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  • 标题:Tourisme culturel et patrimoine remodele: dynamique de mise en valeur du patrimoine culturel immateriel en Haiti.
  • 作者:Dautruche, Joseph Ronald
  • 期刊名称:Ethnologies
  • 印刷版ISSN:1481-5974
  • 出版年度:2013
  • 期号:March
  • 语种:English
  • 出版社:Ethnologies
  • 关键词:Cultural resources management;Sales promotions;Tourism promotion;Travel industry

Tourisme culturel et patrimoine remodele: dynamique de mise en valeur du patrimoine culturel immateriel en Haiti.


Dautruche, Joseph Ronald


Cet article met en avant la dynamique de la mise en valeur du patrimoine culturel immateriel en Haiti dans un contexte touristique. Pour ce faire, nous mobilisons un corpus compose de textes historiques et ethnographiques, de recits de voyages, de documents de projet, de films documentaires ; aussi nous nous sommes appuyes sur des observations directes et des entrevues que nous avons realisees a Leogane et a Souvenance (Gonaives). L'analyse tend a demontrer que loin de chercher a fabriquer des << authenticites >> ou mobiliser des elements du patrimoine culturel haitien qui seraient vus comme authentiques, les differents acteurs impliques dans cette dynamique misent de preference sur des elements culturels qui font l'objet d'esthetisation ou qu'ils sont en train d'esthetiser. Prenant conscience des contextes dans lesquels certains elements culturels et patrimoniaux d'Haiti ont ete construits, reconnus et valorises, ils sont en train de les articuler d'une autre maniere a travers de nouveaux recits, de nouveaux films, de nouvelles expositions museales, des representations theatrales, des festivals et des activites universitaires. Autrement dit, certains de ces elements sont en train d'etre remodeles avec d'autres discours, voire d'etre mobilises sur un mode performatif. On se trouve dans toute une dynamique de changement de regime de rapport avec les elements culturels et patrimoniaux d'Haiti alors les heritiers cherchent a mettre ceux-ci au gout du jour. Ce qui ressort de cette lecture c'est la notion de << patrimoine remodele >>.

This article highlights the dynamics of valuing the intangible cultural heritage in Haiti in a touristic context. To do this, it mobilizes a body of documentation composed of historical and ethnographic texts, travelogues, project documents, and documentary films. It also relies on direct observations and interviews conducted in Leogane and Souvenance ( Gonaives ). The analysis suggests that far from attempting to build "authenticities" or mobilize elements of the Haitian cultural heritage that would be perceived as authentic, the various actors involved in this process preferably rely on cultural elements that were aestheticized or are in a process of aestheticization. By becoming aware of the contexts in which cultural objects or the cultural heritage of Haiti were constructed, acknowledged and valued, these actors are rearticulating heritage in a different way through new stories, new movies, new museum exhibits, theatrical performances, festivals and university activities. In other words, some of these objects are being remodeled with new discourses, or are even mobilized on a performative mode. This implies the emergence of a very dynamic change in the apprehension of the culture and heritage of Haiti, as new actors try to put them up to date. What emerges from this reading is the notion of a "remodeled heritage."

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Dans les resultats de la <<Table ronde d'experts>> organisee par PUNESCO en 1996, le tourisme est presente comme un <<nouveau facteur de developpement pour les pays du Sud>> et <<le premier vecteur mondial d'echanges culturels>> (Unesco 1997 : 4). Les deux dernieres decennies marquent le debut de Pere de la diversite culturelle consacrant le principe que toutes les cultures et tous les patrimoines se valent et peuvent, de ce fait, etre legitimement mis en valeur dans une perspective touristique. II semblerait, comme le souligne Saskia Cousin, que le <<culturel>> du tourisme culturel englobe desormais tellement de pratiques et tellement de lieux, que, le tourisme redevienne culturel, sans qu'il ne soit plus necessaire de mentionner son caractere culturel (Cousin 2008 : 52). En effet, les destinations qui cherchent a se distinguer de plus en plus de leurs concurrentes se sont tournees vers la culture comme un moyen de distinction, et la culture est de plus en plus liee au tourisme comme un moyen de generer des revenus et d'emplois (Richards 2001). Nombre de pays sont appeles ainsi a mobiliser leur culture pour assurer leur developpement touristique.

Les pays qui agreent a la vision touristique de leur culture deviennent des reussites (success story) en matiere de developpement du tourisme culturel et sont proposes de nos jours comme des modeles. Mais on s'interroge rarement sur ce qu'adviendrait dans le cas d'un pays ou ses principaux acteurs prendraient conscience que ses elements culturels--tels qu'ils sont presentes a l'exterieur--renvoient une image negative et figee de leur pays dont ils veulent se sortir.

