Les pratiques de fonctionnaires canadiens et quebecois au chapitre des innovations du travail.
Harrisson, Denis ; Maltais, Daniel ; Rinfret, Natalie 等
L'innovation est souvent consideree comme une demarche
incontournable devant etre adoptee aux fins de renouveler la fonction
publique et sa gestion (Brodtrick 1997). Toutefois, peu de recherches
empiriques y sont consacrees (Kim et Weon Chang 2009), notamment sur ses
processus operatoires et son ampleur. Les innovations dans
l'administration publique sont definies comme des changements dans
les politiques de gestion et/ou dans les pratiques de management qui
conduisent a une amelioration durable en termes de quantite et/ou de
qualite des services rendus ou des effets produits par une organisation
(Bartos 2003 : 10; Walker, Boyne et Brewer 2010 : 11). A cette
definition generale, ajoutons que l'innovation au travail est
consideree comme etant toute approche ou pratique emergente que
s'approprient les acteurs et qui permet une amelioration des
dimensions sociales et economiques du travail. Dans cet article, nous
nous interessons aux innovations du travail qui marqueraient une
transformation du modele bureaucratique en un modele de travail axe sur
l'autonomie et la participation des employes dans les decisions
concernant le travail (Heller et coll. 1998). Les innovations engagent
les gestionnaires et les employes dans la conception et dans
l'implantation des idees devant conduire a ces ameliorations. A cet
egard, l'innovation mise moins sur des methodes inedites que, comme
le mentionne Schumpeter (1967), sur la recombinaison d'idees
courantes en des pratiques nouvelles. Ces dimensions sont toutefois
difficiles a saisir et a mesurer. Le principal objectif de la recherche
consiste a verifier dans quelle mesure ces types d'innovations sont
reellement introduits dans des organisations publiques et la maniere
dont ils le sont, le cas echeant.
Le role du fonctionnaire est dorenavant defini par des attentes qui
decoulent des demandes nouvelles amal- gamdes aux demandes
traditionnelles, ce qui entraine de l'ambiguite face au besoin
constant d'interpretation d'attentes souvent contradictoires
Quelques travaux de recherche se sont interesses au contexte des
transformations devant conduire aux innovations (Sarros et coll. 2008;
Tolbert et coll. 2008; Adams et Hess 2010), d'autres encore aux
conditions de succes des innovations dans la fonction publique
(Vigoda-Gadot et coll. 2005; Welp et coll. 2007; Kim et Weon Chang
2009). Enfin, quelques travaux seulement ont precisement ete consacres
aux innovations du travail (Har-risson et coll. 2006; Kim et Hong 2006).
D'o6 l'interet des resultats de l'enquete que nous avons
menee aupres de fonctionnaires ceuvrant dans six organisations.
La problematique des innovations du travail
Depuis le debut des annees 1980, les reformes de
l'administration publique se sont inspirees du Nouveau management
public (NMP), soit cet ensemble de pratiques de gestion adoptees par les
Etats occidentaux, s'appuyant sur les regles du marche et celles de
la gestion plus flexible des entreprises. Ces pratiques sont axees sur
la production de resultats (Bour-gault 2004; Moynihan 2004) en lien avec
la satisfaction des clienteles (Visscher et Verone 2004) et ce, en depit
des differences marquees entre les pratiques manageriales de ces deux
secteurs (Kim et Hong 2006; Ashworth et coll. 2007, Desmarais et Abord
De Chatillon 2008). L'innovation etant un theme promu par le NMP,
les connaissances et l'experience que possede le secteur prive
peuvent etre adaptees a un contexte bureaucratique (Vigoda- Gadot et
coll. 2005). Les fondements traditionnels du management se trouvent
ainsi mis a mal par la necessite de reduire les fortes contraintes
inscrites dans les structures bureaucratiques (Hatch et Cunliffe 2009 :
387).
Jadis, l'ethos de l'administration publique reposait sur
la croyance dans le service public operant dans l'interet general
des citoyens (Rayner et coll. 2011). De nos jours, les valeurs qui
animent l'administration publique sont plus diversifiees (Rainey et
Su Jong 2010; Rosenbloom 2010) et pas toujours coherentes avec
l'image des valeurs d'une societe fragmentee et pluraliste.
Par exemple, les valeurs manageriales dominantes privilegiant
l'economie, l'efficience et l'efficacite ne sont pas
toujours en phase avec d'autres valeurs telles que
l'accessibilite des services publics (Maltais 2010). Qui plus est,
le role du fonctionnaire est dorenavant defini par des attentes qui
decoulent des demandes nouvelles amalgamees aux demandes traditionnelles
(Poulsen 2007), ce qui entra/ne de l'ambiguite face au besoin
constant d'interpretation d'attentes souvent contradictoires.
L'association avec les syndicats serait une des cles de la
comprehension du succes des reformes
D'autres auteurs sont plus critiques. Le NMP fait
l'economie d'une reflexion sur la qualite du milieu
organisationnel, ce qui a pour effet de marginaliser la participation
des employes (Grenier et Malo 2008). Ainsi, la reglementation issue de
l'obligation d'imputabilite etoufferait les initiatives
(Proulx et Briere 2005). La gestion du changement ne tient pas
suffisamment compte des particularites des organisations et ajoute a la
nature conflictuelle de processus de travail souvent problematiques
(Facal et Bernier 2008). Pour plusieurs observateurs, la gestion des
ressources humaines doit occuper une place centrale dans les reformes
entreprises par les gouvernements (Rouil-lard et coll. 2004; Kim et Hong
2006). Les initiatives ont principalement pour but d'ameliorer la
productivite sans que les employes ne beneficient de pouvoirs nouveaux
(Foley 2008). Les echecs des changements organisation-nels seraient en
grande partie dus a leur incoherence aux yeux des employes incapables de
seles approprier (Combes et Lethielleux 2008).
