Tourisme culturel et patrimoine remodele: dynamique de mise en valeur du patrimoine culturel immateriel en Haiti.
Dautruche, Joseph Ronald
Cet article met en avant la dynamique de la mise en valeur du
patrimoine culturel immateriel en Haiti dans un contexte touristique.
Pour ce faire, nous mobilisons un corpus compose de textes historiques
et ethnographiques, de recits de voyages, de documents de projet, de
films documentaires ; aussi nous nous sommes appuyes sur des
observations directes et des entrevues que nous avons realisees a
Leogane et a Souvenance (Gonaives). L'analyse tend a demontrer que
loin de chercher a fabriquer des << authenticites >> ou
mobiliser des elements du patrimoine culturel haitien qui seraient vus
comme authentiques, les differents acteurs impliques dans cette
dynamique misent de preference sur des elements culturels qui font
l'objet d'esthetisation ou qu'ils sont en train
d'esthetiser. Prenant conscience des contextes dans lesquels
certains elements culturels et patrimoniaux d'Haiti ont ete
construits, reconnus et valorises, ils sont en train de les articuler
d'une autre maniere a travers de nouveaux recits, de nouveaux
films, de nouvelles expositions museales, des representations
theatrales, des festivals et des activites universitaires. Autrement
dit, certains de ces elements sont en train d'etre remodeles avec
d'autres discours, voire d'etre mobilises sur un mode
performatif. On se trouve dans toute une dynamique de changement de
regime de rapport avec les elements culturels et patrimoniaux
d'Haiti alors les heritiers cherchent a mettre ceux-ci au gout du
jour. Ce qui ressort de cette lecture c'est la notion de <<
patrimoine remodele >>.
This article highlights the dynamics of valuing the intangible
cultural heritage in Haiti in a touristic context. To do this, it
mobilizes a body of documentation composed of historical and
ethnographic texts, travelogues, project documents, and documentary
films. It also relies on direct observations and interviews conducted in
Leogane and Souvenance ( Gonaives ). The analysis suggests that far from
attempting to build "authenticities" or mobilize elements of
the Haitian cultural heritage that would be perceived as authentic, the
various actors involved in this process preferably rely on cultural
elements that were aestheticized or are in a process of
aestheticization. By becoming aware of the contexts in which cultural
objects or the cultural heritage of Haiti were constructed, acknowledged
and valued, these actors are rearticulating heritage in a different way
through new stories, new movies, new museum exhibits, theatrical
performances, festivals and university activities. In other words, some
of these objects are being remodeled with new discourses, or are even
mobilized on a performative mode. This implies the emergence of a very
dynamic change in the apprehension of the culture and heritage of Haiti,
as new actors try to put them up to date. What emerges from this reading
is the notion of a "remodeled heritage."
**********
Dans les resultats de la <<Table ronde d'experts>>
organisee par PUNESCO en 1996, le tourisme est presente comme un
<<nouveau facteur de developpement pour les pays du Sud>> et
<<le premier vecteur mondial d'echanges culturels>>
(Unesco 1997 : 4). Les deux dernieres decennies marquent le debut de
Pere de la diversite culturelle consacrant le principe que toutes les
cultures et tous les patrimoines se valent et peuvent, de ce fait, etre
legitimement mis en valeur dans une perspective touristique. II
semblerait, comme le souligne Saskia Cousin, que le
<<culturel>> du tourisme culturel englobe desormais
tellement de pratiques et tellement de lieux, que, le tourisme
redevienne culturel, sans qu'il ne soit plus necessaire de
mentionner son caractere culturel (Cousin 2008 : 52). En effet, les
destinations qui cherchent a se distinguer de plus en plus de leurs
concurrentes se sont tournees vers la culture comme un moyen de
distinction, et la culture est de plus en plus liee au tourisme comme un
moyen de generer des revenus et d'emplois (Richards 2001). Nombre
de pays sont appeles ainsi a mobiliser leur culture pour assurer leur
developpement touristique.
Les pays qui agreent a la vision touristique de leur culture
deviennent des reussites (success story) en matiere de developpement du
tourisme culturel et sont proposes de nos jours comme des modeles. Mais
on s'interroge rarement sur ce qu'adviendrait dans le cas
d'un pays ou ses principaux acteurs prendraient conscience que ses
elements culturels--tels qu'ils sont presentes a
l'exterieur--renvoient une image negative et figee de leur pays
dont ils veulent se sortir.
Cet article met en avant la dynamique de la mise en valeur du
patrimoine culturel immateriel en Haiti dans un contexte touristique.
Pour ce faire, nous mobilisons un corpus compose de textes historiques
et ethnographiques, de recits de voyages, de documents de projet, de
films documentaires ; aussi nous nous sommes appuyes sur des
observations directes et des entrevues que nous avons realisees a
Leogane de 2007 a 2011 et a Souvenance (Gonaives) en 2010.
