Les noces en vrai: les regles changent ... et restent les memes.
Matrix, Sidney Eve ; Greenhill, Pauline
Beaucoup de gens croient que le mariage et les noces sont affaires
d'amour et de relations. Mais l'amour et les relations
n'ont pas besoin de la verification institutionnelle de
l'Eglise et/ou de l'Etat que confere le mariage. Et puis, en
fin de compte, les noces et le mariage sont affaires de sexualite et de
propriete -- l'approbation socioreligieuse de la sexualite et la
repartition, la consommation et l'accumulation socioeconomique de
la propriete. Aujourd'hui encore en Amerique du Nord, ou les
differences entre couples maries et non-maries s'estompent,
c'est toujours le mariage qui procure l'acces au systeme de
sante (ou, au Canada, au systeme complementaire de sante), non garanti
aux gens vivant en union libre, et qui confere un statut
d'immigrants privilegies aux partenaires maries (voir Matrix, a
paraitre), sans parler d'une foule de sanctions et
d'approbations sociales informelles. Ces buts et ces effets
n'ont pas change avec l'avenement de nouveautes, depuis les
mariages entre gens du meme sexe jusqu'au fait de demander soi-meme
grossierement (ou de maniere codee) de l'argent sur les cartons
d'invitation au mariage, parmi d'autres pratiques qui auraient
ete impensables pour la plupart des gens de la classe moyenne blanche
d'origine europeenne en Amerique du Nord il y a a peine cinquante
ans.
Le mariage fait reference d'ordinaire aux structures legales
et sociales entourant le lien entre individus pour l'echange de
services sexuels et economiques. Les noces sont les rituels et
ceremonies specifiques, la sanction legale et religieuse qui confere sa
realite a cette connexion. Mais il est pratiquement impossible de parler
de noces sans dire quelque chose du mariage, et vice versa.
Le mariage a toujours implique le transfert d'individus -- le
plus souvent des femmes -- d'un lignage a un autre -- le plus
souvent entre hommes (voir par exemple Levi-Strauss 1969 et Rubin 1975)
-- ce qui se reflete dans la tradition euro-nord-americaine par le fait
que les femmes doivent changer le nom de famille qui leur vient de leur
pere par celui de leur mari (2). Mais il a aussi mis en jeu, a travers
les cultures, le transfert de propriete materielle -- argent et cadeaux
-- entre les familles et les individus. Il est possible que ce ne soit
qu'au moment du divorce que beaucoup de couples de la classe
moyenne d'aujourd'hui decouvrent le lien entre leur statut
matrimonial et le partage de leurs biens et de leurs proprietes, mais un
tel entremelement est factuel a partir du moment ou ils sont maries.
Le symbolisme des noces revient a afficher publiquement les
sexualites des partenaires -- plus visiblement celle de la mariee dans
les noces heterosexuelles, mais egalement, par induction, celle du
marie. Par exemple, il serait bien difficile de trouver un
Euro-Nord-americain qui ignorerait que la robe blanche des mariees
symbolise la virginite. On peut ricaner interieurement lorsque la mariee
choisit de porter du blanc alors qu'elle a vecu en couple pendant
des annees et a peut-etre meme eu des enfants de son conjoint de fait.
Mais meme si il/elle (3) ne le fait pas, le choix de la couleur de sa
robe fait reference a sa sexualite, qu'il/elle le veuille ou pas.
Que le marie guide la main de la mariee au moment de couper le gateau
est une autre citation de l'initiation a la sexualite, tout comme
le fait de soulever le voile, lancer la jarretiere, pietiner un verre a
vin, et ainsi de suite. Cependant, comme l'illustrent beaucoup des
articles presentes ici, le nouveau symbolisme des noces contemporaines
combine les vieilles traditions et les nouvelles : maintes celebrations
d'aujourd'hui s'organisent autour d'une consommation
ostentatoire de marchandises specifiques aux noces, de
l'accumulation et de l'exposition de biens statutaires
appropries (tels qu'une lune de miel exotique ou des albums
photographiques elabores) et de marques de designers celebres (comme
Vera Wang ou Krups). Ces nouveaux symboles nuptiaux indiquent que le
couple se trouve dans une situation ascensionnelle, pousse de
l'avant par le soutien, l'approbation et les investissements
financiers de la famille et des amis. Mais le mariage et les noces
elles-memes peuvent egalement n'etre plus que des options,
remplaces par une ceremonie de fiancailles avant qu'un couple
commence a vivre ensemble -- ou meme sans avoir aucunement
l'intention de cohabiter.
Certains experts de l'etiquette s'accordent sur le fait
qu'il est rustre d'evoquer l'aspect economique des noces.
<< Miss Jeanne >>, de EtiquetteHell.com, affirme sans
equivoque : << Parler d'argent est lourd et grossier (4)
>> (Hamilton 2005 : 8). Il est tout aussi malappris
d'affirmer que les mariages ont pour objet de legitimer
l'acces a la sexualite et a ce qui pourrait en etre le produit --
les enfants. Jeanne Hamilton proclame : << L'idee d'un
bon moment pour quelques hotesses de showers est ... une obsession
incroyablement grossiere pour l'attirail des rapports sexuels
>> (2005 : 98-99). Mais il est bien connu que les universitaires
se delectent de la grossierete ; aussi cela n'etonnera guere si les
articles de ce numero thematique, << Les noces en vrai >>
convergent bien plus vers le sexe et la propriete que vers l'amour
et les relations.
Ce recueil d'articles interroge aussi en detail quels types de
propriete et quels types de sexualite sont impliques dans le mariage,
parce que c'est dans les specificites de la sexualite et de la
propriete que l'on peut voir le plus clairement le changement dans
les pratiques et dans les traditions du mariage et des rituels des
noces. La sexualite se trouve souvent au premier plan des discussions au
sujet des mariages entre personnes du meme sexe ; cependant, la
legitimation des relations d'ordre sexuel ne coule pas toujours de
source, comme l'indique Judith Butler. Pour des groupes
jusqu'ici exclus, comme les gais et les lesbiennes, le fait
d'etre inclus dans la societe peut etre une precieuse assurance au
niveau individuel. Mais le fait d'inclure certaines personnes
requiert, par necessite, que l'on en exclue d'autres.