En bref, plus il y a d'autonomie dans la gestion des unites de
travail, plus les methodes de travail sont flexibles (Lonti et Verma
2003). L'autonomie des employes est un facteur de satisfaction non
negligeable (Paquet et Gosselin 2006; Haar et Spell 2009). Une structure
souple mise davantage sur les competences des employes et sur la
vitalite du travail d'equipe (Fairbrother 1996; McHugh et coll.
2001; Grant et Parker 2009). L'innovation du travail repose sur
l'idee que les salaries creatifs et capables d'initiatives
influent sur le rendement et la qualite des services. La flexibilite et
l'autonomie forment les grandes dimensions de l'innovation du
travail; elles se combinent sous des formes nouvelles afin de rencontrer
des objectifs de performance sociaux et economiques. Lorsque les
innovations du travail sont bien ancrees dans le milieu de travail,
l'autonomie et le controle des employes sur le travail sont des
dimensions qui procurent plus d'engagement en entra/nant des
efforts supplementaires de la part des employes (Gallie et coll. 2012).
Avec l'autonomie, la polyvalence est aussi reconnue depuis
longtemps comme etant une dimension essentielle des equipes de travail
performantes (Hackman et Oldham 1975).
Les relations de travail ne sont pas en reste et connaissent des
transformations marquantes. Avec tm taux de syndicalisation du secteur
public de 82,2 % au Quebec, et de 74,4 % au Canada en 2010 (1), il
serait difficile d'envisager des changements importants sans que
les syndicats ne soient impliques. Si quelques etudes ont aborde la
question durant les annees 1990 sous l'angle de la cooperation
patronale/syndicale dans le secteur public (Loney 1996), peu
d'etudes ont traite de cette question importante. Pourtant, il y a
un avantage d'impliquer les syndicats dans la gestion du
changement, meme si son role ne se limite qu'a une consultation sur
certaines dimensions - competences, systeme de performance,
remunera-tion - (Horton 2005). L'association avec les syndicats
serait une des cles de la comprehension du succes des reformes (Lavigna
2002; Harrisson et coll. 2006; Bach et Givan 2008).
Les travaux de Schumpeter (1967) sur l'entreprenariat, de
Rogers (1983) sur la diffusion des innovations, de Freeman (1991) sur
les milieux inno-vateurs, et de Callon (1986) sur l'acteur-reseau
ont montre que l'innovation est le resultat d'initiatives
particulieres portees par des acteurs volontaires. Au contraire du
changement qui designe un nouvel etat ou de nouvelles pratiques
permettant l'amelioration d'une situation donnee,
l'innovation est aussi caracterisee par son processus, soit sa
conception et son cheminement dans l'organisation.
L'innovation, selon l'approche interpretativiste-symbolique
(Hatch et Cunliffe 2009), peut donc etre concue comme un construit
d'acteurs aux multiples interets, qui se reconcilient via des
interactions complexes, en introduisant des arguments de facon a
justifier leurs decisions. Ainsi, l'innovation ne se resume pas a
un projet ou a un programme et elle est rarement confinee a une seule
unite administrative. Les innovations peuvent etre decentralisees et
emergentes (Durst et Newell 1999), alors que les reformes sont
centralisees et controlees (Leclerc 2001). Le plus important est
l'investissement sur les personnes qui autorisent une
responsabilisation accrue et une autonomie assumee par les acteurs dans
des arrangements organisationnels de longue portee (Borins 2001). Les
innovateurs ne decretent pas la bonne facon de definir l'innovation
ni de la diffuser. Pour etre efficace, l'innovation doit emaner de
cette dynamique a la base et faire l'objet d'une appropriation
collective (Alter 2002).
Cette breve revue de litterature sur l'innovation et notre
interet pour sa pratique dans les organisations publiques nous amenent a
poser quatre questions : (1) Est-ce qu'en matiere
d'organisation du travail et de relations du travail, la fonction
publique innove? (2) Dans l'affirmative, quelle est la nature de
ces innovations? (3) Quel est le niveau de participation des salaries
dans les processus d'innovation? (4) Est-ce que ces innovations
marquent une transformation du travail dans la fonction publique?
La methodologie
Lors de la toute premiere etape du projet, les chercheurs ont
contacte les directions des ressources humaines de tous les ministeres
et organismes regis par la Loi de lafonction publique du Quebec pour
dresser un portrait des innovations introduites au cours des trois
annees precedentes. Suite a l'analyse des reponses obtenues, deux
ministeres furent retenus, soit le ministere des Finances (MF) et le
ministere de l'Emploi et de la Solidarite sociale (MESS) (2).
Il fut beaucoup plus difficile d'obtenir la collaboration des
directions des ressources humaines des ministeres et organismes federaux
situes a Ottawa. Les chercheurs ont alors demande aux responsables des
bureaux quebecois de quatre organismes federaux de participer a
l'etude : ce sont le ministere des Affaires indiennes et du Nord
canadien (AINC), Peches et Oceans Canada (P&O), la Garde cotiere
(GC) et l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) (3). La
variete de leurs missions et leur disposition a participer a
l'etude expliquent leur choix.
La seconde etape a consiste a rencontrer des petits groupes
d'employes dans chacun des organismes retenus pour discuter de la
dynamique particuliere de leur milieu de travail et des processus
d'innovation suivis. Ces rencontres ont permis de concevoir le
questionnaire constitue de 13 questions fermees a choix multiples de
type Likert, auxquelles s'ajoutaient trois questions ouvertes
permettant aux repondants de s'exprimer librement sur le sujet. La
formulation des questions a ete validee et ajustee au besoin aupres de
representants des DRH des orga-nismes concernes (4).
Les choix des pratiques innovantes ont ete enterines par les
reponses obtenues lors de ces deux etapes et ce sont ces pratiques, dont
l'autonomie et la polyvalence des taches, qui nous ont permis de
concevoir un questionnaire original. Ces pratiques sont toujours
actuelles si l'on en juge par les travaux de recherche recents.
