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  • 标题:Maturite organisationnelle des organisations publiques et management des connaissances.
  • 作者:Lemay, Lilly ; Bernier, Luc ; Rinfret, Natalie
  • 期刊名称:Canadian Public Administration
  • 印刷版ISSN:0008-4840
  • 出版年度:2012
  • 期号:June
  • 语种:English
  • 出版社:Institute of Public Administration of Canada
  • 摘要:Par ailleurs, meme si dans certains cas les ressources financieres sont presentes, un manque d'expertise sur le plan du management organisationnel des connaissances pose un defi important dans la mesure ou l'on ne sait souvent pas comment articuler et developper une telle demarche.
  • 关键词:Knowledge management;Organizational learning;Public sector

Maturite organisationnelle des organisations publiques et management des connaissances.


Lemay, Lilly ; Bernier, Luc ; Rinfret, Natalie 等


Dans le contexte de decroissance des organisations publiques, de departs massifs a la retraite et de renouvellement de plus ou moins la moitie des effectifs, le defi du transfert intergenerationnel de connaissance et du management des connaissances se pose avec acuite. Parmi les defis strategiques actuels pour les cadres, que d'aucuns pourraient voir comme un paradoxe, on note une tentative de conjuguer la diminution des ressources et la perte de memoire organisationnelle et de connaissances avec une volonte d'augmenter la productivite, notamment par les technologies de l'information, ainsi que le souhait d'augmenter la qualite des services aux citoyens.

Par ailleurs, meme si dans certains cas les ressources financieres sont presentes, un manque d'expertise sur le plan du management organisationnel des connaissances pose un defi important dans la mesure ou l'on ne sait souvent pas comment articuler et developper une telle demarche.

Une etude recente, (Rinfret et coll. 2010) demontre une grande difficulte pour les cadres d'arbitrer entre les contraintes en termes de ressources et/ou de connaissance, et le developpement organisationnel. De fait, ono gere le plus souvent le transfert des connaissances entre les personnes de maniere ad hoc et informelle et tres peu d'efforts sont consentis au developpement du management des connaissances et du savoir sur le plan organisationnel.

Dans cet article, nous proposons un modele de management des connaissances base sur des phases de maturite organisationnelle. Dans ce modele, les types de connaissances transmises, partagees ou generees, varient selon le niveau de maturite organisationnelle atteint en matiere de management strategique des connaissances.

Dans un premier temps, nous discutons des notions d'apprentissage organisationnel, d'organisation apprenante et d'organisation intelligente, presentes dans la litterature mais non articulees entre elles. Nous presentons ensuite la methodologie de l'etude. Les resultats nous permettent de dresser un etat de la situation dans le secteur public quebecois en matiere de transfert intergenerationnel et de management des connaissances en posant les questions : que transfere-t-on? Comment le transfere-t-on? Dans un troisieme temps, les donnees relatives au contenu et au processus de transfert et de management des connaissances sont integrees dans le modele propose, qui articule entre elles les notions d'apprentissage organisationnel, d'organisation apprenante et d'organisation intelligente. Nous concluons sur des perspectives de recherche.

Des approches disparates dans la litterature

Les ouvrages sur le management des connaissances dans une perspective d'apprentissage fait l'objet d'une litterature abondante depuis les annees 1980 (Miller 1996; Wang et Ahmed 2003; Karatas-Ozkan et Murphy 2010). Il se definit le plus souvent comme un changement organisationnel survenu a la suite d'une acquisition organisationnelle d'experience (Argote et Spektor 2011) et a travers des processus d'apprentissage individuel et partage dans un contexte organisationnel (Rashman et coll. 2009). D'un point de vue managerial, une revue de la litterature existante indique trois grandes perspectives : (1) l'apprentissage organisationnel percu comme une approche largement instrumentale ou dominent les technologies de l'information et des communications, ainsi que les outils ou mecanismes sociocognitifs. La question d'actualite du transfert intergenerationnel des connaissances y est le plus souvent associee; (2) une approche organisationnelle ou l'apprentissage intra et interorganisationnel est en jeu et ou se pose la question du management, c'est-a-dire le role des cadres, moins en termes hierarchiques qu'en termes d'organisation de l'apprentissage du collectif; c'est l'organisation apprenante par prise de conscience d'ellememe (mindfulness); (3) et une approche strategique qui aspire a devenir une organisation intelligente, c'est-a-dire celle qui est capable de se remettre en question voire de se reinventer, grace a ses processus technologiques et humains qui apprennent en continu. Faire ce que l'on a a faire n'est plus separe de l'apprentissage.

L'apprentissage organisationnel : une perspective instrumentale de gestion des connaissances

Une preoccupation importante concernant les outils et mecanismes organisationnels d'acquisition, de distribution, d'interpretation et de memorisation des connaissances que les individus possedent (Huber 1991) occupe une bonne partie de la litterature sur l'apprentissage organisationnel (organizational learning), et particulierement celle concemant le transfert intergenerationnel de connaissances (voir par exemple, Huber 2001; Sharifuddin et Rowland 2004; Handzick et coll. 2008; Koskinen et Pihlanto 2006). La connaissance y est percue comme un objet (Gherardi 2009) que l'on peut manipuler a travers des processus cognitifs (De Fillipini et Ornstein 2005; Dodgson 1993), sociaux (Gherardi et coll. 1998; Lave et Wenger 1991), comportementaux (Cyert et March 1963) (tous cites par Rashman et coll. 2009), et aussi techniques et technologiques (Tuomi 2000; Miller et coll. 2006). Dans le contexte immediat du transfert intergenerationnel des connaissances, et en particulier dans le secteur public, on mise d'abord sur les mecanismes et systemes de gestion de l'information pour le transfert ou le partage de connaissances dans une optique restreinte de la continuite des services mais aussi en regard du devenir des organisations publiques (Secretariat du Conseil du Tresor 2007; Stoyko et Fang 2007; Rashman et coll. 2009; Snyder et coll. 2004).

