Le congres eucharistique de Montreal en 1910: une affirmation du catholicisme montrealais.
Laperriere, Guy
Abstract: This article describes the impact the XXI International
Eucharistic Congress held in Montreal September 6 to 11, 1910, had on
the society. It was the first congress of its kind to be held in
America. The article examines the origin of these congresses and the
different dimensions, political and religious, of the congress of
Montreal. It also gives an outlook of the series of eucharistic
congresses held in Quebec and Canada continuously till 1965.
Resume: Profitant de la tenue a Montreal du congres de la SCHEC en
2010, cet article veut marquer le centenaire du congres eucharistique
international de 1910, le premier du genre tenu en Amerique. Il examine
l'origine de ces congres, le deroulement de celui de Montreal, la
portee des travaux, le contenu des seances publiques. Le congres de 1910
a inaugure au Quebec et au Canada toute une serie de congres
eucharistiques qui se sont tenus sans discontinuer jusqu'en 1965.
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S'il est un evenement qui a contribue a affirmer le caractere
catholique de Montreal au XXe siecle, c'est bien le congres
eucharistique international de 1910. Septembre 2010 en marque le
centenaire. Avec la mort du frere Andre en 1937 et la visite du pape
Jean-Paul II en 1984, ce congres nous parait etre le plus important
evenement religieux au Quebec au XXe siecle. Et pourtant, la vague
historiographique qui deferle puissamment depuis quelques annees sur
tout ce qui touche les commemorations et la memoire (2) semble avoir
laisse cet evenement dans l'ombre (3). C'est ce qui nous a
incite a en presenter ici les faits saillants, tout en reflechissant sur
la transmission de cette tradition religieuse de meme que
l'evolution du pluralisme a Montreal, ce qui nous permettra de
mesurer la distance avec le catholicisme montrealais d'il y a cent
ans.
Notre point de depart a ete le gros livre des actes du congres (4).
Tranche doree, nombreuses illustrations, plus de onze cent pages: il
rapporte les activites du congres du 6 au 11 septembre 1910 et la
plupart des rapports qui y furent presentes.
Pour un recit vivant de l'evenement, rien de tel que le
chapitre de Robert Rumilly dans le tome de son Histoire de la province
de Quebec consacre a l'annee 1910, intitule de maniere tres
appropriee Mgr Bruchesi (5). Ce congres a fait l'objet de deux
excellents articles de Claire Latraverse, dans le cadre des travaux du
Groupe de recherche sur les entrees solennelles (GRES) de
l'universite Concordia. Le premier, sur internet, presente le
deroulement du congres, de maniere tres perspicace, en se basant
notamment sur le recit qu'en a laisse l'un de ses principaux
participants, Mgr Stanislas Touchet, eveque d'Orleans. Le second,
publie dans le dossier thematique du Bulletin d'histoire politique
prepare par ce meme GRES, analyse le discours de l'archeveque de
Westminster, Mgr Boume, et la replique d'Henri Bourassa, le samedi
soir 10 septembre 1910 (6). Ce discours de Bourassa, sans doute son plus
celebre, connu sous le nom de << discours de Notre-Dame >>,
est a peu pres le seul element que la memoire collective des historiens
a retenu de ce congres. J'ai recueilli d'autres elements aux
Archives de l'archeveche de Montreal, oU j'ai depouille deux
gros scrap books contenant une revue de presse de l'evenement (7),
de meme que la douzaine de dossiers qui y sont consacres (8). Enfin,
l'histoire des congres eucharistiques est resumee, jusqu'en
1981, dans un texte de dom Oury (9).
C'est d'ailleurs par cela que nous allons commencer. Nous
verrons ensuite le deroulement du congres et ses travaux, avant de nous
attarder aux seances publiques. En conclusion, nous reflechirons sur
l'actualite de ce congres cent ans plus tard et nous verrons les
pistes de reflexion qu'il nous ouvre.
1. L'origine : qu'est-ce qu'un congres eucharistique
?
Qu'est-ce qu'un congres eucharistique ? Un coup
d'oeil sur leur origine permet d'eclairer la question. Le
premier congres eucharistique international a eu lieu a Lille en 1881.
Plusieurs personnes en sont a l'origine. Guy Oury insiste surtout
sur le role d'Emilie Tamisier (1834-1910), une fervente du
Saint-Sacrement et de l'adoration nocturne. Tout un courant en
faveur de la devotion au Saint-Sacrement se developpe en France au
milieu du XIXe siecle, avec notamment la fondation en 1856 par
Pierre-Julien Eymard (1811-1868) des peres du Saint-Sacrement, qui
seront tres actifs dans l'organisation des congres eucharistiques.
Le mouvement de spiritualite alors en vogue est celui de
l'adoration reparatrice, qui va de pair dans les annees 1870 avec
les grands pelerinages (Lourdes, Paray-le-Monial). L'idee meme des
congres eucharistiques viendra de Mgr Mermillod, eveque de Geneve : on
veut proclamer par la la mission sociale de l'eucharistie.
L'eucharistie n'est pas qu'une devotion personnelle; les
ceremonies publiques montrent son cote social, et le congres est un
moyen de temoigner de cette mission.
Les congres eucharistiques comprennent donc deux volets :
d'une part, des prieres, des communions, des adorations, et surtout
la grande procession finale, un acte public, eclatant, de reparation et
d'amour, et d'autre part, des seances d'etude, oU
l'on cherche les meilleurs moyens pour propager la devotion. Ils se
tiendront dans differents pays : France, Belgique, Suisse, Allemagne; en
1893, il y en aura un a Jerusalem, avec le cardinal Langenieux, de
Reims, comme legat papal. Le legat est le representant personnel du
pape. A partir de 1898, le congres eucharistique international a lieu
chaque annee (10). Progressivement, ces congres se tiendront sur tous
les points du globe. Depuis 1952, ils ont lieu tous les quatre ans : on
a vu celui de Quebec en 2008 et le suivant est prevu a Dublin en 2012.
2. Le deroulement du congres de Montreal : une semaine sans
pareille
Dans le tome 15 de son Histoire de la province de Quebec, consacre
a l'annee 1910, Robert Rumilly presente les principaux elements du
contexte qui permettent de voir d'un coup d'oeil les questions
qui preoccupaient alors l'opinion. Mentionnons rapidement: le culte
de Dollard, inaugure lors du 250e anniversaire de la bataille, avec une
manifestation le 29 mai oU Mgr Bruchesi lance l'idee d' un
monument; 1' affaire Lemieux, en fevrier, qui voit des jeunes de
I'ACJC percer le plafond de la salle oU se tiennent les seances de
la loge L'Emancipation et le 8 avril, quatre etudiants du college
Sainte-Matie derober au secretaire de la loge tous ses documents, dont
la liste des membres, que Lemieux publiera en mai (11); la rivalite
Laurier-Bourassa et la montee d'Henri Bourassa a la faveur de la
campagne nationaliste de l'ete 1910; les debats autour de la
nomination de l'archeveque d'Ottawa, deux Gauthier etant lice:
Charles, archeveque irlandais de Kingston, et Georges, cure de la
cathedrale a Montreal; la greve du Grand-Tronc, en juillet : il importe
qu'elle se termine avant le congres eucharistique; enfin, un
souvenir, celui du concile plenier de Quebec de 1909: l'evenement
de Montreal doit surpasser celui de Quebec ...
a) Les preparatifs
A l'origine de la tenue du congres de Montreal, il y a la
participation de l'archeveque de Montreal, Mgr Paul Bruchesi, a
celui de Londres en 1908. L'archeveque de Westminster, Mgr Francis
Bourne, suggera qu'un congres eucharistique soit tenu a Montreal,
pour une premiere en Amerique (12).