Cet article met en avant la dynamique de la mise en valeur du patrimoine culturel immateriel en Haiti dans un contexte touristique. Pour ce faire, nous mobilisons un corpus compose de textes historiques et ethnographiques, de recits de voyages, de documents de projet, de films documentaires ; aussi nous nous sommes appuyes sur des observations directes et des entrevues que nous avons realisees a Leogane de 2007 a 2011 et a Souvenance (Gonaives) en 2010. L'analyse tend a demontrer que loin de chercher a fabriquer des <<authenticites>> ou mobiliser des elements du patrimoine culturel haitien qui seraient vus comme authentiques--renvoyant aux manifestations de ces elements dans le passe ou tels qu'ils ont ete decrits dans les textes ou presentes dans les films--, les differents acteurs impliques dans cette dynamique misent de preference sur des elements culturels qui font l'objet d'esthetisation ou qu'ils sont en train d'esthetiser. Prenant conscience des contextes dans lesquels certains elements culturels et patrimoniaux d'Haiti ont ete construits, reconnus et valorises, ils sont en train de les articuler d'une autre maniere a travers de nouveaux recits, de nouveaux films, de nouvelles expositions museales, des representations theatrales, des festivals et des activites universitaires. Autrement dit, certains de ces elements sont en train d'etre remodeles avec d'autres discours, voire d'etre mobilises sur un mode performatif. On se trouve dans toute une dynamique de changement de regime de rapport avec les elements culturels et patrimoniaux d'Haiti. Les heritiers cherchent a mettre ceux-ci au gout du jour. Ce qui ressort de cette lecture c'est la notion de <<patrimoine remodele>>.

Nous presenterons, dans un premier temps, de facon succincte le malaise ressenti dans le passe--meme encore de nos jours--face a la facon dont certains elements culturels devenus marqueurs touristiques d'Haiti ont ete inventories et promus. En s'appuyant sur l'exemple du rituel du retour a Souvenance aux Gonaives et du Rara de Leogane, nous essayerons de decrire, dans un second temps, les interpretations, les re interpretations et les remaniements qui se font autour de ces expressions culturelles, afin de mettre en perspective ce que nous appelons <<patrimoine remodele>>.

Malaise dans les activites liees au tourisme culturel traditionnel en Haiti

Dans le discours d'introduction du Plan Directeur Tourisme (PDT) 2007, il est clairement indique que <<l'Etat haitien decide de faire du tourisme le principal vecteur de croissance afin d'optimiser les retombees des investissements qui seront consentis dans les autres secteurs, notamment ceux des Travaux Publics, de l'Agriculture et de l'Environnement>> (Ministere du Tourisme 2008: 2). Et, la culture et le patrimoine representent l'une des ressources que les autorites etatiques et les communautes locales comptent mobiliser pour developper ce secteur (Ministere de la planification et de la cooperation externe d'Haiti 2007 : 12-13). La conception de la culture comme une ressource a capitaliser se renforce en Haiti depuis le puissant seisme du 12 janvier 2010 (1). Lors de la <<Conference des donateurs pour la culture en Haiti>> tenue a Paris en avril 2011 par l'UNESCO, on a propose, par exemple, de faire de la culture du pays le <<moteur de sa reconstruction>> (UNESCO 2011).

La relation entre culture et tourisme n'est cependant pas nouvelle en Haiti. Depuis l'accueil des premiers touristes internationaux proprement dits vers la deuxieme moitie des annees 1940, le pays a toujours ete marque principalement par l'offre d'un produit culturel (cuisine locale, participation a des evenements culturels, des ceremonies vodou, etc.). C'est la culture du pays qui a principalement attire les visiteurs. Ayant acquis une certaine renommee sur la scene internationale, Haiti a ete meme frappe par la <<menace>> d'un tourisme culturel de masse a un certain temps. Cet elan du tourisme culturel--et du tourisme en general--a ete interrompu par des crises politiques repetees depuis la deuxieme moitie des annees 1950. Mais un malaise s'installe dans le pays depuis son ouverture officielle au tourisme international quant a la demande de la <<culture haitienne authentique>> de la part des visiteurs.

Les touristes qui visitent Haiti a cette epoque ont ete interesses essentiellement par le vodou. Le gouvernement haitien, lui, a organise une Exposition internationale et a presente aux visiteurs les <<progres>> du pays en termes d'infrastructures culturelles modernes--musee, theatre, salle d'exposition, restaurant chic mettant en valeur la gastronomie du pays, etc.--et des membres de l'elite intellectuelle de la capitale haitienne, eux, ont invite les etrangers dans des soirees litteraires, des congres de philosophie, des spectacles de danse modernes, des operas et des representations des artistes d'ici et d'ailleurs. Au lieu de presenter la culture exotique du pays, on a presente davantage la culture urbaine Port-au-Princienne en objet touristique exotique. Pour parler comme MacCannell (1976, 2000), les touristes ont demande pour l'arriere scene, car ce qui est presente en avant scene se rapproche trop de ce qu'on rencontre generalement dans leur pays. La chose essentielle a voir en Haiti doit etre, dans cet ordre d'idee, ce qui fait sa difference, son <<authenticite>> : le vodou principalement.

