Discrimination et linguicisme au Quebec: Enquete sur la diversite ethnique au Canada.
Bourhis, Richard Y. ; Montreuil, Annie ; Helly, Denise 等
Abstract
After defining discrimination and linguicism, the first part of the
paper provides a brief overview of employment problems experienced by
minority groups in Quebec. Part two offers results from a special
analysis of the Ethnic Diversity Survey (2003) dealing with experiencing
discrimination in Quebec and in the rest of Canada. Results show that in
Quebec, anglophones are more likely to report being victims of
discrimination than francophones and language/accent is seen as the main
cause of discrimination for both francophones and anglophones. In the
rest of Canada skin colour is seen as the main cause of discrimination
for anglophones, while francophones see language/accent as the main
cause of discrimination. Clearly linguicism is seen as the main cause of
discrimination in Quebec for both francophones and anglophones, while
this is the case only for francophones in the rest of Canada.
Resume
Cet article presente d'abord une definition de la
discrimination et du linguicisme suivi d'un apercu des problemes de
groupes minoritaires au Quebec lies a ces formes d'exclusion sur le
marche de l'emploi. Ensuite, l'article presente des resultats
de l'Enquete sur la diversite ethnique (2003) sur la discrimination
au Quebec et dans le reste du Canada. Les resultats montrent qu'au
Quebec, les anglophones sont plus susceptibles d'etre victimes de
discrimination que les francophones et qu'une majorite de
francophones et d'anglophones victimes de discrimination percoivent
que celleci est causee par la langue et/ou l'accent. Dans le RDC,
plus de la moitie des anglophones attribuent la discrimination subie a
leur << couleur >> alors que la majorite des victimes
francophones l'attribuent a la langue et l'accent. Alors que
dans le RDC, le linguicisme est subi surtout par les francophones, au
Quebec le linguicisme s'avere la principale cause de discrimination
pour les francophones comme pour les anglophones.
**********
J'ai fait une priorite de la lutte contre les discriminations
qui sont a l'origine des problemes actuels. Il faut diversifier
l'emploi au maximum, depuis l'embauche jusqu'a la
promotion des carrieres. Pour les minorites visibles, mais aussi pour
les femmes, les seniors ou les handicapes, afin que chacun trouve sa
place.
Azouz Begag, Ministre delegue a la Promotion de l'egalite des
chances, France, Entrevue de Paris Match, 10-16 novembre 2005, 103. Les
etudes demontrent que les prejuges et la discrimination sont des
facteurs qui nuisent a l'integration des immigrants et des
minorites visibles. En France, en novembre 2005 la violence dans les
banlieues fut en partie attribuable au sentiment de revolte de jeunes
'Blacks' et Maghrebins tres frequemment cibles par les
policiers lors de controles d'identite dans les transports en
commun, dans la rue et dans les magasins. En sus, les jeunes
d'origine maghrebine nes en France n'acceptent pas d'etre
victimes de prejuges et de discrimination dans le monde du travail et du
logement (Blier et de Royer 2001; Barrette et al. 2004). La politique
d'assimilation des minorites culturelles et linguistiques est en
panne et le mythe fondateur republicain ne suffit plus a masquer le
traitement inegal inflige aux immigrants et aux minorites visibles
(Jennings 2000).
Qu'en est-il de la situation au Quebec ou la politique
d'integration favorise plutot un respect de la pluralite culturelle
issue de l'immigration, mais ou aussi, comme dans le reste du
Canada, les minorites visibles estiment etre trop souvent victimes de
prejuges et de discrimination (Samuel 1997; Satzewich 1998; Rea et
Tripier 2003; Renaud et al. 2004)? Sans passe colonial et beneficiant
d'une immigration diversifiee issue de tous les continents, le
Quebec semble difficilement comparable a la France. Mais Montreal et
Paris, deux villes majoritairement francophones, ont en commun un
pourcentage assez faible d'immigrants (environ 18% de la population
metropolitaine de chaque ville) comparativement a de grandes metropoles
comme Miami, Amsterdam, Toronto, Vancouver, New York, Sydney et Londres
(figure 1).
Comme l'etymologie du mot l'indique, le prejuge est un
jugement a priori, un parti pris, une opinion preconcue qui concerne un
groupe de personnes ou un individu appartenant a ce groupe. Dans son
acceptation usuelle, le prejuge est defini comme une attitude negative
ou une predisposition a adopter un comportement negatif envers les
membres d'un groupe, qui repose sur une generalisation erronee et
rigide (Bourhis et Leyens 1999). Les sentiments les plus souvent
associes aux prejuges peuvent aller du simple inconfort en presence
d'un membre de l'exogroupe, a la mefiance, la peur, le degout
et l'hostilite (Bourhis et Montreuil 2004). Les prejuges peuvent se
manifester dans l'usage linguistique comme dans les comportements
non verbaux (Bourhis et Gagnon 2006). La discrimination, quant a elle,
est un comportement negatif dirige contre des membres d'un
exogroupe a l'endroit duquel on entretient des prejuges. Quand le
comportement discriminatoire est dirige contre les membres d'un
groupe ethnique autre que le notre nous parlons parfois de racisme.