On peut situer le dilemme ici : d'un cote, vivre sans normes de
reconnaissance resulte en souffrance et en formes
d'assujettissements entremelant des consequences psychiques,
culturelles et materielles ; d'un autre cote, l'exigence d'etre
reconnu peut mener a de nouvelles formes de hierarchies sociales
enviables, a une abrupte mainmise sur le domaine de la sexualite et
a de nouveaux moyens pour le pouvoir etatique d'etendre son
emprise, sans parler du fait que cela pourrait porter atteinte aux
normes memes de reconnaissance fournies et requises pour la
legitimation par l'Etat. En fait, en faisant de la surenchere a la
reconnaissance aupres de l'Etat, nous restreignons en realite le
domaine de ce qui deviendra reconnaissable en tant qu'arrangements
sexuels legitimes, fortifiant ainsi l'Etat en tant que source des
normes de reconnaissance et eclipsant les autres possibilites
conferees par la societe civile et la vie culturelle. Exiger et
recevoir de la reconnaissance selon des normes qui legitiment le
mariage et delegitiment les formes d'alliance sexuelle en dehors du
mariage, ou de normes articulees en une relation critique au
mariage, revient a deplacer le lieu de la delegitimation d'une
partie de la communaute marginale a une autre ou, plutot, a
transformer une delegitimation collective en une autre, qui serait
selective ... Que signifierait exclure du champ de la legitimation
potentielle ceux qui vivent en dehors du mariage, ceux qui vivent
de maniere non monogame, ceux qui vivent seuls, ceux qui se
trouvent dans quelque situation que ce soit mais qui n'est pas une
forme matrimoniale (2002 : 26-27) ?
<< Les noces en vrai >> tient aussi compte du fait que
les contextes culturel, national et politique sont des differences qui
font une gigantesque difference sur ce qui peut ou ne peut pas etre
considere comme acceptable dans les pratiques du mariage et des noces.
Au Canada, les mesures legislatives allant dans le sens d'une
reconnaissance du statut de parents pour les gais et lesbiennes, y
compris en ce qui concerne l'adoption, ont en realite precede la
legalisation du mariage gai et lesbien dans plusieurs provinces, y
compris le Quebec (aussi tot que 1982) et la Colombie britannique
(1996). Et dans la province du Manitoba, par exemple, il existe
aujourd'hui tres peu de differences, sur le plan legal, entre une
relation heterosexuelle ou homosexuelle, que cette union soit legalement
solennisee et enregistree ou qu'elle soit simple union de fait, ce
qui est le resultat (parmi d'autres promulgations) de la Loi sur
les biens des conjoints de fait et modifications connexes (S.M. 2002, c.
48). Cependant, en d'autres endroits (comme en France et en
Allemagne), les mesures visant a legaliser les unions des gais et des
lesbiennes ne sont pas allees plus loin que la stricte reglementation
des questions relatives au statut de parents. << En France, dans
les debats sur le ... pacte civil de solidarite (PACS), qui constitue
une alternative au mariage pour deux individus quelconques n'ayant
pas de lien de parente ... la promulgation de la loi a tenu en fin de
compte a la proscription des droits des couples non heterosexuels
d'adopter des enfants et d'acceder aux technologies de
reproduction >> (Butler 2002 : 21-22).
Et meme la notion d'un soutien ou de l'absence de
celui-ci aux mariages de meme sexe ne peut pas se comprendre simplement
en termes binaires, comme Judith Butler, toujours elle, l'expose si
elegamment.
Il se peut que l'on veuille obtenir ce droit pour ceux qui
veulent l'utiliser, meme si ce n'est pas pour soi-meme, ou il
se peut que l'on veuille contrer les discours homophobes qui ont
ete alignes contre le mariage homosexuel, mais que l'on ne soit pas
soi-meme partisan de ce dernier. Ou il se peut que l'on croie
fortement que le mariage est ce qu'il y a de meilleur pour les
lesbiennes et les gais, et que l'on veuille en faire une nouvelle
norme, une norme pour l'avenir. Ou bien il se peut que l'on ne
s'y oppose pas seulement pour soi-meme, mais pour tout le monde,
pensant que la tache urgente est plutot de retravailler et de reviser
l'organisation sociale de l'amitie, des contacts sexuels et de
la communaute afin de produire des formes non etatiques de soutien et
d'alliances puisque le mariage, etant donne son poids historique,
ne devient un << choix >> que parce qu'il s'est
etendu jusqu'a etre la norme (mettant fin ainsi aux autres choix),
qui s'etend aussi aux relations de propriete et rend les autres
formes sociales de la sexualite plus conservatrices (Butler 2002:
20-21).
Le sujet de Butler est ici le mariage entre personnes du meme sexe,
mais ses commentaires prennent en compte le fait que la critique des
structures du mariage n'est pas restreinte aux gens qui auraient
ete exclus historiquement du droit de se marier. La possibilite (ou
l'impossibilite) des mariages entre personnes de meme sexe a sans
aucun doute modifie le terrain ideologique des noces. Cependant, ainsi
que l'indique la tendance grandissante a faire des mariages entre
gens du meme sexe des spectacles commerciaux, l'existence de ces
mariages ne contrecarre pas forcement l'impulsion commerciale a
l'arriere-plan de l'appareil des noces. En fait,
l'apparition de ce marche minoritaire constitue une occasion
majeure pour l'industrie du mariage de vendre plus d'attirail,
de louer plus de limousines, de livrer plus de fleurs. D'un point
de vue commercial, les mariages entre personnes du meme sexe sont tout a
fait compatibles avec les structures existantes de productions destinees
aux mariages -- mais, du point de vue plus eleve de la politique, les
terrains glissants des noces d'aujourd'hui menacent grandement
les privileges exclusifs des appariements heterosexuels.
Dans ce but, Wendy Gay Pearson detaille les exemples d'un
retour de baton homophobe au sujet des mariages entre personnes de meme
sexe et de la myriade d'expressions repressives et conservatrices a
l'encontre de l'emission televisee << My Fabulous Gay
Wedding >>. Ce retour de baton pourrait en fin de compte
s'averer moins significatif que la representation relativement
consensuelle des mariages entre personnes du meme sexe a la television.
Et comme le font remarquer Pauline Greenhill et Angela Armstrong, les
objections ideologiques aux noces ne se limitent pas seulement a celles
qui font vaciller l'hereronormativite et le maintien des
hegemonies. Les mariages et les noces heterosexuels ont toujours fait
l'objet de l'attention legislative et populaire -- et ont
parfois egalement attire la critique et la censure legislatives et
populaires.