L'analyse tend a demontrer que loin de chercher a fabriquer des
<<authenticites>> ou mobiliser des elements du patrimoine
culturel haitien qui seraient vus comme authentiques--renvoyant aux
manifestations de ces elements dans le passe ou tels qu'ils ont ete
decrits dans les textes ou presentes dans les films--, les differents
acteurs impliques dans cette dynamique misent de preference sur des
elements culturels qui font l'objet d'esthetisation ou
qu'ils sont en train d'esthetiser. Prenant conscience des
contextes dans lesquels certains elements culturels et patrimoniaux
d'Haiti ont ete construits, reconnus et valorises, ils sont en
train de les articuler d'une autre maniere a travers de nouveaux
recits, de nouveaux films, de nouvelles expositions museales, des
representations theatrales, des festivals et des activites
universitaires. Autrement dit, certains de ces elements sont en train
d'etre remodeles avec d'autres discours, voire d'etre
mobilises sur un mode performatif. On se trouve dans toute une dynamique
de changement de regime de rapport avec les elements culturels et
patrimoniaux d'Haiti. Les heritiers cherchent a mettre ceux-ci au
gout du jour. Ce qui ressort de cette lecture c'est la notion de
<<patrimoine remodele>>.
Nous presenterons, dans un premier temps, de facon succincte le
malaise ressenti dans le passe--meme encore de nos jours--face a la
facon dont certains elements culturels devenus marqueurs touristiques
d'Haiti ont ete inventories et promus. En s'appuyant sur
l'exemple du rituel du retour a Souvenance aux Gonaives et du Rara
de Leogane, nous essayerons de decrire, dans un second temps, les
interpretations, les re interpretations et les remaniements qui se font
autour de ces expressions culturelles, afin de mettre en perspective ce
que nous appelons <<patrimoine remodele>>.
Malaise dans les activites liees au tourisme culturel traditionnel
en Haiti
Dans le discours d'introduction du Plan Directeur Tourisme
(PDT) 2007, il est clairement indique que <<l'Etat haitien
decide de faire du tourisme le principal vecteur de croissance afin
d'optimiser les retombees des investissements qui seront consentis
dans les autres secteurs, notamment ceux des Travaux Publics, de
l'Agriculture et de l'Environnement>> (Ministere du
Tourisme 2008: 2). Et, la culture et le patrimoine representent
l'une des ressources que les autorites etatiques et les communautes
locales comptent mobiliser pour developper ce secteur (Ministere de la
planification et de la cooperation externe d'Haiti 2007 : 12-13).
La conception de la culture comme une ressource a capitaliser se
renforce en Haiti depuis le puissant seisme du 12 janvier 2010 (1). Lors
de la <<Conference des donateurs pour la culture en Haiti>>
tenue a Paris en avril 2011 par l'UNESCO, on a propose, par
exemple, de faire de la culture du pays le <<moteur de sa
reconstruction>> (UNESCO 2011).
La relation entre culture et tourisme n'est cependant pas
nouvelle en Haiti. Depuis l'accueil des premiers touristes
internationaux proprement dits vers la deuxieme moitie des annees 1940,
le pays a toujours ete marque principalement par l'offre d'un
produit culturel (cuisine locale, participation a des evenements
culturels, des ceremonies vodou, etc.). C'est la culture du pays
qui a principalement attire les visiteurs. Ayant acquis une certaine
renommee sur la scene internationale, Haiti a ete meme frappe par la
<<menace>> d'un tourisme culturel de masse a un certain
temps. Cet elan du tourisme culturel--et du tourisme en general--a ete
interrompu par des crises politiques repetees depuis la deuxieme moitie
des annees 1950. Mais un malaise s'installe dans le pays depuis son
ouverture officielle au tourisme international quant a la demande de la
<<culture haitienne authentique>> de la part des visiteurs.
Les touristes qui visitent Haiti a cette epoque ont ete interesses
essentiellement par le vodou. Le gouvernement haitien, lui, a organise
une Exposition internationale et a presente aux visiteurs les
<<progres>> du pays en termes d'infrastructures
culturelles modernes--musee, theatre, salle d'exposition,
restaurant chic mettant en valeur la gastronomie du pays, etc.--et des
membres de l'elite intellectuelle de la capitale haitienne, eux,
ont invite les etrangers dans des soirees litteraires, des congres de
philosophie, des spectacles de danse modernes, des operas et des
representations des artistes d'ici et d'ailleurs. Au lieu de
presenter la culture exotique du pays, on a presente davantage la
culture urbaine Port-au-Princienne en objet touristique exotique. Pour
parler comme MacCannell (1976, 2000), les touristes ont demande pour
l'arriere scene, car ce qui est presente en avant scene se
rapproche trop de ce qu'on rencontre generalement dans leur pays.
La chose essentielle a voir en Haiti doit etre, dans cet ordre
d'idee, ce qui fait sa difference, son <<authenticite>>
: le vodou principalement.
