critiques formulees a l'endroit du dispositif retenu par
l'arrondissement. La premiere a trait au caractere aleatoire du
format de l'assemblee publique regie par la LAU dont les
dispositions sont minimales. Au-dela de certaines exigences de
publicisation et de la prescription d'une consultation du public
entre l'elaboration de deux versions du projet de PPU, la loi ne
dit rien sur les modalites de cette consultation. C'est a la
municipalite, a l'arrondissement dans le cas du PPU pour le projet
Griffintown, qu'il appartenait de fixer ces modalites. Il est vrai
que le format de cette assemblee voulait s'inspirer de celui des
audiences de l'OCPM par la structuration en deux phases. Le
dispositif retenu s'eloigne toutefois des audiences de l'OCPM,
qui s'appuient sur des regles claires, predefinies et donc
previsibles, meme si non encore codifiees formellement.
La seconde critique du dispositif reside dans le statut des
personnes qui president a son deroulement. Une des caracteristiques
fondamentales des audiences devant les commissions de l'OCPM ou du
BAPE reside dans le fait que ces commissions sont constituees de
personnes qui sont parties non prenantes et tiers exterieurs a un
projet; les echanges entre le promoteur et les services de
l'administration, d'un cote, et les individus ou representants
de mouvements associatifs, de l'autre, sont regules par ces
commissaires neutres et independants, regis par un code de deontologie.
Ils veillent a ce que toute question recoive une reponse appropriee de
la part du promoteur ou de l'administration. A l'inverse,
l'assemblee publique pour le projet Griffintown fut tenue par une
administration municipale qui s'etait deja positionnee en faveur du
projet et dont elle souhaitait qu'il se realise rapidement.
Officiellement, elle fut presidee par la mairesse de
l'arrondissement, meme si celle-ci choisit de faire appel a un
ancien commissaire et vice-president du BAPE comme animateur
d'assemblee.
La troisieme critique formulee a l'endroit du dispositif
mobilise reside dans la nature de l'examen public puis du rapport
produit au terme de l'assemblee (Ville de Montreal 2008b). Une
commission de I'OCPM, en conformite avec le modele du BAPE, non
seulement recoit et synthetise les opinions exprimees, mais elle en fait
l'analyse, sollicite frequemment des contre-expertises et prend
position en reponse au mandat qui lui a ete confie, avec ses
recommandations; sans etre tenus de s'y conformer, les elus en font
habituellement grand cas dans la decision subsequente. D'ailleurs,
a notre avis, c'est dans cet aspect que prend sa source une grande
partie de la credibilite accordee a ces dispositifs par la population. A
l'inverse, le traitement de la question de l'impact du projet
Griflintown sur les commerces environnants ainsi que sur la principale
artere commerciale du centre-ville illustre bien la faiblesse du
dispositif retenu. Un expert reconnu sur le commerce de detail avait
produit avant l'assemblee publique une opinion traitant de cet
enjeu majeur (Nantel 2007). Pourtant son opinion y aura une place
marginale. Elle n'est pas presentee lors de la premiere phase,
celle qui porte sur l'information. De plus, une intervenante
mentionnera alors que cette opinion fait partie des documents manquants
ou introuvables. Encore une fois, en contraste a la pratique lors des
audiences devant rOCPM ou le BAPE, a chaque fois que sera souleve
l'impact commercial negatif sur le centre-ville, le porte-parole de
la ville repondra que la ville a commande plusieurs etudes sur la
question, dont celle de l'expert, mais ce dernier ne sera jamais
convoque pour expliciter son propos. Cet expert viendra cependant
deposer, a la derniere phase, un avis ou il reitere son opinion tout en
faisant part de ses inquietudes en ce qui a trait a l'examen de
cette importante question. Le rapport produit au terme de
l'assemblee publique sur le PPU de Griffintown a consiste
uniquement en une enumeration et un regroupement par grands themes des
questions soulevees et des avis deposes, des avis decomposes en enonces
plutot qu'en recommandations, un terme deja moins contraignant,
puis en une analyse statistique de leur frequence. Pas une seule
conclusion ou analyse, aucun avis ou recommandation! Pour reprendre
l'enjeu de l'impact commercial du projet, le rapport ne fait
aucunement mention de l'etude de l'expert: il se borne a
resumer la question du developpement economique et donne le nombre de
fois ou elle a ete soulevee. Ce qui a permis a la mairesse
d'affirmer en le rendant public que << Le rapport parle de
lui-meme! >>. Pourtant la Politique de consultation et de
participation publiques de Montreal faisait de la production d'un
rapport analysant les avis exprimes et prenant position sur
l'action soumise a debat public un des principes cles des <<
bonnes pratiques >>.