Quand la discrimination est dirigee contre les membres d'un
exogroupe linguistique on parle de linguicisme. Il s'avere que,
comme avec toute autre forme de discrimination, ethnicisme,
ethnonationalisme, intolerance religieuse, racisme, un groupe dominant
peut recourir au linguicisme pour legitimer le traitement inegal de
groupes sociaux domines et / ou devalorises tels que les minorites
linguistiques, les minorites visibles, les immigrants et les autochtones
(Taguieff 1987, 1991; Wieviorka 1991; Bourhis et al. 1999; Sidanius et
Pratto 1999; Skutnabb-Kangas 2000; Jost et Major 2001).
La discrimination s'enracine souvent dans des prejuges mais
des recherches en psychologie sociale demontrent que les attitudes et
les comportements ne sont pas necessairement lies (Bourhis et Gagnon
2006). Un comportement est tributaire a la fois de convictions
personnelles et de circonstances externes pouvant echapper au controle
d'un individu. Par exemple, une personne peut developper des
prejuges a l'egard d'une minorite linguistique mais
s'abstenir de tout comportement discriminatoire car celui-ci est
socialement indesirable ou interdit par la loi et les chartes des droits
de la personne. Par contre, un individu sans prejuge envers les
homosexuels peut les discriminer sans le vouloir du fait de reglements
homophobes au sein de l'organisation pour laquelle il travaille.
Dans pareil cas on parle de discrimination indirecte et aussi de
discrimination institutionnelle.
LA DISCRIMINATION DANS LE MONDE DU TRAVAIL AU QUEBEC
Au Quebec, comme au Canada et en France, c'est dans le domaine
de l'emploi que la discrimination cause le plus de tort a ses
victimes et le plus de tensions intergroupes (Bataille 1997; Pendakur
2000; Blier et de Royer 2001; Potvin 2004). Au Quebec,
l'administration provinciale demeure l'employeur le plus
important de la province avec plus de 500 000 fonctionnaires. La
presence quasi exclusive de Quebecois francophones << de souche
>> dans l'administration publique provinciale fut un fait
apres la Revolution tranquille des annees 1960. A la suite des flux
migratoires des annees 1970, qui provinrent en majorite de pays non
europeens, le gouvernement provincial mit sur pied des campagnes de
recrutement pour assurer une representation plus equitable des
communautes culturelles (immigrants et allophones), des minorites
visibles, des minorites anglophones et des autochtones dans les
ministeres du gouvernement du Quebec. Malgre la mise en place de
programmes d'acces a l'egalite a partir de 1986, de graves
lacunes existent encore dans le recrutement de membres des communautes
culturelles au sein des organisations publiques provinciales, lacunes
exposees dans le rapport de la Commission des droits de la personne et
des droits de la jeunesse (Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse [CDPDJ] 1998). Les membres des communautes
culturelles, les anglophones et les autochtones sont sous-representes
dans la fonction publique quebecoise par rapport a leur proportion dans
la societe quebecoise (figure 2).
Les analyses de la CDPDJ ont montre que la sous-representation au
sein de la fonction publique ne pouvait s'expliquer par une
maitrise insuffisante du francais ou par un manque de competences des
candidats anglophones et des communautes culturelles, ni par une absence
de candidatures de leur part. Les enquetes laissent penser plutot que
les gestionnaires de l'administration quebecoise ont tendance a
privilegier les candidats qui partagent les memes reperes culturels et
linguistiques qu'eux, favorisant les candidats << quebecois
de souche >> lors du recrutement et de l'attribution
d'une promotion (Simard 1998). Au Quebec, les etudes demontrent que
dans les administrations civiles et les entreprises, les gestionnaires
du groupe majoritaire quebecois francophone basent souvent leurs
procedes de recrutement sur le bouche a oreille parmi les membres de
leur propre reseau social, limitant ainsi la possibilite de considerer
les candidats anglophones, les immigrants ainsi que les minorites
visibles. Une pratique courante dans les administrations publiques comme
dans les entreprises defavorise particulierement les candidats
anglophones, immigrants ou membres de minorites visibles : la
non-publication des postes disponibles (Conseil des relations
interculturelles [CRI] 1999; Barrette et Bourhis 2004). En 2003, Joseph
Facal qui etait alors president du Conseil du Tresor et ministre
responsable de l'administration et de la fonction publique du
gouvernement du Quebec, declarait : << Si nous souhaitons une
fonction publique representative de l'ensemble des personnes qui
composent le Quebec aujourd'hui, il reste beaucoup de travail a
faire ... Il faut sensibiliser les gestionnaires du gouvernement qui
font preuve d'une sensibilite insuffisante envers la diversite
>> (Le Devoir, 25 fevrier 2003). Neanmoins demeure encore
pregnante au sein de segments de la population provinciale l'idee
que les emplois du secteur public constituent un fief des Quebecois
francophones de souche. Cette idee date de la periode d'avant la
loi 101 quand s'imposait un rattrapage socio-occupationnel des
francophones peu representes dans les emplois professionnels et de
direction des entreprises. Elle est devenue anachronique depuis
l'adoption de la loi 101 et la mobilite ascendante des Quebecois
francophones dans les entreprises. Elle ne represente plus qu'une
defense d'acquis devenus des privileges et constitue le principal
obstacle a la representation des minorites au sein de
l'administration publique. Les solutions pour reduire
l'exclusion dans le monde du travail existent (Barrette et Bourhis)
et le defi est de convaincre les majorites dominantes d'appliquer
integralement les programmes d'acces a l'egalite existants
(Samuel 1997; CDPDJ 1998).
