Une assise au developpement des PPP: la confiance institutionnelle, interorganisationnelle et interpersonnelle.
Ramonjavelo, Valery ; Prefontaine, Lise ; Skander, Dorra 等
A la suite de la vague de dereglementation des economies initiee de
la fin des annees 1970 au milieu des annees 1980, entre autres par les
gouvernements du Royaume-Uni et des etats-Unis, la collaboration entre
des organisations publiques et des entreprises privees pour la
realisation de projets communs s'est developpee. Ce phenomene est
connu sous l'appellation de << partenariat public-prive
>> ou PPP. Cette nouvelle orientation a caractere
politico-economique repond, principalement dans les pays occidentaux, a
un besoin de << reinventer le gouvernement >> pour ameliorer
les services aux citoyens et pour construire de nouvelles
infrastructures publiques dans un contexte ou les ressources des
gouvernements se rarefient. (1) Cette forme de collaboration permet aux
organisations impliquees de mettre en commun leurs forces, expertises et
ressources en vue de creer une synergie pour atteindre des objectifs
d'efficacite, de qualite de service et d'efficience tout en
repondant aux attentes des citoyens. Certaines initiatives se sont
averees tellement prometteuses que plusieurs projets dans des domaines
relevant exclusivement du secteur public sont maintenant delegues ou
realises en collaboration avec le secteur prive. (2)
Cet ecrit part de l'hypothese largement repandue dans les
theories organisationnelles que le fonctionnement d'une
organisation depend en grande partie de la capacite des acteurs a se
comprendre, donc a se coordonner et par consequent a cooperer. Dans le
contexte d'un PPP, l'efficience de la relation de
collaboration entre partenaires serait donc primordiale au succes du
projet. Neanmoins, cette collaboration serait inconcevable sans
confiance, confiance non seulement entre les partenaires mais aussi dans
le contexte de cette relation. La reussite d'un PPP reposerait donc
en une grande partie sur la collaboration, elle-meme basee sur la
confiance, reconnue comme facteur crucial pour le developpement
d'un comportement cooperatif entre les individus, les groupes et
les organisations. (3)
Dans le contexte particulier d'un partenariat public-prive, la
revue de la litterature a permis d'identifier la presence de trois
principaux types de confiance, a savoir la confiance institutionnelle,
la confiance interorganisationnelle et la confiance interpersonnelle.
Cette recherche se penche sur les elements declencheurs du passage
d'un type de confiance a l'autre et tente de decrire
l'evolution de la confiance dans le contexte d'un PPP ou la
duree de la relation est connue, un echeancier est determine et un
budget doit etre respecte. Pour ce faire, l'article se divise en
cinq sections. La premiere definit le concept de confiance, en presente
quelques typologies et aborde le contexte particulier des partenariats
public-prive. Dans la seconde section, un modele de recherche est
propose et quelques propositions avancees. Suit la methodologie utilisee
pour realiser l'etude de cas et l'analyse des donnees. En
quatrieme partie, les resultats de la recherche sont presentes et
accompagnes d'une breve discussion. Enfin, la conclusion inclut
certaines implications liees aux resultats obtenus de meme que quelques
pistes de recherche et reflexion.
Concept de confiance, typologie et PPP
La confiance est, selon Holland, (4) une variable
multidimensionnelle qui se definit en reference au contexte dans lequel
elle est appliquee. Depuis 1968, Kenneth Arrow n'a cesse de mettre
l'emphase sur l'importance de la confiance qu'il qualifie
<< d'institution invisible >>. (5) Dans la meme veine
d'idees, Dasgupta (6) la considere comme etant centrale a toute
transaction. Ceci explique possiblement le fait que depuis plusieurs
decennies, la notion de confiance a ete largement exploree par les
chercheurs de plusieurs disciplines comme l'economie, la gestion,
la sociologie et la psychologie; chaque discipline a tente d'en
donner une definition claire et precise selon ses caracteristiques, sa
nature, son mode et son niveau de developpement. Toutefois, etant donne
les differences de perspectives, les chercheurs ne sont jamais parvenus
a un veritable consensus quant a la definition de la notion de
confiance.
Le concept de confiance
Ainsi que releve par Holland, (7) il y a tellement de definitions
du terme de confiance qu'une seule definition serait insuffisante
pour capturer l'essence du concept. Cet auteur considere deux types
de confiance : la confiance naturelle et la confiance subjective. Le
premier concept fait reference a la tendance naturelle d'un
individu a croire les autres personnes; elle est fonction de ses
attitudes, de sa personnalite et de ses experiences passees. Elle est
independante d'une situation specifique; elle varie d'un
individu a l'autre et peut changer dans le temps. Il s'agit,
selon l'auteur, d'une simple mesure de la confiance generale.
Quant a la confiance subjective, elle depend d'un ensemble
particulier de circonstances et d'un partenaire economique
specifique. La confiance subjective est donc fonction de la confiance
naturelle et de facteurs structurels et situationnels. Elle varie selon
l'identite de l'autre partenaire, le contexte particulier et
la nature de la transaction.
Parmi les auteurs ayant apporte une definition generale a la notion
de la confiance, Arrow (8) et Bennis (9) y integrent une dimension
sociale. Ils parlent de la confiance comme etant le << lubrifiant
>> a la base du fonctionnement du systeme social et de son
efficience. Dans le meme ordre d'idees, Zucker (10) souligne que la
confiance est une serie d'attentes sociales partagees par les
personnes impliquees dans un echange economique. Dans ce sens, cette
vision sociologique implique qu'au cours de cet echange, les
parties en presence partagent des valeurs communes pouvant se
transformer en objectifs communs a atteindre. Cette vision rejoint
egalement la definition de Fukuyama qui postule que la confiance se
compare aux << attentes des membres d'une communaute >>
dans laquelle les individus partagent habituellement certaines normes et
adoptent en consequence un comportement regulier, base sur
l'honnetete et la cooperation. (11) Notons toutefois que cette
dimension sociale de la confiance est occultee par des disciplines comme
l'economie.
Pour Thuderoz et Mangematin, la confiance est generalement definie
comme << la croyance qu'un autre individu, une organisation
ou une institution agira de facon conforme a ce qui est attendu de lui
>>. (12) Quant a Nooteboom et al., ils avancent que la confiance
comporte une dimension altruiste et gratuite qui amene un individu
faisant confiance a un autre a croire en la reciprocite de ce sentiment,
nonobstant tout interet personnel. (13) Ainsi, selon cette definition,
la confiance est associee aux sources altruistes de la cooperation et a
la loyaute envers le partenaire plutot qu'a la coercition ou a
l'interet materiel. Toutefois, lorsque l'on evoque la
confiance entre deux partenaires d'affaires, il existe, selon ces
auteurs, une relation d'agence dans laquelle le principal, appele
trustor, fait confiance a un agent ou trustee. En principe, le trustor
accorde sa confiance au trustee pour que ce dernier realise le mandat
dans le respect des attentes du premier. Cette relation trustor-trustee
sied parfaitement aux partenariats public-prive puisqu'elle reflete
le type de relation existant entre l'organisme gouvernemental
donneur d'ordres et son ou ses partenaires prives qui doivent
realiser le contrat.
Selon l'ecole de l'economie institutionnelle, Williamson
a elabore sa theorie des couts de transaction dans laquelle la firme
assure, par le biais de l'autorite hierarchique, la coordination
des decisions et le reglement des conflits internes a
l'organisation. (14) L'auteur reconnait l'importance de
la confiance dans les relations industrielles. (15) Toutefois, il
maintient qu'ex-post, elle sert l'atteinte des interets
respectifs : calcul, confiance et interet personnel deviennent
conciliables, bien que ce soit toujours l'opportunisme qui domine.
