Amenager Diversite Culturelle, Langue et Education: Un Regard Comparatif sur le Quebec et la Flandre.
Mc Andrew, Marie ; Verlot, Marc
RESUME/ABSTRACT
Partout dans le monde, et notamment au sein des societes
occidentales receptrices de flux migratoires, la diversite linguistique
et culturelle pose des defis majeurs aux systemes scolaires ainsi
qu'aux institutions educatives. Dans les contextes ou
l'identification du groupe majoritaire est complexe, soit parce
qu'il s'agit d'Etats appartenant a un ensemble national
plus large ou parce qu'historiquement la communaute
demographiquement majoritaire y a connu un statut de minorite
sociologique, ces defis sont largement amplifies. Dans le cadre de cet
article, nous nous interessons specifiquement a l'apport potentiel
d'une comparaison entre le Quebec et la Flandre, tant au plan de la
comprehension des liens entre la diversite culturelle, la langue et
l'education dans de tels contextes, qu'a celui d'une
fecondation possible des politiques et pratiques. Celui-ci comporte donc
deux grandes parties, d'une part, une analyse de la comparabilite
des deux contextes sociaux et educatifs et, d'autre part, une
reflexion sur les zones d'enrichissement mutuel en ce qui concerne
les interventions educatives.
Everywhere in the world, including the western societies that
receive immigrants, linguistic and cultural diversity is a source of
major challenges for schooling systems as well as for educational
institutions. These challenges are considerably amplified in contexts
where the identification to a majority group is complex, either because
the states at issue belong to a broader national entity or because,
historically, the demographically dominant community has had a minority
status from a sociological perspective. In this article, we explore the
potential benefits to be derived from a comparison between Quebec and
Flanders with respect to both understanding the links between cultural
diversity, language, and education in such contexts, and the possible
refinement of policies and practices. This article is therefore divided
into two main parts: the first analyzes the comparability of the two
social and educational contexts, the second explores areas of mutual
enrichment in relation to actions in the realm of education.
INTRODUCTION
Partout dans le monde, et notamment au sein des societes
occidentales receptrices de flux migratoires, la diversite linguistique
et culturelle pose des defis majeurs aux systemes scolaires ainsi
qu'aux institutions educatives (McAndrew 2001; Verlot 200la).
D'importants debats portent, entre autres, sur le degre ou le
plurilinguisme doit s'imposer par rapport a la langue nationale et
sur le jusqu'ou de l'adaptation institutionnelle au pluralisme
lace a la necessite de preserver le cadre commun necessaire a une
cohesion sociale minimale. Dans les contextes ou l'identification
du groupe majoritaire est complexe, soit parce qu'il s'agit
d'Etats appartenant a tin ensemble national plus large ou parce
qu'historiquement la communaute demographiquement majoritaire y a
connu un statut de minorite sociologique, ces defis sont largement
amplifies. En effet, dans ce type de societe qu'on peut
caracteriser comme les societes divisees ou les societes a ambiguite de
dominance ethnique (Schermerhorn 1970; Irwin 1992), les immigrants sont
confrontes a une double sollicitation au plan linguistique, identitaire,
voire meme a celui de l'allegeance politique (Boussetta 2000;
Juteau 2000; Sole 2000). Leur scolarisation ainsi que les debats qui
l'entourent s'inscrivent generalement dans un contexte
scolaire deja clive par la competition entre groupes nationaux
preoccupes de garder le controle de systemes propres afin d'assurer
la reproduction linguistique et culturelle de leur groupe (McAndrew
2002b; Verlot et al. 2003: Verlot et Delrue a paraitre). Par ailleurs,
meme dans le cas ou l'Etat a clairement statue a cet egard, le
statut ou le sentiment de securite linguistique du groupe majoritaire
auquel les immigrants sont convies a s'integrer demeure souvent
fragile. Cette situation ne peut que contribuer a accentuer les
craintes, soulevees egalement dans les contextes a dominance ethnique
simple, sur l'etendue et les consequences de divers changements
educatifs generes par la multiethnicite accrue des clienteles scolaires.
Dans le cadre de cet article, qui s'inscrit dans les travaux
du Reseau sur l'education dans les societes divisees qui regroupe
des chercheurs du Quebec, de la Catalogne, de l'lrlande du Nord et
de la Belgique (McAndrew et Gagnon 2000), nous nous interessons
specifiquement a l'apport potentiel d'une comparaison entre le
Quebec et la Flandre, tant au plan de la comprehension des liens entre
la diversite culturelle, la langue et l'education dans de tels
contextes, qu'a celui d'une fecondation possible des
politiques et pratiques. Celui-ci comporte donc deux grandes parties,
d'une part, une analyse de la comparabilite des deux contextes
sociaux et educatifs dans laquelle nous tentons notamment de mieux
cerner jusqu'a quel point ces deux societes repondent au modele
theorique decrit ci-haut et, d'autre part, une reflexion sur les
zones d'enrichissement mutuel en ce qui concerne les interventions
educatives. Toutefois, avant de nous engager dans cette triche, il est
esscntiel de rappeler l'esprit ou nous abordons ces perspectives
comparatives.