La situation observee dans l'administration civile provinciale
du Quebec n'est pas unique. On observe des tendances semblables au
sein de l'administration de la Ville de Montreal qui comptait plus
de 28 000 employes en 2005. Un rapport du Conseil interculturel de
Montreal (CIM 2005) revelait que les minorites ethniques qui
constituaient 29% de la population montrealaise, n'occupaient que
6% des postes de la ville. La situation etait la meme pour les minorites
visibles qui constituaient 21% de la population de Montreal au
recensement de 2001 et occupaient moins de 5% des postes de
l'administration municipale en 2005. Mieux servir les citadins
d'une ville multiethnique comme Montreal implique l'offre de
services municipaux par des employes qui connaissent et representent la
diversite culturelle et ethnique de la clientele. Selon le meme rapport,
l'administration montrealaise ne fait pas assez d'efforts pour
embaucher des candidats issus des minorites visibles et des minorites
ethniques et selon la presidente du Conseil interculturel de Montreal,
<< la ville n'a pas suffisamment de ressources, elle
n'est pas assez proactive et les structures actuelles continuent de
favoriser l'embauche des hommes montrealais de souche >>.
Pour se conformer a la Loi sur l'egalite en emploi adoptee par le
Gouvernement du Quebec en 2001, la Ville de Montreal devra mettre en
application, d'ici 2009, un plan d'acces a l'egalite
favorisant, a competences egales, l'embauche de femmes, de
minorites visibles, de minorites ethniques et d'autochtones
lorsqu'il y a sous-representation dans l'emploi dote (Le
Devoir, 9 juin 2005, 1).
Bien que les membres des minorites visibles constituaient 5% de la
population active au Quebec en 1996, ils etaient systematiquement
sous-representes dans les echelons superieurs et surrepresentes dans les
echelons inferieurs de l'emploi au Quebec (CRI 1999). Ainsi, pour
l'ensemble des emplois ils n'occupaient que 2% des postes de
contremaitre et 7% des postes de travailleurs manuels. Selon les donnees
censitaires de 2001, le taux de chomage de la population immigree (12%)
demeure superieur a celui de la population quebecoise non immigree (8%).
De plus, la proportion de chomeurs membres des minorites visibles
immigrees (15%) autant que nees au Quebec (14%) demeure importante au
Quebec. Commentant ces donnees, un rapport du Ministere des relations
avec les citoyens et de l'immigration (MRCI) notait:
Ces difficultes d'insertion en emploi sont paradoxales, dans la
mesure notamment ou les immigrants selectionnes en fonction du
marche de l'emploi presentent un niveau de qualification tres eleve
et ou, par ailleurs, le marche de l'emploi quebecois est de plus en
plus tributaire de l'apport de la population immigree pour la
satisfaction de ses besoins. En effet, en raison de la faiblesse
relative de la natalite au Quebec au cours des trois dernieres
decennies, une part croissante des nouveaux arrivants sur le marche
du travail provient de l'immigration. Ainsi, pour la periode de
1991 a 2001, plus de 60% de la croissance de la population active
est attribuable a l'immigration (MRCI 2003).
Parmi les facteurs invoques par le MRCI pour expliquer ces taux de
chomage importants des immigres et des minorites visibles, le rapport
mentionne les problemes lies a la non-reconnaissance par les
corporations professionnelles des formations et des experiences obtenues
a l'etranger, la discrimination a l'egard de membres des
minorites visibles, la meconnaissance du francais et / ou de
l'anglais et le manque d'experience de travail en contexte
quebecois (Cognet 2004; Potvin 2004).
Bien que le Quebec represente 23% de la population canadienne,
cette province n'attire en moyenne que 16% de l'immigration
totale au Canada. De plus, les resultats d'une etude longitudinale
ont demontre que 30% des immigrants finissent par quitter le Quebec
apres 10 annees de sejour (Renaud et Goyette 2002). Ces departs, surtout
vers l'Ontario, sont motives en grande partie par le manque
d'acces aux emplois dans le prive et surtout dans les
administrations civiles du gouvernement du Quebec et de la plupart des
municipalites y compris celle de Montreal (CDPDJ 1998; CRI 1999, 2001).