Ainsi, la confiance n'est pas evacuee de l'analyse ; elle
n'est que soumise au principe de l'opportunisme. Selon cet
auteur, la relation de contrat passe necessairement par le developpement
de relations de confiance; il serait rare de rencontrer des
comportements opportunistes lors de negociations initiales. Au
contraire, les parties sont davantage soucieuses d'assurer un bon
deroulement de la negociation. Ce n'est que lorsque des
possibilites de sur-profits apparaissent que le comportement
opportuniste gagne en importance. Le principe est qu'il serait
moins couteux et plus operationnel de proceder sur parole donnee que de
realiser des arrangements juridiques. Ainsi, le comportement calculateur
ne disparait pas de la relation mais la confiance apparait avant tout
comme un moyen d'economiser des couts de transaction.
Parallelement, dans le cadre d'une perspective
socio-economique, Granovetter souligne que ce sont les relations
sociales concretes qui engendrent la confiance dans la vie economique.
(16) L'action economique est encastree dans le reseau de relations
interpersonnelles et la poursuite d'objectifs economiques est
socialement construite et toujours accompagnee d'objectifs non
economiques tels que << la sociabilite, l'approbation, le
statut social et le pouvoir >>. Par consequent, on ne saurait
minimiser la composante sociale de tout echange economique. C'est
en effet sur la base de relations personnelles durables et d'une
longue familiarite entre les personnes, que s'etablissent les
relations de confiance. Donc, les pratiques relativement informelles des
contrats predominent dans les relations d'affaires. Les relations
amicales personnelles affectent fortement les relations d'affaires
et generent des standards de comportements attendus superieurs aux
relations autoritaires et decouragent la malhonnetete. La confiance est
alors analysee comme une croyance des individus a propos d'une
relation qui depend de reseaux sociaux plus vastes. Ce n'est pas
une relation qui ne peut etre instauree que par la seule evaluation
rationnelle des individus, tel que preconise par Williamson. Elle se
fonde sur les croyances collectives et les pratiques sociales. Ainsi,
Granovetter met l'eclairage sur une dimension essentielle de la
confiance : l'interaction entre les differents types de relations
interindividuelles simultanement economiques et sociales. Ce ne sont pas
les caracteristiques des personnes qui importent mais les relations
qu'elles entretiennent : expertise, dignite de confiance et liens
sociaux, souvent specifiques aux personnes plutot qu'aux
organisations.
Partant d'une perspective relationnelle et se basant sur une
etude empirique menee aupres de 204 detaillants americains faisant
rapport de leurs relations avec leurs fournisseurs, Morgan et Hunt
insistent sur le role de la confiance dans les relations d'echange
comme facteur facilitant et consolidant ces relations. (17) Ces auteurs
se sont particulierement interesses a la cooperation en tant que
consequence de la confiance. A cet effet, ils ont demontre que la
cooperation entre les partenaires d'un echange est influencee a la
fois par le niveau de confiance et par le degre d'engagement. Leur
commitment-trust theory largement reconnue en marketing, stipule que la
performance d'un reseau d'affaires est largement induite par
la cooperation, elle-meme tributaire de l'engagement et de la
confiance partages par les membres. D'autres dimensions de la
confiance sont egalement ressorties d'etudes menees sur la relation
client-fournisseur. Ainsi, Kumar et al. introduisent le concept
d'honnetete (croyance qu'un partenaire tiendra parole et sera
sincere) et celui de bienveillance (interet envers la firme et
protection de ses interets). (18) Ganesan pour sa part, remplace la
dimension d'honnetete par celle de credibilite, ou croyance dans la
capacite du partenaire de realiser son travail efficacement et
serieusement. (19)
Finalement, dans le cadre d'un effort de synthese des
differents ecrits sur la confiance, Rousseau et al. (20) affirment que
les chercheurs s'accordent pour souligner que le risque et
l'interdependance sont deux conditions pour le developpement de la
confiance. Le risque represente l'evaluation par le trustor de la
perte probable qu'il encourt en faisant confiance au trustee. (21)
Il existe donc une interrelation entre les notions de confiance et de
risque. C'est seulement en situation d'incertitude et donc de
risque que la notion de confiance est de mise. A son tour, la confiance
implique une prise de risque car comme note par Lewis et Weigert, la
confiance n'a aucune utilite s'il n'y a aucun risque.
(22) Ceci n'en exclut toutefois pas la presence. Par ailleurs,
l'interdependance constitue egalement une condition necessaire au
developpement de la confiance. Sheppard et Sherman soulignent a ce titre que la nature du risque et de la confiance change en fonction du degre
d'interdependance: si une personne depend fortement de
l'autre, elle encourt plus de risques que cette derniere et le
niveau de confiance que cette relation necessite serait alors eleve. Par
contre, si le niveau d'independance est eleve, les risques encourus
sont moderes et par consequent, le niveau de confiance requis serait
plutot faible. (23)
Les trois principaux types de confiance
L'economie, la psychologie et la sociologie proposent quelques
typologies de la confiance qui peuvent se resumer en trois grands types
: la confiance interpersonnelle, la confiance interorganisationnelle, et
la confiance institutionnelle ou systemique.
La confiance interpersonnelle ou relationnelle (24) telle que
definie aussi bien par Luhmann que par Giddens caracterise la confiance
placee par des individus dans d'autres individus. (25) Sako va
encore plus loin en distinguant deux niveaux de confiance
interpersonnelle : la confiance intentionnelle et la confiance de
competence. Le premier niveau de confiance suggere qu'un individu
fait confiance a un autre parce qu'il croit que ce dernier
respectera ses engagements sans faire preuve d'opportunisme. Le
deuxieme niveau suggere plutot qu'un individu fait confiance a un
autre parce que ce dernier detient les capacites et les competences
requises, notamment en termes de formation et d'expertise
professionnelle. (26) En se basant sur les realites des organisations,
Zaheer et al. suggerent que la confiance interpersonnelle refere a
<< la confiance placee par un individu dans l'individu
associe de la partie opposee >>. (27) Ce type de confiance renvoie
entre autres aux notions de dependance et de vulnerabilite d'un
individu par rapport a un autre, car les individus ne sont pas dans une
relation de pouvoir equilibree dans laquelle le partage de toutes les
formes de pouvoir est symetrique. (28) La confiance interpersonnelle est
basee sur la reputation et/ou la competence reconnues souvent suite a
des experiences anterieures. (29) Elle se developpe lors de la poursuite
d'objectifs communs qui necessitent des communications frequentes
et une certaine proximite. Elle se manifeste par un sentiment de bonne foi, de bienveillance, de respect et de loyaute plutot qu'un
comportement opportuniste. Elle se traduit principalement par la
cooperation et l'entraide que se temoignent les individus les uns
envers les autres.
La confiance interorganisationnelle est definie par Zaheer et al.
comme etant << l'etendue de la confiance placee dans
l'organisation partenaire par les membres d'une organisation
centrale >>. (30) En d'autres termes, la confiance
interorganisationnelle depasse la relation personne a personne pour
embrasser l'organisation partenaire avec laquelle s'effectue
un echange. Pour Livet et Reynaud, la confiance interorganisationnelle
est une confiance grace a laquelle les membres d'un groupe
impliques dans une action collective estiment raisonnable de s'y
engager. (31) La confiance interorganisationnelle s'opere entre au
moins deux organisations--en tant que personnes morales--et tout comme
la confiance interpersonnelle, implique des personnes physiques. Elle
peut avoir comme determinants la reputation, les competences et
l'expertise des organisations, leurs experiences passees, le
pouvoir relatif des parties issu d'une relation de dependance et
d'autres aspects specifiques a la nature des organisations, tels
que la taille et la culture. (32) Comme pour la confiance
interpersonnelle, elle se developpe au cours de relations
d'affaires et se manifeste par des elements tels la bonne foi, la
bienveillance, le respect des regles sans necessite d'un controle
formel et l'adoption d'un comportement cooperatif plutot
qu'opportuniste.
Finalement, Mangematin, inspire de Zucker, definit la confiance
institutionnelle ou systemique << comme une autorite superieure au
sein de la societe. Elle protege les individus ou les organisations
contre les risques d'alea moral. >>. (33) Elle se fonde sur
une structure sociale formelle garantissant les attributs d'un
individu ou d'une organisation tels que le code d'ethique, les
contrats, les normes ou les lois. Sa creation n'est pas le produit
d'une relation d'echange ni d'une experience anterieure.