En effet, en education comparee, et de facon plus large en
politique comparee, la comparabilite n'est pas la similarite
(Farrell 1979; Holmes 1981). Au contraire c'est parce que les
differences existent qu'on peut apprendre des realites respectives.
Cet apprentissage peut se faire a deux niveaux. D'une part, au plan
heuristique, une ou quelques differences dans les contextes
sociopolitique ou educatif de deux societes qui partagent, par ailleurs,
des defis communs, peut precisement nous amener a mieux comprendre
l'impact specifique de ces differences de depart. Par exemple, et
nous y reviendrons plus loin, le fait d'avoir ou non une politique
active de selection d'une immigration permanente comme c'est
le cas au Quebec (Gagne et Chamberland 1999) ou d'avoir opte, a
quelques exceptions pres dont Bruxelles, pour un monolinguisme a base
territoriale au plan scolaire, comme c'est le cas en Belgique
(Witte et van Velthoven 1999).
D'autre part, au plan melioristique, soit a celui des echanges
qui visent l'amelioration des politiques, pratiques et programmes,
il y a longtemps que l'on n'en est plus au transfert simple
des interventions d'un contexte a un autre. Le role de la
comparaison est plutit d'elargir les perspectives, en
deconstruisant les differents a priori implicites sur ce qui est
possible ou impossible, legitime ou inacceptable dans une societe, en le
confrontant aux a priori tout aussi operants dans l'autre societe,
mais souvent fondamentalement differents (Mc Andrew 2001). Par
l'interrogation comparative des choix de politiques, programmes, et
interventions, l'echange international permet, soit de les
confirmer mais e partir d'une vision beaucoup plus claire de leurs
fondements ou, au contraire, de les repenser, non pas dans la foulee
immediate de ce qu'a fait l'autre societe. Dans ces limites,
nous avons donc l'intention de montrer ici que, tant au plan de la
comprehension des phenomenes culturels a l'etude que des solutions
mises en oeuvre, une comparaison Quebec/Flandre est susceptible de
generer des retombees significatives au niveau theorique aussi bien que
pour la pratique.
LES DEUX CONTEXTES SOCIAUX ET EDUCATIFS
Approfondissons donc maintenant la comparabilite des deux
contextes, tant au plan social plus large qu'a celui des choix
educatifs. Un premier element commun evident reside dans le fait que le
Quebec et la Flandre sont des entites, certains iraient meme
jusqu'a dire des nations, faisant partie d'ensembles nationaux
plus larges mais jouissant de suffisamment de pouvoirs, par le controle
d'un gouvernement propre, pour etre en mesure d'effectuer des
choix significatifs au plan sociopolitique et educatif (Juteau 2000;
Witte et van Velthoven 1999). Ces choix sont susceptibles d'avoir
un impact, non seulement sur le groupe ethnique historiquement lie au
developpement de la nation, soit les francophones au Quebec et les
neerlandophones en Flandre (appeles les Flamands ici apres), mais sur
l'ensemble des residents habitant sur le territoire, qu'ils
soient issus de l'immigration ou appartiennent a l'autre
communaute linguistique (les anglophones au Quebec et les francophones
en Flandre). Cette autonomie n'est evidemment pas sans limite, tant
a cause des constitutions nationales que de l'impact de
l'appartenance a des entites supranationales, surtout dans le cas
de l'Europe ou la protection des minorites nationales est mise de
l'avant (de Varennes 1997), parfois a l'encontre des
equilibres particuliers atteints dans chacun des Etats membres. Mais,
meme dans le contexte de mondialisation actuelle, elle demeure
significative.
