Drei Totenpapyri aus einer thebanischen Werkstatt der Spatzeit (pBerlin P. 3158, pBerlin P. 3159, pabereleen ABDUA 84023.
Gasse, Annie
Drei Totenpapyri aus einer thebanischen Werkstatt der Spatzeit
(pBerlin P. 3158, pBerlin P. 3159, pAberdeen ABDUA 84023). By BURKHARD
BACKES. Handschriften des altagyptischen Toten-buches, vol. 11.
Wiesbaden: HARRASSOWITZ VERLAG, 2009. Pp. viii + 110, plates, CD-ROM.
[euro]78 ( portfol io ).
Conformement a la presentation adopt par cette celebre serie de
publications, l'ouvrage comporte un volume broche (110 pages et 22
planches photographiques) ainsi que 20 planches libres consacrees a la
transcription; un disque donne l'ensemble des planches en couleurs.
L'originalite de cette publication reside dans le fait que
l'auteur y presente trois papyrus, copies en hieroglyphes cursifs,
ayant appartenu a trois personnes differentes. La raison de ce
regroupement vient du fait que ces personnes etaient membres d'une
meme famine et que leur papyrus funeraires proviennent certainement
d'un meme atelier thebain. 11 s'agit du pBerlin P.3158 execute
pour une certaine Rrt, du pAberdeen ABDUA 84023 fait pour son fits
P3-dj-I-Jr-p3-hrcl et, enfin, du pBerlin P.3159 destine a la flue de ce
dernier, T3-/tm.
Une premiere serie de chapitres (1-12) est consacree h la
presentation materielle des trois documents. Les P.3158 et P.3159 ant
ete trouves 'a Thebes, tandis que l'origine du P. ABDUA 84023
ne peut se deduire que de la comparaison avec les deux autres (p. 3).
D'autre part c'est essentiellement par une confrontation
stylistique avec des steles ptolemdques thebaines que la datation des
papyrus peut etre etablie autour de 300 ay. J.-C. (p. 4).
L'auteur analyse avec grand soin la composition materielle et
les particularites gaphiques des trois documents. n donne (pp. 16-18)
une selection de signes caracteristiques. Son choix de scanner les
signes ou groupes de signes evite toute ambiguIte. Presenter les papyrus
clans un ordre non chro-nologique (P.3158. P.3159 et P. ABDUA 84023) ne
paraissait pas logique a priori, mais, en fait, cette option souligne
parfaitement la parente graphique indeniable des deux premiers,
peut-etre dus h une meme main, tandis que le troisieme, tout en etant
tres proche, peut etre l'ceuvre d'un scribe different.
Au content' textuel sont consacres les chapitres 13 a 16. Tout
d'abord (chapitre 13), l'auteur recense les noms. titres et
epithetes des proprietaires avec leurs differentes graphies. Puis il
analyse les particu-larites orthographiques des documents. Le chapitre
16, le plus important de tout l'ouvrage (pp. 31-69), est devolu a
la traduction des textes. En effet, 11 faut souligner que l'auteur
a integralement translittere et traduit ces derniers, ceux qui
appartiennent au Livre des morts comme les autres, souvent peu ou pas
encore connus par ailleurs. Pour chaque passage (chapitre du Livre des
mons ou autre), il a selectionne une liste variable de paralleles,
lorsqu'ils existent.
Les vignettes sant, cites aussi, soigneusement examinees, dans un
chapitre presque aussi important que le precedent (chapitre 17, pp.
70-101). Pour la plupan, elles illustrent le Livre des rnorts. Comme il
se doit, celles des chapitres 1 et 17 (VI et V 17) sant les plus
importantes. Des vignettes (<<pleine page>>, occupant toute
la hauteur du papyrus, sant reservees aux chapitres 15 (<<V
16>>), 125 (TG) et 162 (V 162).
II faut remarquer que le P. ABDUA 84023, tout 'a la fin
(Fototafel 16), comporte, au-dessus de l'illustration du chapitre
162, deux vignettes non identifiees. Quant au P.3159, il montre dans
cette meme bande superieure, au niveau des colonnes 34-40, la defunte en
adoration devant une suite de divinites que l'on peut difficilement
rattacher un chapitre particulier du Livre des mons.