Ainsi, on ne fait pas uniquement confiance a un individu ou une
organisation mais plutot a l'ensemble du contexte dans lequel
s'inscrit la relation. (34) La construction de la confiance
institutionnelle s'apparente davantage a la souscription a un
contrat social; contrat dans lequel chacun accepte d'abandonner une
partie de sa liberte pour fixer des regles de jeu et accepte de deleguer
l'autorite et les moyens de coercition a une tierce partie comme
l'Etat, un ordre professionnel, une eglise, etc. (35) Zucker
explique le caractere institutionnel de la confiance en insistant sur
deux caracteristiques particulieres: l'intersubjectivite et
l'objectivite. La confiance institutionnelle est intersubjective
dans la mesure ou elle reste independante des individus et que, bien que
developpee localement, elle est reconstruite a l'exterieur
d'une situation donnee. Cet eloignement a la fois des personnes et
du contexte specifique de leur action, lui garantit toute son
objectivite. (36) Plus precisement, pour les relations reposant sur des
ententes contractuelles, Williamson presente la confiance
institutionnelle comme faisant reference a la confiance dans le contexte
social et organisationnel, a l'interieur duquel s'inscrivent
les contrats ou toutes formes de transactions. (37) La confiance
institutionnelle se developpe par la reconnaissance et
l'acceptation des regles regissant la vie sociale, politique et
economique. Elle se manifeste principalement par le recours des deux
parties a diverses institutions telles que les lois, le cadre
reglementaire et les contrats avec l'acceptation des regles qui en
decoulent.
En resume, la confiance interpersonnelle peut etre associee aux
relations developpees par deux employes de deux entreprises a travers
leurs contacts noues durant leurs etudes ou au cours de leurs activites
personnelles ou professionnelles. Quant a la confiance
interorganisationnelle, elle refere plutot aux relations entre
organisations, basees sur la reputation ou la qualite de relations
anterieures et leur frequence. Elle s'exprime par
l'externalisation d'activites, leur partage ou leur
realisation en collaboration. Enfin, la confiance institutionnelle se
manifeste a travers le recours a un tiers parti et/ ou a un type
particulier de contrat. Par exemple, dans le cas d'un PPP, les
partenaires en presence se fient aux normes et aux exigences requises
pour la prestation d'un service public et aux regles regissant les
marches publics. Les caracteristiques et determinants de chacun de ces
trois types de confiance sont presentes au Tableau 1 afin de mieux
illustrer ce propos.
Les partenariats publics-prives
Tout comme pour la confiance, il est difficile de trouver une
definition du concept de partenariat public-prive qui fasse
l'unanimite parmi les chercheurs. Ainsi dans le contexte quebecois,
un PPP << est une entente contractuelle entre des partenaires
public et prive qui vise la prestation d'un service public ou son
amelioration >>. (38) Les partenaires partagent les
responsabilites, les investissements, les risques et les benefices. (39)
De plus, cette entente doit comporter un investissement significatif du
partenaire prive dans le projet, dont la remuneration se fait en
fonction de criteres preetablis.
Reijniers propose quant a lui une definition qui est elle-meme
enrichie par celle de Grant. Ces auteurs voient le partenariat
public-prive comme << une collaboration entre des entreprises, des
organisations sans but lucratif, et / ou le gouvernement dans laquelle
les risques, les ressources et les competences sont partages dans des
projets qui sont benefiques pour chaque partenaire mais egalement pour
la communaute >>. (40) Cette definition est interessante, car non
seulement elle est representative de la volonte de mettre en commun les
efforts des partenaires mais elle considere egalement la satisfaction de
la communaute comme etant un objectif a atteindre. Dans le cas d'un
partenariat public-prive, force est de constater que la poursuite de
l'interet general demeure << la >> priorite, depassant
en importance les interets des partenaires.
Modele de recherche et propositions
Comme l'existence de la confiance dans les organisations
requiert la presence minimale de deux entites, il n'est pas
possible d'envisager la relation trustor-trustee uniquement de
maniere unilaterale comme le preconisent Mayer et al. ainsi que
Nooteboom et al. (45) En effet, la relation de confiance a un caractere
plutot bilateral, c'est-a-dire qu'elle est mutuelle, tel que
releve par Loilier et Tellier ainsi que Zaheer et al. (46) Ces derniers
trouvent egalement que la nature et le role de la confiance changent au
gre du temps. Ceci confirme que la relation de confiance n'est pas
statique mais resolument dynamique. Parmi les nombreux chercheurs qui se
sont interesses a la confiance, Greenwald et Stiglitz, Luhmann et Zucker
acceptent l'existence de deux types de confiance et avancent que la
confiance institutionnelle peut se substituer a la confiance
interpersonnelle. (47) Quant a Mangematin, il affirme que la confiance
institutionnelle et la confiance interpersonnelle sont plutot
complementaires et que la signature d'un contrat ne fait que
renforcer le developpement des confiances interpersonnelle et
interorganisationnelle. (48) Dans une recherche anterieure, Zucker a
constate que lorsque les memes organisations interagissent frequemment
dans le temps, elles developpent des mecanismes institutionnalises et en
meme temps des relations de confiance interpersonnelle au sein des
structures organisationnelles. (49) Dans la meme veine, Zaheer et al.
confirment que si les relations interpersonnelles sont positives, cela
genere la confiance interpersonnelle et decourage les comportements
opportunistes entre les organisations, impliquant ainsi la presence
d'une confiance interorganisationnelle. (50)
Face aux assertions precedentes, Karpik releve que ces differentes
interpretations de la confiance sont reductrices et que la confiance
institutionnelle et les autres formes de confiance peuvent soit
coexister, soit exister l'une sans l'autre, soit
s'auto-renforcer ou meme encore se substituer l'une a
l'autre. (51) Forts des resultats de ces differentes recherches,
nous proposons le modele conceptuel presente a la Figure 1. Cette figure
illustre egalement les trois propositions de recherche explorees a
travers l'etude de cas d'un partenariat public-prive realisee
dans le cadre de cette recherche.
[FIGURE 1 OMITTED]
Presentation du cas et methodologie generale de la recherche
Le projet qui fait l'objet de cette analyse est un partenariat
public-prive impliquant un ministere quebecois et une entreprise privee
internationale evoluant dans le domaine du service-conseil en systemes
d'information.
Au milieu des annees 1990, pour reussir sa vaste reforme du systeme
cadastral, le ministere quebecois en charge de la reforme lance un appel d'offres pour rechercher une organisation ayant les ressources
necessaires pour realiser un mandat d'integration de biens et de
services pour la mise en oeuvre et l'exploitation des systemes
d'information soutenant les nouvelles orientations du ministere. Le
partenaire prive est responsable de l'integration et les resultats
lui sont entierement imputables. Le ministere a retenu les services
d'une entreprise canadienne d'envergure. L'entente signee entre les deux partenaires etait d'une duree de cinq ans; les trois
premieres annees consacrees au developpement des applications et le
reste du mandat au fonctionnement et a l'entretien du systeme. Tel
que mentionne dans le document du CEFRIO, (52) le mandat de
l'entreprise retenue << consiste a developper une solution
technologique pour integrer les donnees numeriques a reference spatiale
et les donnees alphanumeriques descriptives des proprietes, a mettre en
place une infrastructure informatique pour supporter une telle quantite
d'information, ainsi qu'a assurer la formation du personnel et
l'entretien du systeme >>. (53)
Il est important de souligner que les deux parties n'en sont
pas a leur premier contrat car le ministere a utilise l'expertise
de cette firme-conseil a deux reprises pour des mandats touchant la
reforme des cadastres. Afin de mieux visualiser l'historique des
evenements relatifs aux relations entre les deux parties, une
chronologie des faits marquants est presentee dans le Tableau 2. Cette
information permet d'avoir des points de reference et une meilleure
contextualisation des propos tenus par les repondants pour appuyer la
presence ou non de la confiance tout au long de la relation.