On imagine la febrilite des preparatifs. Entre autres, le procureur
fut charge de rassembler la somme de 100 000 $ et le chancelier
s'occupa des invitations (et du logement de tous ces prelats...).
Parmi les invites de marque, signalons Mgr Ireland, de Saint-Paul au
Minnesota, le cardinal Logue, primat d'Irlande, et deux eveques
francais--la recolte pouvait paraitre maigre ...--, Joseph Rumeau,
d'Angers, et Stanislas Toucher, d'Orleans, celui-ci celebre
pour sa promotion de Jeanne d'Arc, qu'il avait reussi a faire
beatifier en 1909. Vinrent egalement d'autres invites francais,
fort populaires, comme l'abbe Thellier de Poncheville et le jeune
Pierre Gerlier, futur cardinal de Lyon, alors president de
l'A.C.J.F., l'Association catholique de la jeunesse francaise.
Le secretariat general du congres fut confie aux peres du
SaintSacrement, presents a Montreal depuis 1890, et cinq comites furent
mis sur pied : le comite de reception, le comite des travaux, le comite
executif, le comite de la procession et le comite des finances (13).
Tous s'accorderent pour dire que le congres fut tres bien organise.
b) Le legat
Le personnage central du congres fut le legat pontifical, le
cardinal Vincenzo Vannutelli, qui avait deja ete legat aux quatre
congres precedents, depuis 1906. Comme c'est le representant du
pape, on lui rend pratiquement les memes honneurs qu'a celui-ci. En
particulier, on a delegue le chanoine Georges Gauthier, cure de la
cathedrale, pour faire la traversee sur l'Empress of Ireland avec
lui. De son cote, Bruchesi se rend a la Pointe-au-Pere pour
l'accueillir et l'accompagner tout au long de la remontee du
fleuve Saint-Laurent, avec des arrets a Quebec, Trois-Rivieres et Sorel,
avant l'arrivee a Montreal le samedi 3 septembre, a la pluie
battante, a temps cependant pour participer aux ceremonies du dimanche,
qui reunissaient a l'eglise Notre-Dame, puis a Saint-Patrick, 15
000 ouvriers a l'occasion de la fete du travail.
c) Le programme
Le congres se deroula du mardi soir 6 septembre au dimanche 11. Le
mercredi fut reserve aux receptions des gouvernements de Quebec et
d'Ottawa a l'hotel Windsor. Les seances du congres se
deroulaient le matin et l'apres-midi des jeudi et vendredi, seances
generales et seances sacerdotales, francaises et anglaises. Il y eut en
outre des seances pour les dames, en apres-midi, une seance pour les
jeunes gens et une autre pour les hommes, simultanees, le samedi
apres-midi.
Le programme comprend aussi des activites speciales : une messe de
minuit le mercredi soir, la reception civique du legat a l'hotel de
ville le jeudi soir, une grande messe en plein air le samedi matin au
parc de la Montagne, deux seances generales les vendredi et samedi soir
a l'eglise Notre-Dame, destinees au grand public, sans oublier le
clou du congres, la procession du Saint-Sacrement, le dimanche 11
septembre.
Les journaux rendent compte en detail de ces seances et indiquent
les foules qui s'y rendent : autour de 15 000 personnes a
Notre-Dame (la capacite de l'eglise aujourd'hui est estimee a
3 000 places), 10 000 personnes a la reception du legat a l'hotel
de ville, 30 000 enfants qui defilent devant le legat a la cathedrale le
vendredi apres-midi, 200 000 personnes a la messe en plein air le samedi
matin, 500 000 fideles au reposoir au terme de la procession du dimanche
apres-midi. Le maire Guerin a proclame le samedi fete civique. Pour la
procession du dimanche, 115 trains ont amene 400 000 personnes--ce qui
donnerait une moyenne de 3 000 passagers par train !--sans compter les
100 000 etrangers deja dans la ville.
La procession va de l'eglise Notre-Dame a l'hotel de
ville et remonte ensuite par les rues Saint-Hubert, Cherrier, Rachel, a
travers treize arcs de triomphe, jusqu'au Mont-Royal. Elle se forme
a midi et demi, le legat quitte Notre-Dame a 16h30 et parvient au
reposoir a 19h, alors que le soleil va se coucher: la procession a dure
sept heures. Ce sont les hommes seulement qui marchent dans les rues;
plusieurs choeurs de dames et de demoiselles ont pris place sur les
estrades. Il y la 1 200 enfants de choeur en soutanes rouges, les
seminaristes en surplis, 2 000 pretres, dont 1 000 en habits sacerdotaux
(14). L'ostensoir a ete offert par les dames catholiques de langue
anglaise, a l'initiative de la mairesse, madame Guerin (15).
Finalement, on signale qu'aucune arrestation n'a ete
effectuee pendant le congres, congres filme par Ernest Ouimet, qui a
presente le film a l'archeveque.
d) Le volet anglophone
L'historiographie canadienne-francaise a prete peu
d'attention au volet anglais du congres. Si les journaux francais
de Montreal, La Presse, La Patrie, Le Canada, Le Devoir, ont presente
une couverture complete de l'evenement, les quotidiens anglais, The
Montreal Daily Star, The Montreal Daily Herald, The Gazette, The
Montreal Daily Witness, de meme que l'hebdomadaire des catholiques
anglais, The Montreal Tribune, n'ont pas ete en reste. En general,
les protestants resterent calmes durant ces grandes manifestations, mais
il y eut tout de meme des remous, sur la question des relations
Eglise-Etat. Des lettres ouvertes sont envoyees au Montreal Daily
Witness, protestant contre l'utilisation de fonds publics pour des
fins confessionnelles. Ces depenses publiques constituent << an
outrage against our free Canadian citizenship >>.
Mais ce qui fit le plus de bruit, ce sont les declarations
d'un jesuite celebre de Londres, le pere Bernard Vaughan. Dans un
sermon a l'eglise St. Patrick, le mardi 6 septembre, il declare que
<< le protestantisme est une religion sans ame>> et ajoute:
<< Catholics are growing in numbers, while Protestants are
diminishing and must soon die anyway. >> (The Montreal Tribune).
Le samedi 10 septembre, le Montreal Daily Herald, qui semble
l'autorite en la matiere du cote protestant, publie un editorial
pour appeler au calme, devant ces attaques considerees comme une
provocation : << Now is the time for tolerance. >> Ce qui
n'empeche pas plusieurs ministres protestants de repliquer en
chaire le dimanche suivant, jour meme de la procession (16).
e) Les querelles
Ce n'est pas la seule querelle a laquelle le congres donna
lieu. Il y avait a Montreal des anticlericaux qui n'allaient pas
rester inactifs pendant de telles celebrations. Le Devoir du 8 septembre
signale que << la petite clique anticlericale et antichretienne de
cette ville >> a fait distribuer pendant la nuit << des
circulaires oU l'on insulte au Sacrement de l'Eucharistie
>> et conseille de les jeter au feu sans les lire. Le Soleil du
lendemain evoque les memes faits.
La place des militaires lors du congres a aussi suscite controverse
et malentendus (17). Le 65e Regiment etait absent lors de l'arrivee
du legat au port de Montreal. Etait-ce une directive du ministre de la
milice, F.W. Borden? Le responsable politique pour la region de
Montreal, Louis-Philippe Brodeur, ministre de la marine, met les choses
au point: <<J'ai vu le ministre de la milice et les
militaires pourront sortir en corps dimanche et prendre part a la
procession (18). >>
Autre querelle: quel habit doit-on porter lors de la reception
civique a l'hotel de ville, le jeudi soir, devant le legat?