Le vodou etait cependant un <<marqueur depreciatif>> d'Haiti, pour reprendre l'expression de Jardel (2000:451-463 ), et les autorites haitiennes ont voulu donner d'autres images de marque a ce pays. L'image du vodou--ou l'image d'Haiti dans une certaine mesure--qui a eu le plus de succes surtout aux Etats-Unis a l'epoque, c'etait celle projetee par L'ile magique--le livre du journaliste americain William Buehler Seabrook (1929 [1926])--des <<corps noirs sauter, crier, se tordre, ivres de sang, de desir sexuel et de mysticisme>>, <<des dents etincelantes>>, des <<yeux enflammes>> et <<des individus (homme et femme se saisissant l'un l'autre) s'entrainaient mutuellement vers la foret afin d'apaiser leur frenesie sacree>>. C'etait une image d'un vodou traite comme une etrangete, en dehors de son cadre socioculturel et historique. Une image qui peut jouer sur l'affectivite, sur l'emotionnel comme dans les publicites touristiques savamment travaillees de nos jours. L'auteur a lance, en effet, a la fin de sa description, une invitation a tout le monde : <<mes yeux contemplaient cette scene dans sa realite vivante>> ; <<c'etait sauvage et sans frein, mais non point depourvu d'une certaine beaute >>; <<a quoi bon la vie sans ses moments d'emotion et ses heures d'extase>> (46-47). A cote de l'ouvrage de Seabrook qui a suscite l'interet de nombreux visiteurs, Haiti etait presente par des agences touristiques americaines sous le vocable de <<vodoo-land>> (Metraux 1958:318). C'est cette image representative de l'alterite haitienne qui etait demandee par les touristes etrangers et que les Haitiens etaient appeles a rendre de maniere <<authentique>>.

Le vodou est passe en un tour de main de l'element phare de la <<barbarie haitienne>> a la <<culture haitienne authentique>>. Alors que le foyer de tension est encore visible, alors que les textes stereotypes sur le vodou continuent a etre reedites (2) et des films comme L'empire des tenebres (1987 ) de l'Americain Wes Craven sont encore recommandes aux visiteurs potentiels du pays, le vodou est a promouvoir aujourd'hui comme patrimoine de la difference culturelle du pays. En effet, c'est principalement le vodou ou certains objets et pratiques lies a cet element culturel qui sont promus--bien souvent de facon folklorique--a travers le monde d'aujourd'hui dans les salles de cinema, les theatres, les festivals, les expositions itinerantes comme temoins authentiques de la culture haitienne. Est-ce qu'on peut d'emblee faire la mise en valeur touristique du vodou ou de ces elements derives sans comprendre pourquoi et comment ils deviennent des elements historiques et culturels d'importance meritant d'etre valorises et partages ?

La question de << faire de la culture du pays le moteur de sa reconstruction >> peut paraitre d'autant plus complexe, car le malaise se rapportant au vodou peut etre ressenti pour n'importe quel autre element culturel du pays, qu'il s'agisse de la peinture, du carnaval, de la musique ou du Rara. Cette situation de tension est inherente a ce qu'on appelle la << culture haitienne >> renvoyant a certains anciens discours textuels et aux pratiques traditionnelles des coins les plus recules du pays. On ecarte d'emblee tout ce qui se passe en milieu urbain voire ce qui est pratique et valorise par les groupes scolarises du pays ou les elements traditionnels qui font l'objet d'une certaine esthetisation. Autrement dit, on ne fait reference qu'aux elements exotiques. Aussi, tous changements dans les elements culturels observes sont qualifies d'<< acculturation >>, de << denaturation >>, d'<< hybridation deconcertante >> ou de << perte d'authenticite >>. Une fois qu'une culture est decrite, proclamee et connue par tout le monde, on dirait que son authenticite est scellee. Tout changement dans cette culture constitue un acte de falsification et celle-ci perd d'emblee sa valeur. On tend a oublier cependant que loin d'etre un heritage du passe qui se transmet de generation en generation comme un paquet clos, un element culturel ou un << patrimoine se veut, se construit, s'invente et se vit >> (Turgeon 2003 : 155). Ce qui se passe de nos jours autour des rituels vodou a Souvenance aux Gonaives et du Rara de Leogane tend a montrer cette dynamique.

Regarder, comprendre et partager le vodou de facon creative

Le rituel du retour a Souvenance et le film The Oblivion Tree

Les films participent beaucoup a la construction des destinations touristiques (Vergopoulos et Bourgatte 2001 : 99-107). Ils constituent des dispositifs de mediation qui mettent en relation des univers narratifs et des territoires ainsi que des pratiques culturelles. Les productions filmiques ont la capacite de promouvoir les environnements (naturels et culturels), dont elles se servent en toile de fond. Elles participent dans ce sens a la qualification ou requalification de certaines pratiques et de certains lieux apparemment banals pour en faire des choses dignes d'un interet touristique. Le film-documentaire The Oblivion Tree du realisateur haitien Norluck Dorange (3), sorti en Floride en 2009, s'inscrit bien dans cette perspective.