Comme le specifie Yin, lorsque la question de recherche vise a
comprendre un phenomene, l'analyse de cas en tant que methode de
recherche offre plus d'avantages que d'autres methodes. (54)
Elle s'avere donc une strategie de recherche pertinente pour mieux
comprendre la manifestation et l'evolution de la confiance a
travers le temps et selon les circonstances. Le cas utilise provient de
la banque de cas du groupe de recherche PIVOT sur les nouveaux modeles
de collaboration pour la prestation des services publics. Dans le cadre
de cette etude, neuf etudes de cas canadiens qui se differencient au
niveau des projets, du type de collaboration, des technologies
impliquees, de la nature et de l'ampleur des services offerts et
des domaines d'application, ont ete realisees. (55) Les cas
resultent d'entrevues semi-structurees menees par l'equipe de
recherche aupres des partenaires publics et prives. Les chefs de projet
publics et prives ainsi que les responsables de la technologie, des
ressources humaines et des operations ont tous ete interviewes. Le
Groupe PIVOT a teste et developpe un guide d'entrevue qui a ete
utilise lors des entrevues. Les cas rediges ainsi que les transcriptions
des entrevues ont servi de base a cette recherche. Pour la presente
recherche, une analyse des entrevues des repondants du ministere
d'une part, et des cadres de l'entreprise privee d'autre
part, a ete realisee.
Tout au long de l'analyse des donnees secondaires, plusieurs
caracteristiques et elements ont ete retenus pour identifier la
manifestation et l'evolution des types de confiance (voir Tableau
1). Au niveau institutionnel, toutes les references faites par les
repondants quant au cadre reglementaire, aux normes et aux politiques
regissant la relation entre les deux parties ont ete retenues. Pour ce
qui concerne la relation entre les organisations, la compatibilite et
les divergences des objectifs de chacune des parties, leurs
caracteristiques propres, les outils mis en place pour une gestion
efficace de la relation et les facteurs determinants pour la reussite du
mandat ont tous ete pris en compte. Tous ces elements ont permis de
cerner les determinants de l'emergence et de l'evolution de la
confiance interorganisationnelle. Enfin, par rapport a la confiance
interpersonnelle, toutes les caracteristiques pertinentes pour cerner sa
presence ont ete relevees. Hormis les allusions directes a la confiance,
les determinants de la confiance interpersonnelle retenus sont entre
autres, les references a l'expertise, a la communication, a la
proximite spatiale, aux relations interpersonnelles developpees et a la
qualite des relations entre les individus issus des deux organisations.
Des codes ont ete developpes pour pouvoir clairement identifier les
types de confiance et les contextes precis au cours desquels ils se
manifestaient, se developpaient, se maintenaient ou se deterioraient.
L'analyse des entrevues a ete faite separement, les responsables du
ministere d'une part et ceux de l'entreprise privee
d'autre part, afin d'observer et comprendre les similitudes et
les divergences. La codification des entrevues a ete realisee separement
par deux des auteurs du present article afin de verifier le niveau de
convergence. Le taux de convergence etait d'environ de 85% des
occurrences, ce qui indique une comprehension largement partagee des
elements a retenir pour l'analyse du cas. Les dissensions ont ete
discutees et une entente est survenue dans tous les cas.
Manifestation et evolution des trois types de confiance dans le
contexte du PPP
Les donnees empiriques recueillies lors de l'etude de cas
permettent d'illustrer quelques manifestions des confiances
institutionnelle, interorganisationnelle et interpersonnelle et
fournissent aussi divers exemples de l'evolution de la confiance en
cours de projet. Chacune des propositions de recherche est donc reprise et discutee a la lumiere de ces informations.
A la base, la confiance institutionnelle
Comme il est mentionne au Tableau 2, le ministere et
l'entreprise privee sont a leur troisieme entente contractuelle en
l'espace de six ans. Cette situation est interessante car elle
laisse sous-entendre que la relation contractuelle entretenue entre les
deux parties est basee sur le partage de valeurs et de systemes de sens
communs, dont la confiance dans l'environnement socio-politique du
Quebec. Plus encore, cette relation reciproque basee en partie sur la
credibilite, la reputation, la competence et l'expertise de chacune
des deux parties prend cependant sa source d'informations
objectives--telles la transparence des procedures administratives et
d'octroi du contrat, et le respect des ententes contractuelles.
Pour signifier cet ensemble de valeurs partagees par les deux
partenaires, Meyer et Rowan utilisent l'expression << taken
for granted >>. (56) En effet, en se basant sur leur confiance
dans la reglementation--les lois d'attribution des contrats
publics, les normes regissant les soumissions aux appels d'offres,
les procedures transparentes de selection des partenaires et les sens
partages--le ministere provincial et l'entreprise privee ont
respectivement lance l'appel d'offres et presente une
soumission. Cette realite constitue une manifestation de la confiance
institutionnelle telle que definie par Zucker: elle reste independante
des individus ou des organisations mais se fonde sur la structure
sociale formelle qui garantit, entre autres, le respect des ententes
contractuelles. (57) En effet, si l'une des organisations
impliquees n'avait pas confiance dans les elements institutionnels
(reglementaire, cognitif et normatif) regissant les marches publics au
Quebec et que ses propres interets pouvaient en etre ainsi alteres, elle
n'aurait entrepris aucune demarche pour conclure ce partenariat. De
fait, la confiance dans les systemes de references sociaux et
organisationnels du Quebec dans lesquels s'inscrit cette relation
de partenariat represente l'assise de la confiance institutionnelle
dans ce partenariat. Elle se manifeste par la signature d'un
contrat renfermant les regles et normes auxquelles adherent les
signataires.
Bien que cela soit souvent pris pour acquis dans certains pays
industrialises d'Amerique du Nord et d'Europe occidentale, le
manque de confiance dans les institutions peut paralyser et rendre tres
perilleux le developpement de PPP. Comme le soulignent certains auteurs
ayant analyse des PPP en Amerique Latine (Hommes; Jimenez), (58) le
risque a encourir est tellement eleve que les partenaires (souvent
prives) doivent se premunir d'artifices juridiques et se proteger
contre tout alea. Ces couts invisibles de transactions constituent
autant de raisons d'abandon ou d'echec de certains projets PPP
dans plusieurs parties du monde. La confiance des partenaires dans les
institutions qui regissent leurs accords constitue un element crucial a
leur realisation.
Vu l'existence de ce premier type de confiance dans ce PPP tel
qu'identifie par de nombreux auteurs (Brousseau, Shapiro, Zucker),
il est interessant de suivre son evolution dans les phases de
negociation sur le partage des responsabilites, des risques et dans la
formulation des objectifs incombant a chaque partenaire. (59) De son
cote, la partie publique a signifie ses exigences en matiere
d'echeanciers, de couts, de qualite des livrables et de risques
consideres comme acceptables. Quant a l'entreprise privee, elle a
formule ses capacites a remplir les diverses conditions du contrat et
ses attentes en matiere de paiement des biens et services livres. Suite
aux negociations, ces differentes exigences ont constitue les termes et
les clauses du contrat de partenariat. En outre, au-dela de
l'entente sur l'atteinte des objectifs, les regles
operationnelles de fonctionnement ont ete negociees entre les
partenaires pour assurer un meilleur ajustement entre les deux
organisations dont les cultures organisationnelles, les pratiques et les
normes etaient fort differentes. Cette recherche d'une adequation
entre les systemes de sens, les regles et normes de chacune des deux
parties constitue un point de depart pour le developpement de la
confiance interorganisationnelle. De plus, la frequence des relations
entretenues au cours des mandats sur la reforme du cadastre quebecois a
permis aux partenaires de faire connaissance. Ces relations
d'affaires laissent entrevoir qu'il existe une presomption
favorable de confiance entre ces deux organisations qui est le resultat
des experiences passees. Les propos tenus par le gestionnaire public du
projet quelques mois apres la signature du contrat demontrent bien
l'evolution realisee durant cette premiere phase du projet :
<< l'entreprise privee avait une prestation de service et une
vision qui plaisaient au ministere pour trouver des solutions adequates
>>. Ainsi, la frequence de la relation, les experiences passees et
l'affirmation de cette reconnaissance de la competence du
partenaire illustrent bien le developpement de la confiance
interorganisationnelle des la signature du contrat.