Le concept d'apprentissage organisationnel (organizational learning), lorsqu'il est associe a des processus (Karatas-Ozkan et Murphy 2010), correspond a la dimension instrumentale de la gestion des connaissances (Handzick et coll. 2008; Sharifuddin et Rowland 2004). Les mecanismes et systemes de gestion de l'information pour le transfert ou le partage de connaissances sont mis en place, et une gestion des ressources humaines afferentes est aussi requise afin de gerer et de mettre en valeur le << capital de connaissances >>. (Brauner et Becker 2006; Koskinen et Pihlanto 2006; Herremans et Isaac 2004; Zarraga et Garcia-Falcon 2003).

Dans l'optique des boucles d'apprentissage (Argyris 1982, 2003), on peut associer cette perspective a une boucle simple d'apprentissage avec la recherche des moyens pour resoudre des problematiques.

L'organisation apprenante : une perspective organisationnelle du management des connaissances

Le concept d'organisation apprenante (learning organization) correspond, quant a lui, a la dimension organisee de l'apprentissage, ou ce ne sont plus seulement les connaissances des individus, mais la connaissance organisationnelle qui interesse les chercheurs (Wenger 1998), dans une vision plus strategique de son developpement (Wenger 2004). La culture et le leadership sont percus comme des determinants organisationnels de l'apprenfissage des individus au sein du collectif et du collectif lui-meme (Huber 1991; Barrette et coll. 2007; Tseng 2010; Schein 1995; Gherardi et Nicolini 2002; Sun 2010; Eglene et coll. 2007; Fernandez et coll. 2010).

On peut ici parler d'une double boucle d'apprentissage (double loop learning) (Argyris 1982, 2003) avec un questionnement strategique sur les pratiques et la capacite a detecter et a surmonter les comportements possibles de defense du statu quo (Argyris 2003), ou encore d'absorption des nouvelles connaissances (Sun 2010). Il ne s'agit plus seulement de resoudre des problemes (Weick 2006), mais aussi de s'interroger sur la justesse ou la pertinence des facons d'agir et de penser. La capacite des individus--a tous les niveaux organisationnels--a << preter attention >>, a << prendre pleine conscience >> (mindfulness) et a donner un sens (sensemaking) (Weick et coll. 2005) a ce qui se passe sur le plan de l'organisation et quant a son environnement (Levinthal et Rerup 2006) permet a l'organisation d'avoir une plus grande flexibilite d'action, de reactivite, ou de proactivite. Des intermediaires de connaissance (Cillo 2005) peuvent agir en traducteurs et vecteurs de cette prise de conscience. La connaissance n'est plus seulement un objet, en termes de contenu comme dans la premiere perspective, mais aussi une activite organisationnelle (Gherardi 2009).

L'organisation << intelligente >> : une perspective ethologique des organisations

Certains chercheurs postulent que les organisations vont encore plus loin dans la poursuite d'une intelligence. Certains la percoivent dans une perspective cybernetique grace a une (grande) capacite d'adaptation aux situations changeantes, celle d'influencer, voire de transformer son milieu, ou, si necessaire, de trouver un nouveau << terrain de jeu >> et meme de se reconfigurer elle-meme dans son environnement, et par sa contribution (consciemment et resolument) au tout plus grand auquel elle appartient (Schwaninger 2000). Ce dernier element est particulierement opportun dans le cas des organisations publiques car l' << organisation >> qui produit le service public est constituee, en fait, de plusieurs organisations interreliees : politiques, ministerielles et organisationnelles. La perspective de l'organisation publique intelligente devrait etre alors synoptique (Tsoukas et Chia 2002), et meme neuronale, au sens de l'ethologie humaine, en sachant qu'un cerveau humain a besoin des autres humains pour se developper (Cyrulnik 2006).

Il s'agirait d'une organisation qui a integre des processus technologiques (au sens large), capables d'apprendre (Zhu et coll. 1997), ou des pratiques transformationnelles (pas seulement de leadership). Pour etre transformationnelle, une pratique requiert des praticiens de la creativite (Weick 2006; Clegg 1999), du leadership (Wright et Pandey 2009; Boyatsis et Van Oosten 2003), et mieux encore, une capacite a revoir le paradigme qui la sous-tend (Tsoukas et Chia 2002). Ce faisant, une capacite et une imagination constamment en action (Weick 2006) pour exister et interagir avec son environnement caracterise l'organisation intelligente qui ne se contente pas d'etre seulement reactive et de resoudre les problemes au fur et a mesure (Clegg 1999), mais qui reflechit en continu et contribue a l'evolution de son environnement, voire lui donne forme (Schwaninger 2000). Mais il est parfois difficile d'exercer son imagination dans une bureaucratie, compte tenu qu'elle fonctionne dans des categories fixes (normes, regles), donc en fonction du passe, plutot que de contribuer activement a creer l'avenir. Il y a cependant de l'espace pour l'imagination creatrice, a commencer par le developpement d'une plus grande capacite a concilier les logiques politico-administratives et interprofessionnelles concernees par la meme pratique (Riege et Lindsay 2006) et par le dialogue reflexif (voir Gherardi et Nicolini 2002). Chacune des organisations serait alors concue comme autant de neurones en connexions synaptiques pour une intelligence du service public rendu, et en relation plus cybernetique que hierarchique. Il ne s'agit plus d'outils ou de mecanismes qui s'ajoutent aux activites, mais des pratiques elles-memes qui sont porteuses de connaissance (Gherardi 2009). Dans la premiere perspective, la boucle simple d'apprentissage permet de resoudre un ecart par rapport a une norme avec les pratiques actuelles.

Dans la seconde perspective, la double boucle d'apprentissage permet de revoir les pratiques reliees a la tache. Dans la troisieme perspective, une troisieme boucle d'apprentissage permet de voir la pratique comme etant celle du service public a rendre par un systeme d'unites organisationnelles reliees en connexions synaptiques pour un apprentissage du systeme dans sa totalite.

Des perspectives evolutives dans la realite

<< Knowledge is a polite word for dead but not buried imagination. >> (Cummings 1953, cite par Weick 2006).

Nous proposons que ces trois perspectives sont, en fait, consubstantielles et evolutives en pratique et qu'elles peuvent s'integrer dans des phases de maturation organisationnelle. Considerer la connaissance comme un objet, puis l'integrer comme une activite et enfin la concevoir comme une pratique est chose possible dans une optique de maturation organisationnelle.