L'echevin L.A. Laporte s'oppose a cet egard au maire Guerin,
qui tient au protocole. Le Montreal Daily Star du vendredi 9 rapporte
que plus de 12 000 personnes ont defile devant le legat. Le desir de
voir le cardinal etait si grand que plusieurs personnes n'ont pas
revetu l'habit de circonstance. Mais le legat s'est interesse
surtout aux plus humbles : << Dress Regulations Shoved Aside at
Civic Reception >>, titre le journal.
Enfin, la scene aurait ete incomplete sans une chicane de drapeaux.
Une rumeur voulait que Mgr Touchet ait proteste contre la presence du
drapeau tricolore, embleme de la revolution. A l'hotel de ville, on
critique plutot le fait que le tricolore ait ete remplace par le drapeau
irlandais (le maire James J. Guerin etait irlandais). La question est
debattue <<avec chaleur>> lors de la reunion du conseil du
12 septembre (19).
Sous des dehors d'harmonie et d'unanimite, on voit donc
que le congres eucharistique a suscite quelques debats et querelles.
3. Les travaux : la devotion eucharistique
Le but d'un congres eucharistique est de promouvoir la
devotion en question. A cet egard, les deux decrets de Pie X sur la
communion frequente en 1905 et sur la communion des enfants en 1910,
alors que l'age de la premiere communion est ramene a l'age de
discretion, soit environ 7 ans, sont deux faits majeurs, qui vont
marquer tout le XXe siecle. L'archeveque Bruchesi est
particulierement fier que le decret de 1910, rendu le 8 aout, ait ete
mentionne officiellement pour la premiere fois au congres de Montreal
(20).
a) Une enquete << eucharistique >>
Un des dossiers les plus interessants decouvert aux archives de
l'archeveche est une << Enquete sur la piete et le cuite
eucharistiques dans le diocese de Montreal >> (21). Un
questionnaire de six grandes pages imprimees a ete envoye le 6 avril
1910 aux paroisses de la ville et on demandait aux cures d'y
repondre avant le 15 mai. On essayait surtout d'y voir quels
avaient ete les effets du decret de Pie X du 20 decembre 1905 sur la
communion frequente. On dispose des reponses de 134 paroisses.
L'analyse de ce dossier completerait de maniere interessante les
recherches de Louis Rousseau et Frank W. Remiggi sur la pratique
religieuse dans la grande region de Montreal (22).
Je n'ai pas depouille l'ensemble du dossier, mais
j'ai jete ici et la des coups de sonde, pour donner une idee de son
contenu. La premiere partie concerne les obstacles a la communion
frequente. On recueille des renseignements sur le nombre de communions,
leur frequence, le nombre d'hosties consommees en un an. Voici une
reponse typique sur la question des obstacles rencontres, celle du cure
de Saint-Henri: <<L'apathie chez quelques-uns, la crainte
d'etre indignes chez quelques autres. >>
La question 10 interessera particulierement les historiens du
nombre : <<Combien de paroissiens ne font pas leurs paques
?>> Les reponses, on s'en doute, sont bien variables, selon
les temperaments des cures. Voici celle du cure de la cathedrale,
Georges Gauthier : << Impossible de preciser. Je n'en ai pas
la moindre idee. >> N.-A. Troie, cure (canadien) de NotreDame de
1895 a 1913, repond: <<???? Deus scit.>> (Dieu le sait).
D'autres reponses sont plus utiles. Le cure de la paroisse
italienne, Notre-Dame du Mont-Carmel, avoue: <<un tiers>>. A
Saint-Henri: << 150 a 200>>; a Saint-Pierre: <<50
environ>>. Au Saint-Enfant-Jesus : <<difficile a constater,
connaissons une vingtaine. >> Une trentaine a Saint-Jerome, une
dizaine a Saint-Antoine de Longueuil. Ailleurs, le chiffre Se limite a
quelques unites : << 4 ou 5 >> a Saint-Viateur, << 2
>> a Notre-Dame des Neiges. La deuxieme partie porte sur les
points suivants : confrerie, messe, exposition, triduum, visite. Une
question demande le nombre de personnes qui assistent a la messe les
jours de semaine.
D'autres dossiers contiennent la correspondance relative au
congres. A cote de tous les officiels, nous avons retenu le temoignage
contenu dans un petit livret: <<Hommage de piete filiale
respectueusement offert a Sa Grandeur Monseigneur l'Archeveque pour
le Congres eucharistique de Montreal par les ouvrieres de la Invictus
Shoe Factory, 23 avril 1910>>. Il s'agit d'un livret de
quatre pages, avec 92 noms bien alignes et le montant que chacune a
donne : 83 femmes ont donne 1 $ (23). Ce don a beaucoup emu Sa Grandeur,
qui se dit bien touche de cette souscription, << la plus precieuse
>> qu'il ait recue : << C'est sur vos besoins et
peut-etre meme sur votre misere que vous avez preleve ces contributions
>>, qui vous seront rendues au centuple, leur repond-il le 29
avril (24).
b) Les seances d'etude
La plus grande partie du gros livre de compte rendu du congres
contient le texte des differents rapports present6s lors des seances
d'etude. Nous avons denombre la un total de 114 rapports (25). Ceux
des seances generales portent sur la devotion eucharistique dans tel ou
tel diocese (Quebec, Chicoutimi, Manitoba), dans les maisons
d'enseignement, sur les oeuvres eucharistiques (confreries,
adoration nocturne), sur des aspects particuliers (presse eucharistique,
musique, chant, architecture). Dans les seances de groupes, on
s'occupe de la devotion par rapport a chacun de ces groupes :
pretres, dames, jeunes gens, hommes.
Il y aurait certes interet a analyser ces rapports. Nous avons jete
un coup d'oeil pour notre part sur une seance dite <<
pedagogique >>, oU l'on traita, par exemple, de << La
communion dans les colleges classiques de la Province de Quebec
>>, a partir d'un questionnaire envoye aux seminaires et
colleges de langue francaise de la province, ou encore de << La
confession, la communion et la liberte de conscience dans les
pensionnats de freres >>.
Il y a ici veritablement une somme sur la devotion eucharistique au
Quebec en 1910. Tous les noms qui comptent ont presente un rapport ou un
discours : de l'abbe Amedee Gosselin, recteur de l'universite
Laval, a l'abbe Elie-J. Auclair, secretaire de redaction a la Revue
canadienne, en passant par les abbes Joseph-Arthur Papineau, Lionel
Groulx, H. Baril, ou les religieux Charles Lecoq, Leonidas Hudon,
Raymond Rouleau ou Ange-Matie Hira1 (26). Les seances publiques eurent
naturellement une portee beaucoup plus grande.