Malgre ce << debat sur le debat >>, la consultation
publique fut donc consideree comme un succes tant par
l'administration municipale que par le promoteur. Pour ce dernier,
les chiffres, soit les 1 200 personnes ayant assiste a l'assemblee
et les 84 memoires deposes, attestaient de la qualite de
l'operation : (8) << Jamais les consultations de l'OCPM
n'ont eu autant de participation >>. Quelques jours apres le
depot du rapport, le Comite executif enterina le PPU Griffintown, avec
une entente de developpement avec le promoteur sur un projet <<
bonifie >>, entente qui ne fut pas rendue publique. Des ajouts
d'une valeur de << plusieurs dizaines de millions de dollars
>> furent apportes au projet, d'une part pour soutenir la
creation d'un tramway, pour l'amelioration des
infrastructures, des espaces publics et des abords du Canal de Lachine,
d'autre part, pour l'amelioration de la performance
energetique des batiments futurs et l'augmentation de la proportion
d'unites de logement social.
S'agit-il la des effets du debat public? La mise en
correlation systematique des requetes formulees et des amendements
apportes est difficile a faire. Il est neanmoins vraisemblable de penser
que plusieurs de ces << bonifications >> resultent du debat
public, sinon qu'elles avaient ete adoptees suite a la consultation
d'amont, en prevision de l'assemblee publique. Le meilleur
exemple de ceci est peut-etre la proportion de logement sociaux et de
logements abordables que le promoteur a annonce vouloir fixer a 15%
chacune, en accord avec une revendication majeure d'un mouvement
urbain tres militant du Sud-Ouest et reprise dans la Strategie
d'inclusion de logements abordables de la ville. Un tel
accommodement du promoteur peut constituer une explication plausible de
la part marginale que la question du logement aura occupe, contre toutes
attentes, au sein du debat.
Retour sur les questions liminaires
La notion de developpement urbain durable
La base de notre investigation des deux debats publics portait sur
la place occupee par le developpement durable, pour voir dans quelle
mesure il etait possible de parler d'un construit social a
l'egard de cette notion. Le tableau 3 presente les themes abordes
lors de l'assemblee sur le PPU de Griffintown, en comparaison avec
ceux abordes lors du debat sur le plan d'urbanisme.
Lors de l'assemblee sur le PPU, et ce, a chacune des deux
phases, il fut question de developpement durable, marginalement
toutefois. Ainsi, seulement 6 des 116 questions recensees y avaient
trait, alors qu'a peine 8% des enonces dans les memoires et avis
l'abordaient. Chaque fois, le developpement durable etait defini en
termes generaux et utilise surtout pour accroitre la legitimite ou
augmenter le poids d'un argument, tout comme ce fut le cas lors du
debat sur le plan d'urbanisme : ceci explique pourquoi, dans notre
compilation des themes abordes (tableau 3), le developpement durable
n'apparait pas explicitement. Ainsi, plusieurs intervenants ont
fait appel au developpement durable pour reclamer des mesures
architecturales d'economie d'energie. Certains qui appuyaient
le projet ont souligne la creation par le promoteur d'une Chaire en
developpement durable a l'Ecole de Technologie Superieure, pourtant
une institution qui aurait fait peu de cas du developpement durable
anterieurement, au dire d'un autre intervenant. De meme, il fut
mentionne que le projet Griffintown rejoignait les objectifs du
developpement durable par les equipements de transport collectif prevus.
A l'inverse, des opposants ont mis en contradiction un engagement
clair du plan d'urbanisme a l'effet de reduire la place de
l'automobile dans la mobilite et l'accent mis par le projet
sur l'accessibilite automobile et la creation de plusieurs milliers
de places de stationnement. Dans le texte du plan d'urbanisme, les
contradictions du developpement durable se resolvent au sein d'un
projet de compacite, compacite souhaitable parce qu'elle permet de
faire des economies en plus de limiter les besoins de deplacement et de
favoriser le transport collectif. Ici, c'est le concept de qualite
de vie qui ressort le plus quant au contenu social du developpement
durable.