A ce premier element, s'ajoute une seconde ressemblance, qui
en constitue d'ailleurs le fondement politico-ethique:le fait que
les deux societes sont le foyer d'une langue qui a historiquement
connu un rapport de pouvoir defavorable face a la langue
traditionnellement dominante de l'Etat federal, l'anglais,
encore aujourd'hui au Canada (Marmen et Corbeil 1999), et le
francais, du moins jusqu'aux annees 1970, en Belgique (Witte et van
Velthoven 1999). Les deux Etats ont egalement poursuivi des processus
relativement similaires visant a retablir le statut et la predominance de leur langue respective sur le plan politique, economique, scolaire et
culturel. De plus, signalons, comme derniere ressemblance, que si
aujourd'hui le marqueur linguistique est central dans la definition
des deux communautes historiquement en competition, la religion a
longtemps joue ce role opposant, au Canada et au Quebec, des Protestants
et des Catholiques (Juteau 1994; Proulx et Woerhling 1997), et en
Belgique, bien que dans une moindre mesure, des Flamands catholiques a
des Wallons davantage agnostiques ou athees (Martin 1994). Toutefois,
au-dela de ces elements cominuns, les contextes qui prevalent en matiere
de relations ethniques et de scolarisation sont bien differents, que
l'on se penche sur les communautes nationales de longue date ou sur
le rapport que cellesci entretiennent avec les communautes
d'origine immigree.
Le Statut et la Seolarisation des Communautes Nationales de Longue
Date
A premiere vue, la situation des Flamands, tant en Belgique
qu'en Flandre, apparait comme plus favorable que celle des
francophones au Canada et meme au Quebec. Le concept de societe a
ambiguite de dominance ethnique qui decrit bien la realite belge dans
son ensemble serait donc ici probablement moins pertinent. Representant
de fait la majorite demographique (60 % de la population:Institut
National de Statistique 1999), au sein d'un Etat qui se reconnait
constitutionnellement comme binational, les Flamands ont une plus grande
capacite de dominer l'Etat federal que ne peuvent l'esperer-et
ne l'esperent d'ailleurs pas-les francophones ou meme
l'ensemble des Quebecois qui comptent pour moins de 25 % de la
population canadienne (Statistique Canada 2002). La structure meme de la
Federation canadienne, qui reconnait dix provinces et non deux nations,
en temoigne (Cercle Gerald-Godin 1998). Le poids politique beaucoup plus
important de la communaute flamande a pour consequence, entre autres,
qu'il existe en Belgique moins de contradiction en matiere
d'amenagements linguistiques entre les divers niveaux de
gouvernement. La communaute flamande a ainsi ete en mesure
d'imposer, a l'exception de la region bruxelloise et de
quelques communes situees sur la frontiere linguistique, une solution
d'unilinguisme territorial, alors qu'au Quebec, on connait une
bien plus forte ambiguite a cet egard (Dujardin 2002). En effet, puisque
au Canada ce sont les individus qui sont porteurs de droits
linguistiques, la valorisation normative du bilinguisme et le soutien
etatique a cet egard depassent tres largement les seules institutions
federales entrant parfois en conflit avec les objectifs de la Loi 101
qui vise a assurer la predominance du francais (Comite intermmisteriel
sur la situation de la langue francaise 1996; Commission des Etats
generaux sur la situation et l'avenir de la langue francaise au
Quebec 2001). De plus, si la presence francophone en Flandre hors de
Bruxelles est extremement limitee (environ 300 000 sur 6 millions), la
communaute anglophone (10 % de la population quebecoise), bien que
concentree a Montreal, jouit d'un poids demographique non
negligeable dans certaines regions du Quebec (Jedwab 1996). De plus,
meme si l'hiatus s'est attenue a cet egard, les anglophones
continuent d'avoir un profil socio-economique legerement superieur
a celui des francophones.
Deux nuances sont toutefois a apporter en ce qui concerne le statut
plus favorable dont jouiraient les Flamands en Belgique et en Flandre
par rapport aux francophones au Quebec et au Canada. La premiere porte
sur la situation bien differente qui prevaut au sein des metropoles
respectives. Montreal, qui n'est la capitale ni du Canada ni du
Quebec, est, en effet, beaucoup plus francophone, tant au plan de la
langue maternelle (53 % de la population) qu'a celui de la langue
publique' (Beland 1999) que Bruxelles n'est neerlandophone.
Celle-ci compterait au maximum, selon diverses estimations puisque les
recensements a caractere linguistique ont ete abolis en Belgique en
1963, quelque 15 a 20 pour cent de locuteurs de langue maternelle
neerlandaise alors que cette langue pourrait representer, durant le
jour, environ un tiers des echanges de la vie publique (Janssens 2001).
Mais, dans les deux contextes, si l'anglais et le neerlandais
constituent respectivement la seconde langue de la vie publique, en ce
qui concerne la langue maternelle, les allophones depassent maintenant
les anglophones a Montreal (Statistique Canada 2002) ou les
neerlandophones a Bruxelles (Janssens 2001).