Ce film attire l'attention sur un rituel vodou qui se deroule chaque annee a Souvenance : le rituel du retour. Il offre une maniere nouvelle de decouvrir le vodou. En lieu et place des zombis, des personnes en transes et des accoutrements particuliers des pratiquants, il oriente le visiteur sur d'autres formes d'expression du vodou : l'histoire et la memoire de l'esclavage par exemple. Il peut attirer dans ce sens un public nouveau s'interessant davantage a une image thematique des sites vodou. Il s'inscrit ainsi dans un processus de reagencement des dispositifs de mediation touristique du vodou comme chose a voir.

Le rituel : une route symbolique

Diverses routes emblematiques de par le monde sont mises en evidence dans une double consideration, geographique et historique : la route de Saint-Jacques-de-Compostelle en France et en Espagne, la route de la Soie entre l'Asie et l'Europe, les routes du Sel (Europe, France, Chine, Tibet, Nepal et l'Afrique), la route de l'esclave a Ouidah au Benin, etc. Ces routes sont construites par des experts et peuvent etre identifiees physiquement. Les concepts sont les resultats de recherches assez laborieuses et les discours sont proposes en fonction d'objectifs prealablement etablis par des institutions nationales et/ou internationales. Tout un ensemble de marqueurs materiels participent a ces constructions et concourent a atteindre les objectifs fixes. La route du retour a Souvenance apparait dans ce cas comme une exception. Elle ne fait pas l'objet d'autant de travaux et tout se joue dans le symbolique. Cette idee de Jean-Didier Urbain prend tout son sens dans le cas de cette route.

Un lieu de memoire n'est pas une destination comme les autres. Il n'existe pas en soi, mais par un regard specifique, le regard de celui qui se souvient et le fait devenir et demeurer le receptacle d'un passe toujours vivant dans les mentalites et les sensibilites collectives (Urbain 2003 : 5).

Avant d'etre embarque pour l'Amerique dans le cadre de la traite negriere coloniale, de million d'Africains etaient forces de tourner autour d'un arbre appele communement << l'arbre de l'oubli >>. Ce nom vient d'un rituel au cours duquel les captifs tournaient autour de l'arbre afin d'oublier leur patrie et leur souffrance. Les hommes tournaient neuf fois, les femmes sept fois, le nombre etant en relation avec la tradition qui stipule que les hommes sont associes au chiffre neuf et les femmes au sept. L'origine de ces chiffres dans la tradition au Benin vient de la croyance que les hommes ont neuf cotes et les femmes sept. Cet arbre n'existe plus aujourd'hui. 11 a ete remplace par un autre, le kpatiman en langue Fon-gbe ou Yhysope africana en botanique, utilise depuis des siecles au Benin pour des purifications. A ses cotes, la statue d'une sirene symbolise une destination inconnue pour les esclaves deportes (Dorange 2008 ; Bertrand Poda 2010 : 93-112). A Souvenance, le nom mystique de l'arbre est << Papa Lisa >>. Lisa est le cote masculin du Dieu supreme Mawu Lisa dans le vodou dahomeen.

Cette tranche d'histoire non relatee dans l'histoire officielle d'Haiti a ete codifiee dans la memoire des captifs deportes en Amerique depuis la periode coloniale, transmise de generation en generation pour rester vivante jusqu'a aujourd'hui parmi les descendants a travers ce rituel religieux. A Souvenance, les descendants des Africains font chaque annee le rituel du retour qui est en quelque sorte une reprise en sens inverse du rituel qui a ete institue en Afrique. Il constitue un retour dans une Afrique originelle, une Afrique mythique, une Afrique qui a perdu nombre de traces de son passe.

Le lundi, au lendemain du dimanche de Paques, tres tot dans la matinee, un defile part du temple central vers un mapou [bougainvillier] situe au fond de la concession. Le trajet vers le mapou symbolise le voyage vers l'Afrique. On chante en creole et en fon (la langue parlee par les Dahomeens) : << Komi Komi Kida, Mikode Zanholi e >> (Nous demandons, nous recherchons la route de Zanholi) (4). Zanholi est le nom d'un quartier a Ouidah ou furent parques les captifs avant leur embarquement pour l'Amerique.