Par ailleurs, si un parallele peut etre fait entre les deux debats
quant au flou dans la facon dont la notion a ete mobilisee, la rigueur
de l'analyse faite par la commission de l'OCPM sur le plan
d'urbanisme, en particulier dans l'appui pris sur le
developpement durable pour mettre en coherence differents grands enjeux
transversaux, doit etre contrastee avec le simple traitement statistique
de la mention du developpement durable, sans analyse ni recommandation,
au sein du rapport de l'assemblee publique sur le PPU pour le
projet Griffintown.
La notion de developpement durable est donc utilisee dans le debat
public non pour forcer l'examen des implications croisees et de la
coherence des actions projetees, mais essentiellement pour justifier
certaines requetes, de la part des participants, et legitimer certains
gestes et faire accepter le plan, de la part des planificateurs. Dans un
bilan sur les trois decennies du BAPE, Gauthier et Simard (2007) avaient
conclu a la persistance d'une perspective de << projet
>>, a l'encontre d'une approche territoriale integree,
et souligne les problemes de coherence et de mise en oeuvre qui
handicapaient l'action publique : ce meme diagnostic peut etre
applique a l'experience montrealaise. Le riche debat public ayant
entoure le plan d'urbanisme laissait poindre une renaissance de
culture urbanistique a la ville, dans un contexte de consolidation
renouvelee de la participation des citoyens et de centralite de la
question du developpement durable. A peine trois annees plus tard, le
projet de Griffintown aura suscite un debat surement d'envergure
mais a l'enseigne d'une fragilisation du dispositif local de
participation et de la logique planificatrice. La recension des themes
abordes dans chacun des deux debats fait ressortir la place prise par
l'instrumentation, la mise en oeuvre et le suivi. Ce phenomene
s'explique tout a fait dans le cadre du plan d'urbanisme,
compte tenu de sa nature et de son positionnement a l'egard des
secteurs de planification detaillee. Toutefois, que cette preoccupation
demeure dans le premier PPU soumis a debat dans la foulee du plan est
plus surprenant. Meme si l'optique n'est pas celle d'une
planification ou les plans des secteurs decouleraient du plan
d'ensemble comme des poupees gigognes, une dialectique doit
s'instaurer entre une vision d'ensemble initiale appelant des
realisations specifiques et les projets qui apparaissent, pour maintenir
la coherence et assurer une resultante acceptable. Or, le plan
d'urbanisme ressort du dossier du PPU comme un document de
reference qui pouvait etre sinon mis de cote, du moins contredit :
l'enjeu s'est deplace vers l'aval, la mise en oeuvre du
projet Griffintown. La mise en coherence des actions dans la logique
planificatrice et le debat public reste un probleme endemique, meme a
l'aulne du developpement durable.
La dimension procedurale du DUD et la question de <<
l'ingenierie de la participation >>
En examinant et en contrastant deux grands debats publics menes
recemment en matiere d'urbanisme a Montreal, un de nos objectifs de
depart etait d'examiner la question de << l'ingenierie
de la participation >>, notion generale selon laquelle << la
participation doit s'accomplir a partir de normes particulieres au
travers de dispositifs plus ou moins standardises >> (Blondiaux
2008, 23). Cette notion renvoie egalement a un ensemble d'activites
visant a standardiser et codifier les procedures, a diffuser les savoirs
faire, a etablir des normes particulieres, etc. Il s'agit en
quelque sorte d'un processus de professionnalisation et de
normalisation des dispositifs de participation du public qu'il
importe de mieux comprendre. A cet egard, le << debat sur le debat
>> qui a accompagne la structuration de la consultation publique
sur le PPU Griffintown est riche en enseignements.
Le premier constat qui se degage est que le processus de
normalisation et de standardisation a Montreal oscille entre deux
postures, une plus formelle et codifiee a l'image des consultations
publiques menees par l'OCPM, l'autre plus flexible respectant
plutot les exigences minimales de la LAU. Cependant, entre ces deux
postures, la reference demeure celle des enquetes et des audiences
publiques du BAPE qui ont subsequemment structure l'approche de
l'OCPM.