4. Les seanees publiques
Le compte rendu du congres de Montreal s'ouvre par un premier
chapitre intitule << Demonstrations religieuses et civiles
>>. Il y a la le texte de dix discours et de cinq sermons
prononces aux moments les plus solennels du congres, suivi d'une
description de la procession finale (27). Vient ensuite un deuxieme
chapitre sur << Les seances generales du soir>>,
reproduisant les discours des deux seances du vendredi et du samedi
soir, qui constituent, avec la messe en plein air et la procession
finale, le sommet du congres. Deux points appellent une attention
particuliere : les temoignages de l'union de l'Eglise et de
l'Etat, par la participation des premiers ministres du Canada et du
Quebec, et le discours d'Henri Bourassa en reponse a celui de Mgr
Bourne, archeveque de Westminster.
a) L'union de l'Eglise et de l'Etat
Depuis plusieurs annees, Mgr Bruchesi s'etait fait le heraut
de relations plus cordiales entre l'episcopat et les gouvernements
liberaux qui avaient pris le pouvoir a Ottawa (1896) et a Quebec (1897),
tres proches l'un de l'autre par ailleurs. Les deux premiers
ministres, Wilfrid Laurier et Lomer Gouin, n'etaient pas connus
pour etre des catholiques tres fervents. Certes, Laurier avait retrouve
la foi de son enfance; quant a Gouin, Rumilly affirme qu' <<
a cette epoque, le premier ministre de la province de Quebec avait
entierement perdu la foi (28) >>. C'est Gouin qui eut a
parler le premier, le 7 septembre a l'hotel Windsor. Dans ce
discours, oU il se dit croyant, il professe le plus grand attachement a
la papaute et aux croyances catholiques, tout en proclamant
l'autonomie de l'Etat dans les affaires temporelles (29). Le
vendredi soir 9 septembre, c'est devant la foule reunie a
l'eglise Notre-Dame que les deux premiers ministres allaient
prendre la parole, avec cinq autres sommites religieuses, Heylen, Logue,
Bailly, Ireland et Touchet.
Il n'avait pas ete facile de convaincre Laurier de participer
au congres. Il revenait d'une tournee dans l'Ouest, son etoile
palissait, mais justement, il s'imposait de ne pas laisser tout
l'espace a Henri Bourassa, dont la campagne nationaliste battait
son plein. Il accepta donc de prononcer un discours et de suivre la
procession, ce qui, faut-il le dire, enchanta particulierement Mgr
Bruchesi, pour qui c'etait la un grand succes personnel (30).
Laurier representa le Canada comme un pays de grande liberte, <<
civile, politique et religieuse>>. <<Nous, d'origine
francaise, nous avons conserve, simplement mais precieusement, la foi de
nos ancetres>>, affirme-t-il plus loin, en soulignant par la suite
l'importance du spirituel, allant meme jusqu'a citer... Louis
Veuillot, sans oublier Bossuet : <<L'homme s'agite, Dieu
le mene (31). >>
Apres un discours de Mgr Ireland, c'est au tour de Lomer Gouin
de prendre la parole. D'entree de jeu, il reconnait que cette
invitation a parler constitue << un precieux temoignage de la
cordiale entente qui, dans notre province, existe entre l'Eglise
Catholique et l'Etat>>. Dans cette Eglise, poursuit-il,
<<l'accord est complet et l'union parfaite; quand
l'Eglise enseigne, nous croyons, quand elle commande, nous
obeissons, lorsqu'elle est attaquee, nous la defendons. >> Il
ne s'arrete pas en si bonne voie : << L'Etat reconnait
sans arriere-pensee les droits de l'Eglise et il la laisse se
mouvoir librement dans sa sphere.>> Et de conclure:
<<Puissent l'Eglise et l'Etat vivre toujours, chez nous,
dans l'harmonie la plus parfaite et dans le respect sympathique
l'un de l'autre (32) ! >>
Ces discours des deux premiers ministres et leur participation au
premier rang de la procession du dimanche, a la suite du
Saint-Sacrement, etaient sans doute ce qui importait le plus a Mgr
Bruchesi. Ce n'est cependant pas ce qui retint le plus
l'attention : la memoire commune a plutot enregistre le grand
discours d'Henri Bourassa, le lendemain soir.
b) La langue, gardienne de la foi
La scene est bien connue, et nous ne nous y attarderons pas
beaucoup, etant donne l'excellent article de Claire Latraverse qui
a examine a fond les deux discours de Bourne et de Bourassa dans son
article du Bulletin d'histoire politique (33). Rappelons
l'essentiel des declarations. Bourne, qui, avant le congres, a
visite tout le Canada, et l'Ouest en particulier, explique que si
l'Eglise catholique veut gagner les immigrants, << cela ne
s' accomplira qu'en faisant connaitre a une grande partie du
peuple canadien, dans les generations qui vont suivre, les mysteres de
notre foi par l'intermediaire de notre langue anglaise (34).
>> La reponse de Bourassa est bien connue : << La meilleure
sauvegarde de la conservation de la foi chez trois millions de
catholiques d'Amerique, qui furent les premiers apotres de la
chretiente en Amerique, la meilleure garantie de cette foi, c'est
la conservation de l'idiome dans lequel, pendant trois cents ans,
ils ont adore le Christ (35). >>
Claire Latraverse a releve la reaction de Groulx observant la
foule: <<Des milliers de visages tendus vers un meme point, avec
du feu dans le regard, des gestes identiques, des poings qui
s'allongent ensemble, pour une adhesion, une protestation
peremptoires (36). >> Le redacteur en chef du Devoir, Omer Heroux,
ne dit pas autre chose dans son editorial du lundi, intitule <<
Apres le Congres >> : << C'etait bien plus qu'un
orateur, plus ou moins sympathique qu'on acclamait, c'etait la
voix meme de la race passant sur les levres d'un de ses fils,
auquel quinze mille hommes faisaient echo, disant par leurs bravos et
leurs applaudissements: Ce que vous pensez, nous le pensons, ce que vous
sentez, nous le sentons (37)! >>
Dans le climat de vive opposition chez les catholiques canadiens
entre Canadiens francais et Irlandais, ce discours de Notre-Dame fait
figure de sommet nationaliste pour les Canadiens francais, encore
aujourd'hui. On est alors porte a accentuer l'opposition entre
les deux orateurs. Pourtant, dans le but d'amoindrir les facheux
effets de son discours, Bourne souhaita rencontrer Bourassa, entrevue
qui eut lieu le 13 septembre (38).
De leur cote, les journaux liberaux s'etaient empresses de
limiter la portee du discours de Bourne. Ainsi, rendant compte du
congres le 16 septembre, l'hebdomadaire liberal de Saint-Jerome,
L'Avenir du Nord, presente ainsi les choses. Bourassa a servi une
vigoureuse replique
au discours de Mgr Bourne, dans lequel on a cru comprendre que
l'archeveque de Westminster souhaitait que la langue anglaise
devint la langue de la religion catholique au Canada.
Depuis Mgr Bourne s'est explique a un journaliste de Montreal.
Il a declare que ses paroles ont ete mal interpretees.
Sa Grandeur affirme qu'elle n'a jamais songe a recommander que
l'anglais soit de preference employe dans l'Eglise catholique au
Canada. Elle a tout simplement dit que si on voulait amener dans le
giron de l'Eglise les nombreux groupes qui viennent chaque annee
grossir la population de l'Ouest, ce travail devrait etre fait par
des pretres de langue anglaise (39).
Comme l'analyse Latraverse, cet evenement inattendu est venu
bouleverser le rituel du congres eucharistique, oU tout etait bien prevu
et organise d'avance. Le geste de Bourassa, derogeant du programme,
pouvait etre vu << comme une action subversive >>. Et
pourtant, ici, << le politique doit ceder le pas au religieux, la
foi etant l'objet premier de ce rassemblement (40) >>. Des le
lundi, l'editorial de La Patrie, un quotidien plus populaire,
tirait << la lecon du congres >> et concluait: <<
Qu'on le veuille ou non, le francais sera a l'avenir, en ce
pays, comme il l'a ete jusqu'ici, la sauvegarde par excellence
du catholicisme. Nous sommes restes catholiques parce que nous sommes
restes francais (41). >>
Ce discours de Notre-Dame d'Henri Bourassa a souvent ete
presente comme le discours de << la langue, gardienne de la foi
>>. Ce n'est cependant pas une nouveaute. Au Congres
eucharistique meme, l'arc des Franco-Americains portait cette
inscription (42). Et au milieu du congres, le vendredi 9 septembre, donc
bien avant le discours d'Henri Bourassa, Orner Heroux avait publie
un editorial dans Le Devoir intitule : << La fete de la race
>>, dans lequel il affirmait sans detour : << [...] la
langue francaise reste pour les notres le grand vehicule de la pensee
catholique (43) >>. L'expression etait donc dans l'air,
mais le discours de Notre-Dame lui a donne une portee sans precedent
(44).