Par ailleurs, la decision meme de conclure un PPP necessite
directement ou indirectement un niveau de confiance eleve entre les deux
organisations car elles se mettent en situation de dependance et de
grande vulnerabilite l'une par rapport a l'autre. Ces deux
conditions au developpement de la confiance sont presentes dans ce
partenariat. En effet, ce projet d'une duree de cinq ans impliquait
des risques technologiques, financiers et sociaux. Il s'agissait
pour le ministere d'une relance d'un programme majeur qui
avait connu une premiere ratee et pour le partenaire prive, du recours a
une technologie non eprouvee dans le domaine de la geomatique. Le risque
commercial encouru par l'entreprise privee est proportionnel aux
promesses d'ouvertures potentielles de marches que procurerait le
developpement d'une telle expertise. Pour le ministere, le projet
revetait une valeur hautement strategique et innovatrice. Comme le
mentionne un fonctionnaire, << c'est le plus gros contrat en
technologie de l'information et en geomatique civile au Quebec. Il
n'y avait pas de contrat de cette dimension au monde >>.
Pour realiser le projet et accommoder les parties, le ministere
provincial public a amenage des locaux dans lesquels les deux
partenaires allaient dorenavant coexister. Des equipes de travail
interdependantes ont ete constituees et des processus de travail
impliquant les deux partenaires mis en place. Ainsi, tous les
participants sont mobilises autour de l'objectif et des resultats a
atteindre. Chaque livrable suit les etapes suivantes: le dossier
fonctionnel est developpe par les analystes du partenaire prive qui le
soumettent a l'equipe de pilotage du partenaire public pour
approbation; en cas de desaccord, un comite mixte de coordination prend
la releve et resout le dilemme. Tres souvent, analystes et pilotes
parvenaient a une entente. Les frontieres structurelles entre les deux
organisations tendaient a disparaitre. Au fil du temps et sur la base
d'interactions quotidiennes, chaque partie reconnaissait les
competences distinctives et les valeurs ajoutees de l'autre. La
bonne foi et la bienveillance marquaient leur relation. La necessite
d'un recours a des regles et des controles formels diminuait. Les
comportements opportunistes s'estompaient pour faire place a la
collaboration.
Finalement, interagissant et travaillant etroitement chaque jour
dans les memes locaux et ce, en synergie pour atteindre un objectif
commun, les membres du ministere provincial affectes au projet se sont
rapproches de leurs vis-a-vis de l'entreprise privee. Ils ont peu a
peu developpe des relations qui ont transcende les clivages
organisationnels pour devenir des relations entre les individus. Ainsi,
apres l'emergence d'une confiance mutuelle entre les
organisations, nait une confiance individuelle basee sur la
reconnaissance des expertises et des competences personnelles. Tout
comme c'etait le cas entre les organisations, les determinants de
l'emergence et du developpement de la confiance interpersonnelle
sont la reputation et la reconnaissance de la competence qui se
renforcent par la poursuite d'objectifs communs. Les membres des
organisations partenaires apprennent a s'apprecier et developpent
des affinites et des relations qui vont meme audela des relations de
travail. Lorsque des echeances approchaient, ils travaillaient ensemble
jusqu'a des heures tardives, se motivaient et s'entraidaient
mutuellement pour les respecter. Tout en respectant le cadre de
l'entente contractuelle, des relations amicales se sont developpees
entre les individus et ont contribue a renforcer la confiance
interpersonnelle. Ainsi, au fur et a mesure que ce type de confiance se
developpait jusqu'a la fin du projet, la confiance interpersonnelle
a permis de maintenir une excellente entente et un sentiment de bonne
foi, de bienveillance et de loyaute entre les personnes, ce qui se
traduisit par un climat exceptionnel de collaboration en vue de la
realisation du mandat. Meme apres la fin du projet, certains employes
ont entretenu des relations personnelles avec leurs homologues de
l'organisation partenaire. Une certaine mobilite du personnel entre
les deux organisations a meme ete observee. Dans ce contexte, il est
clair que les relations interpersonnelles ne se sont developpees que
suite au developpement et au maintien de la confiance ainsi que de la
collaboration interorganisationnelles.
Si ces faits confirment la presence de trois types de confiance
bien distincts, ils laissent egalement entrevoir l'evolution de
cette confiance, migrant d'une confiance institutionnelle vers une
confiance interorganisationnelle pour enfin donner lieu a une confiance
interpersonnelle qui elle, consacre la qualite des relations entre les
individus. Le fait d'arriver a l'emergence de cette
organisation informelle dans le contexte d'une relation tres
encadree comme celle d'un PPP, impliquant de surcroit des
organisations culturellement et structurellement differentes, constitue
un puissant indicateur de la symbiose qui s'est instauree entre les
parties. Partager la meme structure de gestion, les memes processus de
travail, les memes locaux et avoir ainsi des communications et
interactions frequentes, n'est certes pas etranger a cette
situation. Toutefois, il est a noter que la confiance interpersonnelle
n'est pas toujours generalisee. Certains individus impliques dans
une relation d'echange peuvent collaborer sans pour autant
developper de relations interpersonnelles.
La confiance institutionnelle comme recours ultime
La qualite de toute relation impliquant au moins deux entites,
organisations ou individus, necessite le respect des engagements et des
responsabilites de chacune des parties. Il faut reconnaitre que les
occasions de crise et de rupture sont nombreuses tout au long d'une
relation. Il incombe aux parties de trouver les solutions pour maintenir
l'harmonie et l'adaptation lorsque les problemes surgissent.
Dans le cadre du PPP, le ministere provincial et l'entreprise
privee ont connu une crise majeure qui a ebranle leur relation et
compromis la confiance creee entre organisations et individus. Si au
depart, la phase initiale du contrat se presentait sous les meilleurs
auspices, apres plusieurs mois de travail, l'entreprise privee a
commence a rencontrer de serieux obstacles pour la realisation de
l'architecture generale du systeme. Ce premier livrable, du 12 mois
apres la signature du contrat, prit quelque six mois de retard. En
effet, l'architecture basee sur la technologie Oracle (60)
n'avait pas d'application similaire connue dans le monde et
telle quelle, ne pouvait pas supporter les donnees geomatiques et les
algorithmes constituant la base de donnees a mettre en place.
Lorsqu'il fut clair que l'entreprise privee ne pouvait
remettre le premier livrable dans les delais et les conditions enonces
dans le contrat, le climat de travail entre les deux parties a commence
a devenir de plus en plus tendu. Les propos tires d'une entrevue
realisee avec un responsable de l'entreprise privee et partages par
des responsables des deux parties refletent bien l'ambiance qui
prevalait alors : << C'etait assez tendu, les couteaux se
promenaient pas mal ... Il fallait respecter le contrat, s'assurer
de garder le cap. >> Le capital << confiance >> dont
jouissait l'entreprise privee s'effritait.
Toutefois, afin de remedier a son probleme, l'entreprise
privee a pris l'initiative de recruter des experts en informatique
de Oracle, fournisseur de la technologie, a meme ses fonds propres. Les
frais engages pour recourir a ces ressources externes n'etaient pas
prevus dans l'enveloppe financiere. Seul le depot du premier
livrable permettait au ministere de debloquer des fonds pour attenuer la
situation financiere critique de l'entreprise privee qui
n'avoit recu aucun paiement malgre plus d'un an de travail,
avec des equipes depassant regulierement 75 employes. Les chances de
reussite du projet etaient desormais chancelantes. Par ailleurs,
conformement aux clauses du contrat, le non respect de l'echeance
par l'entreprise privee etait passible d'une amende de 10 000
dollars par jour de retard.
