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文章基本信息

  • 标题:Les Autochtones dans le Quebec post-confederal (1867-1960).
  • 作者:Roussel, Valerie
  • 期刊名称:Ethnologies
  • 印刷版ISSN:1481-5974
  • 出版年度:2008
  • 期号:September
  • 语种:English
  • 出版社:Ethnologies
  • 摘要:Dans Les Autochtones dans le Quebec post-confederal, Claude Gelinas part en quelque sorte a la recherche des autochtones des annees post-confederales, voulant notamment trouver une explication a l'absence des peuples amerindiens dans les ecrits de l'epoque. Des historiens et chercheurs, dont l'ethnologue Marius Barbeau, au debut du vingtieme siecle, considerent que l'extinction des peuples autochtones est imminente. Au lendemain de la confederation, la creation de lois afin que les Autochtones evoluent a l'interieur d'une legislation federale contraignante, la Loi sur les Indiens, place ces derniers dans une situation economique precaire. Exclus de la trajectoire socio-economique et historique du Quebec et soumis aux mesures d'entraide du Canada, les Autochtones ne sont plus percus que sous les traits d'etres depourvus de moyens pour assurer leur survie. Puis, un renversement de la situation survient. Au lendemain de la crise economique des annees 1930, l'Amerindien reapparait dans les discours humanistes et constitue desormais un sujet de curiosite, voire le modele de l'individu opprime aux yeux des defenseurs des droits humains.

Les Autochtones dans le Quebec post-confederal (1867-1960).


Roussel, Valerie


Les Autochtones dans le Quebec post-confederal (1867-1960). Par Claude Gelinas. (Sillery, Septentrion, 2007, Pp264, ISBN 2-89448-499-2)

Dans Les Autochtones dans le Quebec post-confederal, Claude Gelinas part en quelque sorte a la recherche des autochtones des annees post-confederales, voulant notamment trouver une explication a l'absence des peuples amerindiens dans les ecrits de l'epoque. Des historiens et chercheurs, dont l'ethnologue Marius Barbeau, au debut du vingtieme siecle, considerent que l'extinction des peuples autochtones est imminente. Au lendemain de la confederation, la creation de lois afin que les Autochtones evoluent a l'interieur d'une legislation federale contraignante, la Loi sur les Indiens, place ces derniers dans une situation economique precaire. Exclus de la trajectoire socio-economique et historique du Quebec et soumis aux mesures d'entraide du Canada, les Autochtones ne sont plus percus que sous les traits d'etres depourvus de moyens pour assurer leur survie. Puis, un renversement de la situation survient. Au lendemain de la crise economique des annees 1930, l'Amerindien reapparait dans les discours humanistes et constitue desormais un sujet de curiosite, voire le modele de l'individu opprime aux yeux des defenseurs des droits humains.

Personne n'aurait tort d'etre sceptique quant au fait que les Autochtones aient pu disparaitre entierement de la sphere politique et culturelle entre 1867 et 1960. En effet, qu'en est-il de la participation des Autochtones dans les debats de societe durant cette epoque qui a vu passer plusieurs evenements marquants ? La recherche entreprise par Gelinas sur la presence amerindienne dans l'historiographie demontrera combien les Premieres Nations ont souvent denonce certaines situations et reclame que les gouvernements reconsiderent les lois qui ont affecte la realite economique et culturelle en place avant l'arrivee des colons europeens, realite dont les Autochtones semblaient jusqu'alors s'etre accommodes.

Claude Gelinas dresse en cinq chapitres le portrait des Autochtones du Quebec durant la periode post-confederale. Peuples dont l'existence et les ambitions sont mises a l'ecart par les ideologies de l'elite intellectuelle de l'epoque et de l'Eglise, leur refus d'evoluer sous la tutelle d'une autorite etrangere accentuera tout au long de leur histoire cette << invisibilite >>. Tandis qu'on trouve au premier chapitre les donnees demographiques, economiques et territoriales qui viendront en partie alimenter l'expose de Gelinas tout le long de l'ouvrage, dans le second chapitre, l'auteur s'interroge sur la maniere dont la promotion des differentes ideologies par les intellectuels et les religieux a contribue a marginaliser directement et indirectement les Autochtones a la fin du dix-neuvieme siecle et au debut du vingtieme. Il presente ensuite au chapitre trois la transformation qui s'opere durant les annees 1930 dans l'imaginaire de la societe a propos de l'Autochtone, lequel est redecouvert sous les traits d'un individu opprime dont les droits sont a defendre et a debattre publiquement. Pour les Premieres Nations, le defi devient celui de preserver leurs traditions et leurs acquis. C'est ce dont il est question au chapitre quatre, ou l'on comprend mieux les motivations des Autochtones a preferer certaines mesures d'assimilation et a en refuser d'autres.