Methodologie de l'etude

Les cadres de la fonction publique quebecoise ont ete cibles pour la recherche exploratoire, car cette population connaitra une vague de departs massifs a la retraite, avec pres de 40 % de departs des effectifs, la moitie d'entre eux etant des cadres (Gouvernement du Quebec 2007, cite par Rinfret et coll. 2010). Ces derniers representent donc une categorie vulnerable en regard du transfert des connaissances.

Six groupes temoins composes de huit cadres en moyenne ont ete constitues. Pour chaque groupe de cadres une liste de six questions ouvertes a ete preparee (voir Annexe 1). Les seances ont dure en moyenne trois heures et toutes les discussions ont ete enregistrees, puis retranscrites et presentees par la suite aux participants pour validation. La participation etait volontaire et l'anonymat ainsi que la confidentialite ont ete garantis aux participants. En tout, cinquante cadres ont participe, dont onze retraites, vingt-trois de niveau 3 et 2 et seize de niveaux 4 et 5. Les cadres<< de niveau 2 sont des directeurs generaux alors que les cadres de niveau 4 occupent habituellement le premier niveau de gestion. Ce sont les deux niveaux principaux. Les cadres de niveaux 2 et 3 gerent des cadres alors que ceux des niveaux 4 ou 5 dirigent des equipes de professionnels. Parmi les repondants, vingt-deux etaient des femmes et vingt-huit etaient des hommes. Ils travaillent ou ont travaille dans dix-neuf differents ministeres ou organismes publics quebecois et, pour ceux ayant pris leur retraite, celle-ci etait effective depuis un peu plus de trois ans (Rinfret et coll.). Les groupes temoins ont ete constitues afin d'etudier comment les anciens cadres qui sont partis a la retraite voyaient le transfert intergenerationnel de connaissances, comment les cadres actuels voient ce qui doit etre fait et ce que les nouveaux cadres esperent recevoir.

L'analyse de contenu (Thietart et coll. 2007; Duriau et coll. 2007) a ete utilisee pour mettre en lumiere un portrait de la situation actuelle, ainsi que le contenu du transfert de connaissances et la maniere dont cela etait fait ou pourrait se faire. Par la suite, un corpus d'articles a caractere scientifique portant sur le concept de maturite organisationnelle a ete analyse, puis adapte pour lier le management des connaissances avec des phases de maturation.

Etat de la situation

Du transfert des connaissances ...

Une gestion du personnel en difficulte

Les resultats de l'etude exploratoire indiquent que les cadres des organisations publiques rencontrent de nombreuses difficultes, notamment : la mobilite et les changements incessants du personnel, combines a la decroissance des effectifs, l'embauche de personnes sous contrats, lorsque possible, pour tenter de contrecarrer la surcharge de travail; des services de ressources humaines debordes par les questions consequentes a la decroissance des effectifs : gestion previsionnelle des effectifs avec la determination des profils de competences, l'elaboration de politiques et de mecanismes de transfert des connaissances, en plus du soutien et du suivi; les problemes accrus de sante mentale; la difficulte de combler les postes etant donne les qualifications et les competences recherchees jumelees a des conditions de travail souvent non competitives avec le secteur prive, ainsi que la difficulte a retenir le personnel competent.

On reconnait par ailleurs que le transfert des connaissances depend le plus souvent d'initiatives personnelles. Le transfert des connaissances liees a la tache semble relativement facile a faire, cela lorsque la pratique a ete documentee et/ou que la personne qui quitte le poste a le temps d'accompagner suffisamment longtemps la personne qui lui succede.

Toutefois, les pratiques en la matiere demeurent generalement peu documentees et le doublage de postes continue d'etre marginal. Dans ce dernier cas, le partage d'experience impliquant les connaissances implicites, voire tacites (Frappaolo 2008; Loon Hoe 2006; Li et Gao 2003), ne peut se faire. Neanmoins, cette situation n'est pas toujours percue comme negative lorsqu'elle permet l'exercice d'une nouvelle creativite et la decouverte de nouvelles facons de faire chez le nouveau cadre ou le nouvel employe. Dans tous les cas, cependant, cela entraine des delais et une perte temporaire de productivite.

Neanmoins, si la pratique actuelle de transfert des connaissances est surtout le fait d'initiative personnelle des individus en ce qui concerne leur tache, le transfert de connaissances demeure percu comme etant une responsabilite organisationnelle.

... au management des connaissances

Des cadres inquiets

Les cadres d'organisations publiques se disent inquiets par la perte de memoire organisationnelle et des connaissances, notamment implicites et tacites. Neanmoins, ils sont le plus souvent occupes a gerer les operations au quotidien et la menace, bien que sentie, demeure encore intangible. Ce faisant, la strategie en matiere de management des connaissances est absente ou n'est pas claire et le calcul couts-avantages n'est pas fait, du moins pour le moment; en fait, l'on croit que les couts seront importants, notamment parce qu'il faut engager des retraites ou des individus a l'externe pour realiser une partie du travail, ou encore a cause des consequences dues aux delais de prestation des services, sans compter les problemes relies a la sante au travail. Mais le calcul ne se fait generalement pas. Pour l'un des repondants de l'etude :

Ce qui arrive, c'est que d'un cote, il y a des dossiers qui passent d'une main a une autre, mais il y a aussi des coupures. Donc, tu te retrouves avec deux fois plus de dossiers, tu ne peux pas remplacer le poste et tu n'as pas l'expertise de l'autre. Mais les autorites te disent: << Tu dois faire du transfert de cormaissances, (alors) assure! >> Il y a une dissonance de plus en plus forte qui se cree et a un moment donne, il faut que je fasse tomber des pans de murs. Les autorites veulent que tu en fasses plus, on veut que ron monde soit en sante malgre les heures supplementaires ... ce n'est pas viable.