Une seconde nuance porte sur le degre d'oppression
linguistique qu'ont connu respectivement le francais et le
neerlandais qui, ici encore, retablit quelque peu la balance en faveur
des francophones au Quebec. En effet, si le francais dans les autres
provinces canadiennes a connu, et connait encore, des situations de
diglossie (Chevrier 1983), historiquemem, cela n'a pas ete le cas
au Quebec. A l'oppose des aleas qu'a connus le neerlandais en
Belgique, le francais y a toujours ete la langue de scolarisation pour
les francophones et ce, jusqu'aux etudes superieures, ainsi que la
langue de la culture, des medias et de la politique provinciale (Conseil
de la langue francaise 2000). Il est donc normal que la politique
linguistique quebecoise de 1977 ait vise, et vise encore, non pas la
renaissance du francais ou la literatie dans cette langue au sein de la
population francophone du Quebec, mais la promotion de son statut comme
langue commune de la vie publique et du marche du travail (Gouvernement
du Quebec 1977). De plus, en lien avec l'importance beaucoup plus
grande que joue l'immigration au sein de cette societe, le focus de
la Loi 101, notamment au plan scolaire, etait d'assurer que la
communaute francophone soit desornmis le groupe d'integration
linguistique des nouveaux arrivants et ce, notamment a Montreal
(McAndrew 2002c). Par ailleurs, meme si son statut est extremement
minoritaire en Amerique du Nord, le francais jouit d'un pouvoir
important au niveau international et le Quebec peut beneficier, dans ses
efforts de normalisation linguistique, de nombreuses solidarites au sein
de la francophonie mondiale (Gauthier 1995). Bien qu'il connaisse
un certain statut international, notamment au plan scientifique, il est
evident que le neerlandais ne beneficie pas d'atouts equivalents.
En ce qui concerne les amenagements structuraux qui gerent la
scolarisation des communautes d'implantation ancienne, la Belgique
et le Canada ont en commun la congruence assez etroite qui existe entre
les structures scolaires et les groupes historiquement definis (Martel
1996; Leman 1999; Medhoune et Lavallee 2000; McAndrew 2003). Les deux
societes partagent la meme valorisation normative de la completude
institutionnelle et du contr61e communautaire pour les minorites
nationales qu'ils privilegient nettement face a une option de
scolarisation commune ou de contacts scolaires intercommunautaires
frequents. Pour l'essentiel, les jeunes anglophones et francophones
ou francophones et neerlandophones sont largement scolarises dans des
reseaux distincts et ont peu l'occasion de developper des relations
significatives avec des pairs de l'autre communaute. (2) De meme,
les protections constitutionnelles, consenties aux minorites
linguistiques et religieuses dans le cas du Canada et aux deux
communautes dans le cas de la Belgique, ont pour effet que les
programmes et curriculum scolaire sont definis de maniere parallele sans
qu'un contenu commun de connaissance ou de socialisation ne soit
impose par un Etat central.
Mais lorsqu'on se tourne plus specifiquement vers la Flandre
et le Quebec, le degre d'integration de leur systeme scolaire
respectif demeure sujet a debat. A premiere vue, du moins au plan
linguistique, le systeme qui prevaut en Flandre peut apparaitre plus
simple, puisqu'il ne prevoit pas, comme au Quebec, un double reseau
linguistique permettant au groupe minoritaire ou aux groupes
d'origine immigree qu'il a assimiles, de frequenter une ecole
de l'autre langue (Mc Andrew 2003). Le statut majoritaire de la
communaute flamande y serait donc davantage conforte. Toutefois, la
situation qui prevaut a Bruxelles et a Montreal est bien differente. (3)
Dans le premier cas, c'est le libre marche linguistique qui est la
regle, tant pour les neerlandophones et les francophones que pour les
communautes d'origine immigrante (van de Craen et D'Hondt
1997; Janssens 2001; Verlot et Delrue a paraitre). C'est une
situation de concurrence entre etablissements pour l'attraction des
clienteles scolaires qui n'est pas sans rappeler celle qui
prevalait a Montreal avant l'adoption de la Loi 101. Dans ce second
cas, cette legislation a fait de la frequentation de l'ecole
francaise une obligation pour les francophones et les groupes immigrants
arrives apres 1977. Signalons toutefois que, malgre la regulation plus
forte du marche scolaire a Montreal, la traversee des frontieres
ethnolinguistiques par la frequentation d'une ecole de l'autre
secteur est un phenomene non negligeable, notamment chez les anglophones
qui beneficient d'une plus grande marge de manouvre a cet egard
(McAndrew 2003).