5. Les suites : une multitude de congres eucharistiques
a) Les suites immediates
Une manifestation aussi importante allait evidemment avoir des
suites. Des le mardi 13 septembre, Le Soleil fait echo a des rumeurs
voulant que trois archeveques, Bourue, Bruchesi et un Americain, soient
nommes cardinaux. Rumilly en fait egalement mention, commentant :
<< Mgr Bruchesi souhaitait le chapeau, mais avec quelque
hesitation, car il etait trop delicat pour supplanter Mgr Begin, son
aine, son ami--et l'un des artisans de son elevation a
l'episcopat (45). >> Finalement, Mgr Bourne sera nomme
cardinal en 1911 et, pour le Canada, c'est Mgr Begin qui deviendra
cardinal en 1914 (46).
Une des questions les plus en vue du point de vue
politico-religieux etait celle de la nomination a l'archeveche
d'Ottawa. On apprit, apres le congres, l'election de Mgr
Charles-Hugues Gauthier, cet Irlandais au nom francais : les Canadiens
francais furent bien decus (47).
Une occasion se presenta pourtant a Mgr Bruchesi de montrer sa
fidelite au pape par une autre grande manifestation publique. Ernesto
Nathan etait devenu maire de Rome en 1907 a la tete d'un Bloc
laique democratique. Pour ajouter a son << palmares >>, aux
yeux des catholiques, il etait d'origine juive (48) et avait ete
grand-maitre du Grand-Orient d'Italie (1896-1904). Le 20 septembre
1910 marquait le 40e anniversaire de la prise de Rome par les Italiens,
mettant ainsi un terme au pouvoir temporel du pape. Nathan souligna cet
anniversaire par un discours s'en prenant au pape et a
l'Eglise catholique. Bruchesi ne fut pas long a reagir et organisa
une manifestation publique pour le dimanche 16 octobre. Elle devait
avoir lieu au Monument national, mais la foule etait si nombreuse--20
000 personnes, estima La Presse--qu'elle se transporta au Champ de
Mars. L'archeveque de Montreal y lut les declarations de Nathan et
fit voter par l'assemblee des resolutions de fidelite et
d'attachement au pape. La Semaine religieuse de Montreal en fit
grand cas et publia les discours de Bruchesi, de Decarie, le secretaire
provincial, du maire Guerin, du Dr Lachapelle, zouave, et enfin, comment
pouvait-on y echapper, d'Henri Bourassa. L'assemblee vota des
resolutions que Bruchesi envoya au secretaire d'etat, le cardinal
Merry del Val, qui remercia par telegramme. La foule cria : <<
Vive le Pape !--A bas le juif Nathan ! (49)>> Cette manifestation
de masse, a la defense du pape, etait une reprise, en petit format, des
grandes manifestations du congres eucharistique.
b) Les congres eucharistiques regionaux
Lors de la derniere seance sacerdotale du congres eucharistique, le
chanoine Lamerand, de Cambrai, avait presente un important rapport sur
les congres eucharistiques regionaux, suivi du voeu suivant : <<
Que des Congres Eucharistiques diocesains ou regionaux soient organises
de temps a autre, selon la volonte des eveques >> (50). Le moins
qu'on puisse dire est que ce voeu a ete respecte. Un pere du
Saint-Sacrement, Maurice Brouard, a publie, par dioceses, la liste de
155 congres eucharistiques tenus au Canada entre 1910 et 1965, dont plus
des trois quarts au Quebec (51). Ils sont. naturellement d'ampleur
differente: plusieurs sont paroissiaux (notamment a Montreal),
d'autres sont regionaux ou diocesains (dans la plupart des
dioceses, et notamment Quebec) ; il y en eut meme un provincial a Quebec
en 1923 et un national, toujours a Quebec, en 1938. Habituellement, ces
congres duraient cinq jours et donnaient lieu a de grandes
manifestations. Plusieurs temoins en ont garde le souvenir.
Certains ont donne lieu a d'importantes publications, tel
celui de Quebec (812 pages) ou celui de Trois-Rivieres, en 1941, qui a
produit un memorial de 494 pages (52). D'autres meritent
d'etre soulignes, comme le Congres national des pretres-adorateurs
du Canada, qui s'est tenu a Montreal en 1915. On peut donc dire que
la tradition des congres eucharistiques s'est veritablement
enracinee au Quebec pendant le demi-siecle qui a suivi le congres
international de 1910. Il y a assurement matiere a analyse de cette
devotion.
c) Le congres eucharistique national de Quebec en 1938
Si je fais une mention speciale du congres eucharistique national
de Quebec, en 1938, c'est qu'il fut l'heure de gloire du
cardinal Rodrigue Villeneuve, qui avait ete designe legat papal. La
rencontre fut precedee d'une serie de congres eucharistiques
regionaux, dans les differentes provinces canadiennes : on fait
notamment etat de ceux du Manitoba et de la Colombie << canadienne
>> : le legat se promenait partout (53). Il excite tellement son
entourage que l'annaliste du congres intitule son arrivee par le
titre: << Le Pape est chez nous. >> Rassurons-nous : il
s'agit du cardinal Villeneuve.
C'est a l'occasion de ce congres, au milieu de fastes
indescriptibles, que le premier ministre Maurice Duplessis prononce une
allocution dans laquelle il annonce qu'il va remettre au cardinal
une bague qu'il lui passe au doigt. Ce dernier interprete aussitot
l'anneau comme marquant << l'union de l'autorite
religieuse et de l'autorite civile (54) >>.
On peut se demander pourquoi le congres eucharistique international
de Montreal, en 1910, ne suscite plus guere d'interet
aujourd'hui, ni a Montreal, ni chez les historiens du religieux
(55). Comment expliquer ce peu d'interet ? La premiere cause me
parait evidente : les responsables de l'Eglise catholique ne
veulent pas commemorer les fastes passes de l'Eglise, plutot objet
de critiques. On veut bien montrer la presence catholique
aujourd'hui et affirmer sa foi en public, par exemple en organisant
des processions du Saint-Sacrement dans les rues de la ville, mais on ne
veut pas ramener le projecteur sur des manifestations de masse qui
temoignaient d'une unanimite dans la croyance.
Chez les historiens, l'interet pour l'etude de la memoire
et de la commemoration est omnipresent, mais se transpose moins dans le
domaine religieux, en tout cas chez les francophones. Par contre, ce qui
tient le haut du pave dans l'actualite, du point de vue religieux,
ce sont les debats incessants sur la laicite. Le Quebec est un Etat
laique, proclame-t-on--bien a tort d'ailleurs- -et on ne veut
surtout pas rappeler cette histoire qui a si fortement marque
l'union de l'Eglise et de l'Etat, proclamee au plus haut
niveau : le Quebec etait un modele pratiquement inegale. On rejette cet
heritage et ceux qui recherchent maintenant la separation de
l'Eglise et de l'Etat, qu'ils proclament comme un ideal,
prennent le contre-pied exact de leurs predecesseurs d'il y a cent
ans. Il faut pourtant trouver le moyen d'assumer l'heritage.