Dans le cas de la consultation sur le PPU Griffintown, il est
permis de se demander pourquoi Montreal a choisi de faire appel a ce
dispositif plutot qu'a celui de l'OCPM. a partir de nos
observations, deux hypotheses peuvent etre avancees. Selon la premiere,
il pourrait s'agir d'une exigence du promoteur luimeme qui
aurait considere comme trop turbulentes, risquees ou trop longues, les
audiences publiques habituelles devant l'OCPM; cette attitude
n'est pas exceptionnelle et est a la base d'un important
apprentissage strategique chez certains grands maitres d'ouvrage
(Gariepy 2006). La deuxieme hypothese renvoie aux ambivalences des
elites politiques (Blondiaux 2008, 28-31), qui tout en se montrant
favorables a la participation publique, demeurent tres attachees aux
formes traditionnelles de la democratie representative. D'ailleurs,
les tenants d'une consultation publique conforme a la culture
etablie se sont demandes s'il n'y avait pas la une derive dans
l'attitude de la ville a l'egard des consultations publiques,
derive semblable a celle qui s'etait produite dans les dernieres
annees de l'administration RCM. (9) Il n'est pas de notre
propos de debattre de ces hypotheses mais une question demeurait :
qu'adviendrait-il lors des consultations publiques ulterieures sur
les 25 autres secteurs de planification detaillee et les divers PPUs qui
seraient produits, l'assemblee publique pour le projet Griffintown
constituant alors un precedent que ne manqueraient pas d'invoquer
les promoteurs pour echapper a des exigences plus strictes.
Or le principal effet du << debat sur le debat >> a
vraisemblablement consiste en une modification apportee a la Charte de
Montreal par le Gouvernement du Quebec, a la demande de
l'administration de la ville. Cette modification a confere au
conseil de Montreal la possibilite de prendre l'initiative
d'une modification au plan d'urbanisme, donc de rapatrier de
l'arrondissement a la ville l'etude d'un PPU, et de
confier a l'OCPM la saisine de la consultation publique. (10) Par
ailleurs, en reaction a la consultation d'amont menee a
l'initiative du promoteur du dossier de Griffintown, la presidente
de l'OCPM avait demande, dans son rapport annuel de 2007, que ces
consultations soient consignees et rendues publiques, meme que
l'OCPM s'implique a cette etape pour les grands projets (OCPM
2008). Il est donc significatif que, a la requete de
l'Arrondissement Le Sud-Ouest, l'OCPM ait encadre, a
l'automne 2008, un exercice de concertation d'amont impliquant
plusieurs acteurs afin d'explorer les enjeux et d'elaborer des
principes directeurs pour l'amenagement de la friche ferroviaire du
Canadien National dans le secteur de planification detaillee du Havre de
Montreal (OCPM 2009).
L'evolution du << debat sur le debat >> que le
dossier de Griffintown a suscite et plus generalement la transformation
des conditions de la participation publique a Montreal suggerent une
reflexion a caractere plus theorique sur << l'ingenierie de
la participation >>. D'une part, ces elements illustrent tres
bien les enjeux derriere la construction de ce que Blondiaux appelle une
participation legitime, c'est-a-dire << une maniere de
construire l'opinion et de gerer les citoyens participants >>
(2008, 23). Le dossier de Griffintown pourrait avoir constitue un
precedent a l'effet que ce sont les exigences minimales de la LAU
qui peuvent chaque fois etre interpretees selon le dossier a
l'etude et la controverse qui l'entoure, la structuration du
dispositif s'averant discretionnaire et liee aux pressions, plutot
que predeterminee et codifiee. Or, au contraire, il aura ete
l'occasion d'une reaffirmation de l'importance de
clarifier les regles et de consolider l'approche de l'OCPM,
illustrant de facon tres claire la << dependance au sentier
>> (Negrier 2005).
Conclusion
En conclusion, a partir des deux debats publics majeurs analyses,
il apparait que le developpement durable ne constitue toujours pas ce
concept charniere nouveau et structurant de l'action publique en
matiere d'urbanisme et de developpement urbain a Montreal.