Meme dans le cas des cadres, la transmission sur le plan managerial des savoirs implicites et tacites lies a l'experience apparait difficile, etant donne le nouveau contexte de forte decroissance qui est lie, paradoxalement, au souhait du gouvernement d'ameliorer davantage la qualite de prestation des services. Mais le discours sur l'amelioration de services demeure inoperant dans bien des cas en attendant les ajustements de parcours. << Les gestionnaires sont pris dans des chantiers pour stabiliser les structures [et] ils doivent developper des plans de mesure, des plans directeurs [pour assurer la suite]. >>

On releve aussi une preoccupation concernant le developpement de capacite de l'organisation a reflechir par elle-meme, autrement dit, de developper des outils et des mecanismes qui rendent les organisations moins dependantes des individus (mobilite et decroissance des effectifs), mais qui les encouragent aussi a s'engager envers l'organisation et la prestation de service public. On denote aussi une preoccupation concernant le bien-etre des fonctionnaires et le sens de leur engagement, qui serait lie a la confiance en soi, en l'organisation et au plaisir d'y travailler. Cependant, pour l'heure, la responsabilite de gerer le transfert des connaissances semble incomber aux services des ressources humaines. Bien que deja debordes, ils doivent, ou devraient, developper des competences en la matiere tout en gerant les autres difficultes liees a la decroissance du personnel, la dotation et la retention, ce qui est un defi difficile.

La gestion de l'information, ainsi que les technologies afferentes, semblent encore peu connues et cet etat de fait apparait problematique dans le contexte ou il y a une volonte gouvernementale de miser sur les technologies de l'information et des communications (TIC). Cependant, les ressources (financieres, humaines, et en controle de la qualite) font defaut, l'on souhaite innover dans la prestation de services publics, tout cela en tenant compte des caracteristiques des nouvelles generations de travailleurs. << Est-ce que l'on veut perpetuer les choses ou faire du changement? >>, questionne l'un des cadres.

Les cadres percoivent une necessite et une urgence sur le terrain de gerer les connaissances et leur transfert, mais la mise en oeuvre organisationnelle connait des rates, faute de strategie, de leadership, de connaissances ou de moyens (outils et ressources).

Que transfere-t-on?

Trois elements caracterisent le contenu des connaissances a transferer : le caractere explicite et implicite des connaissances (Frappaolo 2008; Loon Hoe 2007), le contexte, et la culture qui implique un savoir souvent tacite (Li et Gao 2003; Glisby et Holden 2003).

Les connaissances explicites, ou formelles, correspondent a l'expertise et a la tache et sont les premieres visees par le transfert. Elles sont de type instrumental. Les analyses de vulnerabilite seraient considerees comme un prealable souhaitable, sinon necessaire, pour identifier les postes ou fonctions a risque de perte de memoire ou de connaissances. Toutefois, la documentation, bien que necessaire, presente un risque certain d'infobesite et/ou le risque de ne pas etre consultee, faute de temps ou d'organisation de l'information facilitant l'acces ou faute d'etre percue comme ayant une valeur ajoutee. Par consequent, les questions de forme et de contenu se posent a ce chapitre :

Chez-nous, on a demande aux personnes de beaucoup documenter sur le site du reseau, mais on s'est rendu compte que personne ne lisait les documents : peu de gens, dans le feu de l'action, sont prets a lire beaucoup de documents.

Lorsque l'on documente, il ne faut pas negliger de parler des lecons apprises.

Outre la documentation des taches, jugees necessaires mais peu conviviales dans la forme et selon le contexte, ou encore la redaction de cahiers de reference pour cadres qui veulent un outil pour aider les employes dans leur effort de transfert de connaissances, le fait de soutenir des mecanismes d'echanges interpersonnels est aussi considere comme important sur le plan instrumental du transfert des connaissances. On pense aux cercles de legs, au co-developpement, au mentorat, au coaching ou encore aux communautes epistemiques, strategiques ou de pratique, ainsi que les echanges hierarchiques de connaissance comme etant des moyens privilegies. On y ajoute des mecanismes de gestion comme le doublage de poste, les analyses de vulnerabilite, le partage de dossiers en gestion conjointe ou complementaire, pour briser les silos, ou encore la cartographie des connaissances et du reseau social de certains postes comme moyens de gestion des connaissances.

Si les connaissances explicites touchent au contenu de la tache et aux procedures afferentes, les connaissances implicites, plus informelles, touchent quant a elles a la pratique, c'est-a-dire a la facon dont les choses se font, les comportements, et une sorte de mode d'emploi non ecrit et qui est teinte par la personnalite des individus (idiosyncrasie) (voir Frappaolo 2008; Li et Gao 2003). Contrairement aux connaissances tacites (au sens donne par Polanyi 1966), les connaissances implicites peuvent etre codifiees, mais requierent un exercice d'analyse des pratiques (Frappaolo 2008). La qualite des interactions entre les unites ou entre les personnes d'une meme organisation, de meme que l'arrimage politico-administratif changeant selon le sous-ministre en place, apparaissent comme les principales preoccupations au chapitre des connaissances implicite :

C'est important de connaitre la dynamique : les contacts, comment interagir avec les personnes cles, le climat, les equipes, les relations avec les gestionnaires. Cela permet de se proteger et de faire attention a certaines choses. C'est le 'how to'; (...) des trucs qu'on apprend avec l'experience comme gestionnaire, pas des choses qu'on apprend dans les livres.

La question de savoir s'il faut connaitre, ou non, l'etat des relations entre les personnes est partagee. Certains apprecient de connaitre << les pieges a eviter, les facons de faire et de ne pas faire >>, de connaitre << le passe de sa nouvelle fonction >>, ou encore << de se faire accompagner par son patron pour decoder les enjeux >>. D'autres considerent preferable de batir sa propre opinion et d'entamer les relations a neuf, d' << avoir les faits non teintes de perception >>, et de pouvoir exercer << son jugement personnel >> sans etre influence :

C'est un privilege quand on arrive, on a un agenda vide. C'est le temps de prendre des rendez-vous avec differents gestionnaires pour entendre, pour parler, avant de pointer des gens dans l'organigramme. [Mais] cela aide de connaitre et de creer le reseau.

Il faut transferer la tache mais pas son opinion personnelle, car il faut laisser a la nouvelle personne son propre defi a relever.