Etant conscients des moyens mobilises par l'entreprise privee,
les membres impliques dans le projet ont collabore et coopere, meme les
fins de semaines, pour trouver des solutions aux problemes
technologiques. De plus, devant la bonne foi de l'entreprise privee
qui s'est fortement engagee dans cette relation en y investissant
temps et argent, le ministere n'a pas exerce son droit d'appliquer les penalites. Les responsables du ministere ont fait
une entorse au contrat, car d'une part, ils avaient confiance dans
les competences des responsables de l'entreprise privee a mener a
bien le projet et, d'autre part, la notoriete et la credibilite de
l'entreprise jouaient encore a son avantage. L'intense
cooperation entre les individus, la confiance interpersonnelle
developpee durant cette annee de travail en equipe et la confiance
organisationnelle basee sur la reputation et l'expertise reconnue
du partenaire ont evite que le partenariat ne soit mis a risque par des
amendes non meritees bien que legalement pertinentes.
Pour faire face aux eventuels autres problemes et pour
s'assurer de continuer dans les meilleures conditions, les
partenaires ont convenu de l'elaboration d'un nouveau manuel
de gestion pour encadrer leur fonctionnement quotidien, tout en tenant
compte des nouvelles contraintes technologiques survenues lors de la
realisation de l'architecture. Le manuel de gestion comporte six
mecanismes de gestion, dont un mecanisme portant sur << le
processus de gestion de la revision et de l'approbation des biens
livrables >>. Ce manuel stipule que tout livrable n'ayant pas
ete juge acceptable par le ministere devra desormais passer a travers
differents cycles et niveaux de negociation avant que l'objet du
conflit ne soit presente aux charges de projet de l'entreprise
privee et du partenariat. La mise en place de ce mecanisme tend a
recreer la confiance interorganisationnelle et a maitriser
d'eventuels dysfonctionnements.
La confiance interorganisationnelle a donc ete fortement ebranlee
durant cette premiere phase du partenariat. Mais le refus du ministere
d'imposer des penalites, l'elaboration du manuel de gestion et
son modus operandi demontrent la volonte du partenaire public a
continuer d'accorder sa confiance a son homologue prive. Conscients
de l'embarras financier vecu par leur partenaire, les
fonctionnaires ont relegue au second plan le respect scrupuleux des
clauses du contrat conclu entre les deux parties et ont devance une
partie du paiement prevu a la livraison du premier livrable. Ces faits
et evenements permettent de constater que, contrairement a la these de
Luhmann et Zucker qui stipulait que seule la confiance institutionnelle
peut se substituer a la confiance interpersonnelle, dans le cadre de ce
PPP, ce sont plutot les confiances interpersonnelle et
interorganisationnelle qui ont eu preseance sur la confiance
institutionnelle.
Neanmoins, bien que par souci de pragmatisme et de realisme, le
ministere n'ait pas eu recours a l'application rigide du
contrat, il est interessant de relever que la confiance institutionnelle
est demeuree presente tout au long du projet: divers processus de prise
de decision, de gestion des equipes de travail, de gestion des
changements et de resolution des conflits furent mis en oeuvre pour
mieux soutenir le travail des deux organisations et leur permettre
d'assumer leurs roles respectifs dans un climat de collaboration.
En fait, les trois types de confiance etaient presents durant la
realisation du mandat mais dans des proportions differentes,
dependamment du contexte, de la bonne foi et des actions aussi bien des
organisations que des personnes. En periode de crise, apres avoir
analyse les impacts d'un recours au contrat, les deux partenaires
ont plutot eu recours a la discussion pour regler le probleme. Cette
situation valide la proposition 2 qui avance que << si une crise
surgit, la confiance institutionnelle n'est invoquee qu'en
l'absence des confiances interorganisationnelle et interpersonnelle
>>.
En cours de projet, substitution et complementarite des trois types
de confiance
Doublant d'efforts et de rigueur a tous les niveaux et avec
l'arrivee d'une nouvelle directrice des cadastres ayant une
formation en informatique, les deux parties recommencent graduellement a
travailler dans un meme esprit. Comme le soulignait un fonctionnaire :
<< Le haut niveau de technicite et de rigueur de la directrice
generale des cadastres n'est pas etranger a la confiance que son
organisation inspirait par rapport au partenaire prive. >> Ainsi,
la remise du livrable 3 dans le respect du delai et des exigences
technologiques, qui etait le plus strategique pour le ministere, a
permis de retablir la confiance entre les partenaires et surtout de
redorer la credibilite de l'entreprise privee vis-a-vis du
ministere. En effet, jusqu'a la remise du livrable 3, la confiance
etait au plus bas et la confiance institutionnelle (le recours aux
clauses contractuelles) avait constitue a maintes reprises, le garant du
comportement cooperatif des parties. Les responsables du secteur prive
ont mentionne << qu'apres les livraisons 3 et 4, il y a eu un
declic et le partenariat s'est bien mis en place >> ou encore
<< une des tres belles realisations etait la livraison 3 qui a
permis de cicatriser toutes les plaies>>. En fait, la confiance
envers l'organisation et les membres de l'equipe a ete
reinstauree, car l'entreprise privee est parvenue a livrer en
respectant les exigences. Meme la semantique utilisee par les personnes
impliquees evolue car la relation n'est desormais plus de type
<< client-fournisseur >> mais elle est devenue vraiment
partenariale. Tel que mentionne dans la proposition 3, les trois types
de confiance se substituent et se completent, en cours de projet voire
se renforcent mutuellement. Les partenaires ont successivement recours
au contrat, aux processus de travail partages, a la cooperation et a la
discussion entre collegues pour realiser les objectifs du projet et
resoudre les difficultes et problemes qui surgissent.
La confiance envers les personnes et l'organisation etant
re-acquise, << les livraisons 4 a 9 vont plus rondement,
c'est une periode intense dans la realisation >>, souligne un
responsable prive. L'entente entre les parties etait telle que les
deux equipes ont pu developper une comprehension mutuelle, un esprit de
collaboration et le partage d'une vision commune si bien que les
differences entre les secteurs public et prive se sont estompees devant
l'objectif commun a atteindre.
Conclusion
Cette recherche realisee dans le contexte d'un partenariat
public-prive avec une duree de relation connue, un echeancier determine
et un budget devant etre respecte, a revele que l'existence de la
confiance demeure un element crucial, mais pas necessairement suffisant,
pour la reussite des relations interorganisationnelles, specialement
lorsque les cultures organisationnelles sont differentes. Ce partenariat
base sur l'integration d'une nouvelle technologie a ete
couronne d'un franc succes reconnu par les deux parties. La
confiance a joue divers roles a plusieurs niveaux: rapprochement entre
les membres des equipes; atteinte de la performance et resolution de
conflits. Comme le soulignent Rousseau et al., face a un haut niveau
d'incertitude, la confiance demeure un element sur lequel les
parties se fondent pour attenuer les impacts des incertitudes
technologique, economique et comportementale.
L'etude a egalement permis de confirmer l'existence des
trois types de confiance: confiance institutionnelle, confiance
interorganisationnelle et confiance interpersonnelle. Dans le contexte
d'un PPP, la presence de ces differents types de confiance peut
pallier l'incompletude des contrats pour assurer la realisation du
mandat. Conformement aux conclusions de Karpik, les types de confiance
institutionnelle, interorganisationnelle et interpersonnelle peuvent
coexister, exister l'une sans l'autre, s'auto-renforcer
ou meme se substituer l'une a l'autre.
Il ressort de l'analyse des entrevues que l'evolution des
types de confiance n'est ni stable, ni lineaire mais varie en
fonction des evenements et des individus. La confiance est ainsi
resolument dynamique et evolue ou regresse a travers le temps. Les trois
types de confiance ne sont pas antinomiques mais ils se completent et /
ou se substituent l'un a l'autre au cours de la relation.
Neanmoins, la confiance de type institutionnel est une condition
necessaire pour envisager une relation partenariale performante, ce que
confirment les partenaires issus du public autant que du prive.
Toutefois, la presente etude releve le caractere non permanent et
quasi << volatile >> de la confiance entre organisations. En
effet, meme si une organisation choisit un partenaire sur la base
d'un processus de selection strict et fait preuve d'une
confiance initiale elevee envers son ou ses partenaires--compte tenu de
leur reputation, d'experiences passees de collaboration
communes--cette confiance n'est pas pour autant permanente. Il est
imperatif que le trustee fasse preuve d'efforts constants et
permanents pour realiser les objectifs a atteindre et s'assurer de
maintenir le capital de confiance durement gagne.