Gallie et coll. (2012) ainsi que Grant et Parker (2009) en font
notamment les dimensions essentielles des modeles d'organisation
innovante du travail. Ainsi, une perspective relationnelle mise sur
l'interdependance des interactions entre les collegues de travail,
et entre ces derniers et les usagers. Ensuite, une perspective proactive
met l'accent sur la prise d'initiatives des employes afin
d'anticiper et de creer les changements dans les methodes de
travail dans un univers dynamique parseme d'incertitudes et
caracterise par la complexite (Grant et Parker 2009). Pour cela, les
employes doivent etre capables de prendre des initiatives en etant
autonomes, polyvalents et responsables. D'autres pra-tiques, plus
recentes, se rapportant par exemple aux horaires de travail, ont ete
integrees a la liste des pratiques innovantes. Puis, a la demande des
acteurs, nous avons ajoute les primes au rendement. Bien que ce fait ne
soit pas nouveau en soi, les primes peuvent etre des incitations a
l'innovation. Comine le mentionnent Morgeson et Humphrey (2006), il
n'y a pas de questionnaire qui mesure parfaitement
l'organisation du travail dont cer-taines dimensions demeurent
difficiles a saisir. Notre objectif consistait plutot a montrer
jusqu'ou l'administration publique pouvait se montrer
innovatrice en matiere de pratiques d'organisation et de relations
du travail.
Questionnaire
Le questionnaire comprend trois parties. La premiere partie porte
sur les caracteristiques socio-demographiques : l'age,
l'anciennete, le type d'emploi occupe. La seconde partie
traite des innovations subdivisees en deux sections :
l'organisation du travail et les relations du travail. Les
innovations en matiere d'organisation du travail ont ete mesurees a
partir de la prevalence des caracteristiques ou pratiques suivantes : la
polyvalence des taches, l'autonomie dans l'execution des
taches, la presence d'equipes de travail responsables de realiser
des mandats, la formation en ligne, les bonis au rendement, le travail a
domicile et l'arnenagement du temps de travail. Les innovations en
matiere de relations du travail ont ete mesurees par la presence de
comites conjoints patronaux- syndicaux et de mecanismes de resolution de
problemes. Nous avons aussi cherche a savoir si les repondants
souhaitaient qu'il y ait davantage d'innovations liees a
l'organisation du travail et aux relations du travail dans leur
organisation.
La troisieme partie porte sur les sources de l'innovation : il
s'agissait de savoir si les gestionnaires ou les employes sont
encourages a proposer des innovations et si, dans ces cas, il existe des
ressources et des mesures suffisantes, ainsi qu'un suivi adequat,
pour assurer le developpement et l'implantation des innovations
proposees. Nous cherchions egalement a savoir si, selon les repondants,
leur contexte organisationnel etait favorable a l'emergence
d'idees nouvelles. Finalement, des questions ouvertes a la fin du
questionnaire permettent aux repondants de faire des commentaires
personnels en sus des reponses fournies aux questions fermees.
Participants
Le questionnaire a ete soumis a l'ensemble du personnel de ces
ministeres et organismes qui a eu deux semaines (rappel ayant ete fait
apres la premiere semaine) pour acceder au questionnaire en version
electronique et pour le completer. Le questionnaire a ete administre en
2007 et 2008 (selon les ministeres cibles) et le taux de reponse fut
globalement de 33 %. Au total, 2 308 fonctionnaires auxquels
l'anonymat a ete garanti, ont participe a cerre etude.
Le portrait global du repondant type est une femme (59,8 %) agee de
46 a 55 ans (42,3 %), syndiquee (80,5 %), et ayant plus de 21 ans
d'experience dans la fonction publique (40,8 %). Plusieurs ont
acquis de l'experience dans plus d'une organisation au sein de
la fonction publique. Les employes ayant 10 ans et moins
d'experience au sein de la meme organisation sont majoritaires
(54,5 %). Les repondants correspondent egalement au portrait general du
fonctionnaire employe de bureau (44,8 %) ou du professionnel detenant un
diplome universitaire (37,2 %). Les repondants sont aussi des employes
permanents (63,7 %) etant en contact frequent avec les usagers des
services offerts par l'organisation (40,2 %).
Le Tableau 1 precise pour chacun des organismes participants les
caracteristiques des repondants en fonction des variables retenues. On
notera les nuances qu'il convient d'apporter dans certains cas
au portrait global precedemment trace.
Les resultants
Les pratiques innovantes au chapitre de I'organisation du
travail.
Le Tableau 2 presente les resultats obtenus concernant
l'existence de sept pratiques innovantes. Aux dires des repondants,
les innovations liees a l'organisation du travail davantage
presentes dans les six organismes publics etudies, sont l'autonomie
dans l'execution des taches (90,1%), la polyvalence des taches
(88,8 %), le travail au sein d'une equipe respon-sable de realiser
des mandats (75 %) et l'amenagement du temps de travail (68,0 %).
Les pratiques les moins presentes sont, dans l'ordre, la formation
en ligne (54 %), les bonis au rendement (23,5 %) et le travail a
domicile (19,8 %). Ces donnees confirment qu'il existe bel et bien
des pratiques innovantes au sein des organisations sondees, pratiques
qui bousculent l'idee selon laquelle le travail dans les
bureaucraties pu-bliques serait encadre au point de ne pas permettre aux
employes de profiter d'autonomie dans l'exercice de leurs
taches, serait repetitif et peu diversifie. De plus, il semble que le
travail en equipes responsables de realiser des mandats soit une
pratique encouragee au sein de ces organisations.