On considere parfois que << pour certaines personnes, il vaut mieux qu'il n'y ait pas de transfert comme tel, cela pour lui permettre de creer, d'innover, pour ne pas [leur] donner de mauvais pli. >>

Il faudrait savoir ce qu'on veut transferer.

On veut leguer des equipes de travail mobilisees et dynamiques, autonomes et qui s'entraident, des gens polyvalents, en mesure de comprendre les enjeux pour aider le gestionnaire.

Ces resultats indiquent qu'en matiere de connaissances implicites, une ethique de la gestion et du transfert des connaissances apparait comme sous-jacente a l'apprentissage par l'experience. Comme les relations interpersonnelles sont de nature subjective, l'information factuelle sur les evenements et sur les actes, davantage que sur l'opinion d'une personne envers une autre, ressortent comme etant davantage souhaitables. Un leadership de type participatif (Rosenberg et coll. 2010) impliquant une telle ethique peut alors favoriser les echanges entre les personnes.

Le contexte du transfert de connaissances, et a fortiori, celui du management des connaissances, demeure en questionnement : que faut-il transferer, ou pas? Les attentes ne sont pas toujours exprimees, certaines facons de faire doivent changer ou encore les personnes ne sont pas outillees, ou bien ne sont pas encouragees a le faire, ou encore ne le souhaitent pas; par exemple, dans le cas cite du contexte de decroissance, lorsque les personnes ont pratiquement toujours travaille en periode de croissance.

Par ailleurs, bien qu'il y ait une connaissance implicite, voire relativement explicite de la culture organisationnelle, elle est le plus souvent de l'ordre du savoir tacite, c'est-a-dire fortement ancree, au point ou les personnes ne sont pas en mesure d'en parler de maniere consciente et deliberee (Polanyi 1966). Certains font alors reference au paradigme qui sous-tend la philosophie de gestion. Cette derniere devient cependant plus explicite lorsqu'elle se nourrit de l'actualisation des valeurs organisationnelles dans la gestion quotidienne: Ce qu'on veut ne pas leguer, << Moi, ce que j'essaie de defaire, c'est de controler au lieu de servir >> [...] << Il faut leguer le gout de changer et de servir; servir la societe, l'aider a se developper. >>

Il ne s'agit pas necessairement de transferer ce qui existe, mais de profiter de l'occasion pour innover et creer de nouvelles competences. Cependant, la transition ne semble pas toujours facile: << La culture gouvernementale est axee sur la modernisation et les coupures mais avec le meme niveau de services. Donc, on developpe des maladies mentales; mon ministere est comme ca. >>

Ainsi, a la question << Que transfere-t-on? >>, on fait generalement l'hypothese que le transfert de connaissances est necessaire; mais, sur le plan du contexte et de la culture organisationnelle, qu'ils soient gouvernemental, ministeriel ou d'une entreprise publique, l'exercice du jugement dans une forme de leadership apparait approprie. Toutefois, actuellement, la strategie et les criteres d'un tel exercice sont absents. Qu'est-ce que l'on veut construire? Quelle est la vision d'avenir? La reponse a de telles questions apparait necessaire pour dissiper le flou qui masque parfois les modes de pensee et d'action actuels en regard des modes de pensee et d'action a venir. En d'autres termes, le diagnostic et le pronostic restent a faire pour degager une vision constructive de l'avenir; ou bien, s'ils existent deja au sein du gouvernement, ils ne sont pas clairs pour les cadres et pour les employes du secteur public, qui ont a leur tour de la difficulte a faire le transfert de connaissances au sein de leur organisation. L'alignement strategique ne se fait pas et les organisations n'ont pas encore developpe la capacite a apprendre.

Comment le transfere-t-on?

Si on ne sait pas toujours ce qu'il faut transferer comme connaissance ou savoir, au-dela de la tache et des faits relatant le contexte ou illustrant la culture en place, et bien que plusieurs moyens et mecanismes de gestion soient connus, on en sait encore moins sur le management des connaissances. On voit au premier chef des conditions de reussite de la part des dirigeants, mais aussi une problematique concernant le role des gestionnaires et un manque de perspective organisationnelle.

On identifie deux grandes categories de conditions presentees comme propices au transfert et au management des connaissances : une volonte claire chez les dirigeants accompagnee d'une mise en oeuvre consequente au discours sur le sujet, et une gestion appropriee du personnel sur le plan humain.

Dans le premier cas, on percoit la legitimite du processus et les chances de succes a la mesure de l'engagement des dirigeants dans le processus. On reconnait ce dernier comme important pour l'organisation, notamment lorsqu'il est identifie dans le plan strategique avec des actions et des cibles concretes dans le temps. Ce faisant, des personnes peuvent etre alors associees explicitement au processus. Parmi les facteurs de succes identifies en gestion, on souligne le fait de valoriser les gens qui assurent le transfert, ne serait-ce qu'en leur accordant du temps pour le faire. Sur le plan du management strategique et pour assurer la qualite, deux facteurs cles de succes sont identifies : assurer la perennite de l'experience (il faut du temps pour acquerir l'experience du poste et de l'organisation), et faire en sorte d'obtenir des resultats en termes de performance organisationnelle quant au transfert et au management des connaissances et du savoir.

J'ai degage des mesures prioritaires et des indicateurs de resultats et je les ai fait approuver par le ministere. J'ai aussi identifie les postes strategique dans la structure, et j'ai signifie que si j'obtenais 'telle chose', je pourrais faire telle autre, mais qu'autrement, 'telle mesure' ne pourrait pas etre << repondue >>. J'ai fait le marketing de cela partout. [L'idee], c'est d'associer les ressources aux mesures, ce qui est parfait parce que liees.

L'une des problematiques d'importance concerne le passage de professionnel a gestionnaire (au sens large). On fait souvent l'hypothese qu'un expert en contenu peut devenir automatiquement un bon gestionnaire, ce qui n'est pas le cas, car il s'agit d'un metier en soi.