De plus, le gouvernement quebecois a manifeste un leadership plus
marque que son vis-a-vis flamand eia vue de favoriser la scolarisation
partagee des Quebecois de toutes origines, ou du moins
l'etablissement d'un cadre normatif et curriculaire commun aux
reseaux francophone et anglophone. L'abolition, en 1998, du systeme
scolaire confessionnel, qui generait quatre sous-secteurs scolaires
(angloprotestant, anglo-catholique, franco-protestant, et
franco-catholique) et l'etablissement d'une seule structure a
base linguistique represente probablement le pas le plus marquant dans
cette direction (Mc Andrew 2001), en contraste avec le marche
extremement complexe que represente l'offre scolaire flamande
structuree par des criteres religieux, ideologiques ou administratifs
(Verlot et al. 2003; Verlot et Delrue a paraitre).
Le Statut et la Scolarisation des Communautes d'Origine
Immigree
Lorsqu'on aborde le second enjeu de cet article, celui de
l'immigration et de l'adaptation a la diversite
ethnoculturelle issue de l'immigration, les differences entre le
Quebec et la Flandre sont probablement encore plus importantes, meme si
nous partageons certains defis. En cette matiere, les deux societes
ressemblent davantage a l'entite nationale et supranationale a
laquelle elles appartiennent, soit, pour le Quebec, au Canada et a
l'Amerique du Nord et, pour la Flandre, a la Belgique et a
l'Union Europeenne.
Au Quebec, prevaut le modele d'une societe d'immigration,
au sens strict de ce concept. Au-dela de la reconnaissance banale que
tous les pays recoivent des immigrants, celui-ci designe specifiquement
les societes qui se sont construites presque exclusivement par des
vagues rnigratoires successives et ou la definition meme de
l'identite collective est intimement liee a l'immigration
(Juteau et McAndrew 1992; McAndrew 2002a). A l'extreme, dans de
tels contextes, l'idee meme qu'un groupe pourrait constituer
le coeur historique de la nation est remise en question. Ce modele de
nation pluraliste s'applique, certes, davantage au Canada dans son
ensemble qu'au Quebec. Dans cette province, en effet, du fait de la
concentration du groupe francophone et de son experience historique de
Conquete et d'indgalite au sein de la Confederation canadienne, on
retrouve une dynamique identitaire constitude autour d'un noyau central, qui rappelle davantage le modele national europden (Juteau
1994). Toutefois, lorsqu'on aborde la situation actuelle, une
deuxieme caractdristique des pays d'immigration ramene clairement
le Quebec dans le camp du Canada et de l'Amdrique du Nord.
C'est le fait que I'immigration y est, non seulement subie
comme en Europe, mais activement recberchde, planifiee, selectionnee et
ce, dans un but d'etablissement permanent des candidats (Gagne et
Chamberland 1999; Mc Andrew 2002a).
Cette realite induit un ensemble de phenomenes inconnus ou, du
moins, nettement moins marques en Europe. Mentionnons, entre autres, un
acces extremement rapide A la citoyennetd (trois ans), une structuration de classe de la population immigrante sensiblement equivalente fi celle
de la population d'accueil (ce qui, au plan scolaire, a pour
consequence que defavorisation et multiethnicite ne co'incident pas
systematiquement) ainsi qu'une legitimite nettement plus grande de
la diversite ethnoculturelle, tant darts la societe civile qu'au
plan institutionnel. En effet, non seulement le poids demographique de
la population d'origine immigree est-il important au Canada comme
au Quebec (4) mais leur influence politique s'exerce aussi bien
davantage, vu l'acces rapide fi la citoyennete (Gouvemement du
Canada 1998; Simmons 1999). De plus, au plan symbolique, la presence des
immigrants, qui resulte d'une volonte collective, sinon toujours
clairement assumee par l'ensemble de la societe civile, peut
difficilement leur 6tre reprochee.
En Flandre, le rapport a l'immigration, plus recent, est bien
different. A l'instar de l'Europe, la Belgique ne poursuit pas
une politigue de recrutement actif ou de selection visant
l'etablissement permanent de nouveaux citoyens. Les immigrants
extracommunautaires (5) sont donc essentiellement issus du mouvement des
travailleurs dits "temporaires" et aujourd'hui egalement
des refugies ou des demandeurs d'asile. Leur statut
socio-economique est generalement bien inferieur celui de la population
d'accueil, leur acces A la citoyennete moins
"automatique" qu'au Canada et leur legitimite ati sein de
la societe civile et des institutions publiques nettement moins marquee.