Mais il n'y a pas en histoire que les elites et les
gouvernements. Les historiens du religieux, en particulier, doivent
s'attacher a analyser les devotions principales, les grands
courants spirituels qui ont innerve le Quebec au fil des siecles. La
devotion eucharistique a certainement connu un sommet au XXe siecle, qui
n'a guere ete etudie. Quelle est la signification de
l'eucharistie et de la presence reelle? Qu'en est-il de la
pratique des saluts du Saint-Sacrement, des processions de la Fete-Dieu,
des celebrations qu'on appelle precisement celebrations
eucharistiques (56) ? La celebration du 50e anniversaire de
l'Institut de pastorale amene a poser de telles questions.
Le congres de la SCHEC de 2010 a retenu comme theme la transmission
du religieux et le pluralisme a Montreal. Le regard que nous venons de
jeter sur le Montreal d'il y a cent ans, celui du congres
eucharistique de 1910, nous permet de mesurer la distance qui nous
separe de cette epoque. Il nous amene aussi a reflechir sur la
transmission du religieux et sur le role de l'histoire dans la
construction de la memoire. L'histoire et les historiens conservent
la memoire, certes. Mais ils veulent aussi aller de l'avant, tout
en etant conscients du passe collectif et en assumant son heritage.
(1.) Guy Laperriere est professeur au departement d'histoire
de l'universite de Sherbrooke. Specialise en histoire religieuse du
Quebec et de la France aux XIXe et XXe siecles, il s'interesse
particulierement au role qu'a joue le catholicisme dans la societe
quebecoise.
(2.) Le livre fondateur en ce domaine est celui de H.V. Nelles,
L'histoire spectacle: le cas du tricentenaire de Quebec, Boreal,
2003, traduction de The Art of Nation- Building: Pageantry and Spectacle
at Quebec's Tercentenray (University of Toronto Press, 1999). Du
cote religieux et a la meme epoque, l'essai le plus representatif
est celui de Ronald Rudin, L'histoire dans les rues de Quebec: la
celebration de Champlain et de Mgr de Laval, 1878-1908, Les Presses de
l'Universite Laval, 2005, traduction de Founding Fathers : The
Celebration of Champlain and Laval in the Streets of Quebec, 1878-1908,
University of Toronto Press, 2003.
(3.) En preparation du congres eucharistique de Quebec en 2008,
Brigitte Caulier a publie un bref historique de ces congres au Quebec:
<<Reconquerir le monde moderne par l'eucharistie: les congres
eucharistiques au Quebec, 1910-1965>>, Liturgie, foi et culture,
vol. 40, no 186, ete 2006, p. 13-20. Nous remercions l'auteure de
nous avoir signale cet article.
(4.) XXIe Congres eucharistique international, Montreal, Montreal,
Beauchemin, 1911, 1102 p.
(5.) Robert Rumilly, Histoire de la province de Quebec, tome XV,
Mgr Bruchesi, Montreal, Bernard Valiquette, 1945, 211 p.; chap. V
<<Le Congres eucharistique>>, p. 91-130.
(6.) Claire Latraverse, <<Congres eucharistique international
de Montreal en 1910: foi et solennite >>, Cahier du Groupe de
recherches sur les entrees solennelles, Montreal, Universite Concordia,
2003, p. 79-97; << Rituel religieux et mesure politique au Congres
eucharistique de Montreal en 1910 >>, Bulletin d'histoire
politique, vol. 14, no 1, automne 2005, p. 119-131. Le Cahier du GRES de
2003 contient egalement un article de Marie-France Wagner et Louise
Frappier sur la visite du pape en 1984 : << Le spectacle du
religieux ou la visite du pape a Montreal en septembre 1984 >>, p.
113-130. Ce Cahier est accessible a l'adresse
http://GRES.concordia.ca.
(7.) Archives de l'Archeveche de Montreal (AAM), RCD 50 et RCD
51. Le RCD 51, d'une luxueuse reliure rouge, a ete prepare par les
Soeurs de la Congregation de Notre-Dame de l'Ecole normale
Jacques-Cartier. Il faut lui preferer le RCD 50, de couverture noire,
moins attrayant mais beaucoup plus complet, prepare, nous avons tout
lieu de le croire, par l'archeveche lui-meme.
(8.) XXIe Congres eucharistique international, Montreal (6-11
septembre 1911), AAM, dossiers 995.052 a 995.063. Nous remercions
l'archiviste Alain Wahlin qui a beaucoup facilite nos recherches.
(9.) Dom Guy Oury, <<Histoire des congres>>, dans Dom
Guy-Marie Oury et Dom Bernard Andry, Les congres eucharistiques, Lille
1881-Lourdes 1981, Solesmes, 1980, p. 7-110. Cet ouvrage contient une
tres pratique <<Liste des Congres eucharistiques>>, p.
237-249.
(10.) Celui de 1906 a lieu a Tournai, en Belgique; celui de 1907 a
Metz, en zone occupee par les Allemands, en 1908 a Londres, en 1909 a
Cologne. Apres le congres de 1910 a Montreal, celui de 1911 aura lieu a
Madrid, 1912 a Vienne, 1913 a Malte et 1914 a Lourdes.
(11.) L'affaire est traitee dans Roger Le Moine, Deux loges
montrealaises du Grand Orient de France, Ottawa, Les Presses de
l'Universite d'Ottawa, 1991, p. 50-57. Il y est question
d'un complot qu'aurait ourdi la loge pour faire prendre des
pretres dans des maisons mal famees pendant le congres eucharistique.
D'apres un de ses membres, on aurait dit <<que si on faisait
une descente dans les maisons louches pendant le congres eucharistique,
on y pourrait prendre des tas de cures. >> Cite dans ibid., p. 50.
Plusieurs des membres de la loge dont les noms ont ete publies perdront
leur emploi. A la suite de cette publication, la loge
L'Emancipation se mettra en sommeil.
(12.) La lecture des actes du congres de Londres permet de
constater que la decision de tenir le congres de 1910 a Montreal etait
deja prise avant le congres de Londres, car Bruchesi en parle
publiquement dans son allocution du 10 septembre (p. 70, 159). Il
s'adressa ce soir-la a la grande assemblee du Albert Hall et son
allocution (en francais) est reproduite dans les actes" Report of
the Nineteenth Eucharistie Congress, held at Westminster from 9th to
13th September 1908, London, Sands, 1909, p. 183-186.
(13.) Le comite de reception est celui dont il reste de loin le
plus de traces aux archives de l'archeveche, dossier 995.060.
(14.) On a bien averti les pretres etrangers de prendre part a la
procession : <<I1 serait en effet tres regrettable que des rangs
de la procession on apercut des pretres aux fenetres ou sur les
estrades. >> Le Devoir, 9 septembre 1910. Fait divers a signaler:
pendant la procession, le maitre de chapelle de l'eglise
Saint-Jacques, Denis Poliquin, un employe civil de 54 ans, est mort
subitement alors qu'il venait de faire entonner le <<Pitie,
mon Dieu >>.
(15.) Il a coute 1 200 $ et a ete expose dans la vitrine du magasin
O'Gilvy jusqu'au vendredi a 17h.
(16.) Le Herald nomme plusieurs eglises ou cela s'est fait et
titre : << Protestant Clergy Reply to Attack>> et
<<Answer to Father Vaughan Is Made in Many Pulpits at Sunday
Service>> (12 septembre 1910).