Il est difficile de parler de confiance sans soulever certaines
questions d'ordre ethique issues d'abus de confiance pouvant
survenir en ce qui concerne les procedures d'attribution des
contrats, les mecanismes de controle de la qualite des biens ou services
livres, les profits indus ou meme les accords informels pouvant survenir
entre << amis >> pour deroger aux regles prescrites.
Rappelons a ce titre que la confiance agit, selon les dires de Arrow,
comme une << institution invisible >> qui protege les
parties des aleas moraux et des comportements opportunistes. Ainsi, la
confiance constitue une protection contre le risque de manquements a
l'ethique bien qu'elle ne l'elimine pas. Dans le contexte
particulier des PPP, il incombe principalement au partenaire public de
se premunir contre les manquements a l'ethique, de par son role de
defenseur de l'interet general de la nation et des citoyens.
Certaines limites entravent la comprehension des manifestations et
de l'evolution de la confiance ainsi que la generalisation des
conclusions de cette etude. D'une part, l'etude d'un seul
cas reduit a la fois le nombre et la variance des manifestations
observees et la portee des resultats. D'autre part, la relation
entre la presence de ces trois types de confiance et la performance du
partenariat n'a pas ete etablie, ce qui pourrait constituer un
sujet interessant pour de futures recherches. Qui plus est, des
recherches faisant la comparaison entre des partenariats public-prive
realises dans d'autres pays, seraient egalement interessantes pour
faire ressortir l'influence de la culture sur la manifestation et
l'evolution de la confiance entre des partenaires impliques dans un
PPP.
Quelques lecons pratiques peuvent cependant etre tirees de cette
etude sur la confiance, en particulier en ce qui a trait aux mecanismes
mis en place pour favoriser le developpement d'un sentiment de
confiance au detriment d'un comportement opportuniste: pour la
confiance institutionnelle, un cadre reglementaire adequat; pour la
confiance organisationnelle, des expertises complementaires; et pour la
confiance interpersonnelle, un milieu de travail commun. Un cadre
institutionnel et reglementaire regissant les PPP et un contrat
comportant des objectifs mesurables se sont averes essentiels pour
encadrer adequatement le developpement de la confiance institutionnelle.
Au niveau organisationnel, des mecanismes de decision, de gestion et de
resolution de problemes bien definis et partages offrent l'avantage
de regulariser les processus de travail et de fournir un guide en cas de
conflits. Finalement, des equipes interdependantes, des locaux communs
et une communication reguliere et directe entre les employes des deux
parties favorisent un climat de collaboration qui mene au developpement
et au maintien de la confiance interpersonnelle tout au long du projet.
Ces divers outils ressortent comme autant de moyens pour les
gestionnaires de mettre en place les conditions essentielles au
developpement de la confiance dans le cadre de partenariats
public-prive.
Notes
(1) D. Osborne et T. Gaebler, << Reinventing Government: How
the Entrepreneurial Spirit is Transforming the Public Sector >>,
Addisson-Wesley Publishing Company, 1992; voir aussi P. Vaillancourt
Rosenau, << Public-Private Policy Partnerships >>, edite par
Pauline Vaillancourt Rosenau (Cambridge, MA: MIT Press, 2000).
(2) S. Domberger et P. Fernandez, << Public-Private
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1999, pp. 29-39.
(3) P.S. Ring et A.H. Van de Ven, << Structuring Cooperative
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Journal--13, 1992, pp. 483-98; voir aussi J.B. Thomas et L.K. Trevino,
<< Information processing in strategic alliance building: A
multiple-case approach >>, The Journal of Management Studies--5,
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(4) C.P. Holland, << The Importance of Trust and Business
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Sieber et J. Griese, Organisational Virtualness, 1998, pp. 53-64.
(5) K. Arrow, << The Economics of Moral Hazard: Further
Comment >>, American Economic Review, 1968, pp. 537-39.
(6) P. Dasgupta, << Trust as commodity >>, dans D.
Gambetta, Trust: making and breaking cooperatire relations (Oxford:
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(7) C.P. Holland, op. cit.
(8) K. Arrow, The limits of organization (New York: Norton, 1974).
(9) W. Bennis, Leaders: the Strategiesfor Taking Charge (New York:
Harper & Row, 1985).
(10) L.G. Zucker, << Production of Trust: Institutional
Sources of Economic Structure: 1840-1920 >>, dans B. Staw et L.
CummIngs, Research in Organization Behaviour--8 (Greenwich, CT: JAI Press, 1986), pp. 53-111.
(11) F. Fukuyama, Trust: The Social Virtues and the Creation of
Prosperity (New York: Free Press, 1995).
(12) C. Thuderoz et V. Mangematin, Des mondes de confiance (Paris :
CNRS editions, 2003).
(13) B. Nooteboom, << Trust, opportunism and governance: A
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Management Journal--40, 1997, pp. 308-38.
(14) O.E. Williamson, Markets and Hierarchies: Analysis and
Antitrust hnplications (New York: Free Press, 1975); voir aussi Id., The
Economic Institutions of Capitalism (New York: Free Press, 1985).
(15) Id., Calculativeness, Trust, and Economic Organization,
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(16) M. Granovetter, << Economic action and social structure:
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(17) R. Morgan et S. Hunt, << The commitment-trust theory of
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(18) N. Kumar, L. K. Scheer et J-B. Steenkamp, << The Effects
of Perceived Interdependence on Dealer Attitudes >>, Journal of
Marketing Research--32, 1995, pp. 348-56.
(19) S. Ganesan, << DetermInants of Long-term Orientation in
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(20) D.M. Rousseau, S.B. Sitkin, R.S. Burt et C. Camerer, <<
Not so different after all: A cross discipline view of trust >>,
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(21) T.H. Chiles et J.F. McMackin, << Integrating variable
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MacCrimmon et D.A. Wehrung, Taking Risks: The Management of Uncertainty
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(22) J.D. Lewis et A. Weigert, <<Trust as a social
reality>>, Social Forces--63, 1985, pp. 967-85.
(23) B.H. Sheppard et D.M. Sherman, <<The grammars of Trust:
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(24) Traduction de << Personal Trust >>.
(25) N. Luhmann, Trust and Power (Chichester: Wiley, 1979); voir
aussi A. Giddens, The consequences of modernity (Cambridge, MA: Polity
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(26) M. Sako, << The role of trust in Japanese Buyer-Supplier
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(27) A. Zaheer, B. McEvily et V. Perrone, << Does trust
matter? Exploring the effects of interorganizational and interpersonal
trust on performance >>, Organization Science--9, 1998, p. 142.
(28) Voir P.S. Ring et A.H. Van de Ven, << Developmental
Processes of Cooperative Interorganizational Relationships >>,
Academy of Management Review--19, 1994, pp. 90-118; voir aussi M. Sako,
<< Does trust improve business performance? >> dans C. Lane
et R. Bachman, Trust within and between organizations (Oxford: Oxford
University Press, 1997); voir aussi P.M. Doney, J.P. Cannon et M.R.
Mullen, << Understanding the influence of national culture on the
development of trust >>, Academy of Management Review--23, 1998,
pp. 601-20.
(29) Voir C. Johnson-George et W. Swap, << Measurement of
Specific Interpersonal Trust: Construction and Validation of a Scale to
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Social Psychology--43, 1982, pp. 1306-1317; voir aussi J.K. Rempel, J.G.
Holmes et M.P. Zanna, << Trust in Close Relationships >>,
Journal of Personality and social Psychology--49, 1985, pp. 95-112.
(30) Zaheer et al., op. cit.
(31) P. Livet et B. Reynaud, <<Organizational Trust, learning
and implicit commitment>>, dans N. Lazaric et E. Lorenz, Trust and
Economic Learning (Londres: Edward Elgar Publishers, 1998).
(32) C. Koenig et G. Van Wijk, << Alliances interentreprises
: le role de la confiance >>, dans A. Noel, Perspectives en
management strategique (Paris: CETAI Economica, 1992).