Par ailleurs, meme si, a l'instar du Quebec, le gouvernement
flamand a developpe ses propres approches en matiere d'intdgration
des populations immigrees, l'accroissement de ses pouvoirs dans le
domaine de la selection des immigrants, par la negociation
d'accords similaires a ceux dont jouit le Quebec ati sein de la
Federation canadienne (McDougall et al. 1991), n'a pas encore
figure parmi ses priorites. A l'inverse, le fait que le poids
demographique de la population d'origine immigree soit moins
important en Flandre semble avoir pemais aux immigrants de vivre moins
de pression que n'en connaissent, et surtout que n'en ont
connu darts les anndes 1970, les immigrants ati Quebec. Jouant un rele
essentiel dans l'equilibre demolinguistique a Montreal, ceux-ci ont
ete-la plupart du temps a leur corps defendant-le focus principal de
l'action publique quebecoise en matiere de langue, notamment par
l'obligation de frdquentation de l'ecole francaise qui leur a
ete faite par la Loi 101 (Mallea 1977; Laferriere 1983).
Cette centralite de l'enjeu de l'immigration dans la
dynamique quebecoise a toutefois suscite un developpement marque,
surtout si l'on tient compte que l'essentiel de l'action
publique dans ce domaine a moins de vingt-cinq ans, des politiques,
programmes et interventions d'accueil et d'integration a leur
intention et d'education interculturelle de l'ensemble de la
clientele scolaire (McAndrew 2001). Apres une premiere periode,
qu'on peut caracteriser comme celle du multiculturalisme additif
(Banks 1988) ou les services d'apprentissage du francais et
d'enseignement des langues d'origine dominaient, on est ainsi
graduellement passe a une phase d'adaptation institutionnelle,
encore aujourd'hui inachevee, ou la question du comment et du
jusqu'ou prendre en compte la diversite culturelle et religieuse
est centrale. Le modele quebecois, a cet egard, tente de se demarquer a
la fois du multiculturalisme classique, qu'on impute souvent a tort
au Canada anglais, ou le respect integral des cultures est mis de
l'avant, et du modele republicain francais, ou les appartenances et
la diversite sont releguees a l'espace prive (Juteau et al. 1998;
Page et Gagnon 1999).
La reaction du systeme scolaire flamand a la presence immigrante a
ete quelque peu differente, meme si plusieurs mesures et interventions
n'y sont pas sans liens avec celles qu'on retrouve au Quebec.
En effet, du fait de la defavorisation socioeconomique de la population
immigree, l'immigration a ete, et est encore largement percue,
d'abord et avant tout, comme un probleme social (Blommaert et
Verschueren 1998; Vranken et al. 2001). Au plan educatif, la
preoccupation principale est donc celle de l'echec scolaire (Verlot
200lb). Malgre l'existence d'un discours d'extreme
droite, a l'exception de Bruxelles ou les choses sont plus
complexes, la presence des eleves d'origine immigree a ete peu
debattue en terme d'impact sur l'identite flamande, sans
doute, parce qu'en l'absence d'une politique active dans
ce domaine, on assumait que l'immigration n'etait que
temporaire. La perspective compensatoire domine donc, meme si
l'emergence d'une perspective interculturelle est perceptible,
notamment a Bruxelles ou des experiences d'education trilingue et
pluriculturelle, comme celle du Foyer, sont en place depuis vingt-cinq
ans (Leman 1990). Le caractere plus diffus et moins concerte des
interventions flamandes apparait egalement influence par
l'eclatement plus grand du reseau scolaire en differents piliers,
evoque plus haut, ainsi que par l'absence d'un discours
relatif a la construction d'une nation pluraliste qui a occupe
beaucoup plus d'espace dans le Quebec des trente dernieres annees
(Juteau et Mc Andrew 1992; Page et Gagnon 1999).
Toutefois, malgre ces differences, plusieurs elements communs entre
les deux societes en matiere de rapport a la diversite issue de
l'immigration au plan scolaire et social meritent d'etre
soulignees. Tout d'abord, si Ie discours quebecois peut donner
l'impression d'une plus grande coherence, il ne faut pas
oublier, qu'en fait, la problematique et les trains de mesure
qu'il decrit, ainsi que la redefinition identitaire qu'il a
voulu amorcer, sont encore aujourd'hui largement confines a la
region montrealaise, malgre une volonte souvent affirmee de regionaliser
l'immigration (Ministere des Relations 2001). La situation du
Quebec profond, i.e., sans Montreal, est probablement assez proche de
celle qu'on connait en Flandre, i.e., hors de Bruxelles. De plus,
lorsqu'on porte le focus vers la realite des pratiques scolaires,
le conservatisme des deux societes, qui ne leur est d'ailleurs pas
specifique, apparait comme un element de rapprochement. Un peu partout,
en effet, des etudes demontrent que le curriculum cache des institutions
scolaires est generalement en decalage assez marque avec les rhetoriques
nationales, que celles-ci soient assimilationnistes, multiculturelles,
jacobines ou pluralistes renouvelees (Lessard et Mc Andrew 1994; McLeod
et de Koninck 1996; Lorcerie 1996; Verlot 2002).