On assiste egalement a un exode des anglophones du Quebec vers les
autres provinces du Canada et, avec le depart des jeunes anglophones, le
Quebec perd un capital scientifique, economique et culturel. Au fil des
annees, ces tendances migratoires ont un effet negatif sur la proportion
d'anglophones au Quebec, passee de 13% en 1971 (789 000) a 8% en
2001 (591 380) soit une perte de pres de 200 000 anglophones pour la
province. Au terme d'une etude portant sur l'exode des jeunes
anglophones, Magnan et Gauthier (2004, 3-4) notent:
Il reste que l'on assiste a une diminution constante du nombre de
jeunes Anglo-Quebecois. Le taux de sortie du Quebec vers le reste du
Canada selon la langue maternelle des jeunes adultes de 25 a 34 ans
pour la periode de 1996-2001 etait de 15,8% pour la categorie <<
anglais, >> comparativement a 6,1% pour la categorie 'autre' et a
1,6 % pour la categorie << francais. >>
Precisons que l'apprentissage du francais par les anglophones
depuis la loi 101 et le depart d'un nombre important
d'anglophones unilingues font en sorte que le nombre
d'anglophones connaissant le francais est passe de 37% en 1971 a
67% en 2001 (Marmen et Corbeil 2004). A ce titre, Magnan et Gauthier
(2004, 52) observent :
Le niveau eleve de bilinguisme observe chez les jeunes anglophones
ne contribue pas a reduire leur propension a emigrer a l'exterieur
du Quebec. Ceci s'explique peut-etre par le fait que les jeunes
anglophones sont convaincus qu'ils ne peuvent pas rivaliser avec
leurs homologues francophones dans l'emploi malgre leurs habiletes
en francais. Ce sentiment de discrimination les pousserait a
partir. D'autre part, leur bilinguisme contribuerait a faciliter
leur mobilite au sein du Canada ... Le sentiment de ne pas etre
accepte au sein de la majorite francophone expliquerait en partie
l'exode des jeunes anglophones a l'exterieur du Quebec.
ETRE VICTIME DE DISCRIMINATION AU QUEBEC: ENQUETE SUR LA DIVERSITE
ETHNIQUE (EDE)
Les resultats d'une vaste enquete pancanadienne sur la
diversite ethnique, l'integration et la discrimination revelent
qu'au Quebec comme au Canada, les minorites visibles sont les plus
vulnerables a la discrimination. L'Enquete sur la diversite
ethnique (EDE, 2003) effectuee par Statistique Canada conjointement avec
le ministere de Patrimoine canadien a porte sur un echantillon
representatif de la population canadienne agee de 15 ans et plus. Plus
de 42 000 entrevues telephoniques d'une duree de 40 minutes furent
menees en 2002 avec un taux de reponses de 76%. Les entrevues se sont
deroulees non seulement en anglais ou en francais, selon le desir des
repondants, mais aussi dans d'autres langues qui representent la
diversite linguistique des Canadiens (le mandarin, le cantonais,
l'italien, le punjabi, l'espagnol, etc.) a l'aide
d'echelles de type Likert, les participants ont repondu par
telephone a plus d'une centaine de questions organisees autour de
treize themes portant sur la diversite ethnique au Canada.
La repartition de l'echantillon fut etablie a un tiers pour la
representation des Canadiens francais (Quebecois, Acadiens,
Franco-Ontariens, etc.) et des Canadiens anglais (d'origine
britannique). Etant donne le but principal de l'enquete, les deux
tiers des repondants etaient des immigrants (premiere, deuxieme et
troisieme generation), ainsi que des minorites visibles, qui en
conformite avec le recensement canadien incluaient les Noirs (Haitiens,
Jamaicains, Africains), les Indo-Pakistanais, les Asiatiques (Chinois,
Coreens, Japonais), les Arabes, et les Latino-Americains (Bourhis 2003,
16). Notons que selon le recensement de 2001, les minorites visibles
representent 13% de la population canadienne (trois millions de
personnes, ibid.).
Cette section presente certains resultats obtenus du module 10
'relations sociales' de l'enquete sur la diversite
ethnique (EDE), en particulier les questions 100, 120, et 130 portant
sur l'experience de discrimination au Quebec et au Canada.
PREVALENCE DES SENTIMENTS DE DISCRIMINATION
Nous presentons premierement les reponses a la question 100 de
l'enquete EDE croisees avec les caracteristiques des repondants
(genre, age, origine ethnique, langue maternelle, connaissance des
langues officielles, appartenance a une minorite visible, generation
immigrante). La question 100 etait presentee en ces termes lors des
entrevues telephoniques :
La discrimination peut survenir lorsqu'une personne est maltraitee
parce qu'elle est vue comme etant differente des autres. Au cours
des cinq dernieres annees, pensez-vous avoir ete victime de
discrimination ou traite (e) injustement par d'autres personnes a
cause de votre appartenance ethnique ou culturelle, de votre race
ou de la couleur de votre peau, de votre langue ou de votre accent,
ou de votre religion?
En general, les individus n'aiment pas avouer avoir subi de la
discrimination et entretenir l'image d'etre une victime ou un
membre d'une minorite stigmatisee ou devalorisee par un groupe
dominant. Avouer etre victime de discrimination constitue une menace
pour l'estime de soi (Taylor et al. 1996). Aussi, les individus
minimisent la discrimination dont ils sont personnellement victimes,
notamment par rapport a la discrimination subie par l'ensemble des
membres de leur endogroupe (Taylor et al. 1994). Pour ces raisons, il
est raisonnable de croire les individus qui avouent avoir ete victimes
de discrimination (Dupont et Leyens 2003). De plus, les recherches
demontrent que le sentiment d'avoir ete victime de discrimination
est un des elements qui influencent les strategies d'integration
des immigrants et des minorites visibles et linguistiques (Moghaddam et
Taylor 1987; Moghaddam 1992; Bourhis et al. 1997; Bourhis 200la;
Barrette et Montreuil).