(33) V. Mangematin, << La confiance : un mode de coordination
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dans D. Harrison, V. Mangematin et C. Thuderoz, La confiance : approche
economique et sociologique (Paris: Editions Gaetan Morin, 1999),
pp.30-56.
(34) E. Brousseau, << La gouvernance des processus de
cooperation >>, dans B. Bellon, C. Voisin et A. Plunket, La
Cooperation Industrielle, Paris, 2000.
(35) C. Thuderoz et V. Mangematin, op. cit.
(36) L.G. Zucker, op. cit.
(37) O.E. Williamson, 1993, op. cit.
(38) Gouvernement du Quebec, Secretariat du Conseil du Tresor,
sous-secretariat aux marches publics, 2004, site :
http://www.tresor.gouv.qc.ca/fr/modernisation/partenariat/question.asp
[Acces le 23 janvier 2006].
(39) S. Dawes et L. Prefontaine, << Understanding New Models
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Communications of the ACM--46, no 1, 2003, pp. 40-2.
(40) J.J.A.M. Reijniers, << Organization of Public-Private
Partnership Projects: The Timely Prevention of Pitfalls >>
International Journal of Project Management--12, 1994, pp. 137-42; voir
aussi T. Grant, << Keys to Successful Public-Private Partnerships
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(41) R. Friedman, << Bringing Mutual Gains Bargaining to
Labor Negotiations: The Role of Trust, Understanding, and Control
>>, Human Resource Management--32, 1993, pp. 435-59.
(42) F. Bidault et J.C. Jarillo, << La confiance dans les
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(43) B. Greenwald et J.E. Stiglitz, Information, Finance and
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Enterprise (Londres: Academic Press, 1992).
(44) L. Karpik, Les avocats : entre l'Etat, le public et le
marche, chapitre 8 (Paris: Gallimard, 1995).
(45) R.C. Mayer, J.H. Davis et F.D. Schoorman, << An
Integration Model of Organizational Trust >>, Academy of
Management Review--20, no 3, 1995, pp. 720-34; voir aussi B. Nooteboom,
H. Berger et N.G. Noorderhaven, op. cit.
(46) T. Loilier et A. Tellier, << Comment peut-on se faire
confiance sans se voir? Le cas du developpement des logiciels libres
>>, M@n@gement--17, 2004, pp. 275-306; voir aussi A. Zaheer, B.
McEvily et V. Perrone, op. cit.
(47) Greenwald et Stiglitz; Luhmann; Zucker, op. cit.
(48) V. Mangernatin, << The Simultaneous Shaping of
Organization and Technology within Cooperative Agreements >>, dans
R. Coombs, P. Saviotti, A. Richards et V. Walsh, Networks and Technology
Collaboration (Londres et New York: Edward Elgar Publishers, 1996).
(49) L.G. Zucker, op. cit.
(50) Zaheer et al., op. cit.
(51) L. Karpik, op. cit.
(52) L. Prefontaine L. Ricard et H. Sicotte, << Nouveaux
modeles de collaboration pour la prestation des services publics:
constats et defis>>, Groupe de recherche PIVOT, Rapport de
recherche du CEFRIO, 2001.
(53) L. Prefontaine, et C. Maziade, << Cas : projet de
renovation cadastrale >>, dans << Nouveaux modeles de
collaboration pour la prestation des services publics : constats et
defis>>, L. Prefontaine, L. Ricard et H. Sicotte, Groupe de
recherche PIVOT, Rapport de recherche du CEFRIO, 2001.
(54) R.K. Yin, Case study research: design and methods (Beverly
Hills, CA: Sage Publications, 1984).
(55) L. Prefontaine, L. Ricard et H. Sicotte, << Nouveaux
modeles de collaboration pour la prestation des services publics :
constats et defis >>, Rapport de recherche du CEFRIO, 2002.
(56) J. Meyer et B. Rowan, << Institutionalized Organizations: Formal Structures as Myth and Ceremony >>, American
Journal of Sociology--83, 1977, pp. 340-63.
(57) L.G. Zucker, op. cit.
(58) Voir A. Jimenez, << La gouvernance d'un partenariat
public-prive dans un milieu sociopolitique turbulent: analyse d'un
cas latino-americain >>, Management International--8, ete 2004,
pp. 59-76; voir aussi R. Hommes, << The Problems of Public
Administration, Tinker Forum on the Role of the State in Latin America and the Caribbean >>, Cancun, Mexique.
(59) Voir E. Brousseau, op. cit.; voir aussi S.P. Shapiro, <<
The Social Control of Impersonal Trust >>, American Journal of
Sociology--93, 1987, pp. 623-58, et L. Zucker, op. cit.
(60) Nom commercial d'une application de gestion de bases de
donnees.
M. Valery Ramonjavelo est professeur de management a la Faculte
d'administration de l'Universite de Moncton. Lise Prefontaine
est professeure titulaire a l'Ecole des sciences de la gestion de
l'Universite du Quebec a Montreal. Dorra Skander est etudiante au
PhD en administration de l'Universite du Quebec a Montreal. Line
Ricard est professeure agregee a l'Ecole des sciences de la gestion
de l'Universite du Quebec a Montreal.
Tableau 1. Caracteristiques et determinants
de chacun des trois types de confiance
Type de confiance Caracteristiques et determinants
Interpersonnelle * Reputation personnelle
* Competence personnelle
* Experiences anterieures
* Objectifs communs
* Frequence des communications
* Proximite spatiale
* Bonne foi, bienveillance
* Loyaute envers les personnes
* Comportement non opportuniste
Interorganisationnelle * Reputation de l'organisation
* Competence, expertise
* Experiences anterieures
* Interit mutuel, objectif
commun
* Pouvoir relatif, dependance
* Processus de travail partage
* Bonne foi, bienveillance
* Respect des regles
* Mode de controle informel
* Comportement non opportuniste
Institutionnelle * Structure sociale formelle
* Systeme juridique credible
* Regles, lois et normes
institutionnelles
* Contexte organisationnel
et social
* Contrat et transactions
* Respect des institutions,
lois et regles
Type de confiance Auteurs
Interpersonnelle Zucker, 1986;
Friedman, 1993; (41)
Ring et Van de Ven, 1994;
Granovetter, 1994;
Kumar et al., 1995;
Morgan et Hunt,1994;
Thuderoz et
Mangematin, 2003.
Interorganisationnelle Granovetter, 1985;
Williamson, 1985;
Koenig et Van Wijk, 1992;
Ring et Van de Ven, 1994;
Bidault et Jarillo, 1995, (42)
Fukuyama, 1995;
Sako, 1997;
Doney, Cannon et
Mullen, 1998;
Thuderoz et
Mangematin, 2003.
Institutionnelle Zucker, 1986;
Greenwald et Stiglitz,
1992; (43) Williamson, 1993;
Karpik, 1995; (44)
Mangematin,1999;
Thuderoz et
Mangematin, 2003.
Tableau 2. Chronologie des evenements cles
Dates Evenements
1986 L'entreprise realise l'analyse preliminaire des problemes
technologiques auxquels pourrait itre confronte le
programme de reforme du cadastre quebecois.
1989 Elargissement du mandat a une analyse de l'impact de la
reforme sur la structure organisationnelle du ministere.
1992 * Modification et adoption de la Loi favorisant la reforme
du cadastre quebecois qui ouvre de nouvelles perspectives
pour l'informatisation des cadastres.
* Obtention du contrat d'integration par l'entreprise
privee pour la maitrise d'oeuvre du developpement
geomatique de la reforme cadastrale. Une premiere
au Quebec.
1992-1997 Pour la periode, neuf livrables sont dus par l'entreprise
privee
* 1992-1995: developpement des applications avec principaux
livrables
* Livrable 1 (apres 18 mois) : realisation de
l'architecture
* Livrables 2-3 (apres 3 ans) : operationnalisation et
debut du traitement des donnees
* 1995-1997: fonctionnement et entretien des systemes
* Livrable 4 a 9 : rapports et demandes de changement.
Tire de Prefontaine et Maziade (2001)