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文章基本信息

  • 标题:Allies and Adversaries: the Joint Chiefs of Staff, the Grand Alliance, and United States Strategy in World War II.
  • 作者:Capet, Antoine
  • 期刊名称:Canadian Journal of History
  • 印刷版ISSN:0008-4107
  • 出版年度:2004
  • 期号:December
  • 语种:English
  • 出版社:University of Toronto Press
  • 摘要:Voila un ouvrage qui arrive a point nomme, en ces temps ou les commemorations du soixantieme anniversaire du Debarquement en Normandie ont suscite de multiples reflexions sur la Deuxieme guerre mondiale dans la presse internationale, et ou la "liberation" de l'Irak en 2003 continue d'alimenter la controverse dans la communaute internationale. Stoler montre bien que "liberer" tel ou tel pays n'etait pour les elites politico-militaires americaines entre 1941 et 1945 qu'une consideration purement accessoire par rapport a l'objectif primordial: assurer la securite des Etats-Unis. Meme les lecteurs qui ont depuis longtemps compris ceja seront peut-etre choques par ce qu'il faut bien appeler le cynisme des chefs de guerre americains, que Stoler decrit avec une minutie feroce et devastatrice a partir d'une masse de documentation de tout premier choix.
  • 关键词:Books

Allies and Adversaries: the Joint Chiefs of Staff, the Grand Alliance, and United States Strategy in World War II.


Capet, Antoine


Allies and Adversaries: The Joint Chiefs of Staff, the Grand Alliance, and United States Strategy in World War II, par Mark A. Stoler. Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2000. xxii, 380 pp. $49.50 EU (couverture rigide), $21.95 EU (poche).

Voila un ouvrage qui arrive a point nomme, en ces temps ou les commemorations du soixantieme anniversaire du Debarquement en Normandie ont suscite de multiples reflexions sur la Deuxieme guerre mondiale dans la presse internationale, et ou la "liberation" de l'Irak en 2003 continue d'alimenter la controverse dans la communaute internationale. Stoler montre bien que "liberer" tel ou tel pays n'etait pour les elites politico-militaires americaines entre 1941 et 1945 qu'une consideration purement accessoire par rapport a l'objectif primordial: assurer la securite des Etats-Unis. Meme les lecteurs qui ont depuis longtemps compris ceja seront peut-etre choques par ce qu'il faut bien appeler le cynisme des chefs de guerre americains, que Stoler decrit avec une minutie feroce et devastatrice a partir d'une masse de documentation de tout premier choix.

La premiere quete de l'auteur porte sur la definition de la notion meme de politique nationale americaine en matiere de defense avant la Deuxieme guerre mondiale, notamment sur l'articulation entre le role des militaires et celui des hommes politiques, lie au primat du civil sur le militaire. Ce n'est pas la pur jeu intellectuel, car Stoler montre bien que celui qui l'emporte faconne la conception de la defense nationale. Par exemple, si c'est la marine qui a l'oreille des politiques, on donne de l'importance au Pacifique et a l'Asie du sud-est. En revanche, si c'est l'armee de terre, on se replie sur le pre carre des Ameriques, voire de l'Amerique du nord. Quant a l'Europe, elle apparait a tous apres 1918 comme une alliee peu sure, voire comme un ennemi potentiel, ce qui etait le cas du Royaume-Uni jusqu'au debut des annees 1930 selon les documents cites par Stoler, qui completent tres utilement ceux de John E. Moser (Twisting the Lion's Tail: American Anglophobia between the World Wars. New York University Press, 1999). Reprenant curieusement les arguments que les imperialistes britanniques du debut du XXe siecle appliquaient a leurs colonies, certains conseillers americains opposent au debut des annees 1940 la puissance virile (les Etats-Unis) a la puissance decadente (le Royaume-Uni), qui doit s'y subordonner, servant tout au plus de rampe de lancement ('launching pad') pour le deploiement de la force americaine.

Des l'entree en guerre des Etats-Unis, qu'elle avait tout fait pour eviter vu sa faiblesse, l'armee de terre tente de convaincre Roosevelt de l'inanite de plans d'etat-major qui feraient, grace a la magie des bombardements strategiques, l'economie d'un engagement massif des troupes americaines--la creation de 215 divisions est reclamee--pour l'aneantissement de la machine de guerre allemande, a qui elle donne la priorite sur celle du Japon. Stoler documente magnifiquement (il y a soixante pages de notes en fin de volume) les luttes de pouvoir qui se deroulent des lors entre les chefs des trois armes pour faire prevaloir leurs vues--le plus souvent contradictoires--aupres de leurs superieurs politiques, et notamment le president lui-meme. Il est clair qu'une strategie fondee sur la priorite donnee au Pacifique ("Pacific first") accroissait le rele de la marine, tandis que la reconquete de l'Europe reposerait sur l'armee de terre ou l'armee de l'air--selon qui on ecoutait.

Ce debat interne a-t-il ete influence par les pressions--la aussi le plus souvent contradictoires--exercees par Churchill et Staline lors des multiples rencontres au sommet avec Roosevelt? Entre les theses "mediterraneennes" (percues comme favorables aux interets imperialistes britanniques) de Churchill sur le "ventre mou" de l'Allemagne et les appels constants de Staline a la creation d'un "second front" (qu'un colonel americain visionnaire envisageait des aout 1941, mais qui renforcerait les positions sovietiques sur le continent eurasien), qui a arbitre, une fois admise la priorite donnee au theatre europeen, acquise au prix d'une crise majeure entre civils et militaires? C'est tout l'objet et tout l'interet du livre que l'examen de ces questions.

Stoler semble faire la part belle a Eisenhower, qui des la mi-1942 aurait tout compris avant les autres, notamment Roosevelt. Mais ce qui etait au centre de la conviction d'Eisenhower, a savoir que jamais la securite des Etats-Unis ne pourrait etre durablement assuree si le continent eurasien etait sous la coupe de l'Allemagne nazie, s'applique egalement a partir de 1945 a l'evidente domination sovietique. L'auteur a la-dessus de tres belles pages dans sa conclusion, ou il explique tres bien comment les anciens adversaires acharnes de l'Empire britannique dans les elites politico-militaires americaines se retrouvent soudain pleins de sollicitude pour la Grande-Bretagne, avec un nouvel avatar du concept de rampe de lancement, cette fois contre l'URSS.

On aura compris qu'il s'agit la d'un ouvrage important, tant pour les specialistes du processus de decision au sein des instances gouvernementales des EtatsUnis que pour ceux qui s'interessent aux relations anglo-americaines et americano-sovietiques, notamment a leur complexite au cours et a la suite de la Deuxieme guerre mondiale. Il faut parler ici de specialistes, car le texte est tres touffu, truffe de sigles et de noms de code qu'il faut se mettre en memoire apres leur elucidation dans les premieres pages, et rempli de noms propres ou geographiques que ne maitrise generalement pas le lecteur non averti. En un mot, la lecture en est difficile: on ne le conseillera pas au grand public cultive, ni meme aux jeunes etudiants (sauf peut-etre pour sa copieuse bibliographie de vingt pages). En revanche, toute bibliotheque universitaire se devra de le posseder a l'intention de ses doctorants.

Antoine Capet

University of Rouen, British Studies
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