Plusieurs graphiques sont exposes dans le premier chapitre, ou l'auteur presente l'evolution de differentes donnees sociologiques, parmi lesquelles se trouve le profil demographique de chaque Nation, pour l'epoque etudiee. Des la seconde moitie du dix-neuvieme siecle, le statut d'<< Indien >> est defini. C'est sur la base de la definition de 1876 que seront effectues dans les annees a venir les recensements. Etudiant les statistiques disponibles concernant les Autochtones, Gelinas cherche a etablir des liens entre certains facteurs sociaux, economiques et naturels, et les fluctuations demographiques. Par exemple, en 1880, un declin demographique survient chez les Montagnais, puis les Attikameks et les Algonquins, alors que la colonisation s'accelere dans le Moyen-Nord et apporte son lot d'epidemies.

Claude Gelinas aborde dans le premier chapitre un sujet a la base de plusieurs revendications autochtones contemporaines, la distribution des terres au fil du temps ainsi que les droits accordes aux Autochtones dans l'utilisation de leur territoire. Bien que les autochtones soient confines dans leurs reserves et que toute possibilite de maintenir leur reseau commercial soit compromise par les lois du gouvernement federal, les autorites politiques canadiennes expriment publiquement depuis 1859 leur volonte d'amener les Amerindiens a se << meler aux blancs >>, comme elles le disent alors elles-memes. Toutefois, ce ne sera pas avant la fin de la Seconde Guerre mondiale que l'objectif d'emanciper les Autochtones commencera reellement a se realiser, le gouvernement sombrant durant pres de quatre-vingts ans dans un processus de reglement au cas par cas des problemes occasionnes par la presence autochtone.

Gelinas degage trois grandes phases dans la politique du gouvernement federal a l'egard des Autochtones du Quebec. De 1870 jusqu'a la Premiere Guerre Mondiale, il a ete parallelement question d'une politique d'assimilation et d'une politique d'emancipation economique des Amerindiens. A partir de 1920, l'administration des Affaires indiennes s'est faite de maniere passive, le gouvernement se contentant de prendre des decisions ad hoc et de maintenir chez les Amerindiens le statu quo. Apres la Deuxieme Guerre, la politique amerindienne a pris un tournant beaucoup plus humaniste. Une plus grande connaissance des droits humains et la reconnaissance de la participation des Autochtones a l'effort de guerre durant les deux guerres mondiales ont rendu la population critique a l'egard de la politique menee a l'encontre des Autochtones du Canada. Cette nouvelle attitude conduira a l'obtention du droit de vote au federal en 1960 puis au provincial en 1969.

L'elite intellectuelle du Quebec post-confederal depeignait la realite historique des Autochtones selon ses propres assises, c'est-a-dire faire la promotion de la specificite culturelle du Canada francais en l'opposant a ce qui l'entourait : les anglophones, les immigrants et les Autochtones. C'est ce que Gelinas demontre dans le second chapitre, ou il s'interesse particulierement a plusieurs historiens, dont les recherches et ecrits prouvent a quel point, durant la premiere moitie du vingtieme siecle, l'ideologie dominante marquait la construction et la promotion de l'histoire du Quebec, et ce, meme s'il s'agissait d'auteurs apprecies par leurs contemporains. L'histoire a longtemps ete le vehicule de l'autopromotion catholique, du nationalisme canadien-francais, des conflits avec les Anglais et de la depreciation de l'image des Autochtones au profit des Canadiens francais.

