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文章基本信息

  • 标题:Presentation.
  • 作者:Bourgeault, Guy ; Chastenay, Marie-Helene ; Verlot, Marc
  • 期刊名称:Canadian Ethnic Studies Journal
  • 印刷版ISSN:0008-3496
  • 出版年度:2004
  • 期号:September
  • 语种:English
  • 出版社:Canadian Ethnic Studies Association
  • 摘要:On ne peut, en effet, comprendre les rapports ethniques ou interethniques au Canada et au Quebec sans prendre acte de ce jeu d'une double majorite ou d'une double dominance : du groupe anglophone au Canada, du groupe francophone au Quebec. L'accueil des immigrants, par exemple, s'y fait dans ce contexte particulier d'une double sollicitation culturelle et d'un double interet linguistique : la maitrise du francais s'avere requise pour vivre au Quebec et y travailler, mais aussi celle de l'anglais si l'on veut s'inserer dans les reseaux canadiens et nord-americains plus larges, et faire commerce dans un marche en vole de mondialisation. La preparation des citoyens de demain a l'ecole est elle aussi touchde : les appartenances diverses, notamment d'ordre ethno-culturel, s'articulent de facon neuve avec une identite civique a la fois canadienne et quebecoise et avec les heritages culturels sous-jacents, a la fois semblables et differents, qui marquent les regles et la vie des institutions publiques.

Presentation.


Bourgeault, Guy ; Chastenay, Marie-Helene ; Verlot, Marc 等


Les rapports interethniques au Canada et au Quebec comme partout dans le monde sont source a la fois de rencontres et d'echanges possibles, et par la d'enrichissement mutuel pour les groupes en presence et pour les personnes, mais aussi de problemes divers, de tensions, parfois de conflits. Ces rencontres et ces conflits s'inscrivent souvent dans la dynamique generale des rapports entre une majorite et des minorites, concretement des membres d'un groupe majoritaire et des membres de groupes minoritaires. Il est toutefois des pays, des societes ou cette dynamique est rendue plus complexe par le jeu des interactions entre deux majorites, entre deux groupes majoritaires. C'est le cas, entre autres, de la Belgique et de la Flandre, du Canada et du Quebec--les societes dont il est question dams le dossier qui suit.

On ne peut, en effet, comprendre les rapports ethniques ou interethniques au Canada et au Quebec sans prendre acte de ce jeu d'une double majorite ou d'une double dominance : du groupe anglophone au Canada, du groupe francophone au Quebec. L'accueil des immigrants, par exemple, s'y fait dans ce contexte particulier d'une double sollicitation culturelle et d'un double interet linguistique : la maitrise du francais s'avere requise pour vivre au Quebec et y travailler, mais aussi celle de l'anglais si l'on veut s'inserer dans les reseaux canadiens et nord-americains plus larges, et faire commerce dans un marche en vole de mondialisation. La preparation des citoyens de demain a l'ecole est elle aussi touchde : les appartenances diverses, notamment d'ordre ethno-culturel, s'articulent de facon neuve avec une identite civique a la fois canadienne et quebecoise et avec les heritages culturels sous-jacents, a la fois semblables et differents, qui marquent les regles et la vie des institutions publiques.

La conscience de la necessite de prendre en compte ce jeu d'une double majorite ou d'une double dominance pour etudier les rapports interethniques et interculturels au Quebec s'est imposee, il y a quelques annees deja, aux membres du Groupe de recherche sur l'ethnicite et l'adaptation au pluralisme en education (GREAPE), rattache au Centre d'etudes ethniques des universites montrealaises (CEETUM). Nous devons a l'initiative de Marie McAndrew, directrice du GREAPE et du reseau Immigration et metropole (Metropolis), Montreal, la tenue a l'Universite de Montreal, en 1998, d'une premiere rencontre de chercheurs beiges, catalans, nord-irlandais et quebecois poursuivant des travaux sur les rapports interethniques ou interculturels et linguistiques ou encore interreligieux dans des societes d'abord definies comme divisees, puis appelees a double majorite ou a double dominance. Apres la rencontre de Montreal (1998), d'autres colloques ou seminaires ont eu lieu a Barcelone (2001), puis a Gand (2002), et enfin a Coleraine (Universite d'Ulster, mai 2004).

Le dossier qui suit reunit des etudes et des rapports de recherche qui decoulent, pour l'essentiel, de la rencontre de Gant. On n'y trouvera pas, comme dans les actes d'un colloque, les communications alors presentees. Plutot des etudes comparatives neuves Flandre (Belgique) Quebec (Canada), issues des constats faits a Gant de similitudes et de differences touchant tant les situations, les problematiques et les enjeux que les approches et les methodes mises en oeuvre pour les etudier, et parfois les resultats de recherche obtenus de part et d'autre. Le dossier comprend aussi une contribution complementaire presentant les resultats d'une recherche comparative menee dans un autre cadre, mais touchant les memes communautes flamande et quebecoise.