Le vodou etait cependant un <<marqueur depreciatif>>
d'Haiti, pour reprendre l'expression de Jardel (2000:451-463
), et les autorites haitiennes ont voulu donner d'autres images de
marque a ce pays. L'image du vodou--ou l'image d'Haiti
dans une certaine mesure--qui a eu le plus de succes surtout aux
Etats-Unis a l'epoque, c'etait celle projetee par L'ile
magique--le livre du journaliste americain William Buehler Seabrook
(1929 [1926])--des <<corps noirs sauter, crier, se tordre, ivres
de sang, de desir sexuel et de mysticisme>>, <<des dents
etincelantes>>, des <<yeux enflammes>> et <<des
individus (homme et femme se saisissant l'un l'autre)
s'entrainaient mutuellement vers la foret afin d'apaiser leur
frenesie sacree>>. C'etait une image d'un vodou traite
comme une etrangete, en dehors de son cadre socioculturel et historique.
Une image qui peut jouer sur l'affectivite, sur l'emotionnel
comme dans les publicites touristiques savamment travaillees de nos
jours. L'auteur a lance, en effet, a la fin de sa description, une
invitation a tout le monde : <<mes yeux contemplaient cette scene
dans sa realite vivante>> ; <<c'etait sauvage et sans
frein, mais non point depourvu d'une certaine beaute >>;
<<a quoi bon la vie sans ses moments d'emotion et ses heures
d'extase>> (46-47). A cote de l'ouvrage de Seabrook qui
a suscite l'interet de nombreux visiteurs, Haiti etait presente par
des agences touristiques americaines sous le vocable de
<<vodoo-land>> (Metraux 1958:318). C'est cette image
representative de l'alterite haitienne qui etait demandee par les
touristes etrangers et que les Haitiens etaient appeles a rendre de
maniere <<authentique>>.
Le vodou est passe en un tour de main de l'element phare de la
<<barbarie haitienne>> a la <<culture haitienne
authentique>>. Alors que le foyer de tension est encore visible,
alors que les textes stereotypes sur le vodou continuent a etre reedites
(2) et des films comme L'empire des tenebres (1987 ) de
l'Americain Wes Craven sont encore recommandes aux visiteurs
potentiels du pays, le vodou est a promouvoir aujourd'hui comme
patrimoine de la difference culturelle du pays. En effet, c'est
principalement le vodou ou certains objets et pratiques lies a cet
element culturel qui sont promus--bien souvent de facon folklorique--a
travers le monde d'aujourd'hui dans les salles de cinema, les
theatres, les festivals, les expositions itinerantes comme temoins
authentiques de la culture haitienne. Est-ce qu'on peut
d'emblee faire la mise en valeur touristique du vodou ou de ces
elements derives sans comprendre pourquoi et comment ils deviennent des
elements historiques et culturels d'importance meritant d'etre
valorises et partages ?
La question de << faire de la culture du pays le moteur de sa
reconstruction >> peut paraitre d'autant plus complexe, car
le malaise se rapportant au vodou peut etre ressenti pour n'importe
quel autre element culturel du pays, qu'il s'agisse de la
peinture, du carnaval, de la musique ou du Rara. Cette situation de
tension est inherente a ce qu'on appelle la << culture
haitienne >> renvoyant a certains anciens discours textuels et aux
pratiques traditionnelles des coins les plus recules du pays. On ecarte
d'emblee tout ce qui se passe en milieu urbain voire ce qui est
pratique et valorise par les groupes scolarises du pays ou les elements
traditionnels qui font l'objet d'une certaine esthetisation.
Autrement dit, on ne fait reference qu'aux elements exotiques.
Aussi, tous changements dans les elements culturels observes sont
qualifies d'<< acculturation >>, de <<
denaturation >>, d'<< hybridation deconcertante
>> ou de << perte d'authenticite >>. Une fois
qu'une culture est decrite, proclamee et connue par tout le monde,
on dirait que son authenticite est scellee. Tout changement dans cette
culture constitue un acte de falsification et celle-ci perd
d'emblee sa valeur. On tend a oublier cependant que loin
d'etre un heritage du passe qui se transmet de generation en
generation comme un paquet clos, un element culturel ou un <<
patrimoine se veut, se construit, s'invente et se vit >>
(Turgeon 2003 : 155). Ce qui se passe de nos jours autour des rituels
vodou a Souvenance aux Gonaives et du Rara de Leogane tend a montrer
cette dynamique.
Regarder, comprendre et partager le vodou de facon creative
Le rituel du retour a Souvenance et le film The Oblivion Tree
Les films participent beaucoup a la construction des destinations
touristiques (Vergopoulos et Bourgatte 2001 : 99-107). Ils constituent
des dispositifs de mediation qui mettent en relation des univers
narratifs et des territoires ainsi que des pratiques culturelles. Les
productions filmiques ont la capacite de promouvoir les environnements
(naturels et culturels), dont elles se servent en toile de fond. Elles
participent dans ce sens a la qualification ou requalification de
certaines pratiques et de certains lieux apparemment banals pour en
faire des choses dignes d'un interet touristique. Le
film-documentaire The Oblivion Tree du realisateur haitien Norluck
Dorange (3), sorti en Floride en 2009, s'inscrit bien dans cette
perspective.