Toutefois, meme s'il apparait comme un << principe normatif
sans normes >>, ce concept de reference est neanmoins operant pour
la formulation de requetes qui sont arbitrees ailleurs dans les
argumentaires ou les suites donnees au debat. Illustrant la pertinence
du propos d'Emelianoff et Theys (2000), le developpement durable
contribue a la mise en debat, meme si timide, des contradictions dans
l'action publique municipale. Plus, une forme de dialectique est a
l'oeuvre: le developpement durable en legitimant l'action
publique, soit le plan d'urbanisme et le PPU, contribue a fabriquer
leur acceptabilite sociale. En retour, il est permis de supposer que
l'action publique construit un certain sens au concept. Mais
c'est surtout en rapport a la dimension procedurale du
developpement durable que peut etre situe l'effet du debat : il
contribue nettement a la consolidation de << l'ingenierie de
la participation >> et participe ainsi au developpement d'un
<< urbanisme reflexif >>.
Remerciements
Les auteurs remercient le Conseil de recherche en sciences humaines
du Canada pour son appui financier (subvention ordinaire de recherche
no. 410-2006-2104) ainsi que l'editeur et les evaluateurs anonymes
pour leurs commentaires sur la version preliminaire de cet article.
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Michel Gariepy
Institut d'urbanisme
Universite de Montreal
Mario Gauthier
Departement de travail social et des sciences sociales
Universite du Quebec en Outaouais
Notes
(1) La nouvelle Ville de Montreal a ete constituee le 1er janvier
2002 par le regroupement des 28 municipalites de l'ile de Montreal.
Toutefois, conformement a la Loi concernant la consultation des citoyens
sur la reorganisation territoriale, 14 anciennes municipalites se sont
defusionnees le 1er janvier 2006 selon la volonte des citoyens exprimee
lors des referendums de juin 2004.
(2) Pour plus de details, voir Gauthier (2008, 171-179).
(3) Pour plus de details, voir Gariepy (2002, 26-27).
(4) L'OCPM a ete cree le 1er janvier 2002 par l'article
75 de la Charte de la Ville de Montreal.
(5) L'OCPM avait pour mandat de tenir des assemblees publiques
de consultation sur la revision du Plan d'urbanisme prevue a la Loi
sur l'amenagement et l'urbanisme (L.R.Q., c. A-19.1),
conformement au deuxieme paragraphe du premier alinea de l'article
83 de la Charte de la Ville de Montreal (L.R.Q., c. C-11.4). Les seances
d'information et de consultation publiques se sont echelonnees du
17 au 29 juin 2004. La consultation s'est tenue en deux temps : 10
seances d'information dans differents arrondissements de la Ville
de Montreal (du 17 mai au 29 juin 2004) et 4 journees d'auditions
et de depot de memoires (les 21, 22, 23 et 29 juin 2004). Nous avons
mene des observations directes de toutes ces seances.
(6) Un << Lifestyle Center >> fait reference a un
regroupement de commerces de detail mais egalement d'activites et
services de loisirs qui sont cibles vers les clienteles bien nanties. Ce
regroupement est habituellement ouvert, a la difference des grandes
surfaces traditionnelles.
(7) Parmi ces professionnels mentionnons, entre autres, Gerard
Beaudet, directeur de l'Institut d'urbanisme de
l'Universite de Montreal, Raphael Fischler, professeur a
l'Ecole d'urbanisme de l'Universite McGill, Phyllis
Lambert, directrice du Centre canadien d'architecture, de meme que
plusieurs autres professeurs d'universites et representants
associatifs.
(8) Selon le rapport de consultation publique (Ville de Montreal
2008b, 21), environ 825 personnes ont assiste a l'une des trois
seances d'informations et de questions, dont pres de la moitie
(45,7%) etaient des citoyens. Lors de la periode de commentaires et de
presentation des memoires, la commission a recu 84 memoires provenant de
citoyens (21,4%), de regroupements (13,1%), d'organismes sociaux,
economiques, culturels, environnementaux et communautaires (16,7%), du
milieu des affaires et professionnels (32,1%), d'etudiants et
institutions d'enseignement et de recherche (14,3%) et d'elus
et representants politiques (2,4%).
(9) Selon cette derive, les enonces de politique ou projets
preliminaires, soit des actions non-contraignantes, etaient assujettis a
des audiences en bonne et due forme, alors que les projets controverses
etaient expedies devant les Comites conseils d'arrondissement, des
instances beaucoup plus complaisantes (Gariepy 2002).