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Contrairement aux voeux des trafiquants de l'epoque qui voulaient que ces Africains oublient leur terre ancestrale, a Souvenance, les descendants des dahomeens trouvent une connexion emotionnelle a travers ce rituel religieux. La traversee symbolique des mers, est placee sous l'autorite de Maitre Agwe, la divinite des mers dans le vodou haitien. Sous le calebassier couple au tamarinier situe a mi-distance entre le peristyle et le mapou, le serviteur s'agenouille et fait sa priere.
O, Maitre Agwe, nous allons naviguer sur les mers, accompagne nous.
Que notre trajet arrive au bon port au cours de la journee. Eloigne
la jalousie parmi les marins et mes assistants pendant notre voyage
sur les mers, eloigne de nous les mauvais vents et les recifs. Tout
le reste depend de ta puissance, O Maitre Agwe.


L'arrivee sous les feuillages de ce mapou est l'arrivee symbolique en Afrique qui est celebree au son du tambour. On souffle le Iambi (symbole de rassemblement et de liberte en Haiti). Et on chante : << O Miwa e, Ousi yo mande woumble >> (Venez, rassemblons nous, tous les adeptes du vodou). Les participants au rituel viennent se frotter le front contre les racines du mapou. Puis ils font sept fois le tour du mapou geant symbolisant la demarche a l'envers que les Africains avaient ete forces d'observer sous l'arbre de l'oubli. Le reste de la journee est consacree a la celebration du retour sur la terre d'Afrique. Salutations aux divinites dahomeennes, communion, chants et danses en l'honneur des divinites vodou se succedent.

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Le rituel du retour a Souvenance participe d'un meme travail que les routes prealablement citees : le travail de memoire. La memoire de l'esclavage est, ici, bel et bien actualisee et ce retour symbolique permet aux descendants des Africains deportes en Haiti de passer l'eponge sur ce drame. Comme l'a souligne Urbain (2003), le tourisme de memoire permet un travail de deuil, pour non seulement se souvenir et connaitre, mais aussi accepter ce qui s'est passe. De ce fait, il participe a un grand rituel necessaire a la paix sociale en faisant se rencontrer conscience individuelle et conscience collective en une seule : la conscience du monde.

Le site Souvenance est projete dans le film-documentaire The Oblivion

Tree comme un lieu servant a soutenir la memoire africaine en Haiti et << participant activement a sa construction et a sa structuration >> (5). Il met en lumiere toute la charge historique et memorielle liee a ce rituel, et permet aux Haitiens aussi bien qu'aux etrangers de l'apprecier dans son contexte.

Le Rara de Leogane (6): Un patrimoine remodele

Dans son acception la plus populaire, le Rara fait reference a des fetes traditionnelles haitiennes commencant le lendemain du mercredi des Cendres et finissant le lundi de Paques, soit durant la periode du careme chretien. Les manifestations sont animees par les bandes de Rara, generalement dans la rue, et rassemblent une immense foule dansant et chantant au rythme du tambour, l'instrument central de la musique rara. De son site, ou lakou (7), une bande se deplace avec quelques dizaines de personnes et augmente en cours de route pour atteindre jusqu'a 2000 personnes. Elle est menee par un chef nomme << colonel >>.

Dans le temps, l'activite d'une bande de Rara etait comparable a celle d'une petite armee appelee a defendre un territoire donne. Ce qui implique aussi la demonstration de la force mystique (8) de son proprietaire qui est generalement un ougan (pretre du vodou). Cette preoccupation se traduit dans la denomination de plusieurs bandes a Leogane : << Chien Mechant >>, << Taureau lakou >>, << Tirailleurs (9)>>. Frequentees essentiellement par des gens vivant dans les peripheries de leur site d'origine, les deplacements des bandes se faisaient surtout la nuit et se deroulaient en marges des villes. L'effectif d'une bande de Rara ne depassait pas a ce moment la une cinquantaine de personnes. L'orchestre entonnait des chansons au rythme des rituels vodou et etait accompagne de petits instruments traditionnels : coquille du Iambi, vaksin (10), rape en fer-blanc, tige de fer et tambour.

Le Rara a ete considere comme quelque chose qui faisait la mauvaise renommee de Leogane. Animees du desir d'ecraser les concurrents, les rixes entre les bandes etaient choses courantes avec pour corollaire empoignades et << coups de poudre >> (11). S'ajoutent a tout cela les prejuges rattaches au vodou et a la culture populaire dans la societe haitienne d'avant 1986. En temoigne, dans le debat autour de l'Exposition internationale de Port-auPrince en 1949, cette intervention d'Ern Smith :

Durant tout le cours de l'Exposition [que soient tenus] eloignes de ce centre de civilisation [...] les adeptes et les amoureux du culte vodou [...]: les raras et les bandes grotesques de mardi-gras consideres comme des pestiferes. [...] Il est grand temps que nos intellectuels et nos folkloristes jettent un pleur sur ces cadavres et prononcent definitivement leurs oraisons funebres (Smith 1948 : 1).