Ce film attire l'attention sur un rituel vodou qui se deroule
chaque annee a Souvenance : le rituel du retour. Il offre une maniere
nouvelle de decouvrir le vodou. En lieu et place des zombis, des
personnes en transes et des accoutrements particuliers des pratiquants,
il oriente le visiteur sur d'autres formes d'expression du
vodou : l'histoire et la memoire de l'esclavage par exemple.
Il peut attirer dans ce sens un public nouveau s'interessant
davantage a une image thematique des sites vodou. Il s'inscrit
ainsi dans un processus de reagencement des dispositifs de mediation
touristique du vodou comme chose a voir.
Le rituel : une route symbolique
Diverses routes emblematiques de par le monde sont mises en
evidence dans une double consideration, geographique et historique : la
route de Saint-Jacques-de-Compostelle en France et en Espagne, la route
de la Soie entre l'Asie et l'Europe, les routes du Sel
(Europe, France, Chine, Tibet, Nepal et l'Afrique), la route de
l'esclave a Ouidah au Benin, etc. Ces routes sont construites par
des experts et peuvent etre identifiees physiquement. Les concepts sont
les resultats de recherches assez laborieuses et les discours sont
proposes en fonction d'objectifs prealablement etablis par des
institutions nationales et/ou internationales. Tout un ensemble de
marqueurs materiels participent a ces constructions et concourent a
atteindre les objectifs fixes. La route du retour a Souvenance apparait
dans ce cas comme une exception. Elle ne fait pas l'objet
d'autant de travaux et tout se joue dans le symbolique. Cette idee
de Jean-Didier Urbain prend tout son sens dans le cas de cette route.
Un lieu de memoire n'est pas une destination comme les autres.
Il n'existe pas en soi, mais par un regard specifique, le regard de
celui qui se souvient et le fait devenir et demeurer le receptacle
d'un passe toujours vivant dans les mentalites et les sensibilites
collectives (Urbain 2003 : 5).
Avant d'etre embarque pour l'Amerique dans le cadre de la
traite negriere coloniale, de million d'Africains etaient forces de
tourner autour d'un arbre appele communement << l'arbre
de l'oubli >>. Ce nom vient d'un rituel au cours duquel
les captifs tournaient autour de l'arbre afin d'oublier leur
patrie et leur souffrance. Les hommes tournaient neuf fois, les femmes
sept fois, le nombre etant en relation avec la tradition qui stipule que
les hommes sont associes au chiffre neuf et les femmes au sept.
L'origine de ces chiffres dans la tradition au Benin vient de la
croyance que les hommes ont neuf cotes et les femmes sept. Cet arbre
n'existe plus aujourd'hui. 11 a ete remplace par un autre, le
kpatiman en langue Fon-gbe ou Yhysope africana en botanique, utilise
depuis des siecles au Benin pour des purifications. A ses cotes, la
statue d'une sirene symbolise une destination inconnue pour les
esclaves deportes (Dorange 2008 ; Bertrand Poda 2010 : 93-112). A
Souvenance, le nom mystique de l'arbre est << Papa Lisa
>>. Lisa est le cote masculin du Dieu supreme Mawu Lisa dans le
vodou dahomeen.
Cette tranche d'histoire non relatee dans l'histoire
officielle d'Haiti a ete codifiee dans la memoire des captifs
deportes en Amerique depuis la periode coloniale, transmise de
generation en generation pour rester vivante jusqu'a
aujourd'hui parmi les descendants a travers ce rituel religieux. A
Souvenance, les descendants des Africains font chaque annee le rituel du
retour qui est en quelque sorte une reprise en sens inverse du rituel
qui a ete institue en Afrique. Il constitue un retour dans une Afrique
originelle, une Afrique mythique, une Afrique qui a perdu nombre de
traces de son passe.
Le lundi, au lendemain du dimanche de Paques, tres tot dans la
matinee, un defile part du temple central vers un mapou [bougainvillier]
situe au fond de la concession. Le trajet vers le mapou symbolise le
voyage vers l'Afrique. On chante en creole et en fon (la langue
parlee par les Dahomeens) : << Komi Komi Kida, Mikode Zanholi e
>> (Nous demandons, nous recherchons la route de Zanholi) (4).
Zanholi est le nom d'un quartier a Ouidah ou furent parques les
captifs avant leur embarquement pour l'Amerique.
[ILLUSTRATION OMITTED]
Contrairement aux voeux des trafiquants de l'epoque qui
voulaient que ces Africains oublient leur terre ancestrale, a
Souvenance, les descendants des dahomeens trouvent une connexion
emotionnelle a travers ce rituel religieux. La traversee symbolique des
mers, est placee sous l'autorite de Maitre Agwe, la divinite des
mers dans le vodou haitien. Sous le calebassier couple au tamarinier
situe a mi-distance entre le peristyle et le mapou, le serviteur
s'agenouille et fait sa priere.