A l'echelle de l'ensemble du Canada, seulement 8% des
hommes et 7% des femmes ont declare avoir ete victimes de discrimination
au cours des cinq dernieres annees. La proportion d'immigrants de
premiere generation (nes a l'exterieur du Canada) ayant declare
etre victimes de discrimination (13%) est plus elevee que la proportion
de Canadiens de deuxieme (6%) ou de troisieme generation (5%). La
proportion de repondants declarant avoir ete victimes de discrimination
est sensiblement la meme a Toronto (11%), a Vancouver (11%) et a
Montreal (9%). Le portrait est moins encourageant lorsque l'on
distingue les Canadiens << blancs >> (d'origine
canadienne francaise, canadienne anglaise et europeenne) et les
Canadiens appartenant a des minorites visibles. A l'echelle du
Canada, seulement 5% des Canadiens blancs declarent avoir ete victimes
de discrimination alors que ce pourcentage passe a 20% dans le cas des
minorites visibles. Ainsi, que l'on soit a Toronto (22%), Vancouver
(19%), ou Montreal (19%), ce sont les membres des minorites visibles
beaucoup plus que les autres Canadiens qui portent le fardeau de la
discrimination.
Une autre analyse a compare le sentiment d'avoir ete victime
de discrimination au Quebec a ce meme sentiment dans le reste du Canada
(RDC) en fonction de l'origine ethnique des repondants. La figure 3
montre que la proportion de membres de la minorite canadienne francaise
residant hors Quebec ayant subi de la discrimination est deux fois plus
elevee (14%) que la proportion de Canadiens francais residant au Quebec
ayant subi de la discrimination (8%). De meme, les Canadiens anglais
residant au Quebec ont rapporte avoir ete victimes de discrimination en
plus forte proportion (14%) que leurs homologues vivant dans le reste du
Canada (11%). La proportion de Canadiens d'origine europeenne
residant au Quebec qui rapportent avoir subi de la discrimination est
plus elevee (17%) que la proportion de Canadiens vivant ailleurs au
Canada (11%). Neanmoins, ce sont encore les minorites visibles qui
subissent le plus de discrimination, surtout dans le reste du Canada
(35%), mais aussi au Quebec (30%).
D'autres analyses en fonction de la langue maternelle des
repondants, toutes origines ethniques confondues, montrent que 12% des
francophones vivant hors du Quebec disent subir une discrimination
comparativement a 7% des francophones du Quebec. La situation des
repondants dont la langue maternelle est l'anglais (toutes origines
ethniques confondues) est problematique au Quebec, ou 25% d'entre
eux declarent avoir ete victimes de discrimination contre 12% des
anglophones dans le reste du Canada. Notons que les allophones (langue
maternelle autre que le francais ou l'anglais) declarent etre
victimes de discrimination autant au Quebec (20%) que dans le reste du
Canada (22%). Dans l'ensemble, ces resultats montrent que les
repondants qui appartiennent a une minorite linguistique sont tres
susceptibles d'etre victimes de discrimination et ce linguicisme
est subi surtout par les minorites francophones dans le reste du Canada
et par les minorites anglophones au Quebec.
Les analyses menees au Quebec en fonction de l'origine
ethnique et de la langue maternelle des repondants montrent (figure 4)
que la proportion de Canadiens anglais declarant avoir subi de la
discrimination est deux fois plus elevee (18 %) que la proportion de
Canadiens francais (7 %). Qu'une plus petite proportion de
Canadiens francais declare avoir ete victime de discrimination au Quebec
temoigne du statut de majorite dominante atteint par les Quebecois
francophones (Bourhis 2001b). La meconnaissance du francais
pourrait-elle en partie expliquer la discrimination subie par les
anglophones du Quebec? Pour l'ensemble de la province, le nombre
d'anglophones connaissant le francais est passe de 37% en 1971 a
67% en 2001, ce qui fait que la meconnaissance du francais peut
difficilement expliquer la discrimination subie par les anglophones du
Quebec. Notons de plus que, depuis la popularite des ecoles
d'immersion francaise du reseau scolaire anglophone au Quebec (50%
a l'echelle du Quebec, 75% a Montreal, McAndrew 2002), la plupart
des anglophones unilingues du Quebec se retrouvent plutot dans la
tranche la plus agee de cette minorite linguistique de la province.
Toujours au Quebec, la figure 4 montre aussi que la proportion de
repondants d'origine europeenne de langue maternelle anglaise qui
rapportent avoir subi de la discrimination est plus elevee (25%) que la
proportion de repondants europeens de langue maternelle francaise (17%).