Seule l'autonomie est presente au meme degre dans les six
organismes etudies. Pour ce qui est des autres variables, plusieurs
differences entre les organismes etudies doivent etre notees. Ainsi AINC
se distingue signifi-cativement au chapitre de la polyvalence des taches
en offrant le meilleur score (95,2 %). AINC se distingue tout autant en
ce qui a trait au travail en equipe (86,9 %), alors que le MESS est
l'organisme au sein duquel cette pratique serait la moins presente
(69,9 %), ce qui peut s'expliquer par le caractere tres norme des
programmes geres par ce ministere dans le domaine de la securite sociale
ou du developpement de l'employabilite. L'amenagement du temps
de travail semble davantage present dans les deux ministeres quebecois
comparativement aux quatre ministeres federaux. Enfin, on notera la tres
faible presence des bonis au rendement dans tous les organismes a
l'exception du MF (Q), oU 72 % des repondants en attestent
l'existence. Quant a la formation en ligne, on ne peut qu'etre
etonne de la grande variation entre les organismes au sein desquels elle
est offerte. Ainsi, plus de quatre repondants sur cinq (80,5 %) de
I'ASFC indiquent que de la formation en ligne leur est offerte
alors que c'est le cas pour a peine un repondant sur trois au MF
(20,5 %) et moins d'une personne sur trois a la GC. En resume, on
observe que plusieurs pratiques innovantes sont tres presentes au sein
des organismes etudies bien qu'il faille noter une variation
importante entre ces organismes quant a leur << degre >> de
presence (l'autonomie exceptee).
Le Tableau 3 renseigne sur l'utilisation effective de ces
pratiques par les repondants. Invites a indiquer s'ils utilisaient
ou profitaient des pratiques innovantes au chapitre de
l'organisation du travail, les repondants pou-vaient repondre
qu'ils ne les utilisaient pas du tout (1), a l'occasion (2),
souvent (3) ou tres souvent (4).
Comme on peut le constater, c'est de l'autonomie au
travail et de la polyvalence des taches dont profitent davantage les
repondants (respec-tivement 3,06 % et 3,02 % sur un maximum de 4).
Contrairement a l'autonomie au travail, variable a propos de
laquelle on n'observe pas de difference significative entre les six
organisations, il en existe une concernant la polyvalence des taches. A
ce sujet, les repondants d'AINC (3,18 %) et de P&O (3,16 %) en
font davantage usage que la GC (2,82 %).
Deux autres pratiques innovantes qui font, en moyenne, l'objet
d'une utilisation appreciable sont les equipes de travail (2,48/4)
et l'amenagement du temps de travail (2,08/4). Le travail en equipe
est une pratique plus prisee au MF (2,73 %) et a P&O (2,68 %) que
dans les quatre autres organisations. Au chapitre de l'amenagement
du temps de travail, on peut distinguer trois organisations, soit le
MESS, I'ASFC et le MF, dont les repondants disent profiter
significativement de plus de flexibilite au niveau de l'amenagement
du temps de travail que les trois autres organisations.
La formation en ligne, le travail a domicile et les bonis au
rendement sont trois innovations tres peu utilisees alors que, comme
nous l'avons signale ci-dessus, elles sont aussi les moins
presentes au sein des six organismes etudies.
Les pratiques innovantes au chapitre des relations du travail
Les Tableaux 4 et 5 presentent les resultats obtenus concernant
l'existence et l'utilisation de deux pratiques que nous avons
associees a des innovations pouvant influer sur les relations du travail
(5).
Les repondants reconnaissent l'existence des differentes
mesures inno-vantes en matiere de relations de travail comme le montre
le Tableau 5.
Cependant, ils ne les utilisent presque pas; c'est le cas
notamment des comites conjoints patronaux-syndicaux (1,32/4) et des
mecanismes de resolution de problemes (1,26/4). A cet egard, les
structures mises place sont des innovations planifiees ayant fait
l'objet d'une negociation entre les parties. Ce sont les
representants syndicaux et les gestionnaires qui siegent sur ces
comites. Neanmoins, ils traitent de problemes concernant les salaries
syndiques. Cela contribue a reduire le niveau de tension entre les
parties et cree un climat propice a la cooperation et a
l'innovation.
Ces resultats laissent entendre que le processus s'appuie sur
des propositions venant autant de la base (bottom-up) que de la
hierarchie intermediaire (top down)
Assez d'innovations ... ou pas assez?
Interroges sur leur souhait qu'il y ait plus
d'innovations du travail intro- duites au sein de leur
organisation, les repondants pouvaient indiquer, en utilisant une
echelle allant de 1 a 3, qu'a leur avis ce n'etait pas
necessaire (1), que ce serait utile sans etre prioritaire (2), ou encore
que cela etait juge utile et prioritaire (3). Au chapitre des
innovations portant sur l'organisation du travail, les repondants
jugent qu'il serait utile mais non prioritaire qu'il y en ait
davantage (2,35/3). P&O, le MESS, I'ASF et la GC sont les
organismes dont les repondants attendent davantage en termes
d'innovations en organisation du travail. Pour ce qui est des
innovations en ce qui a trait aux relations du travail, en general, les
repondants jugent qu'il serait utile, bien que non prioritaire
(2,12/3) qu'il y ait davantage de ce type d'innovation. Le
MESS, la GC et I'ASF seraient les plus deman-deurs sur ce point.
Les caracteristiques relatives au processus d'innovation
Lorsqu'interroges sur les personnes qui sont a l'origine
des processus d'innovation dans leur organisation, que ce soit en
matiere d'organisation du travail ou de relations du travail,
environ 50 % de tous les repondants considerent les cadres comme la
principale source d'innovation. Sur ce point, on ne note aucune
difference entre les repondants des six organi-sations. Par ailleurs,
ces memes repondants affirment que les initiatives proviennent tout
autant des employes. Ces resultats laissent entendre que le processus
s'appuie sur des propositions venant autant de la base (bottom-up)
que de la hierarchie intermediaire (top down). Au-dela de ce score
general, on doit noter des differences significatives. Ainsi, plus de
71% des employes de P&O et plus de 68 % d'AINC considerent que
les initiatives au chapitre des innovations du travail proviennent des
employes, alors qu'il n'y a que 58 % des repondants du MESS
qui sont de cet avis. De plus, 60 % de l'ensemble des repondants
disent etre encourages a proposer des innovations. Le MF (70 %), AINC
(68 %) et P&O (68 %) sont les plus affirmatifs alors que les
repondants du MESS le sont le moins (55 %). Lorsqu'on leur demande
si, dans le passe, ils ont suggere des innovations dans leur travail, 77
% de tous les repondants disent l'avoir fait. Quand une nouvelle
idee est soumise a leur superieur, 65,4 % des repon-dants affirment que
ce dernier assure un suivi. Les deux ministeres quebecois presentent des
resultats significativement differents par rapport a cette moyenne
generale. Appeles a apprecier l'implication des represen-tants
syndicaux dans la mise en place des innovations, une majorite des
repondants, soit 57 % d'entre eux, jugent qu'ils n'y sont
pas associes.