L'interet des recherches menees sur les politiques et les pratiques de rapports interculturels dans les deux societes en cause, toutes deux des societes a majorite fragile, debordent les frontieres de ces societes parce qu'elles obligent a revisiter partout les problematiques dominantes ou les plus admises, mettant en question les modeles theoriques qui sous-tendent les amenagements juridiques et politiques, en meme temps que les pratiques courantes. Ces modeles renvoient tous, ou presque, a la vision simplifiee et stereotypee des rapports entre une majorite dominante et diverses minorites. Les societes a double dominance ou dans lesquelles la majorite est fragile sont acculees a proposer et a tenter au moins de mettre en oeuvre des modeles alternatifs. Cela, pour deux raisons principales. Primo, la simple existence d'un groupe majoritaire et la prise de conscience de son statut de majorite dans une societe ou un autre groupe a detenu ou detient encore une large part du pouvoir--dans une societe a double dominance--contraignent les membres du groupe qui constitue la majorite a se penser eux memes et a penser leur groupe en lien et en rapport d'opposition ou de collaboration, d'interaction permanente avec une alterite forte. L'idee meme d'une societe multiculturelle egalitaire ou simplement d'un espace public neutre, contredite par l'histoire et par toute la vie du groupe majoritaire qui a du et qui parfois doit encore lutter pour prendre sa place et faire valoir ses droits, proposer et mettre en oeuvre ses projets, s'avere d'entree de jeu comme relevant d'une falsification ideologique.

Par ailleurs, dans les societes a double dominance ou a majorite fragile, les minorites gardent la possibilite au moins theorique de distance par rapport aux idees--forces, aux valeurs, aux projets de la majorite fragile, et cette possibilite theorique est confortee en pratique par l'association eventuelle avec l'autre majorite, celle de l'autre dominance. Cela, meme si les majorites fragiles font la promotion de leurs valeurs propres et de leurs projets, ou de leurs caracteristiques--de leur langue, par exemple : dans les societes qui nous interessent ici, le francais ou le neerlandais. Les politiques linguistiques et scolaires des deux societes analysees dans les etudes qui suivent evoquent la volonte d'assimilation plutot que le souci d'accueil de la diversite, mais dans des contextes ou l'anglais, au Quebec, a le support de sa suprematie au Canada et plus largement en Amerique du Nord et dans le monde, et ou le francais, en Belgique, peut compter sur son importance relative et sur sa nette preponderance par rapport au neerlandais dans la Communaute europeenne et a Bruxelles d'abord, et dans les grandes institutions internationales de l'ONU et de ses organismes constitutiis, par exemple. De sorte que les membres de la majorite ont interet, dans les deux societes, bien que pour des raisons differentes et selon des modalites egalement differentes dans l'un et l'autre cas, a connaitre et meme a bien maitriser la langue de l'autre majorite, malgre le statut formel de minorite de celle-ci.

En outre, l'experience collective de la majorite fragile d'avoir ete une minorite, si elle peut nourrir des rancoeeurs, peut aussi maintenir vivante la sensibilite aux droits et aux aspirations minoritaires. Non sans ambiguite, les majorites fragiles peuvent avoir tendance a se durcir et a se fermer a l'alterite percue comme dangereuse, mais aussi a s'ouvrir a la diversite et a accueillir les apports eventuellement enrichissants des autres.

Ce qui est ici evoque seulement, mais qui fera l'objet d'analyses dans les diverses etudes du dossier, donne a au moins entrevoir que les rapports et les processus d'adaptation mutuelle entre les groupes et entre les cultures dans les societes a double dominance ou a majorite fragile sont beaucoup plus complexes que ne le donnent a penser les modeles le plus souvent proposes. D'ou l'interet du dossier, qui invitera a remettre en cause ce qu'on pouvait croire acquis pour decouvrir d'autres perspectives tant pour la pensee que pour l'action.

La grandeur et la misere des etudes comparatives tiennent au jeu des similitudes et des differences, des convergences et des divergences evoquees. On ne peut comparer ni le tout a fait dissemblable, ni l'identique. Les etudes comparatives sont interessantes et fecondes lorsque les realites qui en font l'objet sont suffisamment semblables pour que la comparaison soit possible, mais en meme temps assez differentes pour que le constat des differences "ailleurs" ouvre la voie a une interrogation neuve sur des realites familieres "chez soi" et a une comprehension elle-meme neuve, elargie, enrichie, approfondie; et peut-etre a des alternatives pour la poursuite, dans une perspective nouvelle, des recherches en cours ou pour le renouvellement des pratiques d'intervention. Si on petit classer la Flandre et le Quebec dans le groupe des societes a majorite fragile, les deux societes ne sont pas identiques et les differences notees dans les etudes comparatives dont il est fait etat plus loin ont deja renouvele, de part et d'autre, les perspectives des chercheurs qui en sont les auteurs. La publication de ces etudes, nous le souhaitons, donnera aux lecteurs une semblable occasion de renouvellement critique. Dans les etudes du present dossier, le travail de comparaison a donne a penser-parfois a re-penser-aux chercheurs qui s'y sont employes. Puissiezvous y trouver a votre tour a penser et a re-penser.