O, Maitre Agwe, nous allons naviguer sur les mers, accompagne nous.
Que notre trajet arrive au bon port au cours de la journee. Eloigne
la jalousie parmi les marins et mes assistants pendant notre voyage
sur les mers, eloigne de nous les mauvais vents et les recifs. Tout
le reste depend de ta puissance, O Maitre Agwe.
L'arrivee sous les feuillages de ce mapou est l'arrivee
symbolique en Afrique qui est celebree au son du tambour. On souffle le
Iambi (symbole de rassemblement et de liberte en Haiti). Et on chante :
<< O Miwa e, Ousi yo mande woumble >> (Venez, rassemblons
nous, tous les adeptes du vodou). Les participants au rituel viennent se
frotter le front contre les racines du mapou. Puis ils font sept fois le
tour du mapou geant symbolisant la demarche a l'envers que les
Africains avaient ete forces d'observer sous l'arbre de
l'oubli. Le reste de la journee est consacree a la celebration du
retour sur la terre d'Afrique. Salutations aux divinites
dahomeennes, communion, chants et danses en l'honneur des divinites
vodou se succedent.
[ILLUSTRATION OMITTED]
Le rituel du retour a Souvenance participe d'un meme travail
que les routes prealablement citees : le travail de memoire. La memoire
de l'esclavage est, ici, bel et bien actualisee et ce retour
symbolique permet aux descendants des Africains deportes en Haiti de
passer l'eponge sur ce drame. Comme l'a souligne Urbain
(2003), le tourisme de memoire permet un travail de deuil, pour non
seulement se souvenir et connaitre, mais aussi accepter ce qui
s'est passe. De ce fait, il participe a un grand rituel necessaire
a la paix sociale en faisant se rencontrer conscience individuelle et
conscience collective en une seule : la conscience du monde.
Le site Souvenance est projete dans le film-documentaire The
Oblivion
Tree comme un lieu servant a soutenir la memoire africaine en Haiti
et << participant activement a sa construction et a sa
structuration >> (5). Il met en lumiere toute la charge historique
et memorielle liee a ce rituel, et permet aux Haitiens aussi bien
qu'aux etrangers de l'apprecier dans son contexte.
Le Rara de Leogane (6): Un patrimoine remodele
Dans son acception la plus populaire, le Rara fait reference a des
fetes traditionnelles haitiennes commencant le lendemain du mercredi des
Cendres et finissant le lundi de Paques, soit durant la periode du
careme chretien. Les manifestations sont animees par les bandes de Rara,
generalement dans la rue, et rassemblent une immense foule dansant et
chantant au rythme du tambour, l'instrument central de la musique
rara. De son site, ou lakou (7), une bande se deplace avec quelques
dizaines de personnes et augmente en cours de route pour atteindre
jusqu'a 2000 personnes. Elle est menee par un chef nomme <<
colonel >>.
Dans le temps, l'activite d'une bande de Rara etait
comparable a celle d'une petite armee appelee a defendre un
territoire donne. Ce qui implique aussi la demonstration de la force
mystique (8) de son proprietaire qui est generalement un ougan (pretre
du vodou). Cette preoccupation se traduit dans la denomination de
plusieurs bandes a Leogane : << Chien Mechant >>, <<
Taureau lakou >>, << Tirailleurs (9)>>. Frequentees
essentiellement par des gens vivant dans les peripheries de leur site
d'origine, les deplacements des bandes se faisaient surtout la nuit
et se deroulaient en marges des villes. L'effectif d'une bande
de Rara ne depassait pas a ce moment la une cinquantaine de personnes.
L'orchestre entonnait des chansons au rythme des rituels vodou et
etait accompagne de petits instruments traditionnels : coquille du
Iambi, vaksin (10), rape en fer-blanc, tige de fer et tambour.
Le Rara a ete considere comme quelque chose qui faisait la mauvaise
renommee de Leogane. Animees du desir d'ecraser les concurrents,
les rixes entre les bandes etaient choses courantes avec pour corollaire
empoignades et << coups de poudre >> (11). S'ajoutent a
tout cela les prejuges rattaches au vodou et a la culture populaire dans
la societe haitienne d'avant 1986. En temoigne, dans le debat
autour de l'Exposition internationale de Port-auPrince en 1949,
cette intervention d'Ern Smith :
Durant tout le cours de l'Exposition [que soient tenus]
eloignes de ce centre de civilisation [...] les adeptes et les amoureux
du culte vodou [...]: les raras et les bandes grotesques de mardi-gras
consideres comme des pestiferes. [...] Il est grand temps que nos
intellectuels et nos folkloristes jettent un pleur sur ces cadavres et
prononcent definitivement leurs oraisons funebres (Smith 1948 : 1).