Les anciennes formes de competition entre les bandes de Rara ont donne lieu a des affrontements violents. Ces rivalites ont projete une image negative de cette fete traditionnelle et celle-ci s'est repercutee sur toute la region de Leogane. Les dirigeants de bandes ont voulu renverser cette situation. Dans cette veine, les responsables sont souvent intervenus aupres des medias de la capitale (la television nationale en particulier) pour expliquer la nature du Rara. Il n'en demeure pas moins que leurs activites au niveau local, pour que tout se passe bien, etaient colossales (motiver les dirigeants pour eviter les rixes entre les bandes, les inciter a sortir un peu plus tot dans l'apres-midi, former des comites pour assurer la securite des participants et l'encadrement des visiteurs, etc.). L'organisation d'un premier festival en 1992 impliquant le defile des bandes dans l'espace urbain va contribuer a l'esthetisation de cette pratique. Se deroulant sur fond de concours de musique entre les differentes bandes, ce festival va donner lieu a de nouvelles formes de competitions. Il ne s'agit plus de mettre a point les forces physiques et mystiques mais de bien accorder les notes de musique et preparer banderoles, drapeaux et autres accessoires, afin de faire bonne figure aux grands defiles du Centre-ville. Le projet de changer l'image de cette expression culturelle a permis aux differents dirigeants de bandes jadis en confrontation de s'assembler dans un projet commun. D'autres acteurs comme la Mairie, la Deputation, la diaspora leoganaise, le Ministere de la Culture et des mecenes de la zone se sont tour a tour impliques dans la dynamique. Le Rara a ainsi fait l'objet de remodelage. On est passe d'un Rara faisant la mauvaise renommee de Leogane a un Rara qui fait la fierte des Leoganaise et Leoganais et qui se profile depuis une decennie environ comme le patrimoine identitaire et touristique de la region.

L'arrivee de nouveaux dirigeants scolarises et/ou issus de la diaspora participe aussi a la transformation du Rara. Si, dans le temps, une bande de Rara etait dirigee par une seule personne--le << proprietaire >> de cette bande, etait generalement un ougan -, de nos jours, elle est administree par un comite executif. Les membres du comite sont nommes en fonction de leurs aptitudes, a l'exception du president qui, lui, est choisi en fonction de sa position privilegiee dans la localite. Ce dernier est transforme en distributeurs de biens et assume seul certaines depenses de la bande.

Les rivalites entre les bandes de Rara se deroulent aussi de nos jours sur fond de concours de musique improvises dans les rues. De fait, pour etre competitive, une bande doit necessairement renforcer son orchestre en instrument et en musicien. L'apport materiel et financier des Leoganaises et des Leoganais vivant a l'etranger est a ce niveau remarquable. Les instruments de musique (trompettes, trombones, helicon et contrebasse) utilises dans les bandes de Rara sont generalement des dons de ces derniers.

Dans la diaspora haitienne, des comites se mettent en place dans plusieurs Etats des Etats-Unis d'Amerique et dans plusieurs autres pays, notamment en France et dans les Antilles, pour financer les bandes et faire leur promotion. En effet, avec la musique rara, s'est ouvert au sein des communautes haitiennes de ces pays un marche de disques compacts attirant des Haitiens, quelques musicologues et/ou ethnomusicologues et d'autres etrangers. L'interet ainsi suscite, motive nombre d'entre eux a venir participer aux festivites rara. D'ou l'ouverture de Leogane au tourisme creatif.

Le tourisme creatif se caracterise par la participation des visiteurs a des activites artistiques et creatives leur permettant de decouvrir la culture locale grace a l'experimentation, l'apprentissage ou la representation. Cette nouvelle forme de tourisme culturel offre aux voyageurs la possibilite de developper leur potentiel creatif en participant activement a des cours ou des experiences caracteristiques de leur lieu de sejour.

A l'instar de Barcelone (Richards 2011 : 1225-1253), des liens artistiques avec d'autres villes commencent a se creer. Les membres de la diaspora leoganaise et les etrangers partagent certaines techniques et experiences avec les dirigeants et les musiciens des rara(s) en particuliers ; les artistes ou musicologues etrangers, eux, parlent de l'apport de leur frequentation des musiciens de rara(s) a leur repertoire musical ou certaines de leurs melodies.

Les retombees economiques d'une saison rara, sont assez importantes et elles le sont encore plus pour le Festival. Les mototaxis, les hotels, les chambres d'hote, les restaurants, les marchands de fritures, de pistaches grillees, d'ecorce trempee ou clairin tranpeu, les charpentes, les proprietaires de depots de boissons gazeuses, les artistes, les choregraphes, les ingenieurs du son, les musiciens, etc. font generalement de bonnes affaires. Les gains nets des bandes rejaillissent sur le bien-etre commun. Malgre leur budget de depenses relativement lourd, certaines bandes arrivent a investir dans des activites communautaires comme en temoigne l'un des dirigeants de la bande de Rara denommee Tirailleurs. Le comite organisateur de son groupe a jete un pont sur la route reliant leur site au centre-ville de Leogane apres les festivites de 2007.