Les aspects qui semblent poser davantage de problemes concernent
les ressources disponibles. Respectivement, 23,9 % et 29,9 % des
repondants sont d'avis que les ressources necessaires sont
disponibles et que des mesures suffisantes existent pour assurer
l'implantation des innovations. On note sur ces aspects une grande
difference de points de vue entre les organismes. Ainsi, plus de 52,7 %
des repondants du MF jugent que des ressources sont disponibles pour la
mise en ceuvre des innovations alors que seulement 14 % des repondants
du MESS sont de cet avis. Le meme ecart existe concernant la question
des mesures favorisant l'implantation des innovations : 54 % des
repondants du MF confirment leur existence contre seulement 19,5 % de
ceux du MESS.
Commentaires des repondants
Plusieurs commentaires permettent de completer les donnees
quantifiees recueillies. Ainsi, parmi les mesures souhaitees afin
d'ameliorer les conditions d'exercice du travail, les
communications entre la direction et les employes meritent d'etre
ameliorees selon plusieurs repondants. Cepen-dant, ce sont les mesures
relatives a la flexibilite des horaires de travail, a la conciliation
travail/vie privee ainsi qu'au teletravail qui forment les
dispositions les plus en demande et ce, dans tous les ministeres et
organismes etudies. Certaines mesures qui prennent la forme
d'arrangements informeis entre la direction locale d'un
service ou d'un departement temoignent de la possibilite
d'initiatives possibles comme le mentionne ce repondant:
J'ai note que je travaillais parfois a domicile, mais ce
n'est pas un programme formel, plutot une entente avec mon
superviseur pour etre moins derangee lorsque j'ai a rediger. (Une
employee d'un ministere quebecois).
Si de tels arrangements sont difficilement applicables a
l'ensemble des employes, etant donne que certaines taches
necessitent la presence des employes sur les lieux de travail, certains
pensent qu'il n'y a pas assez d'ouverture de la part des
gestionnaires :
Il est difficile de sortir des modeles traditionnels de livraison
de service. On mesure plus facilement la productivite par la presence au
travail que par les resultats. Pourtant la technologie existe ... (Un
employe d'un ministere canadien).
En outre, le commentaire suivant resume bien ce qui, aux yeux de
plusieurs, expliquerait le fort pourcentage de repondants (71,4%) qui
trouvent que les mesures de soutien a l'innovation sont
insuffisantes:
Nous sommes constamment en changement [...]. Nous n'avons
jamais le temps de prendre une << vitesse de croisiere >>
tellement les changements sont frequents. Ca demande beaucoup
d'energie d'adaptation, de temps et de formation. (Une
employee d'un organisme canadien).
A propos des relations du travail, plusieurs pensent qu'il
n'y a que des changements de forme sans effet reel sur le fond :
Ces mesures n'existent que pour l'apparence, elles sont
inefficaces parce que l'employeur n'a pas change de mentalite
et gere toujours les relations de maniere autocratique. (Un employe
d'un ministere canadien).
D'autres critiquent plus generalement les strategies
d'innovation qu'ils jugent souvent discontinues, marquees par
des ruptures, des avancees et des reculs. Dans un ministere, plusieurs
employes se reconnaissent dans la citation suivante qui montre un
eloignement des objectifs des innovations realisees depuis quelques
annees:
C'est vraiment decevant d'arriver en fin de carriere et
de retourner en arriere dans des controles stricts. Depuis plusieurs
annees, nous avions evolue dans nos taches avec beaucoup
d'autonomie et de professionnalisme et tout a coup, c'est
comme si nous etions devenus irresponsables ... (Un employe d'un
ministere canadien).
La centralisation des decisions concemant les innovations est mise
en cause par certains qui trouvent que les innovations se font a la
piece sans reelle analyse de l'impact sur les differentes
composantes de l'organisation:
Avant de mettre en place des innovations, il faut que
l'employeur et les employes soient prets a s'embarquer
la-dedans. Il faut qu'il y ait une strategie globale et non des
activites a la piece. La haute gestion doit etre convaincue. (Un employe
d'un ministere canadien).
Si, comme l'indiquent nos resultats quantitatifs, on peut
observer des innovations du travail dans les six organismes etudies, ces
commentaires permettent de signaler quelques defis importants qui se
posent a ceux qui veulent innover ou soutenir les innovations du travail
dans les organisations publiques. Premierement, il y a le defi de
pouvoir compter sur des ressources suffisantes pour les mettre en place
et pour en assurer le suivi. Deuxiemement, il y a cet arrimage,
souhaitable mais apparem-ment rare, entre les innovations introduites et
la ou les strategies d'une organisation. Enfin, il y a des
contextes de gouvernance publique, notamment ceux qui militent en faveur
d'un plus grand controle par les instances centrales d'un
gouvernement, qui limitent les possibilites d'innover. (6)
Discussion des resultants
C'est l'autonomie, au centre de la nouvelle perspective
relationnelle de Grant et Parker (2009) qui nous permet d'evaluer
en bonne partie la transformation d'une administration publique.