Entre le milieu du dix-neuvieme siecle et 1930, les Autochtones ont donc ete mis en marge de la trajectoire historique du Quebec. Mais apres 1930, avec l'abandon chez les intellectuels du darwinisme social et des autres theories evolutionnistes, on assiste a une refonte du discours a propos des Autochtones. L'opinion publique a leur egard se transforme, s'impregnant de militantisme des les annees 1950. Les mauvaises conditions socio-economiques dans lesquelles se retrouvaient les Autochtones etaient desormais denoncees par les non-autochtones. L'auteur dresse donc au troisieme chapitre, intitule << De l'enfant mourant au bon sauvage >>, un historique de l'evolution du discours sur les Autochtones. Ces derniers, vus comme condamnes a disparaitre depuis la << decouverte >> de l'Amerique -- puisqu'ils possedent des moyens bien trop restreints, dit-on, pour rivaliser avec les non-autochtones -- eveillent desormais la curiosite des chercheurs et de la societe en general.

La population euro-quebecoise devenue plus consciente -- et conscientisee -- de la realite autochtone, l'enjeu de ces derniers est maintenant de preserver leurs traditions et leurs acquis plutot que de souscrire aux mesures federales d'emancipation allant a l'encontre de leur souverainete politique. L'echec du gouvernement a assurer materiellement le fonctionnement de ses propres mesures d'assimilation lui fera perdre de la credibilite, certes, mais la volonte des Autochtones de ne pas renier leur propre identite est a la base du refus de s'emanciper, quelle que soit l'offre. Eventuellement cependant, celle du gouvernement de prendre en charge l'education des enfants sera vue par certaines familles comme l'opportunite d'avoir une descendance en mesure de vivre selon les nouvelles orientations economiques du Quebec, le commerce de la fourrure connaissant un declin et la chasse devenant difficile a pratiquer durant les annees 1930 et 1940.

Apres la crise des annees 1930, les communautes autochtones sont quasi unanimes dans leur motivation a integrer la societe nationale ainsi qu'a exercer pleinement les droits qui peuvent leur etre concedes, mais ils desirent a la fois preserver leur authenticite culturelle et identitaire. Evidemment, certains individus sont plus attires que d'autres par les avantages que peuvent apporter une pleine comprehension de meme qu'une pleine utilisation des moyens offerts par la societe nationale. Le caractere individualiste des Autochtones, qui, fondamentalement, favorisent la liberte individuelle lorsqu'il ne s'agit pas de besoins prioritaires pour la collectivite, sera donc tout aussi determinant de l'aspect que prennent concretement les rapports entre Autochtones et non-autochtones. Les differentes communautes autochtones n'ont jamais constitue une seule societe. Une nation, une communaute, une famille ou meme un seul individu pouvait avoir son opinion a l'egard des modalites d'integration a la societe nationale. Enfin, comme l'economie des Autochtones a subi des hauts et des bas au cours du siecle dernier, la motivation est demeuree davantage ponctuelle que generalisee. En somme, et il en sera question au chapitre cinq, c'est apres la grande crise de 1930 que les Amerindiens ont integre plus definitivement le cycle de dependance envers les gouvernements. Si l'economie de chacune des communautes n'a pas connu le meme sort avant 1930 -- certains territoires subissant plus que d'autres les contraintes de l'acceleration de la colonisation et de la chasse sportive, par exemple -- les possibilites etaient desormais limitees pour les Autochtones de vivre de la chasse et de la vente de fourrure. Ces derniers allaient donc dependre du travail salarie. Cependant, de plus en plus, le secteur economique et la vie sociale etaient pris en charge par les fonctionnaires des Affaires Indiennes a un moment ou le travail salarie permettait pourtant de jouir d'une certaine independance vis a vis du gouvernement, particulierement dans les annees 1940. Apres quatre-vingts annees a resister par leurs propres moyens aux mesures d'emancipation offertes par le gouvernement et a preserver leur capacite d'autodetermination en tant que collectivites distinctes, les Autochtones allaient devenir une categorie juridico-administrative distincte.

Dans ce livre, Claude Gelinas fait bien plus que reformuler objectivement l'histoire des Amerindiens du Quebec post-confederal, il amene le lecteur a reflechir aux strategies utilisees historiquement par les autorites afin de controler l'existence aussi bien culturelle qu'identitaire d'une minorite ethnique.

Valerie Roussel

Universite Laval
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