Tant les rituels des noces que l'institution du mariage
elle-meme sont parfois quelque peu alteres lorsque des individus du meme
sexe se voient accorder le droit d'y participer, comme le suggere
Shari Lash -- qui, simultanement, soutient qu'il existe une forte
continuite d'intentions et de fonction entre les mariages
conventionnels et ceux entre personnes du meme sexe dans le contexte
juif liberal. Mais les changements dans les pratiques nuptiales dans les
cultures euro-nord-americaines ne peuvent pas etre exclusivement liees
aux mariages entre personnes du meme sexe. Toutes les formes de noces
constituent un amas complexe de regles, d'attentes, de tendances,
de moeurs et de comportements emergents, que Sidney Eve Matrix et Renee
Sgroi explorent en detail.
Les noces sont aussi, inevitablement peut-etre, demesurement
conservatrices. Que l'on considere par exemple The Anti-Bride
Etiquette Guide : The Rules -- and How to Bend Them [Le guide de
savoir-vivre de l'anti-mariee. Les regles, et comment les
contourner] (Gerin et Hughes 2004). Il vaut la peine de noter
immediatement que selon ces auteurs, les regles sont faites pour etre
contournees, non pas brisees, meme par une << anti-mariee
>>. Et le lecteur desireux de decouvrir des alternatives a la
complexite financiere et emotionnelle des preparatifs de mariage
trouvera peu de choses dans ce qui se declare -- mais n'est pas
reellement -- un travail de contournement des regles. La regle cardinale
est << il n'est jamais correct de demander de l'argent
>> (140), ou, de maniere plus coloree, << vous ne devriez
jamais secouer vos invites pour leur faire payer la noce >> (12).
Au moment du shower, << ne suggerez pas pour theme "Faites
passer le chapeau" ou "Approvisionnez le bar de la noce"
>> (12). Lors de la noce elle-meme, il ne devrait pas y avoir de
bar payant.
C'est une insulte que vos hotes n'oublieront ni ne vous
pardonneront. Ils ne s'attendront pas a payer pour quoi que ce
soit, surtout s'ils ont depense des centaines de dollars en billets
d'avion pour assister a l'evenement. Si vous ne pouvez pas fournir
un bar complet, eh bien, proposez de la biere, du vin, un punch au
champagne et peut-etre un cocktail special. Ou invitez moins de
gens, pour pouvoir preparer une soiree pour laquelle cela vaudra la
peine de s'etre deplace (122).
Les valeurs monetaires -- l'appat du gain -- doivent etre
absolument absentes de tous les aspects de la noce, jusqu'au point
ou
sous aucun pretexte il ne doit y avoir d'assiette a pourboires dans
votre reception. Le personnel d'accueil, les barmans, les valets de
parking et les autres fournisseurs de services ayant un contact
direct avec vos invites doivent etre prevenus que les pourboires
seront donnes par ceux qui recoivent et qu'ils doivent poliment
refuser les pourboires offerts par les invites (124).
L'anti-mariee doit decreter qu'il n'y aura aucune
<< danse du dollar >>.
Dans cette coutume polonaise, chaque invite paie pour danser ave la
mariee ou avec le marie. L'argent est destine aux depenses de la
lune de miel. Ce rituel a peut-etre une place en Europe de l'Est,
mais a aucun des mariages auxquels nous avons assiste. A moins que
vous ne soyez la fille d'un caid de la pegre, ne vous promenez
jamais avec une taie d'oreiller en soie pour recueillir les
contributions (non plus que du numeraire de n'importe quelle sorte
dans votre robe) (121).
Relevons ici l'assimilation culturelle apparemment inevitable
entre un groupe ethnique reduit a son alterite et une pratique abhorree.
De telles pratiques ne sont en aucun cas bien sur exclusivement <<
de l'Europe de l'Est >> et sont bien connues dans les
places fortes anglophones, depuis le Nouveau-Brunswick jusqu'a la
Colombie britannique. Par exemple, en certains lieux de l'Ontario
anglophone du sud-ouest, il peut y avoir dans certaines noces un
<< arbre a monnaie >> sur lequel on s'attend a ce que
les invites epinglent des billets et des cadeaux anonymes pour le
couple. Un couple de la Saskatchewan, lui aussi anglophone, en partance
pour sa lune de miel, recut une bouteille de soda que l'on avait
passee a la ronde au cours de la noce et dans laquelle les invites
avaient glisse des billets. On peut aussi, pendant les danses de la
noce, faire circuler la chaussure de la mariee et la remplir
d'argent.
La pratique bien connue a Winnipeg, Manitoba, d'ecrire le mot
<< presentation >> sur un carton d'invitation,
signifiant que le couple demande que tous les cadeaux soient faits sous
forme monetaire, a inspire a << Miss Jeanne >> un summum
d'invectives racistes et sexistes.
La mention << presentation de preference >> sur un
carton d'invitation est une abominable combine inventee par quelque
grippe-sou avide et sournois qui a trouve le moyen de faire connaitre sa
cupidite a ses invites tout en l'habillant du langage formel
impliquant que cela se fait. Une expression si pensee donne
l'impression qu'il s'agit d'une methode plus
socialement convenable de demander de l'argent que d'autres
pretextes, evidents et grossiers. Dans certains exemples extremes de
<< presentation >>, les invites font la queue a la
reception, pour presenter litteralement leurs cadeaux monetaires aux
nouveaux maries, evoquant les images mentales des tribus soumises
d'Afrique remettant leurs tributs au pharaon sur son trone
(Hamilton 2005 : 67).
En fait, l'anti-mariee, a l'instar de son homologue non
demarquee, ne demande pas d'argent du tout, de personne, jamais.
Si vous avez besoin de quelques billets de plus pour les noces,
n'allez pas pleurer misere aupres des membres aises de votre
famille. Parlezen a coeur ouvert avec vos parents. Et si vous decouvrez
que quelquesuns d'entre eux ont deja spontanement propose
d'offrir quelque chose, laissez-les se charger des negociations,
puis redigez ensuite une chaleureuse lettre de remerciements (Gerin et
Hughes 2004 : 16).