(17.) Voici en quels termes, quinze ans plus tard, l'album du
congres eucharistique de Chicago rapporte l'incident : << An
objection was voiced to the government against the marching of the
military Guard of Honor to the Sacred Host and, after no little
conferring, it was agreed that the Guard should march, not as a Guard of
Honor to the Host, but rather to the Papal Legate!>>, XXVIII
International Eucharistic Congress, June 20-24 1926, Chicago Ill., p.
29. Le congres de Chicago fut le premier tenu aux Etats-Unis.
(18.) Le Devoir, 9 septembre 1910. L'article etait coiffe du
titre suivant: <<Nos militaires feront escorte a Jesus-Hostie
>>. Les AAM revelent que le 85e Regiment a offert une garde de 200
soldats et 20 officiers pour le jour de la grande procession, ce qui
represente une depense de 800 $. Presentee par Tancrede Pagnuelo,
l'offre a ete acceptee. AAM, 995.054. C'est le chancelier
Emile Roy qui s'occupe de toutes ces questions.
(19.) La Patrie, 13 septembre 1910. Le tricolore est alors
considere comme le drapeau canadien-francais. Sur la querelle des
drapeaux a cette epoque, voir la serie de cinq articles de Luc Bouvier
dans L'Action nationale, << Du tricolore canadien au
fieurdelise quebecois>>, vol. 86, mars-decembre 1996.
(20.) C'est a l'inauguration de la premiere seance
sacerdotale, alors que 2 000 pretres etaient rassembles dans
l'eglise du Saint-Sacrement, qu'il le dit en repondant au
cardinallegat qui venait d'en parier: <<I1 me semble que
c'est aujourd'hui que le monde entend pour la premiere fois
cet officiel commentaire du decret de Pie X sur la communion des petits
enfants. >> XXIe Congres ..., p. 600. Le Devoir du 8 septembre
rapporte en ces termes l'accueil des pretres au legat lors de cette
seance : <<C'est un vrai delire qui s'empare de cette
troupe d'elite de l'armee du Christ. >>
(21.) AAM, 995.052.
(22.) Louis Rousseau et Frank W. Remiggi, dir., Atlas historique
des pratiques religieuses : le Sud-Ouest du Quebec au XIXe siecle,
Ottawa, Les Presses de l'Universite d'Ottawa, 1998, 235 p. La
periode etudiee pour la pratique va de 1820 a 1881.
(23.) C'est la meme personne qui a inscrit tous les noms. La
plupart sont des jeunes filles ; il y en a quatre dont le nom est
precede de la mention Madame. La liste se termine par les noms de 9
hommes, qui ont tous donne egalement 1 $, sauf un qui a donne 2 $. AAM,
995.054 Correspondance generale, 1909-1911.
(24.) AAM, 995.059. Ce dossier de la correspondance de Bruchesi est
le plus important. Il contient les invitations a Bourne (en francais) et
plusieurs lettres a Vannutelli avant le congres, de meme que des
remerciements apres le congres, entre autres a L.O. David, greffier de
la ville, et au chef de police, a qui il envoie un cheque de 500 $
destine au fonds de secours des policiers.
(25.) Sont exclus de ce decompte les discours et allocutions.
D'autres rapports ont etc presentes au congres, mais n'ont pas
ete publies dans l'ouvrage. Nous avons pu le constater en
depouillant le catalogue IRIS de la BAnQ, a partir des mots
<<congres eucharistique>>, qui nous a montre qu'au
moins dix de ces rapports ou discours ont ete publies en brochure. Voici
celui qui ne figure pas dans le compte rendu du congres : E. Despois,
L'OEuvre de Montligeon et la devotion des Canadiens a
l'Eucharistie et aux ames du Purgatoire : rapport presente au
Congres eucharistique international de Montreal, 7-11 septembre 1910, 14
p. Il n'est pas certain que la devotion aux ames du purgatoire
plaisait beaucoup a Mgr Bruchesi...
(26.) L'abbe Papineau, futur eveque de Joliette (1928-1968),
etait prefet des etudes au seminaire de Sainte-Therese, Lionel Groulx,
professeur au college de Valleyfield, Mgr Baril, vicaire general et
aumonier des ursulines de Trois-Rivieres, M. Lecoq, superieur de
Saint-Sulpice, le jesuite Leonidas Hudon, directeur du Messager canadien
du Sacre-Coeur, le dominicain Raymond-Marie Rouleau, futur
cardinal-archeveque de Quebec, regent des etudes au couvent
d'Ottawa, le franciscain Ange-Marie Hiral, futur vicaire
apostolique du Canal de Suez (1929-1952), gardien du couvent de
Montreal. Et la liste pourrait s'allonger indefiniment: Mgr Emard,
le pere Pacifique, Mgr Lapointe, le pere Letellier, le pere Loiseau,
l'abbe Perrier, le pere Dagnaud ...
(27.) La description de la procession couvre les pages 95 a100.
Elle fournit notamment l'ordre dans lequel s'est fait le
defile. Cette liste contient 121 mentions, dont une liste de 77
paroisses du diocese de Montreal et de 15 communautes religieuses
masculines. Dans ses grandes lignes, l'ordre du defile etait le
suivant : les associations, les paroisses, les delegations canadiennes,
americaines, europeennes, les communautes religieuses, les enfants de
choeur, les seminaristes, les pretres, les eveques, le legat portant le
Saint-Sacrement, l'archeveque de Montreal en cappa magna, les
dignitaires ecclesiastiques, les autorites civiles, les corps
professionnels.
(28.) R. Rumilly, Histoire de la province de Quebec, t. XV, p. 106.
Selon sa methode habituelle--l'histoire romancee--, Rumilly imagine
alors (et presente comme des faits) ce qui a pu se produire dans la tete
du premier ministre avant qu'il ne prononce son discours a
l'hotel Windsor.
(29.) <<Nous reconnaissons l'etat libre et independant
dans les choses temporelles; mais dans les choses spirituelles nous
admettons que le Pape a le monde pour royaume [...] >>. XXIe
Congres ..., p. 48. D'apres Rumilly, ce discours enthousiasma Mgr
Bruchesi * qui estima que <<jamais sir Lomer Gouin n'[avait]
ete aussi eloquent dans tout le cours de sa vie publique. >>
(30.) Agissant comme maitre de ceremonie, Bruchesi presentait tous
les orateurs. Pour Laurier, il le fit en ces termes : <<Un
archeveque dirigeant un congres a l'honneur et le plaisir de
presenter a son peuple le premier ministre du gouvernement de son pays.
>> XXIe Congres ..., p. 114.
(31.) Discours de Laurier, ibid., p. 114-118.
(32.) Discours de Gouin, ibid., p. 122-124. Rumilly commente:
<<Laurier avait prononce un discours deiste. Gouin [...] prononca
un discours de theologien. >> Histoire de la province de Quebec,
t. XV, p. 109.
(33.) L'auteure s'est assuree en particulier de la
fidelite des traductions du discours de Mgr Bourne, dont elle a pris le
texte dans la 2e ed. de l'Hommage a Henri Bourassa publie par Le
Devoir en 1952, avec citations a l'appui.
(34.) C. Latraverse, <<Rituel religieux... >>, p. 140.
(35.) XXIe Congres, p. 165.
(36.) Lionel Groulx, Mes memoires, t. II, p. 199. Il faut lire
toute cette page, vraie piece d'anthologie.