La situation est encore plus problematique pour les minorites visibles
dont la langue maternelle est l'anglais : 41% d'entre eux
declarent avoir ete victime de discrimination au cours des cinq
dernieres annees. Au Quebec, la double categorisation minorite visible
et anglais langue maternelle rend particulierement vulnerables les
individus appartenant a cette double minorite. De plus, meme les
minorites visibles ayant le francais comme langue maternelle subissent
de la discrimination (28%). Ainsi au Quebec, il semble que la
connaissance du francais, meme en tant que langue maternelle, n'est
pas suffisante pour proteger les minorites visibles contre la
discrimination.
Il est interessant de noter que, dans le reste du Canada, les
minorites visibles ayant le francais comme langue maternelle sont moins
susceptibles d'avoir ete victimes de discrimination (32%) que les
minorites visibles dont la langue maternelle est l'anglais (47%).
Dans l'ensemble, les resultats montrent que la discrimination
demeure un probleme de taille surtout pour les minorites visibles au
Quebec et ailleurs au Canada, une realite deja documentee dans les
etudes sociologiques canadiennes (Samuel 1997; Satzewich 1998; Fleras et
Elliott 1999; Pendakur 2000; Piche et Renaud 2002). Compte tenu que plus
d'un tiers des membres des minorites visibles declare etre victime
de discrimination, il est difficile pour les gouvernements en place et
les citoyens en general d'ignorer les problemes de discrimination
et de racisme, autant au Quebec qu'au Canada. De plus, ces
resultats montrent que le linguicisme est subi surtout par les minorites
francophones hors Quebec, par les minorites anglophones au Quebec et par
les allophones autant au Canada anglais qu'au Quebec.
PERCEPTION DES MOTIFS DE DISCRIMINATION
Dans l'enquete EDE, les repondants ayant declare avoir ete
victimes de discrimination devaient aussi repondre a la question 120
formulee de la facon suivante :
Au cours des cinq dernieres annees, pour quelle(s) raison(s)
pensez-vous avoir ete victime de discrimination ou traite(e)
injustement? Etait-ce en raison de : (1) votre appartenance
ethnique ou culturelle? (2) votre race ou la couleur de votre peau?
(3) votre langue ou votre accent? (4) votre religion?
La figure 5a montre les resultats obtenus au Canada excluant le
Quebec, en fonction de la langue maternelle des repondants (toutes
origines ethniques confondues). Hors Quebec, la discrimination est
surtout suscitee par la race et la couleur de la peau dans le cas des
anglophones (56%) et des allophones (53%), alors que la proportion de
francophones qui rapportent avoir subi de la discrimination pour cette
raison est faible (12%). L'appartenance ethnique ou culturelle est
rapportee comme cause de la discrimination surtout par les allophones
(36%), mais aussi par les francophones (30%) et les anglophones (27%).
Notons que peu de repondants invoquent la religion comme une des causes
de la discrimination qu'ils ont subie, les francophones (8%) etant
proportionnellement moins touches a cet egard que les allophones (13%)
et les anglophones (16%). Par ailleurs, hors Quebec la discrimination
attribuable a la langue ou l'accent est plus souvent invoquee par
les minorites allophones (39%) que par les membres de la majorite
anglophone (25%). Fait saillant, les resultats demontrent que 68% des
francophones ayant subi de la discrimination au Canada anglais declarent
avoir ete victimes de linguicisme durant les cinq dernieres annees. Plus
d'un million de Canadiens francais vivent hors Quebec, et leur
dispersion de l'Atlantique au Pacifique fait en sorte que ces
francophones bilingues sont en contact constant avec les Canadiens
anglais et l'ensemble des autres minorites linguistiques et
culturelles du pays. L'intensite de ces contacts interculturels
augmente la probabilite pour les francophones d'etre victimes de
linguicisme, et ce, dans un contexte historique ou les Canadiens
francais ont longtemps ete consideres comme une minorite linguistique
devalorisee au Canada anglais (Bourhis 1994; Landry et Rousselle 2003).
Les resultats obtenus au Quebec en fonction de la langue maternelle
des repondants (toutes origines ethniques confondues, figure 5b)
montrent que les repondants victimes de discrimination attribuent
celle-ci en grande partie a leur langue et a leur accent et ce, autant
chez les repondants anglophones (67%) que francophones (61%). Dans le
cas des allophones, la discrimination est attribuee a la langue et a
l'accent (52%) mais aussi a l'appartenance ethnique (40%) et,
dans une moindre mesure, a la couleur de la peau (33%). Notons que peu
de repondants invoquent la religion comme une cause de discrimination.
Le linguicisme semble donc une des sources majeures de discrimination au
Quebec, un constat qui temoigne de la saillance des tensions
linguistiques dans cette province (Bourhis 1984, 1994, 200lb). Par
ailleurs, les resultats de cette question de l'enquete EDE ne
permettent pas de preciser si le linguicisme est lie a un accent en
francais ou en anglais ou a un bilinguisme francais/anglais defaillant
ou a l'usage d'une langue autre que le francais ou
l'anglais en situation de communication publique.
LIEUX DE LA DISCRIMINATION
Les repondants de l'enquete EDE ayant declare etre victimes de
discrimination devaient aussi repondre a la question 130 du module 10,
formulee de la facon suivante:
Au cours des cinq dernieres annees, a quel(s) endroit(s) ou dans
quelle(s) situation(s) avez-vous ete victime de discrimination ou
traite(e) injustement par d'autres personnes? Etait-ce (1) dans la
rue? (2) dans un magasin, une banque ou un restaurant? (3) au
travail ou au moment de presenter une demande d'emploi ou
d'avancement? (4) dans vos rapports avec la police ou les
tribunaux? (5) a l'ecole?