Cette focalisation tendancieuse sur la mise a l'ecart de
l'argent est particulierement ironique si l'on considere
l'utile analyse que fait Renee Sgroi d'un mariage de <<
tele-realite >> en tant qu'exemple des imperatifs
d'hyperconsumerisme lies aux noces dans la culture populaire. Elle
soutient que les discours relatifs aux noces, dans la tele-realite, ont
pour finalite d'inculquer les desirs appropries d'acquisition
chez les futurs maries. De plus, les cadeaux, ainsi que la
transformation de la valeur d'echange en valeurs d'usage, sont
egalement fermement reglementes. La liste de mariage, que critique et
deconstruit Sidney Eve Matrix, est particulierement piegee. <<
Meme si vous n'etes pas tres chaud sur le principe d'une liste
de mariage, c'est toujours une bonne idee. Vos amis et votre
famille vous offriront quelque chose, alors autant que ce soit quelque
chose que vous desirez ! Vous n'avez pas a vous limiter a des
assiettes ; pensez a inscrire toutes sortes de choses sur la liste,
depuis des outils electriques, des cours de cuisine ou une deuxieme
voiture >> (Gerin, Hughes et Hornick 2004 : 61). Mais meme
l'anti-mariee ne peut pas vraiment parler a ses invites de sa liste
de mariage : << C'est tres bien si votre demoiselle
d'honneur peut passer le mot pour vous. Mais vous ne pouvez pas
envoyer une circulaire par courriel a vos invites pour imposer vos
requetes >> (Gerin et Hughes 2004 : 134).
La noce elle-meme, y compris pour l'anti-mariee, est une
performance -- spectaculaire et theatrale. L'Anti-Bride Wedding
Planner rencherit : << Le film de vos noces defile probablement
dans votre tete depuis que vous vous etes deguises en Barbie et Ken pour
marcher vers l'autel. A present vous avez la chance d'etre la
vedette de votre propre production >> (Gerin, Hughes et Hornick
2004 : 5). Le marie ou la mariee n'est donc plus seulement le
producteur -- en charge de l'argent et de la logistique --, il ou
elle est aussi la vedette --le centre de l'attention. Et il ou elle
est aussi le realisateur, rejoignant d'autres figures
hollywoodiennes a triple casquette comme Kevin Costner et Clint
Eastwood. Mais les invites ne doivent pas avoir l'impression que
l'evenement est un film. << Faites les choses dans le
desordre. Servez d'abord les cocktails et les amuse-gueules,
ensuite la ceremonie, et enfin le reste de la reception. Vous serez
capables de vous detendre et de vous meler a vos amis. Vos invites
auront davantage l'impression d'etre inclus dans la noce,
plutot que de simplement regarder un spectacle mis en scene >>
(71).
Quelques-uns des affublements symboliques du mariage ont change :
la robe de mariee peut etre rouge (Gerin et Hughes 2004 : 79) et les
demoiselles d'honneur peuvent porter du noir (81). Le jour et le
lieu n'ont plus a etre conventionnels : << Les maries
preferent le plus souvent un samedi soir au printemps ou en ete. Pensez
plutot a un vendredi soir ou a un dimanche apres-midi >> (Gerin,
Hughes et Hornick 2004 : 6), bien que cela risque de susciter le meme
type de surprise outree que dans la famille du partenaire de Pauline au
sujet d'un mariage auquel nous assistions : << Un dimanche ?
Au musee ? >> Si de simples invites au mariage peuvent faire
l'objet d'une telle observation, on se demande quelles
proportions peuvent atteindre les sarcasmes a l'encontre des
maries.
Rappelons-nous que ces reglements sont rigides pour
l'anti-mariee -- celui ou celle qui veut << danser au rythme
de son propre tambour >> (Gerin, Hughes et Hornick 2004 :
quatrieme de couverture) et pas sur << les polkas de l'oncle
Bob >> (7). Meme ceux qui se considerent affranchis des regles
conventionnelles des noces sont assujettis aux plus strictes des
conventions lorsque l'on en vient a l'une des deux finalites
centrales du mariage, comme nous les avons deja identifiees :
l'accumulation de propriete. Il y a des regles severes auxquelles
il faut se conformer et d'autres, peut-etre encore plus rigides,
servant au couple moderne, de la << contre-culture >>, a
demontrer comment il resiste aux imperatifs des noces -- mais l'un
ou l'autre choix implique des depenses considerables, puisque le
consumerisme pointu de l'anti-mariee exige qu'il ou elle
recherche un ensemble different de biens et services couteux.
Et les guides sont muets en ce qui concerne les reglements relatifs
a la sexualite de l'anti-mariee. A l'exception de ce probleme
de grossierete mentionne plus haut, de telles questions vont bien
au-dela de l'etiquette. En fait, certains ne veulent pas voir leur
sexualite exposee pendant toute la periode allant jusqu'au jour de
leur mariage, ce jour-la y compris, et choisissent de ne pas se marier
du tout. Leurs raisons peuvent varier crainte de reactions violemment
negatives en ce qui concerne leur choix de partenaire (voire meme leur
choix de boutiques, comme le travail de Wendy Gay Pearson le souligne
ironiquement), sentiment que la relation du couple est au-dela du regard
des autres, ou volonte de ne pas s'encombrer de tout ce raffut et
de toutes ces depenses. Cependant, la contribution de Catherine
Arsenault et Martine Roberge, etudiant les fiancailles de trois jeunes
Quebecoises, montre que meme le fait de ne pas se marier peut etre
intensement ritualise -- avec des voeux, des cadeaux et une
participation communautaire.
Mais les elements des regles, comme le montrent en particulier
Renee Sgroi et Sidney Eve Matrix, ne sont en aucun cas faciles a
apprehender. Les formes de la culture populaire comme les magazines
specialises, les listes de mariage et les spectacles de tele-realite
enseignent explicitement aux aspirants au mariage quels biens ils
devraient desirer acquerir lors du deroulement du << film de leurs
noces >> -- en d'autres termes, ils encouragent les depenses
compulsives et les debauches d'achats nuptiaux. Aussi la critique
culturelle (Matrix, Pearson, Sgroi) est-elle utile pour deballer les
discours de la mise en marche mediatique des noces et pour deconstruire
leurs seduisantes ideologies consumeristes, tandis que le travail
ethnographique (Arsenault et Roberge, Greenhill et Armstrong, Huang,
Lash, Roberge) montre quelques-unes des differentes manieres par
lesquelles les acteurs sociaux jouent leurs propres dramatiques sociales
en conjonction avec ces discours dominants.