(37.) Le Devoir, 12 septembre 1910. C'est aussi la conclusion
de Rumilly : <<Comme son grand-pere [Louis-Joseph Papineau] a
certaine heure de l'histoire, Henri Bourassa, le 10 septembre 1910,
incarna l'ame de son peuple. >> Histoire de la province de
Quebec, t. XV, p. 117.
(38.) L'Hommage rend compte de cette entrevue, p. 157-159, et
reproduit ensuite l'Avertissement de Bourassa du 26 septembre 1910
ouvrant la brochure Religion, langue, nationalite, qui publie les deux
discours.
(39.) L'Avenir du Nord, 16 septembre 1910. Dans la meme ligne,
un autre organe liberal, Le Courrier de l'Ouest, d'Edmonton,
rapporte un discours de Bourne, en francais, exprimant <<
l'espoir de voir les deux langues continuer d'etre mises, au
Canada sur le meme pied d'egalite. Coupures se trouvant dans le
Registre RCD 50, AAM (il est dommage que nous n'ayons pas la date
de l'article du Courrier de l'Ouest). Evidemment, Bourassa
replique vigoureusement a ces arguments dans son Avertissement.
(40.) C. Latraverse, <<Rituel religieux ... >>, p. 128.
(41.) La Patrie, 12 septembre 1910. Ce journal ne cite cependant
pas Bourassa.
(42.) Voir XXIe Congres ..., illustration jouxtant la p. 456.
Encadree des deux drapeaux americains et Carillon-Sacre-Coeur,
l'inscription principale indique : <<A Jesus-Hostie, les
Franco-Americains >>. Sur les deux colonnes, se lisent les
inscriptions suivantes : a gauche : <<La langue gardienne de la
foi; nos ecoles et nos societes>>, a droite: <<Affirmons nos
droits; nous nous souvenons>>.
(43.) Le Devoir, 9 septembre 1910. La phrase citee commencait
ainsi: <<Que ce soit dans les Provinces Maritimes ou dans
l'Ouest, dans la Nouvelle-Angleterre ou dans l'Ontario, la
langue francaise ... >>. L'editorial voulait montrer la place
du francais dans l'evangelisation du continent americain. Parlant
des Canadiens francais et de leur catholicisme, il affirmait :
<<Les defections sont si rares que les deux termes de catholique
et de francais sont presque toujours interchangeables. >>
(44.) Dans une analyse interessante, Robert Rumilly montre bien que
<< les eveques de la province, en majorite, trouvaient sage la
politique des deux gouvernements, Laurier et Gouin. >> Ils
n'approuvaient pas les revendications nationalistes vehementes
(faisant reference ici a celles de Mgr Adelard Langevin,
l'archeveque de Saint-Boniface), ni << les lecons assenees
par le depute de Saint-Hyacinthe [Bourassa]--un laic, a
l'archeveque de Westminster ou a l'eveque de London
[Fallon]--leurs collegues ! >>. Par contre, << le simple
clerge : professeurs de college, cures et vicaires, admirait Bourassa
sans reserve, et donnait a pleines voiles dans le nationalisme. >>
Histoire de la province de Quebec, t. XV, p. 175-176. La suite du texte
presente des nuances interessantes.
(45.) Ibid., p. 127. La suite du texte montre bien les enjeux
entourant cette promotion eventuelle. Il se poursuit par la nomination
de Mgr Hugues Gauthier a l'archeveche d'Ottawa, p. 129-130.
(46.) Dix-huit cardinaux furent nommes au consistoire du 27
novembre 1911, portant leur nombre total a 64 (de 1586 a 1973, leur
nombre maximum etait fixe a 70). Parmi eux se trouvaient John Farley,
archeveque de New York, William O'Connell, archeveque de Boston,
Mgr Bournc, Mgr Amette, archeveque de Paris, ainsi que le premier
delegue apostolique au Canada (1899-1902), puis aux Etats-Unis
(1902-1911), Diomede Falconio. Le consistoire auquel Mgr Begin fut eleve
au cardinalat est le dernier de Pie X, le 25 mai 1914; treize cardinaux
furent alors nommes.
(47.) Voir Robert Choquette, Langue et religion : histoire des
conflits anglo- francais en Ontario, Ottawa, Ed. de l'Universite
d'Ottawa, 1977, p. 116-122.
(48.) Nathan est un nom d'origine juive; c'est
d'ailleurs le nom d'un prophete de la Bible. Pour bien faire
ressortir ce fait, les journaux parlent toujours du maire Nathan, sans
jamais mentionner son prenom Ernesto, qui aurait pu donner idee
qu'il etait italien ...
(49.) << La protestation des catholiques de Montreal
>>, La Presse, 18 octobre 1910. <<La demonstration contre
Nathan >>, Semaine religieuse de Montreal, 24 octobre 1910, p.
286-311. Le texte se termine par les adhesions episcopales (dioceses
suffragants de Montreal) et celles de quatorze societes catholiques.
(50.) XXIe Congres ..., p. 756. Le secretaire du comite des
travaux, le pere Galtier, des peres du Saint-Sacrement, les presentait
ensuite en ces termes: <<Une institution permanente est le seul
moyen pratique de maintenir et de developper les fruits du Congres
international, qui risquent fort sans cela, de s'en aller en fumee,
au bout d'un certain temps. >> Ibid., p. 757.
(51.) Maurice Brouard, La dynamique des congres eucharistiques
internationaux depuis Lille 1881 jusqu'a Lourdes 1981, Chicoutimi,
Ed. Science Moderne, 1981, p. 181-184. Il recense 122 congres au Quebec
et 33 dans le reste du Canada.
(52.) En consultant les catalogues des Bibliotheques nationales du
Quebec et du Canada, nous avons repere pas moins de trente publications
issues de ces congres, entre 1913 et 1962. Ils sont tous du Quebec, sauf
celui de Hawkesbury, a deux pas du Quebec, sur l'Outaouais, pour
lequel les Peres du Saint-Sacrement ont publie en 1944 un ouvrage de 448
pages intitule Splendeurs eucharistiques de Hawkesbury : congres de
1942. Au 19 juillet 2010, le catalogue IRIS de BAnQ donnait 358 notices
a congres eucharistiques (toutes categories), tandis qu'au 4 aout
2010, le catalogue AMICUS de BAnC livrait 87 notices (categorie titre
seulement).
(53.) Francis Goyer, s.s.s., Premier Congres eucharistique national
du Canada : apercu historique, Sainte-Foy, Secretariat des oeuvres
eucharistiques, 1940, p. 45-51. Le propagandiste parle des
<<centaines de mille fideles>> a Montreal et n'en finit
plus de decrire tous les congres qui se tinrent dans le diocese de
Quebec, a Saint- Raymond de Portneuf et Levis notamment.
(54.) Congres eucharistique national de Quebec, 22-26 juin 1938,
compte rendu officiel, Quebec, L'Action catholique, 1939, p. 69.
Duplessis avait termine son allocution par ces mots : << Au nom du
gouvernement et du peuple de la province de Quebec, je proclame notre
croyance et je le fais avec tout mon coeur, toute mon ame: Credo! Je
crois ! Je crois en Dieu et en la religion catholique ! >> Ibid.,
p. 68.
(55.) Dans le diocese de Montreal, on a simplement signale le 100e
anniversaire de ce congres par l'organisation d'une semaine
eucharistique diocesaine, du 30 mai au 6 juin 2010, autour de la
Fete-Dieu. Le programme de la semaine ne fait etat d'aucune
commemoration particuliere du congres de 1910.
(56.) Une etude de l'occurrence du prenom Euchariste a travers
les decennies pourrait etre interessante.