Le Rara devient un espace privilegie pour les acteurs qui cherchent a se positionner sur la scene publique. Les candidats aux collectivites territoriales, a la mairie et a la deputation cherchent toujours a attirer la sympathie des bandes. Aux elections de 2006, deux des trois conseillers municipaux elus etaient d'anciens presidents de bande et dirigeants de l'URAL (Union des Rara de Leogane). Le depute elu lors de cette meme election avait l'habitude de jouer le role de colonel (meneur de bande). Le Rara sert ainsi de support aux pouvoirs politiques locaux. De belles festivites rara realisees pour une saison tres proche des elections peuvent garantir la reelection des dirigeants en place.

Le Rara joue aussi le role de catalyseur de projets d'infrastructure. A la veille des festivites, les dirigeants locaux sont plus enclins a voir les problemes d'infrastructure de la ville : vetuste des rues, electricite, telecommunications, hotels, etc. Comme il est ecrit dans le document de projet prepare par la Mairie de Leogane et l'URAL pour relancer le festival en 2011 apres une annee d'interruption suite au seisme de janvier 2010 : << il y a la necessite d'utiliser ces activites populaires pour sensibiliser la population a la prise de conscience collective pour relever les grands defis de cette reconstruction >>. Ils croient ainsi en la force mobilisatrice du Rara.

Le Festival Rara joue un formidable role d'integration. Il met en scene des porteurs de traditions, comme les colonels, les joueurs de tambour, les << Majors-jonc >>, et nombre de ressources culturelles immaterielles du pays qui etaient victimes de prejuges et qui restaient inconnues. Loin de se limiter aux seuls aspects traditionnels du Rara, les organisateurs profitent de la scene du Festival pour exposer des oeuvres artisanales et picturales, presenter des spectacles de danse et d'autres elements historiques et culturels de Leogane. Ils envisagent d'amener les visiteurs a prendre conscience des autres aspects culturels de la region. Le Rara de Leogane s'inscrit, en ce sens, dans un processus d'esthetisation qui consiste a faconner cette expression culturelle, dans l'objectif principal de capter l'attention des visiteurs par des manieres attrayantes, seduisantes et de creer par cette strategie un capital de sympathie. Le Rara devient une source de fierte pour les Leoganaises et les Leoganais qui ne cessent de faire sa promotion a l'interieur comme a l'exterieur du pays. Subsequemment, le Festival Rara rassemble chaque annee de nombreux Haitiens vivant a l'etranger, des cooperants travaillant dans le pays et des visiteurs locaux, et s'impose en tant que ressource de developpement dans une zone ravagee par des confrontations humaines et des catastrophes naturelles repetees.

Conclusion

Les differents travaux d'interpretation, de reinterpretation et de remaniement qui se font de nos jours tant au niveau des elements culturels d'Haiti qu'au niveau des discours qui les encadrent permettent bien de parler de patrimoine remodele. Ceci est vu comme un patrimoine--principalement immateriel--qui, dans son expression, ne repond pas au gout des heritiers a un certain moment donne, ou qui ne correspond pas a l'image qu'ils veulent projeter et garder d'eux, voire un patrimoine qui devient dans une perspective touristique un marqueur depreciatif. Ce patrimoine, au lieu d'etre rejete, fait l'objet, suivant une demarche volontariste, de reappropriation, d'esthetisation et de capitalisation a travers de nouveaux creneaux. Ce qui implique que les heritiers ne se bornent pas a revaloriser les elements du passe, mais aussi << de redefinir la relation signifiante avec eux en les mettant en scene comme symbole, mythe et memoire >> aussi bien que d'en introduire de nouveaux elements et de donner plus de place a la creativite. Le patrimoine remodele peut continuer, ainsi, a etre une propriete identifiante pour la communaute qui l'a herite, l'a selectionne ou << un creuset ou s'exprime et se forge un lien collectif >> (Martin 1998 : 209). La notion de patrimoine remodele ouvre ainsi la voie a la valorisation durable du patrimoine, car elle permet de rassurer les descendants qu'ils sont heritiers de quelque chose dont ils peuvent s'en servir, capitaliser, donner de la valeur ajoutee ou modifier en fonction des aspirations contemporaines.

Des elements culturels comme le rituel du retour a Souvenance et le Rara de Leogane ne sont pas a regarder dans cet ordre d'idee en terme d'authentique ou non. Ils sont a considerer, de preference, comme des elements dont les heritiers sont non seulement conscients de leur contexte historique de production, mais aussi de leur importance pour leur communaute et l'humanite qu'il importe de sauvegarder et de donner sens pour les usagers actuels et futurs. Avant tout, ne s'agit-il pas de laisser aux descendants quelque chose qui a du sens pour eux et qui fait leur fierte.