La lecture attentive de textes de culture populaire que font
Matrix, Sgroi et Pearson eclaire quelques-unes des nombreuses
complexites de ces << structures structurees structurant les
structures >> -- pour emprunter l'expression (mal)heureuse de
Bourdieu (1977) -- auxquelles les acteurs culturels ont affaire et
qu'ils doivent souvent contester ou personnaliser. Les travaux plus
proprement ethnographiques de Greenhill et Armstrong et Lash, et en
particulier d'Arsenault et Roberge et Xin Huang, montrent comment
les individus exercent un certain agir creatif devant les scenarios
culturels preexistants des noces et du mariage sur lesquels ils semblent
n'avoir que peu de controle. Dans son etude des manipulations et
des choix faits par une Chinoise lors de sa seance de photographies de
mariage, Huang demontre les negociations complexes que plus d'une
mariee devra mettre en oeuvre pour se placer simultanement a
l'interieur et a l'exterieur du cadre des imperatifs culturels
encadrant les realites des noces contemporaines.
Martine Roberge conclut ce volume en dirigeant notre regard
jusqu'ici tres specifique vers d'autres formes de rituels, en
particulier ceux qui, comme les noces qu'evoquaient les autres
articles, marquent des passages. Son projet de recherche attire
l'attention sur les changements qui interviennent dans pratiquement
toutes les formes rituelles autrefois caracterisees comme collectives,
obligatoires, structurees, fixes et uniques, et aboutissant a un
changement de statut integral, definitif, irreversible et formel. De
tels rituels sont remplaces par d'autres, polymorphes, reversibles,
flexibles, volontaires et personnalises, aboutissant a un etat social
individualise et desinstitutionnalise. Et cependant, comme le soulignent
tous les articles de ce volume, ces evenements n'en sont pas moins
porteurs de sens et symboliques pour les participants.
References
Bourdieu, Pierre, 1977, Outline of a Theory of Practice. Cambridge,
Cambridge University Press.
Butler, Judith, 2002, << Is Kinship Always Already
Heterosexual ? >> Differences. A Journal of Feminist Cultural
Studies 13 (1): 14-44.
Cooper, Jennifer, 2001. << Opinion on Common-Law
Relationships of Jennifer A. Cooper, Q.C. Volume 1, Final Report of the
Review Panel on Common-Law Relationships, December 31 >>.
http://www-gov.mb.ca/justice/publications/commonlawreviewpanel/voll
/3d.html, site consulte le 20 juillet 2006.
Gerin, Carolyn et Kathleen Hughes, 2004, Anti-Bride Etiquette
Guide. The Rules -- and How to Bend Them. San Francisco, Chronicle
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Gerin, Carolyn, Kathleen Hughes et Amy Glynn, 2004, Anti-Bride
Wedding Planner. Hip Tools and Tips for Getting Hitched. San Francisco,
Chronicle Books.
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Bible to Avoiding Everlasting Damnation. New York, St. Martin's Press.
Levi-Strauss, Claude, 1969, The Elementary Structures of Kinship.
Boston, Beacon Press.
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Contested Belongings. "Canadian" War Brides and Fictions of
Naturalization >>. Topia. Canadian Journal of Cultural Studies.
Rubin, Gayle, 1975, << The Traffic of Women. Notes on the
Political Economy of Sex >>. Dans Rayna R. Reiter, (dir.), Toward
an Anthropology of Women. New York, Monthly Review : 157-210.
Sidney Eve Matrix
Queen's University
Pauline Greenhill
University of Winnipeg (1)
(1.) Nous exprimons notre gratitude a Roewan Crowe, Elizabeth
DeWolfe, Holly Everett, Angela Failler, Fiona Green, Kristin
Harris-Walsh, Ronald Labelle, Ellen Lewin, Alison Marshall, Michelle
Owen, Patricia Sawin, Moshe Shokeid, Michael Taft, Diane Tye et Linda
Watts.
(2.) D'ou l'effet que produit le Quebec, ou depuis les
annees 1980 les femmes, comme les hommes, conservent leur nom de
naissance apres leur mariage.
(3.) La norme veut que les mariees soient des femmes. Cependant,
dans un monde ou des individus << transgenres >> ou
transsexuels recherchent leur juste place, on ne peut pas presumer de la
norme. Au cours de l'ete 2006, Pauline a assiste a un mariage avec
deux mariees (toutes deux femmes nees femmes portant tiares et robes
blanches) et un autre avec un marie-femme et un marie-homme (une femme nee femme portant un tuxedo et un transsexuel homme ne femme portant un
tuxedo).
(4.) Toutes les traductions de citations sont de la redaction.
WEDDING REALITIES
The Rules Have Changed ... and They Haven't ...
Many folks think that weddings and marriages are about love and
relationships. But love and relationships don't need the
institutional verification of the church and/or state that weddings and
marriages provide. Ultimately, then, weddings and marriages are actually
about sex and property--the socio-religious approval of sex and the
socioeconomic distribution, consumption and accumulation of property.
Even in the current North American situation, where differences between
married and unmarried liaisons are abating, marriage still provides
access to health care (or, in Canada, to supplementary health care) not
guaranteed to non-married relationships, and grants special immigration status to married partners (see Matrix, forthcoming), hot to mention a
host of informal social sanctions and approvals. These aims and effects
have not changed with the advent of developments from same-sex marriage to writing your own vows to the blatant (or coded) request for cash on
the wedding invitation, among other practices that would be unthinkable
to most middle class white Euro North Americans as recently as fifty
years ago.
Marriage usually refers to the legal and social structures that
surround the linking of individuals for the exchange of sexual and
economic services. Weddings are the specific legally and religiously
sanctioned rituals and ceremonies that actually accomplish that
connection. But it is nearly impossible to talk about weddings without
saying something about marriage, and vice versa.
Marriage has always implicated the transfer of individuals--usually
women--from one kinship line to another--usually between men (see e.g.
Levi-Strauss 1969 and Rubin 1975)--reflected in the Anglo North American
tradition of women's surnames changing from their father's to
their husband's. (2) But it has also cross-culturally involved the
transfer of actual property--money and gifts--between families and
individuals. It may be only upon divorce that many of today's
middle class couples discover the link between their wedded state and
the sharing of their goods and property, but such co-mingling is present
from the moment they are married.