Or, nos resultats rapportent qu'une grande majorite des repondants
profitent d'une telle autonomie, qu'ils travaillent au sein
d'equipes et qu'il existe de la polyvalence dans les taches
qu'ils accomplissent. Nos resultats de recherche sont conformes aux
resultats obtenus par Lonti et Verma (2003) et Morgeson et Humphrey
(2006) (7). Ainsi nos propres resultats, obtenus aupres de six
ministeres ou organismes gouvernementaux, suggerent que
l'administration publique - quebecoise et canadienne (federale) -
deploie des pratiques innovantes qui se situent dans la moyenne des
pratiques adoptees dans d'autres milieux.
Ces pratiques traduisent une forme d'engagement a l'egard
d'organisations qui se demarquent du modele bureaucratique
traditionnel decrie pour son incapacite a innover.
La oU le bat blesse, c'est au chapitre du suivi et de la mise
en ceuvre des projets convenus : les ressources necessaires au
developpement des innovations ne sont pas au rendez-vous. Le processus
d'innovation est une demarche consciente et volontaire qui exige
des competences techniques, des habiletes sociales et un partage des
responsabilites et ce, meme si le cadre de la fonction publique change a
vitesse variable selon les ministeres et organismes publics suivant les
directives internes (Bach et Givan 2008; Kim et Weon Chang 2009). Ce
constat est conforme a celui fait par Bartos (2003), Ashworth et coll.
(2007), Christensen et Lxgreid (2008) et Alfes et coll. (2010). Le
manque de ressources permettant d'introduire les innovations
souhaitees peut expliquer la difficulte a abandonner les anciens modeles
et a introduire de nouveaux arrangements institutionnels (Tolbert et
coll. 2008; Adams et Hess 2010). Ces resultats doivent toutefois etre
nuances. En effet, ces pratiques ne sont pas fixes, elles evoluent.
C'est pourquoi les reponses expriment parfois un niveau
d'insatisfaction face aux pratiques innovantes qui va dans le sens
des travaux recents de Lapointe et coll. (2003) et de Gallie et coll.
(2012) et qui indiquent une tendance a delaisser ces pratiques
innovantes lorsqu'augmentent les contrles exerces par les
gestionnaires.
La fonction publique n'est pas une organisation mais un
regroupement d'organismes dont les missions sont variees. Les
ministeres ou organismes qui offrent des services directement aux
citoyens n'ont pas le meme type d'engagement en matiere
d'organisation du travail que les ministeres centraux, dont la
mission est davantage d'elaborer de grandes orientations et
d'en assurer la poursuite. Des recherches plus sensibles sur cette
question doivent etre menees. De plus, une repetition de l'etude
gagnerait a inclure des variables liees a l'innovation concernant
la qualite de vie au travail.
Conclusion
Cette etude de deux ministeres quebecois et de quatre bureaux
quebecois d'autant de ministeres ou organismes gouvernementaux
canadiens montre clairement qu'innover au chapitre de
l'organisation du travail dans des bureaucraties publiques, souvent
denoncees pour leur rigidite, est non seulement possible mais bien reel.
Qu'il s'agisse d'autonomie dans l'execution du
travail, de la polyvalence des taches ou encore du travail au sein
d'equipes responsables, ces caracteristiques sont non seulement
souhaitees par les employes consultes mais elles sont, a des degres
variables, deja presentes.
Les organismes etudies presentent des resultats suffisamment
etonnants, notamment quant a l'autonomie des employes, a leur
participation et au partage des responsabilites pour que le sujet du
developpement d'innovations en milieu de travail continue
d'etre etudie et approfondi dans un plus grand nombre
d'organisations publiques, d'ici et d'ailleurs. La
flexibilite et l'autonomie forment les grandes dimensions de
l'innovation du travail, elles se combinent dans des formes
nouvelles afin d'atteindre des objectifs de performances sociales
et economiques. Lorsque les innovations sont bien ancrees dans le milieu
de travail, l'autonomie et le contrle des employes sur le travail
sont des dimensions qui encouragent plus d'engagement, tout en
entrainant des efforts supplementaires de la part des employes. Ainsi,
c'est le degre d'autonomie qui explique le mieux les
differentes formes d'equipes de travail. Ces dimensions ne sont pas
nouvelles. Les equipes semi-autonomes ont ete codifiees par les
chercheurs du Tavistock Institute en 1951 (Trist et Bamforth 1951).
C'est la recombinaison de plusieurs dimensions en systeme de
travail qui apparait novatrice particulierement dans
l'administration publique. Les innovations convergent vers la prise
d'initiatives des employes, afin d'anticiper et de creer les
changements dans les methodes de travail au sein d'un univers
dynamique, parseme d'incertitudes et caracterise par la complexite.
Voici pourquoi l'autonomie et la polyvalence apparaissent encore
d'actualite.
De plus, avec ces dimensions <<elastiques>> de
l'innovation, ce sont moins les innovations elles-memes qui
importent puisque nous pouvons difficilement les saisir, mais les
innovateurs. En effet, l'innovation emergente mise sur la presence
de personnes habilitees a developper la creativite dans
l'organisation. Toutefois, comme le mentionnent Morgeson et
Humphrey (2006), il n'y a pas de questionnaire capable de mesurer
parfaitement l'organisation du travail dont plusieurs dimensions
demeurent difficiles a saisir. Notre objectif consistait donc plutt a
montrer jusqu' oU l'administration publique pouvait
s'averer etre innovatrice en matiere de pratiques de travail.
En parallele, il serait interessant d'explorer
l'evolution des pratiques d'innovation dans ces organisations
a moyen et a long terme. L'analyse longitudinale des etapes-cles et
des moments-charnieres des processus d'innovation permettrait
d'apprecier comment ces processus participent a la transformation
de certains arrangements institutionnels de la fonction publique. En
particulier en ce qui concerne les politiques standards des organismes
centraux en matiere de gestion des ressources humaines, ainsi que la
transformation de la fonction publique et de son caractere
bureaucratique.