En definitive, certains elements culturels haitiens--le vodou entre autres patrimoine difficile du pays--sont a regarder comme des temoins de contextes historiques particuliers et de certaines conditions d'existence specifiques qui ont marque le peuple haitien. C'est a ce compte qu'ils meritent d'etre conserves et valorises a l'interieur du pays et ouverts aux autres. Car tous ces elements issus des periodes coloniales esclavagistes, des confrontations humaines, des moments douloureux, de resistance ou de gloire, les experiences et les vecus des generations anterieures, des manifestations vivantes, des efforts pour resister physiquement et psychologiquement a un monde et a une nature souvent hostiles constituent a la fois le patrimoine culturel haitien et celui de l'humanite. Ne meritent-ils pas a ce titre d'etre mis en contexte, racontes et connus a travers de nouveaux films, de nouvelles expositions museales, des centres d'interpretation, des representations theatrales, des circuits touristiques, des experiences creatives--et non folklorises pour assouvir la soif d'exotisme du monde ? Le tourisme culturel creatif represente, ainsi, un grand chantier ouvrant sur la redefinition et la valorisation durable de la culture et du patrimoine d'Haiti aussi bien que la construction de ses infrastructures culturelles et touristiques. En attendant le retour des touristes etrangers a grande echelle, le chantier s'ouvre avec les touristes locaux, les cooperants internationaux travaillant dans le pays et en sollicitant le concours des membres de la diaspora haitienne.

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Joseph Ronald Dautruche

Universite Laval

Universite d'Etat d'Haiti

(1) Lire l'article de la Ministre de la culture de l'epoque Marie-Laurence Jocelyn-Lassegue. <<La culture, berceau de la renaissance haitienne>> (2010 : 13-14). Recemment a l'ouverture d'une exposition d'art haitien a Mexico <<Haiti : historias y suenos>>, l'ambassadeur d'Haiti a Mexico, Guy G. Lamothe, a declare que <<notre pays est ouvert au commerce et un des produits que nous pouvons offrir aux etrangers est notre culture. Pour le discours de l'ambassadeur d'Haiti a Mexico, voir le journal Haiti libre du 24 novembre 2012.

(2) The Serpent and The Rainbow par exemple du Canadien Wade Davis paru a New York en 1985 aux editions Simon and Schuster a ete recemment reedite sous le titre : The Serpent and The Rainbow : A Harvard Scientist's Astonishing Journey into the Secret Societies of Haitian Voodoo, Zombies, and Magic. C'est ce livre qui est adapte dans le film L empire des tenebres. On sait bien de nos jours que les films constituent l'un des plus importants instruments de marketing touristique.

(3.) Norluck Dorange est aussi pratiquant du vodou.?

(4.) Traduction de Norluck Dorange dans Dorange 2008.

(5.) Pour une meilleure comprehension de cette approche voir Nora (1997 : 23) ; Fabre (2000 : 195-208) ; Turgeon (2007 : 27).

(6.) La dynamique autour du Rara a ete deja presentee dans Dautruche (2011).

(7.) Espace comprenant plusieurs unites de logement, souvent un lieu de culte vodou.

(8.) Les proprietaires de bandes alimentent et laissent raconter toute sorte de legende autour d'eux a cette epoque. Au niveau de la bande Tirailleurs, par exemple, a cote du fondateur qui aurait ete detenteur de force surnaturelle, Elver, un de ses anciens colonels aurait pris un pwen (force surnaturelle) qui lui a donne des qualites exceptionnelles de musiciens. On rapporte que le vendredi saint, il aurait eu l'habitude de faire jouer son vaksin, sans souffler dans cet instrument a vent. Colas Perpilus, lui, un dirigeant de la bande, rapporte-t-on, aurait detenu un secret lui permettant de renforcer la performance musicale de la bande a l'aide de sa pipe.

(9.) Tirailleurs etant le nom donne a une ancienne unite d'elite de l'Armee d'Haiti.

(10.) Instrument de musique tres long, en tige de bambou ou en PVC de taille variable, il est a la fois souffle et frappe, et le son se repercute en echo.

(11.) La poudre ici fait reference a des substances preparees a base de plantes pouvant provoquer des malaises de toutes sortes chez l'individu touche, voire meme causer son deces.

(12.) Rhum traditionnel local melange avec des herbes tropicales et des ecorces de certains arbres reconnues pour leurs effets aphrodisiaques.

(13.) Pour une explication plus detaillee de ces formes de reinscription du passe dans le present, voir Bhabha (2007 : 361-391).

(14.) Un patrimoine est << difficile >> dans la mesure ou l'affirmation d'un sens positif de l'identite donne lieu a une lutte. Un patrimoine difficile peut egalement etre particulierement puissant pour eveiller de fortes emotions, etre un sujet de debat public et continuer d'attirer un public potentiellement varie. Pour approfondir cette question, voir Macdonald (2006: 119-138).
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