The symbolism of weddings parades the sexualities of the partners;
in heterosexual weddings, most obviously that of the bride but also by
implication that of the groom. For example, it would be difficult to
locate a Euro North American who does not know that white dresses on
brides symbolise virginity. It is acceptable to snicker inwardly when
the couple has been living together for years, and perhaps even has
children together, and the bride chooses to wear white. But even when
s/he (3) does not, her/his gown colour decision is a reference to
her/his sexuality, whether or not s/he wants it to be. The groom's
guiding the bride's hand in cutting the cake is another citation to
the initiation into sexuality, as is his/her lifting of the veil,
tossing the garter, stamping upon a wineglass, and so on, and so on, and
so on. However, as many of the papers here illustrate, the new symbolism
of contemporary weddings combines old traditions with new ones:
oftentimes today's celebrations are organized around conspicuous
consumption of wedding commodities, and the accumulation and display of
the correct status goods (such as an exotic honeymoon and elaborate
photographic package) and celebrity designer brands (such as Vera Wang
or Krups). These new wedding symbols indicate a couple who is upwardly
mobile, propelled by the support, approval and financial investments of
their family and friends. Equally, however, marriage and weddings
themselves may become optional, replaced by an engagement ceremony
before a couple begins living together--or even in the absence of any
intention to cohabit.
Etiquette experts concur that it is loutish to point out the
economic aspect of weddings. "Miss Jeanne" of
www.EtiquetteHell.com unequivocally states: "It's crass and
uncouth to discuss money" (Hamilton 2005: 8). It is equally boorish to affirm that marriages are all about legitimising sexual access and
what might be the products thereof--children. Jeanne Hamilton proclaims:
"Some shower hostesses' idea of a good time is ... an
incredibly crass obsession on the paraphernalia of sexual
intercourse" (98-99). But academics are known for reveling in the
crass, and thus it should not be surprising that the articles in this
special issue, "Wedding Realities," focus a lot more on sex
and property than they do on love and relationships.
This collection also addresses in some detail what kinds of
property and what kinds of sex are implicated in marriage, because it is
in the specifics of sex and property that change in practices and
traditions regarding marriage and wedding rituals can be seen most
clearly. Sex is often in the forefront of discussions about same-sex
marriage; the legitimation of sexual relationships, however, is not
always straightforward, as Judith Butler indicates. Being included in
society, for hitherto excluded groups like lesbians and gays, can be
valuably affirming for individuals. But including some people requires,
of necessity, excluding others.
One can see the terrain of the dilemma here: on the one hand,
living without norms of recognition result[s] in significant
suffering and forms of disenfranchisement that confound the very
distinctions among psychic, cultural, and material consequences. On
the other hand, the demand to be recognized, which is a very
powerful political demand, can lead to new and invidious forms of
social hierarchy, to a precipitous foreclosure of the sexual field,
and to new ways of supporting and extending state power if it does
not institute a critical challenge to the very norms of recognition
supplied and required by state legitimation. Indeed, in making a
bid to the state for recognition, we effectively restrict the
domain of what will become recognizable as legitimate sexual
arrangements, thus fortifying the state as the source for norms of
recognition and eclipsing other possibilities within civil society
and cultural life. To demand and receive recognition according to
norms that legitimate marriage and delegitimate forms of sexual
alliance outside of marriage, or to norms that are articulated in a
critical relation to marriage, is to clisplace the site of
delegitimation from one part of the queer community to another or,
rather, to transform a collective delegitimation into a selective
one.... What [does] it mean to exclude from the field of potential
legitimation those who are outside of marriage, those who live
nonmonogamously, those who live alone, those who are in whatever
arrangements they are in that are not the marriage form (2002:
26-27)?
"Wedding Realities" also attends to the ways that
cultural, national, and political contexts are differences that make a
huge difference in terms of what can and cannot be found acceptable in
marriages and wedding practices. In Canada, legal moves towards
legitimising gay and lesbian parenthood, including adoption, actually
preceded the legalisation of gay and lesbian marriage in several
provinces, including Quebec (as early as 1982) and British Columbia (1996). And in the province of Manitoba, for example, there is currently
very little difference between a different-sex and a same-sex
relationship in the legal context, whether that union is legally
solemnised and registered or whether it is formed in common law, as a
result (among other legislation) of the Common-Law Partners'
Property and Related Amendments Act (S.M. 2002, c. 48). However, in
other locations (such as France and Germany), moves to legalise gay and
lesbian unions have only gone forward with strict regulation of matters
relating to parenthood. "In the French debates on the ...
'pacts of civil solidarity' that constitute an alternative to
marriage for any two individuals unrelated by blood ... the passage of
the bill finally depended on proscribing the rights of nonheterosexual
couples from adopting children and accessing reproductive
technology" (Butler 2002: 21-22).
And even the notion of support or lack thereof for same-sex
marriage itself cannot be understood in simple binary terms, as Judith
Butler again so elegantly puts it.
[I]t may be that one wants to secure the right for those who wish
to make use of it even as one does not want it for oneself, or it may be
that one wants to counter the homophobic discourses that have been
marshaled against gay marriage, but one does not want to be, therefore,
in favor of it. Or it may be that one believes very strongly that
marriage is the best way for lesbian and gay people to go, and would
like to install it as a new norm, a norm for the future. Or it may be
that one not only opposes it for oneself, but for everybody, and that
the task at hand is to rework and revise the social organization of
friendship, sexual contacts, and community to produce non-state-centered
forms of support and alliance, since marriage, given its historical
weight, only becomes an "option" by extending itself as a norm
(thus foreclosing options), one which also extends property relations
and renders the social forms for sexuality more conservative (Butler
2002: 20-21).
Butler's subject here is same-sex marriage, but her comments
attend to the fact that criticism of the structures of marriage is not
restricted to people who would have been excluded historically from the
right to marry. The availability (or lack thereof) of same-sex marriage
has changed the ideological terrain of weddings, without a doubt.
However as the rising trend of same-sex wedding trade shows indicates,
the existence of same-sex weddings does not necessarily interfere with
the commercial impulse behind wedding productions. In fact, the rise of
this minority market is a prime opportunity for the wedding industry to
sell more paraphernalia, rent more limos, deliver more flowers. From a
commercial perspective, same-sex weddings are largely compatible with
the existing structure of wedding productions--but from a political
vantage point, the shifting terrain of wedding realities is
exceptionally threatening to the privileged exclusivity of heterosexual
couplings.
To this end, Wendy Pearson details examples of homophobic backlash
centring on same-sex marriage, and the myriad of repressive,
conservative expressions against the television show "My Fabulous
Gay Wedding." The backlash may ultimately be less significant than
the relatively mainstreamed presentation of same-sex weddings on TV. And
as Pauline Greenhill and Angela Armstrong point out, ideological
objections to weddings aren't restricted to those who fail to
install heteronormativity and maintain hegemonies. Heterosexual
marriages and weddings have always attracted both legal and popular
scrutiny--and sometimes also legal and popular critique and censure.