Notre etude suggere qu'innover prend le plus souvent la forme
de processus emergents et endogenes que s'approprient les cadres et
les employes. Ceux-ci sont les acteurs de premier plan qui
s'impliquent dans les processus d'innovation; cela confirme
l'hypothese a l'effet que ces processus sont insuffies
d'abord par la prise d'initiatives internes plutt que par le
biais de reformes centralisees. A cet egard, il serait interessant
d'apprecier l'impact de certains facteurs exogenes que nous
n'avons pas pris en compte-en particulier l'impact de
certaines decisions gouvernementales. Quelles incidences a sur les
processus etudies la reduction des effectifs pratiquee depuis quelques
annees par le gouvernement du Quebec, c'est-a-dire le remplacement
d'un employe sur deux partant a la retraite? Ou encore la revue
strategique amorcee par le gouvemement Harper en 2011 qui a donne lieu a
de severes coupures d'effectifs annoncees au printemps 2012? De
telles decisions gouvernementales decouragent-elles l'innovation au
travail ou, au contraire, l'encouragentelles en forcant a
rechercher de nouvelles facons d'operer?
Finalement, il est a souhaiter que les recherches se poursuivent
sur ce sujet qui demeure toujours pertinent. A preuve, le recent rapport
du Forum des politiques publiques intitule <<L'innovation au
travail dans la fonction publique canadienne>> (2011) qui promeut
<<le recours a des approches collaboratives, des milieux de
travail dynamiques et des technologies habilitantes pour mieux servir
les Canadiens>> (sous-titre). On peut egalement rappeler que
plusieurs defis des administrations ne pourront etre releves que dans la
mesure oth ces dernieres auront reussi a mover davantage au chapitre de
l'organisation du travail. On pense ici en particulier au defi
d'attirer et de retenir dans les rangs de la fonction publique une
releve plus jeune et plus exigeante a l'endroit des emplois qui lui
sont offerts.
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Notes
(1) Information tiree de Direction de l'information sur le
travail (2011) La presence syndicale au Quebec en 2010, Travail Quebec,
Gouvernement du Quebec.
(2) Les autres ministeres n'ont pas ete retenus pour diverses
raisons : l'absence d'innovations recentes, des innovations en
cours d'introduction, la volonte de ne pas participer a
l'etude au moment ou elle debutait. La difference de missions entre
les deux ministeres retenus, au chapitre du nombre d'employes et la
deconcentration des effectifs de l'un (MESS) par rapport a la
concentration des effectifs de l'autre a Quebec (MF) invitait a en
explorer les impacts.
(3) Les sieges sociaux des ministeres federaux generalement situes
a Ottawa sont le plus souvent structures <<regionalement>>,
le Quebec etant considere comme une des cinq regions canadiennes.
(4) Des ajustements qui, pour l'essentiel, refletaient des
differences quant aux termes plus techniques.
(5) L'Alpha de Cronbach decoulant de la mise en relation de
ces deux pratiques est de .805 suggerant que ces pratiques mesurent bien
l'existence de pratiques innovatrices au chapitre des relations du
travail.
(6) Un contrle accru par les directions centrales des ministeres et
par les organismes centraux a pu etre observe dans la foulee du rapport
Retablir l'imputabilitG depose en fevrier 2006 par la Commission
d'enquete sur le programme de commandites et les activites
publicitaires (communement appele le <<Rapport Gomery>> du
nom de son president, le juge a la retraite, John H. Gomery).
(7) Morgeson et Humphrey (2006) arrivent a des resultats sur
l'autonomie qui atteint une moyenne de 4,12/5, la variete de la
tache, 4,13/5 et la complexite, 3,85/5.
Denis Harrisson est professeur a l'Ecole des sciences de la
gestion, UQAM. Daniel Maltais est professeur a I'ENAP de Montreal.
Natalie Rinfret est professeure a I'ENAP de Montreal et titulaire
de la Chaire La Capitale en Leadership dans le secteur public.
Tableau 1. Caracteristiques des repondants
VARIABLES AINC P&O GC
GENRE (F) 67.9 51.2 38.2
AGE (46-55) 42.9 39.4 52,
SYNDIQUE (%) 88.1 84.5 85.3
EXP. (21 ans et + 44.1 38.9 59.8
dans la FP)
EXP. (entre 0 et 52.4 50.2 32.3
10 ans daps Forganisme)
STATUT PROFESSIONEL 2,4; 38,1; 21,1; 28,6; 39,2; 23,5;
39,3; 20,2 27,7; 22,5 13,7; 23,5
PERMANENCE 91.7 88.3 82.4
CONTACTS DIRECTS 58 66.2 71.6
VARIABLES ASFC MESS (Q) MF (Q)
GENRE (F) 58.2 67 51
AGE (46-55) 33.3 48.7 33.7
SYNDIQUE (%) 84.2 88.2 49
EXP. (21 ans et + 32.1 42.2 28
dans la FP)
EXP. (entre 0 et 58.2 49.4 74.3
10 ans daps Forganisme)
STATUT PROFESSIONEL 5,8; 40,6; 0; 59,7; 0,3; 25,4;
35,8; 17,8 34; 6,3 59,9; 14,4;
PERMANENCE 95.6 88.9 86.7
CONTACTS DIRECTS 65.7 56.5 40,6 *
VARIABLES % global [chi square]
GENRE (F) 59.8 60,66 ***
Note 1
AGE (46-55) 42.3 167,28 ***
Note 2
SYNDIQUE (%) 80.5 266,53 ***
Note 3
EXP. (21 ans et + 38.6 182,17 ***
dans la FP) Note 4
EXP. (entre 0 et 54.5 220,37 ***
10 ans daps Forganisme) Note 5
STATUT PROFESSIONEL 5,2; 44,8; Note 6
37,2; 12,8
PERMANENCE 89.6 55.40
CONTACTS DIRECTS 57.4 141.32
*** p [less than or equal to] .001
Note 1: Deux ministeres, AINC et le MESS, comptent un nombre
significativement plus eleve de repondants femmes. La GC, au
contraire, en compte un nombre significativement plus faible.