Finalement, rappelons que les eleves d'origine immigree au
Quebec et en Flandre partagent des defis communs aux societes a
ambiguite de dominance ethnique que ne vivent pas leurs pairs de
societes a majorite simple. Mentionnons, d'abord, le fait
d'avoir a maitriser, non pas une, mais deux langues d'accueil
: en effet, quel que soit le discours officiel des autorites scolaires a
cet egard, il est evident qu'ils sont pleinement conscients
qu'ils ne peuvent se payer le luxe d'ignorer l'autre
langue nationale (Lamarre 2003; Verlot et al. 2003). De plus, ils sont
parfois confrontes au cours de leur scolarite, a deux versions de
l'histoire ou, pour le moins, a des perspectives divergentes a cet
egard (Durocher 1996). Ils ont aussi a developper leurs nouvelles
identites et allegeances en tenant compte du fait que leurs choix en
cette matiere risquent d'etre interpretes comme une alliance avec
l'une ou l'autre des communautes linguistiques
d'implantation plus ancienne (Laperriere et al. 1994; Verlot et
Delrue a paraitre).
LES DOMAINES D'ENRICHISSEMENT MUTUEL
Etant donne les problematiques et les defis communs mais aussi les
differences de contexte, que pouvons-nous legitimement attendre
d'une comparaison Quebec/ Flandre, tant au plan de la comprehension
des phenomenes socioculturels qu'a celui de l'amelioration des
politiques, programmes et interventions ? Ce n'est evidemment pas
la pretention de cet article d'identifier avec rigueur
l'ensemble des retombees possibles mais plutot de s'attarder
sur quelques enjeux ou une collaboration accrue est susceptible de
generer une distance critique benefique face aux modeles respectifs
ainsi qu'une fecondation mutuelle de nos actions.
Le premier concerne la capacite a repenser la fonction de
socialisation et d'instruction de l'ecole pour tenir compte a
la fois du pluralisme croissant des deux societes, de la complexite et
de l'hybridation des identites individuelles et des defis lies a la
mondialisation. Le Quebec semble avoir une longueur d'avance a cet
egard en ce qui concerne les encadrements normatifs et institutionnels
qui lui permettent de se penser lui-meme comme societe pluraliste, mais
l'experience bruxelloise, notamment du fait de la complexite
linguistique de son marche scolaire, est probablement, sur le terrain,
plus riche d'enseignement et de defis que la situation
montrealaise, davantage regulee (Janssens 2001; Verlot et al. 2003).
Dans ce processus de redefinition de la mission sociale et culturelle de
nos institutions scolaires, nous aurions interet a examiner, de part et
d'autre, nos reussites et nos echecs.
Ainsi, les decideurs, intervenants et chercheurs quebecois
gagneraient a approfondir les motifs qui sont a l'origine de
l'ouverture apparemment plus grande des ecoles neerlandophones de
Bruxelles aux programmes plurilingues (Leman 1990), qui contraste avec
une certaine frilosite quebecoise dans ce domaine ou encore, examiner
critiquement les forces et les faiblesses des interventions novatrices
mises en oeuvre par le gouvernement flamand en matiere de lutte a la
concentration ethnique (Verlot 1998), une problematique qui suscite de
nombreux debats au Quebec. A l'inverse, du cote flamand, on a
beaucoup a apprendre de la capacite qu'ont manifeste des autorites
des milieux scolaires quebecois a developper des approches concertees en
matiere de prise en compte de la diversite culturelle (Ministere de
l'Education du Quebec 1994; 1998), et plus recemment
d'education a la citoyennete, adaptees a la lois a la specificite
des defis identitaires vecus par la communaute majoritaire et aux
nouvelles donnes pluralistes. De plus, l'importance de la recherche evaluative au Quebec visant a effectuer un suivi etroit de la
scolarisation des eleves immigrants et surtout de leur integration et
participation subsequentes, a l'ecole comme a la societe, devrait
etre une source d'inspiration en Flandre, ou les efforts a cet
egard sont plus disperses.
Un second domaine est lie, a l'inverse, a l'objectif
traditionnel de maintien et de developpement de nos collectivites,
historiquement fragiles au plan linguistique, culturel ou identitaire.