Both wedding rituals and the institution of marriage itself are
altered somewhat when individuals of the same sex are permitted to
participate in it, as Shari Lash suggests--simultaneously arguing strong
continuity of purpose and function between conventional and same-sex
marriages in the liberal Jewish context. But the changes in wedding
practices in Euro North American cultures cannot be linked entirely to
same-sex marriage. Weddings of any kind are a complex congeries of
rules, expectations, trends, mores, and emergent behaviours, explored in
detail by Sidney Eve Matrix and Renee Sgroi.
Weddings are also, perhaps inevitably, tremendously conservative.
Consider, for example, The Anti-Bride Etiquette Guide: The Rules--and
How to Bend Them (Gerin and Hughes 2004). It is worth noting immediately
that according to these authors, the rules are meant to be bent, not
broken, even by the anti-bride. And the reader avidly seeking
alternatives to the financial and emotional complexity of wedding
arrangements will find very little in this avowedly--but not
actually--rule-bending work. The cardinal rule is "it's never
okay to ask for money" (140), or, more colourfully, "You
should never shake down your guests for wedding costs" (12). At the
shower, "Don't suggest 'stock the wedding bar' or
'pass the hat' as a theme for your bridal shower" (12).
At the wedding itself, there shall be no cash bar.
This is an offense guests won't forgive or forget. They won't be
expecting to pay for anything, especially if they have spent
hundreds of dollars on airfare to get to your event. If you can't
provide a full bar, then offer beer, wine, champagne punch, and
maybe one signature drink. Or invite fewer people, so you can throw
a party worth attending (122).
Exchange value--filthy lucre, money--must be absolutely absent from
all aspects of the wedding, even to the extent that under no
circumstances is there to be a "tip jar" anywhere near your
reception. The coat check folks, bartenders, valet parking
attendants, and other service providers who have direct contact
with your guests should be made aware that tips will be covered by
the hosts and that they should politely decline tips offered by
guests (124).
The anti-bride shall decree no "dollar dance".
This Polish custom has each guest pay to dance with the bride or
groom at the wedding. The money is intended to help with the
honeymoon expenses. This ritual might have a place in Eastern
Europe, but not at any wedding we'd attend. Unless you're a
daughter of a mob boss, never walk around with a silk pillowcase
collecting contributions (or stuff currency of any denomination in
your dress) (121).
Note here the seemingly inevitable cultural confluence between an
othered ethnic group and an abhorred practice. Such exercises are, of
course, by no means exclusively "Eastern European," and are
well known in Anglo strongholds from New Brunswick to British Columbia.
For example, wedding receptions in some parts of Anglophone rural
southwestern Ontario may include a "money tree" on which
guests are expected to pin bills as an anonymous gift to the couple. A
Saskatchewan couple, also Anglophone, leaving on their honeymoon
received a liquor bottle passed around at their wedding into which
guests stuffed bills. During the wedding dance, the bride's shoe
may similarly be circulated and filled with cash.
The concept, well-known in Winnipeg, Manitoba, of indicating
"presentation" on a wedding invitation, meaning that the
couple requests that any gifts come in the form of cash, inspired in
"Miss Jeanne" the pinnacle of racist, sexist invective.
The inclusion of "Presentation Preferred" on a wedding
invitation is a heinous scheme invented by some greedy, sneaky
money-grubber who devised a way to inform guests of her avarice while
clothing it in formal language implying that it is proper etiquette.
Such highbrow wording gives the impression that this is a more socially
suitable method of begging for money than boorishly obvious pleas for
cash. In extreme examples of presentation, guests line up at the
reception literally to present their monetary gifts to the newlyweds,
evoking mental images of the subdued tribes of Africa paying homage to
Pharaoh on his throne (Hamilton 2005: 67).
In fact, the anti-bride, like her/his unmarked sister, never
actually asks for money at all, from anybody, ever.
When you're in need of a few extra bucks for the nuptials,
don't cry poverty to your wealthy relatives. Have a heart-to-heart
with your parents. And if you find out that they've received
unsolicited offers from the aforementioned rich relatives, let them
handle the negotiations, and then follow up with a heartfelt thank-you
letter (Gerin and Hughes 2004: 16).
The tendentious focus upon absenting money is particularly ironic
given Renee Sgroi's useful treatment of one reality TV wedding as
exemplar of the hyperconsumerist imperative of weddings in popular
culture. Reality TV wedding discourses, she argues, serve the purpose of
inculcating appropriate acquisitive desires in prospective brides and
grooms. Further, gifts, as the transformation of exchange value into use
value, are also firmly rule-governed. The gift registry, critiqued and
deconstructed by Sidney Eve Matrix, is particularly fraught with
pitfalls.
"Even if you're not keen on the idea of registering for
gifts, it's always a good idea. Your friends and family will get
you something, and it might as well be something that you want! You
don't have to limit yourself to flatware; consider registering for
anything from power tools to cooking classes to a second car"
(Gerin, Hughes, and Hornick 2004: 61). But even the anti-bride
can't actually tell guests about her/his registry: "It is just
fine to have your maid of honor discreetly get the word out for you.
But you can't send out a blanket e-mail to your guests in an
effort to commandeer the goods" (Gerin and Hughes 2004: 134).
The wedding itself, even for the anti-bride, is a
production--spectacular and theatrical. The Anti-Bride Wedding Planner
concurs: "A film reel of your wedding has probably been playing in
your head ever since you dressed up Barbie and Ken and walked them down
the aisle.
Now's your chance to star in your own production" (Gerin,
Hughes, and Hornick 2004: 5). The bride, then, is not only the
producer--the money and logistics person--s/he is also the star--the
centre of attention. And s/he's also the director, joining other
triple-threat Hollywood types like Kevin Costner and Clint Eastwood. But
the guests must not feel that the event is a production. "Do things
out of order.
Have cocktails and appetizers first, then the ceremony, and then
the rest of the party. You'll be able to relax and mingle with your
friends.
Your guests are more likely to feel included in your wedding,
rather than like they're watching a staged production" (71).
A few of the symbolic accoutrements of the wedding have changed:
the wedding dress can be red (Gerin and Hughes 2004: 79) and the
bridesmaids can wear black (81). The day and venue need not be the
conventional one: "A Saturday night in spring or summer is most
popular with brides. Consider a Friday night or Sunday afternoon
instead" (Gerin, Hughes and Hornick 2004: 6), though they risk the
shocked surprise of Pauline's partner's family members about a
wedding we were attending: "On a Sunday? At the Art Gallery?"