(10) Projet de loi No 22 (2008, chapitre 19), Loi modifiant
certaines dispositions legislatives concernant Montreal, sanctionne le
20 juin 2008.
Tableau 1. Grille de questionnement et d'analyse
Les questions liees a la Les questions liees
mise en oeuvre du debat aux effets du debat
Qui debat? Quels effets du debat sur les
La question litigieuse du public controverses et les mobilisations
d'acteurs?
Sur quoi debattre? Quels effets sur les projets et les
Les cadrages de l'objet du debat organisations qui les portent?
Les logiques d'apprentissage
Comment debattre? Quels effets a long terme sur la
Les modalites d'organisation structuration des problemes
et de circulation de la parole publics et le sens commun des
acteurs?
Pourquoi participer au debat? Quels effets en retour sur la
La position des differents procedure du debat public
acteurs par rapport au debat elle-meme?
Source: Revel et al. (2007, 30-34).
Tableau 2. Les preoccupations des citoyens exprimees lors de la
consultation publique sur le Plan d'urbanisme
Le transport des personnes et des biens
La qualite de l'air et le controle de la circulation automobile
Le transport collectif et les autres modes de deplacement
Les trains de banlieues et les systemes legers sur rails (SLR)
Le controle de l'offre de stationnement
Le reseau cyclable et les parcours pietonniers
Le transport des marchandises
Les matieres dangereuses
Les projets routiers
L'habitation
Les besoins en habitation
Une reserve de terrains municipaux aux fins du logement social
Le zonage inclusif et la mixite sociale
La preservation du stock de logements locatifs
La conversion des batiments residentiels
Le patrimoine bati
Les priorites d'intervention
La sauvegarde et la rehabilitation du patrimoine
Des besoins precis et des cas concrets
La protection des proprietes institutionnelles
La reglementation, la concertation et l'aide a la protection
Le patrimoine naturel, les ecoterritoires et les espaces riverains
L'acces au cours d'eau et les espaces riverains
Les parcs, les espaces verts et les places publiques
Le manque de parcs et d'espaces verts
La protection des parcs et de leur usage
Les arbres dans la ville et les autres mesures de verdissement
La qualite de l'environnement urbain
La qualite de l'air
Le bruit
La securite publique et la prevention des sinistres technologiques
L'eclairage nocturne et l'observation du ciel
La rehabilitation des terrains contamines
La gestion des matieres residuelles
La strategie de revitalisation urbaine integree
La planification detaillee
Demandes de precisions, de modifications et d'ajouts
L'instrumentation, la mise en oeuvre et le suivi du Plan
La ville centrale et les arrondissements
Priorites d'action, indicateurs et echeanciers
Le suivi et l'evaluation du Plan
Source: OCPM (2004, 25-43).
Tableau 3. Comparaison des themes abordes dans les memoires lors
des audiences sur le Plan d'urbanisme et le PPU Griffintown *
Themes PPU Griffintown Plan d'urbanisme
[1] Transport 15.8% 37.2%
[2] Habitat 6.6% 10.3%
[3] Patrimoine 8.5% 11.5%
[4] Qualite de l'environnement 24.6% 12.5%
urbain
[5] Parcs et espaces verts 6.6% 7.2%
[6] Planification detaillee -- 4.8%
[7] Planification, participation 13.7% 4.8%
et suivi
[8] justification et nature 7.1% --
du projet
[9] Dev, social et communautaire 2.6% 1.5%
[10] Dev. culturel 4.5% 1.7%
[11] Dev. economique 7.9% 1.1%
[12] Affectations du sol 1.8% 3.2%
[13] Amenagements precis -- 2.5%
[14] Autres 0.4% 11.6%
* Les themes servant a cette analyse ont d'abord ete utilises pour
l'analyse du debat sur le plan d'urbanisme. Les categories 1 a 7
sont empruntees au rapport de l'OCPM. Les categories 9 a 13 ont ete
ajoutees pour rendre compte de certaines recommandations qui
echappaient aux pre mieres categories. Ces categories refletent bien
la variete des propos sur le projet Griffintown. La categorie 7 a
ete legerement reformulee pour inclure plus explicitement la
demarche de planification et de participation. La categorie 8 a ete
ajoutee pour rendre compte d'un enjeu marquant a l'interieur du
projet Griffintown, mais peu pertinent dans le cadre du plan
d'urbanisme.