Il n'y a pas la opposition avec ce qui precede. En effet, on ne
peut exiger d'aucun groupe majoritaire une ouverture qui
supposerait sa propre disparition. Au Quebec comme en Flandre, une des
sources de la resistance des intervenants scolaires a l'ouverture a
la diversite ethnoculturelle reside dans leur memoire historique de
victimisation passee (Hohl et Normand 2000; Verlot 2000). Celle-ci se
double souvent d'inquietudes, fondees ou non, sur l'evolution
demolmguistique future des deux grandes metropoles, en cas d'echec
de la mission d'integration des populations nouvellement arrivees
confiee a l'ecole. A cet egard, nous avons besoin de mieux
comprendre comment le plurilinguisme individuel et le statut de la
langue commune d'enseignement peuvent etre concilies ou encore,
comment des intervenants, qui se definissent dans un rapport a
l'Autre comme des minoritaires, peuvent etre amenes a reconnaitre
le rapport de pouvoir particulier qu'ils entretiennent face aux
parents ou aux eleves issus de l'immigration. Iei encore, de part
et d'autre, existent des avancees, par exemple, la recherche menee
a Montreal sur les usages linguistiques dans vingt ecoles pluriethniques
(Mc Andrew et al. 1999) qui a contribue a assainir le debat a cet egard,
ou encore les etudes ethnographiques dans diverses ecoles flamandes
(Soenen 1999; Delrue 2003) qui permettent de mieux comprendre les
subjectivites a l'oeuvre dans le processus
d'adaptation/resistance a la presence immigrante.
D'une facon plus large, on peut penser que l'ambiguite de
dominance ethnique qui caracterise la Flandre et le Quebec, malgre les
defis qu'elle suscite, peut egalement representer un atout en
matiere d'education interculturelle et antiraciste. En effet, la
complexite meme des relations intercommunautaires dans de tels contextes
constitue une protection contre certaines approches simplistes et
dichotomiques qui dominent souvent dans le champ. Des echanges accrus
pourraient donc contribuer a faire emerger des interventions plus
complexes, susceptibles de repondre partiellement aux critiques que
soulevent actuellement ces courants, meme au sein des societes a
dominance ethnique simple (Sleeter 1993; Figueroa 1999).
Finalement, il faut signaler un dernier domaine, ou un regard
croise est susceptible d'amener chacune des parties a repenser, du
moins dans une certaine mesure, ses choix et a priori de societe. Il
s'agit du degre ou chaque communaute linguistique
d'implantation ancienne vit, tant sur le plan scolaire que celui de
la recherche universitaire, dans un isolement plus ou moins marque et
contrastant fortement avec les discours, dominants de part et
d'autre, d'ouverture a la diversite issue de
l'immigration. Les deux societes partagent sensiblement les memes
limites a cet egard, mais des preoccupations communes, plus poussees au
Quebec qu'en Flandre mais assez similaires a Montreal et a
Bruxelles, commencent a y emerger (Mc Andrew 2002b). Celles-ci
concernent, entre autres, le degre de contact entre jeunes frequentant
des reseaux scolaires segregues, la nature du traitement de l'autre
communaute dans les programmes scolaires et, enfin, les motifs qui sont
a l'origine du choix, par certains parents, d'une ecole de
l'autre secteur.
La comprehension des obstacles specifiques que rencontre l'inclusion de la deep-diversity (Kymlicka 1995) dans les approches
d'education interculturelle est egalement souhaitable dans les deux
contextes. En effet, si nous sommes incapables d'aborder de front
le conflit central qui divise nos societes, nos efforts
d'adaptation a la diversite issue de l'immigration risquent de
demeurer superficiels et d'etre percus comme artificiels aux yeux
des populations d'origine immigree, confrontees quotidiennement a
une double sollicitation linguistique, identitaire et culturelle.
NOTES
(1.) Quelque 70 pour cent des echanges selon cette recherche recente du Conseil de la langue francaise.
(2.) Comme le demontre clairement l'article de Mc Andrew et
Janssens dans cet ouvrage--The Role of Schooling in the Maintenance and
Transformation of Ethnic Boundaries between Linguistic Communities :
Contrasting Quebec and Belgium.
(3.) Ici encore pour une description plus approfondie, se referer a
l'article mentionne cidessus.
(4.) Celle-ci represente respectivement 46 pour cent et 17 pour
cent de la population totale.
(5.) Rappelons que plus de 56 pour cent des etrangers en Flandre et
pres de 52 pour cent des etrangers a Bruxelles sont des ressortissants
de la communaute economique europeenne.
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