Les resultats obtenus hors Quebec en fonction de la langue
maternelle des repondants (toutes origines ethniques confondues, figure
6a) montrent que la discrimination est surtout vecue au travail, comme
en temoignent les Canadiens de langue maternelle francaise (52%), les
allophones (52%), et les Canadiens de langue maternelle anglaise (45%).
La discrimination est aussi presente dans les magasins, banques et
restaurants autant pour les francophones (29%) que pour les anglophones
(31%) et les allophones (32%) alors que, dans la rue, la discrimination
touche plus largement les allophones (28%) et les anglophones (26%) que
les francophones (9%). Vu sa culture meritocratique, l'ecole
n'est pas un lieu de discrimination intense bien que les resultats
varient quelque peu selon la langue maternelle des repondants, les
francophones rapportant moins de discrimination en ce lieu (7%) que les
anglophones (11%) et les allophones (11%). Quant a la discrimination
subie de la part de la police et dans les tribunaux, les resultats
varient selon la langue maternelle; elle est dite moins frequente par
les francophones (6%) et les anglophones (8%) que par les allophones
(12%).
La discrimination dans le milieu de travail est vecue souvent au
moment de presenter une demande d'emploi ou d'avancement et
ce, surtout selon les repondants allophones (57%), selon ceux dont la
langue maternelle est l'anglais (47%) et dans une moindre mesure
selon ceux dont la langue maternelle est le francais (42%). La
discrimination dans les magasins, banques et restaurants est une realite
vecue surtout par les anglophones (50%) et moindrement par les
francophones (33%) et les allophones (28%). Dans la rue, la
discrimination est moins frequente et concerne la meme proportion
d'anglophones (25%), de francophones (22%) et d'allophones
(21%). Une plus grande proportion d'anglophones rapporte avoir subi
de la discrimination dans les rapports avec la police et les tribunaux
(23%) comparativement aux allophones (8%) et aux francophones (3%). Ces
derniers resultats peuvent refleter en partie la realite des minorites
visibles dont la langue maternelle est l'anglais et qui peuvent
etre victimes de profilage racial. Finalement, peu de discrimination est
vecue a l'ecole bien que la proportion d'allophones declarant
en etre victimes dans ce milieu (13%) est deux fois plus elevee que la
proportion de francophones (5%) ou d'anglophones (5%).
CONCLUSION
Les resultats de l'Enquete sur la diversite ethnique (EDE)
demontrent que la discrimination est vecue surtout dans le monde du
travail. Dans le cas du Quebec, cela reflete le probleme d'emploi
evoque precedemment a propos de l'administration publique au
niveaux provincial et au municipal, probleme qui est surtout le lot des
minorites visibles, des anglophones et des immigrants. L'enquete
EDE a l'avantage de montrer l'ampleur du linguicisme au Quebec
dans une conjoncture ou l'immigration demeure une necessite
incontournable. Le defi est d'agir pour assurer l'egalite des
chances surtout dans le monde du travail, pilier de l'integration
des immigrants et des minorites visibles au Quebec comme au Canada et
c'est aux autorites publiques et a la majorite d'accueil de
prendre les moyens necessaires afin d'assurer cette egalite.
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Seuil.
REMERCIEMENTS
Cette recherche a ete rendue possible grace a Statistique Canada,
Patrimoine canadien et le volet 5 d'Immigration et Metropoles a
Montreal. Les analyses speciales de l'Enquete sur la diversite
ethnique ont ete possibles grace a la precieuse collaboration de
Jennifer Chard (Statistique Canada, Vancouver). Ce texte n'implique
aucun cautionnement par Statistique Canada ou Patrimoine canadien.
RICHARD Y. BOURHIS s'est joint au Departement de psychologie
de l'Universite du Quebec a Montreal en 1989, ou il est professeur
titulaire a ce jour. Il a ete elu Fellow de la Societe Canadienne de
Psychologie en 1988, et membre de la Society for Experimental Social
Psychology aux Etats-Unis en 1991. Il a ete directeur a I'UQAM de
la Chaire Concordia-UQAM en etudes ethniques de 1996 a 2006. En juin
2006, il a ete nomme directeur du Centre d'etudes ethniques des
universites montrealaises (CEETUM) a l'Universite de Montreal.
ANNIE MONTREUIL a travaille pour le compte du Commissaire aux
langues officielles et pour le ministere du Patrimoine canadien avant
d'effectuer un stage postdoctoral a l'Universite
d'Utrecht aux Pays-Bas ou elle s'est jointe au European
Research Center on Migration and Ethnic Relations (ERCOMER). Elle occupe
actuellement un poste de conseillere scientifique a l'Institut
national de sante publique du Quebec et maintient son affiliation au
Laboratoire d'etude des communications et des relations
intergroupes de l'Universite du Quebec a Montreal.