La plupart des etudes ici colligees mettent en regard et comparent des demarches et des resultats de recherches portant sur des objets qui n'etaient pas toujours delimites de la meme facon et qui ont ete menees en utilisant des grilles ou des cadres theoriques en partie divers, selon des methodes et avec des instruments egalement divers. Les rencontres et les convergences tant des situations et des problematiques que des cadres theoriques et des methodologies ont toutefois permis de proceder a des comparaisons qui ne sont pas "forcees," prenant acte de similitudes reelles. Les auteurs ont heureusement refuse, les lecteurs leur en sauront gre, d'aplanir les differences. D'ou leur reserve dans le travail d'interpretation des donnees et des resultats de recherche compares. D'ou egalement la prudence des conclusions degagees, dans lesquelles le souci des nuances laisse sa marque.

La premiere contribution, celle de Marie McAndrew et Marc Verlot, " Amenager Diversite Culturelle, Langue, et Education : Un Regard Comparatif sur le Quebec et la Flandre?" s'interessant aux defis que pose la double dominance ou la fragilite de la majorite aux systemes scolaires et aux institutions educatives, presente clairement les convergences et les differences des contextes specifiques flamand et quebecois a cet egard. Apres une analyse de la comparabilite des deux contextes sociaux et educatifs, les auteurs proposent une stimulante reflexion sur les apports potentiels d'une comparaison au renouvellement des politiques et des pratiques dans le champ de l'education. Elle constitue une bonne introduction au dossier, d'une part en donnant a voir des le depart les deux contextes, d'autre part en explicitant les visees en meme temps que les possibilites et les inevitables limites des etudes qui suivent.

Les societes divisees sont aux prises, et leurs ecoles du meme coup, avec des constructions de "l'autre" qui durcissent les rapports entre les groupes, specialement entre les "majorites." Ce que montrent bien les analyses faites dans des medias canadiens et belges par Maryse Potvin, Arme Morelli, et Laurence Mettewie, dont il est rendu compte dans leur contribution : "Le Racisme dans les Relations Entre les 'Deux Solitudes' au Canada et en Belgique." Les auteurs s'interessent tout particulierement aux contextes et aux mecanismes du discours raciste.

L'ecole joue dans toutes les societes un role de toute premiere importance. Il est toutefois des enjeux particuliers a cet egard dans les societes divisees, a double dominance ou a majorite fragile. La contribution de Marie McAndrew et de Rudi Janssens, "The Role of Schooling in the Maintenance and Transformation of Ethnic Boundaries between Linguistic Communities : Contrasting Quebec and Belgium," s'interessant surtout aux grandes politiques et aux structures, traite des frontieres linguistiques et scolaires au Quebec et en Flandre, de leur evolution, de la modification des modalites de leur transgression. Cette etude comparative donne bien a voir la complexite des situations dans les deux societes en cause, et la fluidite des enjeux qui suit celle du jeu des rencontres et des distances prises entre politiques et pratiques.

Les caracteristiques des societes a double dominance ou a majorite fragile, si on les prend vraiment en compte, conduisent a repenser la citoyennete et ses conceptions, ses modeles. De facon qu'on pourra juger etonnante, des chercheurs de la Flandre et du Quebec avaient mene des recherches paralleles, sans se connaitre les uns les autres et donc sans rapport les uns avec les autres, et pourtant avec une grille assez semblable, sur la citoyennete, ses modeles et ses modes, avec la visee plus ou moins claire et explicite de renouveler la problematique generale et peut-etre meme les approches et les modalites de l'education a la citoyennete. La contribution de Marie-Helene Chastenay, Michel Page, Karen Phalet, Marc Swyngedouw, et Jean-Claude Lasry, "Identity, Equality and Participation : Testing the Dimensions of Citizenship in Canada and Belgium," montre bien comment il faut revisiter, notamment dans les societes dont il est ici question : dans l'axe des appartenances et des identites, les rapports entre l'identite civique commune et la diversite des appartenances multiples; dans l'axe de la socialisation ou de l'integration sociale et de la participation, les rapports entre l'acceptation des chartes, des lois et plus generalement des regles etablies, d'une part, et le debat pour eventuellement en changer et l'engagement dans l'action, d'autre part.

Nous savons gre a leurs auteurs d'avoir accepte que l'etude d'Annie Montreuil, Richard Bourhis, et Norbert Vanbeselaere, "Perceived Threat and Host Community Acculturation Orientations toward Immigrants: Comparing Flemings in Belgium and Francophones in Quebec," realisee dans tin autre cadre, soit publiee ici pour completer le dossier. Cette etude porte sur l'accueil d'immigrants en Flandre et au Quebec. On aura interet a le lire en tenant compte du contexte presente dans la premiere contribution du dossier. Meme si, comme les auteurs le donnent a entendre, on ne saurait generaliser et aplanir ainsi d'importantes differences entre les contextes, les institutions, les groupes, les observations et les analyses presentees donnent a voir et aident a comprendre certaines des ambiguites et quelques--unes des dynamiques a l'oeuvre dans l'accueil d'immigrants dans des societes a double dominance ou a majorite fragile, enrichissant par la le dossier constitue.

Bonne lecture!
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