Lorsque l'on passe de professionnel a gestionnaire, on doit laisser le professionnel de cote et laisser agir le gestionnaire. On garde la tendance a reflechir en professionnel, mais le metier de gestionnaire n'est pas la meme chose. Il faut quelques mois pour arriver a prendre de la distance. En tant que cadre 3, on travaille en strategie, ce qui implique de faire travailler les experts en contenu et de les mettre en valeur. Un probleme existe : on choisit des experts en contenu pour etre gestionnaires parce qu'ils connaissent le contenu; mais cela ne veut pas dire qu'ils sont de bons gestionnaires.

Je suis alle me chercher un coach dans le ministere, un << vieux loup >> qui me confrontait, me remettait en question. Je suis alle me chercher un autre son de cloche dans l'organisation. Je me considere comme un generaliste alors que ma superieure ne l'etait pas, alors j'avais besoin d'un autre generaliste. Je ne voulais pas devenir un specialiste de specialistes, je voulais rester un generaliste pour continuer a voir l'ensemble de la question.

Dans l'organisation ou je suis, on est choyes, on a des rencontres deux fois par annee avec la direction generale. On a aussi des rencontres de gestionnaires, deux fois par annee. Les chefs d'equipes en ont. Ca permet la retention et ca facilite le transfert des connaissances.

En synthese des resultats obtenus, on denote, d'une part, qu'un leadership assume de la part de la direction quant a la conduite organisationnelle du management des connaissances est attendu chez les cadres. Par ailleurs, pour passer de la gestion budgetaire au management strategique, le management des connaissances (explicites) et du savoir (implicite et tacite) impliquerait une perspective organisationnelle qui transcende le caractere instrumental et les mecanismes de gestion des connaissances jugees necessaires a la continuite et au developpement organisationnel.

Les resultats de la recherche demontrent une situation jugee compliquee en pratique par les cadres. Ces derniers voient la necessite et l'urgence de gerer, et mieux, les connaissances sur le terrain, mais la mise en oeuvre connait des rates faute de strategie, de leadership, de competences en la matiere, et de moyens (outils et ressources). Quelles sont les formes de leadership necessaires a une telle entreprise? Il n'y a pas, pour l'heure, de strategie ni de criteres a un tel exercice. On constate des symptomes, mais on ne connait pas l'etat des lieux en matiere de management des connaissances (diagnostic) et on semble naviguer a l'aveugle pour l'avenir (pronostic). Les organisations publiques semblent avoir besoin de developper leur capacite a apprendre, cela dependant d'une volonte claire chez les dirigeants accompagnee d'une mise en oeuvre consequente au discours sur le sujet, et une gestion appropriee du personnel sur le plan humain. En d'autres termes, la recherche demontre que le management des connaissances et du savoir dans les organisations publiques en est au stade de l'enfance de l'art et qu'il peut gagner en maturite.

Un modele de management des connaissances selon la maturite organisationnelle

La litterature portant sur la maturite organisationnelle (Capability Maturity Model) et sur le management des connaissances (Khatibian et coll. 2010; Bourne 2008; Joslin 2007; Desouza 2006; Martin et coll. 2005; Chase 2003; Doss et Kamery 2006), propose des phases de maturation organisationnelle. Nous proposons, quant a nous, une version adaptee de ce modele pour le secteur public, en tenant compte des resultats de notre etude. Chacune des cinq phases correspond a un stade de maturation necessaire pour passer de l'apprentissage organisationnel a l'organisation apprenante, puis a une organisation intelligente. Les phases ne sont pas mutuellement exclusives et se completent au fil de la maturation.

Ce modele presente des phases plutot que des etapes pour temoigner du fait que la maturation est evolutive dans son tout ou en parties et que chacune des parties est reliee a l'autre.

Dans la phase << initiale >>, le transfert de connaissance demeure l'initiative isolee d'individus et il n'y a pas de leadership en la matiere. Dans la phase << procedurale >>, on commence a mettre en place des procedures de transfert des connaissances liees surtout a la tache et un leadership de type instrumental a ete assume pour passer de la phase 1 a la phase 2. On denote certaines preoccupations liees a la strategie organisationnelle (reflexion, analyse, planification), ou aux strategies fonctionnelles, notamment en gestion des ressources humaines et en systeme et technologie de l'information. A ces stades de l'apprentissage organisationnel, on tente de reduire les ecarts (voir le single loop model de Argyris 1982; 2003) en regard d'une situation que l'on considere normale pour effectuer les operations quotidiennes. Le mode d'apprentissage est analytique et les processus sont structurels au sens technique et routinier du terme (Miller 1996).

L'organisation devenue << intelligente >> en est une qui a developpe une aptitude et une capacite a << apprendre a apprendre >>, a agir et a reflechir sur ses actions

La conception que les dirigeants et les cadres ont de l'organisation (Morgan 2006) a une incidence sur la facon de gerer les connaissances mais surtout sur la synergie organisationnelle a developper, ou non, a cet egard. Une conception plus classique et tres presente de l'organisation refere a l'idee de << machine >> et les politiques comme les gestionnaires (dirigeants et cadres) misent sur les operations, les structures et une stricte rationalite economique. Les procedures de gestion des connaissances y sont privilegiees et les questions de synergie organisationnelle n'entrent pas, ou peu, en ligne de compte au profit de la hierarchie. Les deux premieres phases de maturation refletent bien cette conception mecaniste de l'organisation.

A l'heure actuelle, les resultats de notre etude semblent indiquer que les organisations publiques quebecoises en seraient le plus souvent a ces phases 1 ou 2 de leur maturite en matiere de management des connaissances.

La maturation d'une organisation fait qu'elle passe au stade d'organisation apprenante (learning organization) avec une dimension organisee de l'apprentissage. Dans la phase << analytique >> (3e), une synergie organisationnelle se developpe, mais le plus souvent au niveau d'une seule unite de l'organisation. Les initiatives sont organisees, mais a l'echelle de cette unite, qui peut alors etre vue comme menant un projet pilote et pouvant devenir un modele pour les autres unites de l'organisation. Par la suite, le modele s'etend a toute l'organisation et on atteint la phase << geree >>. Un leadership strategique s'ajoute au leadership de type participatif de la phase << analytique >>. Le mode d'apprentissage est synthetique et interactif et les processus sont davantage institutionnalises au sens ou la culture et les valeurs sont determinants (Miller 1996; Barrette et coll. 2007; Wang et Ahmed 2003).