Les anciennes formes de competition entre les bandes de Rara ont
donne lieu a des affrontements violents. Ces rivalites ont projete une
image negative de cette fete traditionnelle et celle-ci s'est
repercutee sur toute la region de Leogane. Les dirigeants de bandes ont
voulu renverser cette situation. Dans cette veine, les responsables sont
souvent intervenus aupres des medias de la capitale (la television
nationale en particulier) pour expliquer la nature du Rara. Il n'en
demeure pas moins que leurs activites au niveau local, pour que tout se
passe bien, etaient colossales (motiver les dirigeants pour eviter les
rixes entre les bandes, les inciter a sortir un peu plus tot dans
l'apres-midi, former des comites pour assurer la securite des
participants et l'encadrement des visiteurs, etc.).
L'organisation d'un premier festival en 1992 impliquant le
defile des bandes dans l'espace urbain va contribuer a
l'esthetisation de cette pratique. Se deroulant sur fond de
concours de musique entre les differentes bandes, ce festival va donner
lieu a de nouvelles formes de competitions. Il ne s'agit plus de
mettre a point les forces physiques et mystiques mais de bien accorder
les notes de musique et preparer banderoles, drapeaux et autres
accessoires, afin de faire bonne figure aux grands defiles du
Centre-ville. Le projet de changer l'image de cette expression
culturelle a permis aux differents dirigeants de bandes jadis en
confrontation de s'assembler dans un projet commun. D'autres
acteurs comme la Mairie, la Deputation, la diaspora leoganaise, le
Ministere de la Culture et des mecenes de la zone se sont tour a tour
impliques dans la dynamique. Le Rara a ainsi fait l'objet de
remodelage. On est passe d'un Rara faisant la mauvaise renommee de
Leogane a un Rara qui fait la fierte des Leoganaise et Leoganais et qui
se profile depuis une decennie environ comme le patrimoine identitaire
et touristique de la region.
L'arrivee de nouveaux dirigeants scolarises et/ou issus de la
diaspora participe aussi a la transformation du Rara. Si, dans le temps,
une bande de Rara etait dirigee par une seule personne--le <<
proprietaire >> de cette bande, etait generalement un ougan -, de
nos jours, elle est administree par un comite executif. Les membres du
comite sont nommes en fonction de leurs aptitudes, a l'exception du
president qui, lui, est choisi en fonction de sa position privilegiee
dans la localite. Ce dernier est transforme en distributeurs de biens et
assume seul certaines depenses de la bande.
Les rivalites entre les bandes de Rara se deroulent aussi de nos
jours sur fond de concours de musique improvises dans les rues. De fait,
pour etre competitive, une bande doit necessairement renforcer son
orchestre en instrument et en musicien. L'apport materiel et
financier des Leoganaises et des Leoganais vivant a l'etranger est
a ce niveau remarquable. Les instruments de musique (trompettes,
trombones, helicon et contrebasse) utilises dans les bandes de Rara sont
generalement des dons de ces derniers.
Dans la diaspora haitienne, des comites se mettent en place dans
plusieurs Etats des Etats-Unis d'Amerique et dans plusieurs autres
pays, notamment en France et dans les Antilles, pour financer les bandes
et faire leur promotion. En effet, avec la musique rara, s'est
ouvert au sein des communautes haitiennes de ces pays un marche de
disques compacts attirant des Haitiens, quelques musicologues et/ou
ethnomusicologues et d'autres etrangers. L'interet ainsi
suscite, motive nombre d'entre eux a venir participer aux
festivites rara. D'ou l'ouverture de Leogane au tourisme
creatif.
Le tourisme creatif se caracterise par la participation des
visiteurs a des activites artistiques et creatives leur permettant de
decouvrir la culture locale grace a l'experimentation,
l'apprentissage ou la representation. Cette nouvelle forme de
tourisme culturel offre aux voyageurs la possibilite de developper leur
potentiel creatif en participant activement a des cours ou des
experiences caracteristiques de leur lieu de sejour.
A l'instar de Barcelone (Richards 2011 : 1225-1253), des liens
artistiques avec d'autres villes commencent a se creer. Les membres
de la diaspora leoganaise et les etrangers partagent certaines
techniques et experiences avec les dirigeants et les musiciens des
rara(s) en particuliers ; les artistes ou musicologues etrangers, eux,
parlent de l'apport de leur frequentation des musiciens de rara(s)
a leur repertoire musical ou certaines de leurs melodies.
Les retombees economiques d'une saison rara, sont assez
importantes et elles le sont encore plus pour le Festival. Les
mototaxis, les hotels, les chambres d'hote, les restaurants, les
marchands de fritures, de pistaches grillees, d'ecorce trempee ou
clairin tranpeu, les charpentes, les proprietaires de depots de boissons
gazeuses, les artistes, les choregraphes, les ingenieurs du son, les
musiciens, etc. font generalement de bonnes affaires. Les gains nets des
bandes rejaillissent sur le bien-etre commun. Malgre leur budget de
depenses relativement lourd, certaines bandes arrivent a investir dans
des activites communautaires comme en temoigne l'un des dirigeants
de la bande de Rara denommee Tirailleurs. Le comite organisateur de son
groupe a jete un pont sur la route reliant leur site au centre-ville de
Leogane apres les festivites de 2007.