If mere wedding guests are subject to such scrutiny, one wonders what
heights of invective might be directed against the bride and groom.
Recall that these rigid rulings are for the anti-bride--the one who
wants to "rhumba to the beat of [her/his] own drum" (Gerin,
Hughes and Hornick 2004: back cover) but doesn't want to do so to
"Uncle Bob's polka band" (7). Even those who identify
themselves outside the conventional wedding regulation are subjected to
the most strict guidelines when addressing one of the two central
purposes of the marriage, as already identified: accumulation of
property. There are strict rules for conforming and perhaps even more
rigid ones describing how a modern ("countercultural") couple
can resist the wedding imperatives--but either option involves a
considerable outlay of cash, since the hip consumerism of the anti-bride
requires purchasing a different set of elaborate, expensive goods and
services.
And the guides are mute on the sexual regulation of the anti-bride.
Apart from the aforementioned crassness problem, such matters go far
beyond etiquette. Indeed, some may not wish their sexuality to be on
display for the entire period leading up to and including their wedding
day, and choose not to marry at all. Their reasons may vary--from the
problem of expecting backlash and negativity to follow their choices of
partner (and even of shopping location, as Wendy Pearson's work
ironically underlines), to those who feel their relationship(s) is/are
beyond scrutiny, to those who couldn't be bothered with the fuss
and expense. Yet the contribution by Catherine Arsenault and Martine
Roberge, studying the engagements/betrothals of three young Quebec
women, shows that even not getting married can be attended with
extensive ritualisation--even vows, gifts, and community participation.
Yet the elements of the rules, as Renee Sgroi and Sidney Eve Matrix
in particular show, are by no means easily apprehended. Popular cultural
forms, like the bridal magazine, wedding registry, and TV reality show
explicitly instruct bridal consumers about the commodities they should
desire to acquire via the wedding production--put differently, they
encourage compulsive spending and bridal buying binges. Thus, cultural
criticism (Matrix, Pearson, Sgroi) usefully unpacks the discourses of
wedding media marketing, deconstructing their seductive consumerist
ideologies, while ethnographic work (Arsenault and Roberge, Greenhill
and Armstrong, Huang, Lash, Roberge) shows some of the varied ways in
which social actors enact their own social dramas in conjunction with
these dominant discourses.
The close readings of popular cultural texts provided by Matrix,
Sgroi, and Pearson elucidate the many complexities of the
"structured structures structuring structures"--to borrow
Bourdieu's (in)felicitous (1977) phrasing--with which cultural
actors must contend, and often contest, or personalize. The more
ethnographically focused works of Greenhill and Armstrong and Lash, but
particularly Arsenault and Roberge and Xin Huang, show how individuals
exercise some creative agency in the face of pre-existing cultural
wedding and marriage scripts over which they may appear to exert little
control. In her study of a Chinese bride's choices and
manipulations of her wedding photograph set, Huang demonstrates the
complex negotiations that many a bride will enact while positioning
herself simultaneously inside and outside the frame of cultural
prescriptives demarcating contemporary wedding realities.
We close with the final note in this issue by Martine Roberge,
which directs our hitherto very specific gaze outwards to consider all
forms of rituals, particularly those which, like the weddings the other
articles address, mark life passages. Her research plan draws attention
to the changes in just about every ritual form once characterised as
collective, obligatory, structured, fixed, definitive and unique,
resulting in a status change that is complete, final, irreversible and
formal. Such rituals are being replaced by ones which are polymorphous,
reversible, flexible, voluntary and personalised, resulting in a social
state which is individualised and deinstitutionalised. And yet, as all
the essays in this issue underline, these events are no less
significant, no less symbolic, and no less meaningful for participants.
References
Bourdieu, Pierre. 1977. Outline of a Theory of Practice. Cambridge:
Cambridge University Press.
Butler, Judith. 2002. "Is Kinship Always Already
Heterosexual?" Differences: A Journal of Feminist Cultural Studies
13 (1): 14-44.
Cooper, Jennifer. 2001. "Opinion on Common-Law Relationships
of Jennifer A. Cooper, Q.C. Volume 1, Final Report of the Review Panel
on Common-Law Relationships, December 31.
http:/www.gov.mb.ca/justice/publications/commonlawreviewpanel/vol1/3d.html, accessed July 20, 2006.
Gerin, Carolyn and Kathleen Hughes. 2004. Anti-Bride Etiquette
Guide: The Rules--and How to Bend Them. San Francisco: Chronicle Books.
Gerin, Carolyn, Kathleen Hughes and Amy Glynn. 2004. Anti-Bride
Wedding Planner: Hip Tools and Tips for Getting Hitched. San Francisco:
Chronicle Books.
Hamilton, Jeanne. 2005. Wedding Etiquette Hell: The Bride's
Bible to Avoiding Everlasting Damnation. New York: St. Martin's
Press.
Levi-Strauss, Claude. 1969. The Elementary Structures of Kinship.
Boston: Beacon Press.
Matrix, Sidney. Forthcoming. "Media(ted) Citizenship and
Contested Belongings: 'Canadian' War Brides and Fictions of
Naturalization." Topia: Canadian Journal of Cultural Studies.
Rubin, Gayle. 1975. "The Traffic of Women: Notes on the
Political Economy of Sex." In Rayna R. Reiter ed., Toward an
Anthropology of Women: 157-210. New York: Monthly Review.
Sidney Eve Matrix
Queen's University
Pauline Greenhill
University of Winnipeg (1)
(1.) We would like to express our gratitude to Roewan Crowe,
Elizabeth DeWolfe, Holly Everett, Angela Failler, Fiona Green, Kristin
Harris-Walsh, Ronald Labelle, Ellen Lewin, Alison Marshall, Michelle
Owen, Patricia Sawin, Moshe Shokeid, Michael Taft, Diane Tye, and Linda
Watts.
(2.) Tellingly, since the 1980s in Quebec women and men both keep
their original surnames upon marriage.
(3.) The norm is for brides to be female. However, in a world in
which transgendered and transsexual folks rightly seek a place, the norm
cannot be presumed. Pauline attended one wedding in the summer of 2006
with two female brides (both women-born-women wearing white gowns and
tiaras), and one with one female groom and one male groom (one
woman-born-woman wearing a tux and a female to male transperson wearing
a tux).