Ce faisant, une conception plus organique de l'organisation, qui tient compte de la culture et de la symbolique sur le plan organisationnel, favorise le management des connaissances (dimension organisee) et la conduite du changement organisationnel. Le developpement d'une synergie entre les personnes fait partie des preoccupations.

Une conception aussi politique tient compte des parties prenantes et de leurs enjeux (Morgan 2006; Dufour et Steane 2007); elle se traduit par un sens politique associe au management public, un leadership associe au devoir d'avis des cadres (voir Lemay 2008, 2009) conjugue a un sens du management associe aux programmes et politiques publics. Le management des connaissances se tourne alors vers les resultats, tant sur le plan politique que sur le plan de la qualite de prestation des services publics. Une synergie organisationnelle plus grande s'obtient alors par l'effort managerial de coordination socio-technique.

Une conception plus strategique de l'organisation (Lemay 2008, 2009) opterait pour une configuration de ces perspectives (Dufour et Steane 2007). En favorisant les conditions d'apprentissage, le dirigeant et le cadre misent sur la capacite organisationnelle plutot que sur les seuls techniques et outils de gestion; ils agissent en leaders transformationnels (Vera et Crossan 2004) plutot qu'en operateurs de machine (Lemay 2008, 2009). La connaissance ne se limite pas aux connaissances explicites, codees ou normees, mais peut etre percue comme une structure d'idees, de concepts ou de modeles lies a l'action, ce qui rend discutable l'idee du transfert de connaissances au profit de l'idee qu'elles sont plutot recreees dans l'action (Tywoniak 2007). On mise alors sur le capital intellectuel, et pas seulement sur le capital de connaissances, ce qui s'aligne avec la perspective << exploitation/exploration >> (Match 1991) et la combinaison des << boucles simple et double d'apprentissage >> (Argyris 1982, 2003).

L'organisation devenue << intelligente >> en est une qui a developpe une aptitude et une capacite a << apprendre a apprendre >>, a agir et a reflechir sur ses actions. La phase << optimisee >> (5e) du management des connaissances implique une attitude marquee par la recherche de sens (le sensemaking de Karl Weick et coll. 2005: 409), "where meanings materialize that inform and constrain identity and action". L'organisation est continuellement branchee sur les interactions internes-externes (Stonehouse et coll. 1999) et la pensee strategique est liee a l'apprentissage par la generation de connaissances (Schoech et coll. 2002; Zhu et coll. 1997). Le leadership est devenu de type institutionnel, ce qui signifie que le service public en tant qu'institution est au coeur de l'intelligence organisationnelle dans son environnement. Les modes d'apprentissage sont alors constitues comme neuronaux, c'est-a-dire que chaque unite organisationnelle agit comme un neurone en connexion synaptique, ce qui permet au systeme entier d'apprendre.

Ce modele est a la fois un outil de diagnostic et de comprehension du niveau de maturite organisationnelle atteint et a atteindre de meme que des capacites ou aptitudes a developper ou a acquerir pour repondre aux enjeux relies non seulement au transfert de connaissances (base individuelle), mais surtout au management des connaissances (base organisationnelle) et au management strategique des connaissances (base institutionnelle).

Conclusion

L'objectif de cet article etait de presenter un modele de management des connaissances relie a des phases de maturite organisationnelle, en se fondant sur les resultats d'une etude exploratoire menee aupres d'une cinquantaine de cadres de la fonction publique quebecoise. Le contexte de decroissance des organisations publiques pose avec acuite non seulement la question du transfert des connaissances entre les personnes, mais surtout celle du management des connaissances et du savoir sur les plans organisationnel et institutionnel.

Les cadres publics doivent faire face a une situation encore plus complexe qu'auparavant etant donne la conjoncture de changements drastiques, mais aussi du fait que les connaissances ne concernent pas seulement le passe, mais l'avenir, ce qui pourrait impliquer de nouveaux types d'organisations (Schwaninger 2000) plus organiques et intelligentes que mecanistes et repetitives. Dans cette optique, le modele liant maturite organisationnelle et management des connaissances que nous avons propose peut se presenter a la fois comme un outil de diagnostic et de developpement de cette maturation recherchee.

Toutefois, des etudes subsequentes seraient necessaires pour tester et consolider encore davantage ce modele. Une etude pointue du passage d'une phase a une autre permettrait de mieux comprendre la pratique du leadership le favorisant, ainsi que les interactions socio-techniques et la dynamique organisationnelle necessaires. Il serait aussi possible de mieux etablir les criteres definissant ce que sont l'apprentissage organisationnel, une organisation apprenante et une organisation intelligente. On peut se demander par ailleurs, s'il est necessaire que toutes les organisations publiques tendent a devenir apprenantes, voire intelligentes. Quoiqu'il en soit, le developpement de la gestion des connaissances, et surtout du management strategique des connaissances, apparait comme une necessite a l'heure actuelle.

Annexe 1. Les grilles d'entretiens (Rinfret et coll. 2010)

Pour chaque groupe de cadres une liste de six questions ouvertes a ete preparee.

Les retraites devaient repondre aux questions suivantes :

* Lorsque vous etiez encore a l'emploi dans un M/O, comment jugiezvous la question de la gestion des connaissances dans un contexte annonciateur de departs massifs a la retraite?

* Selon vous, quel role l'organisation doit-elle jouer dans la gestion et le transfert des connaissances aupres des collegues qui sont susceptibles de quitter leur emploi?

* Au moment de votre depart a la retraite, avez-vous pris soin d'identifier, de documenter et de transmettre des connaissances que vous jugiez << critiques >>?

* Dans l'ensemble, jugez-vous satisfaisantes les differentes initiatives, a la fois personnelles et organisationnelles, qui ont ete realisees afin de preserver les savoirs susceptibles de se perdre lors de votre depart?

* Selon vous, quels ont ete les outils et les moyens de transfert les plus efficaces pour favoriser le partage et l'appropriation des nouvelles connaissances?