Note 2: Les repondants du MF et de FASFC sont significativement
plus jeunes que les repondants des autres organismes.
Note 3: Les repondants du MF sont significativement moins syndiques
que les autres repondants.
Note 4: Les repondants du MF comptent un nombre significativement
moindre d'annees d'experience au sein de la fonction publique
quebecoise. A Finverse, les repondants de la GC comptent un nombre
significativement plus eleve d'annees d'experience au sein de la
fonction publique canadienne.
Note 5: Moins du tiers des repondants de la GC n'ont qu'entre 0 et
10 ans d'experience alors que ce sont presque les trois quarts des
repondants dont Fexperience au sein du ministere se situent dans
cet intervalle.
Note 6: Les % presentent tour a tour les % de repondants ceuvrant a
titre de technicien, d'employe de bureau, de professionnel ou de
gestionnaire. P&O et la GC comptent un nombre significativement
plus eleve de techniciens que les autres organisations. Le MESS
compte beaucoup plus de repondants qui ont le statut d'employes de
bureau. Le MF compte le plus de repondants ayant le statut de
professionnel.
Tableau 2. L'existence de pratiques innovatrices au chapitre de
l'organisation du travail (Note 7)
PRATIQUES AINC P&O GC ASFC MESS(Q)
AUTONOMIE 94 92,5 87,3 92,9 88,8
POLYVALENCE 95,2 93,9 93,1 88,1 86,1
DES TACHES
EQUIPES 86,9 84 74,5 73,2 69,9
RESPONSABLES
TRAVAIL A 44 24,9 20,6 12,2 18,8
DOMICILE
AMENAGEMENT 57,3 40,4 34,6 51,7 84,1
DU TEMPS DE
TRAVAIL
BONIS AU 10,7 10,3 11,8 2,9 20,1
RENDEMENT
FORMATION EN 76,2 45,5 30,4 80,5 57,1
LIGNE
PRATIQUES MF(Q) MOY (%) [chi square]
AUTONOMIE 89 90,1 16,64
POLYVALENCE 91,4 88,8 21,47 *
DES TACHES
EQUIPES 83,3 75 61,95 ***
RESPONSABLES
TRAVAIL A 22,2 19,8 71,59 ***
DOMICILE
AMENAGEMENT 72,2 68.0 325,63 ***
DU TEMPS DE
TRAVAIL
BONIS AU 72 23,5 601,05 ***
RENDEMENT
FORMATION EN 20,5 54 359,61 ***
LIGNE
* p [less than or equal to] .05; *** P [less than or equal to].001
Note 7 : Les chiffres sont des pourcentages.
Tableau 3. L'utilisation de pratiques innovatrices au chapitre de
l'innovation du travail (Note 8)
PRATIQUES AINC P&O GC ASFC MESS(Q)
AUTONOMIE 3,14 3,04 2,95 3,14 3,02
POLYVALENCE 3,18 3,16 2,82 3,04 3,00
DES TACHES
EQUIPES 2,54 2,68 2,51 2,45 2,36
RESPONSABLES
TRAVAIL A 1,42 1,37 1,27 1,26 1,3
DOMICILE
AMENAGEMENT 2,0 1,92 1,79 2,46 2,7
DU TEMPS DE
TRAVAIL
BONIS AU 1,1 1,11 1,06 1,06 1,21
RENDEMENT
FORMATION EN 1,62 1,46 1,23 2,09 1,55
LIGNE
PRATIQUES MF(Q) MOY F
AUTONOMIE 3,11 3,06 1,53
POLYVALENCE 3,00 3,02 2,69 *
DES TACHES
EQUIPES 2,73 2,48 8,80 ***
RESPONSABLES
TRAVAIL A 1,35 1,31 3,10 **
DOMICILE
AMENAGEMENT 2,37 2,45 46,84 ***
DU TEMPS DE
TRAVAIL
BONIS AU 1,79 1,25 59,86 ***
RENDEMENT
FORMATION EN 1,22 1,58 82,70 ***
LIGNE
* p [less than or equal to].05; ** p [less than or equal to].01;
*** p [less than or equal to] .001
Note 8 : Les scores presentes correspondent a des moyennes
d'utilisation pouvant varier de 1 (non utilisation) a 4
(utilisation tres frequente).
Tableau 4. L'existence de pratiques innovatrices au chapitre
des relations du travail (Note 9)
PRATIQUES AINC P&O GC ASFC MESS(Q)
COMITES 96,4 85,4 84,3 86,6 53,1
CONJOINTS
MECANISMES DE 73,8 85 78,4 65,7 26,9
RESOLUTION
DE PROBLEMES
PRATIQUES MF(Q) % GLOBAL [chi square]
COMITES 72,6 69,1 281,40 ***
CONJOINTS
MECANISMES DE 31,1 45,1 523,40 ***
RESOLUTION
DE PROBLEMES
*** p [menor que o igual a] .001
Note 9 : Les chiffres sont des %.
Tableau 5. L'utilisation de pratiques innovatrices au chapitre des
relations du travail (Note 10)
PRATIQUES AINC P&O GC ASFC MESS(Q)
COMITES 1.39 1.37 1.52 1.50 1.23
CONJOINTS
MECANISMES DE 1.25 1.32 1.35 1.37 1.21
RESOLUTION DE
PROBLEMES
PRATIQUES MF(Q) MOY F
COMITES 1.25 1.32 14,45 ***
CONJOINTS
MECANISMES DE 1.20 1.26 7,57 ***
RESOLUTION DE
PROBLEMES
*** P [menor que o igual a] .001
Note 10 : Les scores presentes correspondent a des moyennes
d'utilisation pouvant varier de 1 (non utilisation) a 4
(utilisation tres frequente).