Le Rara devient un espace privilegie pour les acteurs qui cherchent
a se positionner sur la scene publique. Les candidats aux collectivites
territoriales, a la mairie et a la deputation cherchent toujours a
attirer la sympathie des bandes. Aux elections de 2006, deux des trois
conseillers municipaux elus etaient d'anciens presidents de bande
et dirigeants de l'URAL (Union des Rara de Leogane). Le depute elu
lors de cette meme election avait l'habitude de jouer le role de
colonel (meneur de bande). Le Rara sert ainsi de support aux pouvoirs
politiques locaux. De belles festivites rara realisees pour une saison
tres proche des elections peuvent garantir la reelection des dirigeants
en place.
Le Rara joue aussi le role de catalyseur de projets
d'infrastructure. A la veille des festivites, les dirigeants locaux
sont plus enclins a voir les problemes d'infrastructure de la ville
: vetuste des rues, electricite, telecommunications, hotels, etc. Comme
il est ecrit dans le document de projet prepare par la Mairie de Leogane
et l'URAL pour relancer le festival en 2011 apres une annee
d'interruption suite au seisme de janvier 2010 : << il y a la
necessite d'utiliser ces activites populaires pour sensibiliser la
population a la prise de conscience collective pour relever les grands
defis de cette reconstruction >>. Ils croient ainsi en la force
mobilisatrice du Rara.
Le Festival Rara joue un formidable role d'integration. Il met
en scene des porteurs de traditions, comme les colonels, les joueurs de
tambour, les << Majors-jonc >>, et nombre de ressources
culturelles immaterielles du pays qui etaient victimes de prejuges et
qui restaient inconnues. Loin de se limiter aux seuls aspects
traditionnels du Rara, les organisateurs profitent de la scene du
Festival pour exposer des oeuvres artisanales et picturales, presenter
des spectacles de danse et d'autres elements historiques et
culturels de Leogane. Ils envisagent d'amener les visiteurs a
prendre conscience des autres aspects culturels de la region. Le Rara de
Leogane s'inscrit, en ce sens, dans un processus
d'esthetisation qui consiste a faconner cette expression
culturelle, dans l'objectif principal de capter l'attention
des visiteurs par des manieres attrayantes, seduisantes et de creer par
cette strategie un capital de sympathie. Le Rara devient une source de
fierte pour les Leoganaises et les Leoganais qui ne cessent de faire sa
promotion a l'interieur comme a l'exterieur du pays.
Subsequemment, le Festival Rara rassemble chaque annee de nombreux
Haitiens vivant a l'etranger, des cooperants travaillant dans le
pays et des visiteurs locaux, et s'impose en tant que ressource de
developpement dans une zone ravagee par des confrontations humaines et
des catastrophes naturelles repetees.
Conclusion
Les differents travaux d'interpretation, de reinterpretation
et de remaniement qui se font de nos jours tant au niveau des elements
culturels d'Haiti qu'au niveau des discours qui les encadrent
permettent bien de parler de patrimoine remodele. Ceci est vu comme un
patrimoine--principalement immateriel--qui, dans son expression, ne
repond pas au gout des heritiers a un certain moment donne, ou qui ne
correspond pas a l'image qu'ils veulent projeter et garder
d'eux, voire un patrimoine qui devient dans une perspective
touristique un marqueur depreciatif. Ce patrimoine, au lieu d'etre
rejete, fait l'objet, suivant une demarche volontariste, de
reappropriation, d'esthetisation et de capitalisation a travers de
nouveaux creneaux. Ce qui implique que les heritiers ne se bornent pas a
revaloriser les elements du passe, mais aussi << de redefinir la
relation signifiante avec eux en les mettant en scene comme symbole,
mythe et memoire >> aussi bien que d'en introduire de
nouveaux elements et de donner plus de place a la creativite. Le
patrimoine remodele peut continuer, ainsi, a etre une propriete
identifiante pour la communaute qui l'a herite, l'a
selectionne ou << un creuset ou s'exprime et se forge un lien
collectif >> (Martin 1998 : 209). La notion de patrimoine remodele
ouvre ainsi la voie a la valorisation durable du patrimoine, car elle
permet de rassurer les descendants qu'ils sont heritiers de quelque
chose dont ils peuvent s'en servir, capitaliser, donner de la
valeur ajoutee ou modifier en fonction des aspirations contemporaines.
Des elements culturels comme le rituel du retour a Souvenance et le
Rara de Leogane ne sont pas a regarder dans cet ordre d'idee en
terme d'authentique ou non. Ils sont a considerer, de preference,
comme des elements dont les heritiers sont non seulement conscients de
leur contexte historique de production, mais aussi de leur importance
pour leur communaute et l'humanite qu'il importe de
sauvegarder et de donner sens pour les usagers actuels et futurs. Avant
tout, ne s'agit-il pas de laisser aux descendants quelque chose qui
a du sens pour eux et qui fait leur fierte.