* Qu'est-ce qui a facilite ou rendu difficile les activites liees au transfert ou si c'etait a refaire, qu'est-ce que vous feriez et qu'est-ce que vous ne feriez plus lors de la realisation des activites liees au transfert?

Les cadres 3 et 2 ont repondu aux questions suivantes :

* Selon vous, quel role l'organisation doit-elle jouer dans la gestion et le transfert des connaissances aupres des collegues qui sont susceptibles de quitter leur emploi?

* Est-ce qu'il y a des connaissances explicites et tacites que vous auriez apprecie recevoir lorsque vous avez ete promu a votre nouveau poste?

* Qu'est-ce que vous pensez des differentes initiatives organisationnelles qui ont ete realisees en matiere de transfert des connaissances?

* Avez-vous initie des projets de transfert dans votre unite administrative?

* Qu'est-ce que vous comptez faire pour poursuivre en ce sens?

* Qu'est-ce qui a facilite ou rendu difficile les activites liees au transfert ou si c'etait a refaire, qu'est-ce que vous feriez et qu'est-ce que vous ne feriez plus lors de la realisation des activites liees au transfert?

Finalement, les questions posees aux cadres 5 et 4 etaient les suivantes :

* Qu'est-ce qu'on vous a transmis en termes de connaissances explicites et tacites?

* Qu'est-ce que vous auriez apprecie que l'on vous transmette?

* Qu'est-ce que vous pensez des differentes initiatives organisationnelles qui ont ete realisees en matiere de transfert des connaissances?

* Avez-vous initie des projets de transfert dans votre unite administrative?

* Qu'est-ce que vous comptez faire pour poursuivre en ce sens?

* Qu'est-ce qui a facilite ou rendu difficile les activites liees au transfert ou si c'etait a refaire, qu'est-ce que vous feriez et qu'est-ce que vous ne feriez plus lors de la realisation des activites liees au transfert?

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Lilly Lemay est professeure a l'ENAP de Montreal. Luc Bernier est professeur titulaire a l'ENAP. Natalie Rinfret est professeure titulaire a l'ENAP. Nathalie Houlfort est professeure au departement de psychologie, Faculte des sciences humaines, a l'UQAM. Les auteurs tiennent a remercier le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) pour le financement de cette recherche.
Tableau 1. Maturite organisationnelle et management des connaissances

     Phases        Description               Caracteristiques

Apprentissage organisationnel

1    Initiale      Ad hoc. Pas de            * Leadership :
                     processus formel, le      absent ou faible.
                     transfert des
                     connaissances est a     * Methode : peu ou
                     l'initiative des          pas.
                     individus.
                                             * Outils :
                   --Demande une [much         auto-developpes.
                     less than ] poussee
                     [much greater than]
                     manageriale continue
                     et significative
                     pour passer a la
                     seconde phase.

2    Procedurale   Oriente sur le            * Leadership :
                     transfert   des           instrumental.
                     connaissances
                     formelles ou normees    * Methode : parfois
                     et   liees a la           les 5 phases, mais
                     tche.                     tron   quees.

                   --Demande une             * Outils : TIC de
                     poussee                   base   comme des
                     manageriale continue      Intranet, des
                     et   significative        bases de donnees
                     pour   maintenir          elementaires, des
                     l'impulsion et            grilles d'analyse.
                     developper une
                     synergie                * Coaching, etc.
                     organisationnelle.

Organisation apprenante

3    Analytique    Analyse des               * Leadership :
                     competences,              participatif.
                     planification de
                     main-d'eeuvre et        * Methode : quatre
                     gestion de                phases sont mises en
                     carrieres, culture        ceuvre, mais la 4
                     participative en vue      (e) en amorce; on
                     du partage de             favorise
                     connaissances             l'information et les
                     implicites.               connaissances pour
                                               une prise de
                   Analyse de                  decision
                     l'environnement           strategique.
                     strategique :
                     tendances, occasions    * Outils :
                     et menaces,               pleinement
                     positionnement;           fonctionnels--
                     gestion des parties       grilles et bases de
                     prenantes.                donnees
                                               sophistiquees et
                   --Fonctionnel et            possible ment
                     specifique a une          interactives, auto-
                     division, un              formation, coaching,
                     departement.              mentorat,
                                               intermediaires de
                                               connaissance
                                               possiblement
                                               identifies, analyse
                                               strategique.

4    Geree       Un processus de            * Leadership :
                   management des             strategique.
                   connaissances
                   strategiques est         * Methode : cinq
                   instaure :                 phases sont mises en
                   identification des         ceuvre; la phase 5 est
                   intermediaires de          vitale pour evaluer le
                   connaissances              succes.
                   strategiques a tous
                   les niveaux de           * Outils : graphiques,
                   l'organisation et des      rapports, supports
                   moyens formels et          visuels, profils, etc.
                   informels de partage       Co-developpement, co-
                   des connaissances.         production des
                                              connaissances.
                 --Les methodes et les
                   outils peuvent etre
                   utilises ailleurs
                   dans l'organisation.

Organisation intelligente

5    Optimisee   La conception de l'
                   [much less than]
                   organisation[much        * Leadership :
                   greater than] peut         institutionnel.
                   etre etendue au
                   systeme des unites       * Methode : on apprend
                   organisationnelles         des resultats et des
                   constituantes du           donnees comparatives, et
                   meme service public.       on apprend surtout a
                                              revoir les paradigmes
                 --Une capacite de            pour passer d'une vision
                   reflexion sur le           hierarchique et en silos
                   contenu                    a une conscience et une
                   et le processus de         vision neuronale de
                   management des             fonctionnement du
                   connaissances est          systeme de service
                   developpee menant a        public.
                   l'innovation et au
                   developpement
                   organisationnel
                   strategique.
                                            * Outils : auto-
                 --Toute l'organisation       organises: analyse des
                   est concernee par le       ten dances, gestion des
                   developpement continu      risques, etudes com
                   et a integre               paratives et surtout
                    l'apprentissage           management strategique
                   dans ses pratiques.        integrant un partage des
                                              resul tats
                                              d'apprentissage
                                              strategique dans
                                              l'interet superieur
                                              commun.
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