DENISE HELLY est professeur-chercheur a l'Institut national de
recherche scientifique, Centre Urbanisation, Culture, et Societe. Elle a
publie dix ouvrages en son nom et trois collectifs et divers articles
sur les Chinois d'Outre-Mer (Cuba, Mascareignes, Quebec), les
minorites nationales en Chine, le multiculturalisme canadien, les
politiques quebecoises d'integration des immigres, l'histoire
des idees de nation et de citoyennete, la cohesion sociale et
l'insertion des musulmans au Canada et en Europe.
LORNA JANTZEN is a senior researcher at the Department of Canadian
Heritage, Citizenship and Heritage Sector. She was a member of the
working committees for two Statistics Canada post-censal surveys: the
2002 Ethnic Diversity Survey, and the 2001 Aboriginal Peoples'
Survey.
Fig. 1. Pourcentage de la population metropolitaine nee a
l'etranger, 2000-2001.
Paris 18%
Montreal 18%
Londres 27%
Bruxelles 27%
Sydney 31%
New York 34%
Los Angeles 36%
Vancouver 39%
Toronto 45%
Amsterdam 47%
Miami 51%
Source: L. Benton Short, M.D. Price, and S.
Friedman, 2005, Globalization from Below: The Ranking of Global
Immigrant Cities, International Journal of Urban and Regional
Research 29: 953.
Note: Table made from bar graph.
Fig. 2. Groupes minoritaires dans la fonction publique du Gouvernement
du Quebec.
% des employes dans % de la population
la fonction publique au Quebec
Autochtones 0,50% 1,20%
Anglophones 0,80% 8%
Communaute's culturelles 2% 9%
Source: commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse (CDPDJ), 1998, Les programes d'acces a l'egalite au Quebec,
46.
Note: Table made from bar graph.
Fig. 3. Origine ethnique des repondants ayant ete victimes de
discrimination au Quebec et dans le reste du Canada.
Lieu de residence des Lieu de residence des
repondants: Quebec repondants: Reste du
Canada
Canadiens-francais 8% 14%
Canadiens-anglais
(origine britannique) 14% 11%
Origine europeenne 17% 11%
Minorites visibles 30% 35%
Source: Enquete sur la diversite ethnique, 2003.
Note: Table made from bar graph.
Fig. 4. Origine ethnique et langue maternelle des repondants residant
au Quebec qui declarent avoir subi de la discrimination.
Langue maternelle: Langue maternelle:
francais anglais
Origine canadienne 7% 18%
Origine europeenne 17% 25%
Minorites visibles 28% 41%
Source: Enquete sur la diversite ethnique, 2003.
Note: Table made from bar graph.
Fig. 5a. Cause(s) percue(s) de la discrimination, selon la langue
maternelle des repondants dans le reste du Canada (RDC)
Pourcentage parmi les repondants ayant subi de
la discrimination
Langue Langue Langue
maternelle: maternelle: maternelle:
francais anglais autre
Religion 8% 16% 13%
Race ou couleur
de la peau 12% 56% 53%
Appartenance
ethnique ou
culturelle 30% 27% 36%
Langue ou accent 68% 25% 39%
Source: Enquete sur la diversite ethnique, 2003.
Note: Table made from bar graph.
Fig. 5b. Cause(s) percue(s) de la discrimination, selon la langue
maternelle des repondants au Quebec.
Pourcentage parmi les repondants ayant subi de
la discrimination
Langue Langue Langue
maternelle: maternelle: maternelle:
francais anglais autre
Religion 8% 16% 13%
Race ou couleur
de la peau 12% 56% 53%
Appartenance
ethnique ou
culturelle 30% 27% 36%
Langue ou accent 68% 25% 39%
Source: Enquete sur la diversite ethnique, 2003.
Note: Table made from bar graph.
Fig. 6a. Lieux ou situations ou la discrimination, a ete vecue, selon
la langue maternelle des repondants dans le reste du Canada (RDC)
Pourcentage parmi les repondants ayant subi de
la discrimination
Langue Langue Langue
maternelle: maternelle: maternelle:
francais anglais autre
A l'ecole 7% 11% 11%
Avec la police ou
dans les tribunaux 6% 8% 12%
Dans la rue 9% 26% 28%
Dans un magasin, une
banque, ou un
restaurant 29% 31% 32%
Au travail (ou lors
d'une demande
d'emploi ou
d'avancement) 52% 45% 52%
Source: Enquete sur la diversite ethnique, 2003.
Note: Table made from bar graph.
Fig. 6b. Lieux ou situations ou la discrimination, a ete vecue, selon
la langue maternelle des repondants au Quebec.
Pourcentage parmi les repondants ayant subi de
la discrimination
Langue Langue Langue
maternelle: maternelle: maternelle:
francais anglais autre
A l'ecole 5% 5% 13%
Avec la police ou
dans les tribunaux 3% 23% 8%
Dans la rue 22% 25% 21%
Dans un magasin, une
banque, ou un
restaurant 33% 50% 28%
Au travail (ou lors
d'une demande
d'emploi ou
d'avancement) 42% 47% 57%
Source: Enquete sur la diversite ethnique, 2003.
Note: Table made from bar graph.