En definitive, certains elements culturels haitiens--le vodou entre
autres patrimoine difficile du pays--sont a regarder comme des temoins
de contextes historiques particuliers et de certaines conditions
d'existence specifiques qui ont marque le peuple haitien.
C'est a ce compte qu'ils meritent d'etre conserves et
valorises a l'interieur du pays et ouverts aux autres. Car tous ces
elements issus des periodes coloniales esclavagistes, des confrontations
humaines, des moments douloureux, de resistance ou de gloire, les
experiences et les vecus des generations anterieures, des manifestations
vivantes, des efforts pour resister physiquement et psychologiquement a
un monde et a une nature souvent hostiles constituent a la fois le
patrimoine culturel haitien et celui de l'humanite. Ne meritent-ils
pas a ce titre d'etre mis en contexte, racontes et connus a travers
de nouveaux films, de nouvelles expositions museales, des centres
d'interpretation, des representations theatrales, des circuits
touristiques, des experiences creatives--et non folklorises pour
assouvir la soif d'exotisme du monde ? Le tourisme culturel creatif
represente, ainsi, un grand chantier ouvrant sur la redefinition et la
valorisation durable de la culture et du patrimoine d'Haiti aussi
bien que la construction de ses infrastructures culturelles et
touristiques. En attendant le retour des touristes etrangers a grande
echelle, le chantier s'ouvre avec les touristes locaux, les
cooperants internationaux travaillant dans le pays et en sollicitant le
concours des membres de la diaspora haitienne.
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Joseph Ronald Dautruche
Universite Laval
Universite d'Etat d'Haiti
(1) Lire l'article de la Ministre de la culture de
l'epoque Marie-Laurence Jocelyn-Lassegue. <<La culture,
berceau de la renaissance haitienne>> (2010 : 13-14). Recemment a
l'ouverture d'une exposition d'art haitien a Mexico
<<Haiti : historias y suenos>>, l'ambassadeur
d'Haiti a Mexico, Guy G. Lamothe, a declare que <<notre pays
est ouvert au commerce et un des produits que nous pouvons offrir aux
etrangers est notre culture. Pour le discours de l'ambassadeur
d'Haiti a Mexico, voir le journal Haiti libre du 24 novembre 2012.
(2) The Serpent and The Rainbow par exemple du Canadien Wade Davis
paru a New York en 1985 aux editions Simon and Schuster a ete recemment
reedite sous le titre : The Serpent and The Rainbow : A Harvard
Scientist's Astonishing Journey into the Secret Societies of
Haitian Voodoo, Zombies, and Magic. C'est ce livre qui est adapte
dans le film L empire des tenebres. On sait bien de nos jours que les
films constituent l'un des plus importants instruments de marketing
touristique.
(3.) Norluck Dorange est aussi pratiquant du vodou.?
(4.) Traduction de Norluck Dorange dans Dorange 2008.
(5.) Pour une meilleure comprehension de cette approche voir Nora
(1997 : 23) ; Fabre (2000 : 195-208) ; Turgeon (2007 : 27).
(6.) La dynamique autour du Rara a ete deja presentee dans
Dautruche (2011).
(7.) Espace comprenant plusieurs unites de logement, souvent un
lieu de culte vodou.
(8.) Les proprietaires de bandes alimentent et laissent raconter
toute sorte de legende autour d'eux a cette epoque. Au niveau de la
bande Tirailleurs, par exemple, a cote du fondateur qui aurait ete
detenteur de force surnaturelle, Elver, un de ses anciens colonels
aurait pris un pwen (force surnaturelle) qui lui a donne des qualites
exceptionnelles de musiciens. On rapporte que le vendredi saint, il
aurait eu l'habitude de faire jouer son vaksin, sans souffler dans
cet instrument a vent. Colas Perpilus, lui, un dirigeant de la bande,
rapporte-t-on, aurait detenu un secret lui permettant de renforcer la
performance musicale de la bande a l'aide de sa pipe.
(9.) Tirailleurs etant le nom donne a une ancienne unite
d'elite de l'Armee d'Haiti.
(10.) Instrument de musique tres long, en tige de bambou ou en PVC
de taille variable, il est a la fois souffle et frappe, et le son se
repercute en echo.
(11.) La poudre ici fait reference a des substances preparees a
base de plantes pouvant provoquer des malaises de toutes sortes chez
l'individu touche, voire meme causer son deces.
(12.) Rhum traditionnel local melange avec des herbes tropicales et
des ecorces de certains arbres reconnues pour leurs effets
aphrodisiaques.
(13.) Pour une explication plus detaillee de ces formes de
reinscription du passe dans le present, voir Bhabha (2007 : 361-391).
(14.) Un patrimoine est << difficile >> dans la mesure
ou l'affirmation d'un sens positif de l'identite donne
lieu a une lutte. Un patrimoine difficile peut egalement etre
particulierement puissant pour eveiller de fortes emotions, etre un
sujet de debat public et continuer d'attirer un public
potentiellement varie. Pour approfondir cette question, voir Macdonald
(2006: 119-138).