Le dernier chapitre (18) est reserve a l'histoire de la
transmission de ces textes. L'auteur essaie, notamment, de mettre
en relation les textes << nouveaux >> ou, du mains,
n'appartenant pas au Livre des mons, avec l'equipement de la
tombe. Son enquete revele que, en effet, on trouve certains textes,
notamment la << Formule pour arnener le ba au corps >> sur
les sarcophages contemporains. Mais si on trouve les memes textes sur
des supports differents, on ne peut guere etablir de transmission dans
le temps. Ainsi que le note l'auteur, ces papyrus se presentent
comme un condense de tombe et portent des textes reserves ailleurs pour
d'autres supports, probablement pour des raisons materielles.
Les planches (Fototqfeln) qui suivent le texte, parfois un peu
grises (P. 3158), sont heureusement completees par les photos en
couleurs du disque fourni avec l'ouvrage. La transcription figure
sur les planches libres (Texttafeln 1-20). L'auteur a opte pour une
transcription mecanique et non manuelle. En pit des qualites indeniables
de la fonte JSesh, je m'obstine h preferer de nos jours encore,
pour les textes hieratiques, une transcription manuelle quelque
maladroite qu'elle soit, plus souple et plus fidele aux graphics
hieratiques.
Je n'ai que quelques suggestions au corrections proposer.
pBerlin P. 3158: Tqfel 5, col. 101 (= Fototafel 6): Le premier signe
est, en fait, un bras portant un pain (Gardiner D 37 et non D 40).
Tafel 6, deuxieme registre: II manque, apres la colonne 140, la
colonne 141 qui indique l'<<Osiris Rr. t, justifiee>>.
pAberdeen ABDUA 84023: Tafel 9, col. 62 (= Fototafel 12): La
transcription du motje. t souleve une difficult ainsi que le signale
l'auteur. II faut sans doute restituer un j en lacune devant le
signe qu'il a, prudemment, rendu en facsimile. Quant a ce signe, ii
doit avoir une valeur js; ii evoque l'homme arme avec une sone de
hache ou massue plant dans le dos (Moller 16), mais je ne connais pas
d'attestation d'une telle lecture pour cc signe.
Tafel 11, reg. I, col. 93 (= Fototafel 13): II faut remplacer le
signe du bras arme (Gardiner D 40) par celui du bras pr6sentant un pain
conique (D 37). Cette erreur se repete dans le meme fragment, col. 99 et
103.
pBerlin P. 3159: Tafel 17, col. 29 (= Fototafel 18): jj.w n est pas
scrit avec deux j (Gardiner M 17) mais avec le signe Gardiner M 18 suivi
d'un j (M 17). Sur la meme planche, d'ailleurs, col. 47, le
meme verbe est correctement transcrit avec deux 0 panicules de roseau a
jambes (Gardiner M 18). Il me semble que le meme mot, Tafel 18, col. 72,
doit e'tre transcrit egalement avec le signe M 18 suivi d'un j
(M 17), car le yod est pourvu, sa base, d'un petit trait qui doit
etre la jambe, tres rapidement evoquee ainsi.
Tafel 18, col. 54 (= Fototafel 19): Dans le mot Ilf' (cf. p.
38), je ne pense pas qu'il s'agisse de la main retournee
(Gardiner D 47 a l'envers) mais de la main normale (D 46) ainsi que
le montrent les graphics de la main normale aux colonnes 54 et 66.
Simplement, le pouce, tits allonge sur la paume, rejoint celle-ci en
formant un ovale.
L'interet majeur de cette publication est, cela va sans dire,
le contenu de ces trois papyri et la question de la definition du
<< Livre des mons >> qu'il entraine. Ainsi que le
signale l'auteur, ces documents sont << i la frontiere
>> du Livre des morts. Devant revolution des livres funeraires,
nous som-mes extremement genes par cette appellation de Livre des morts
dont nous savons, pourtant, qu'elle n'est pas egyptienne; or
le Livre des morts classique >> (0 Le livre pour sortir le jour
c'est-k-dire la grande majorite des papyrus funeraires realises
entre le debut du Nouvel Empire et le debut de repoque ptolemaYque, est
deja une composition extremement disparate, melant textes rituels,
mag-iques, fundraires, etc. En fait, le meme phenomene
d'enrichissement se poursuit au flu du temps et le debut de la
periode greco-romaine revele, par l'adoption de certains textes
dans ces papyrus, un tour-nant important dans rhistoire de la pensee
egyptienne.
Les trois papyrus rassembles ici possedent un pourcentage variable
de textes appartenant a ce Livre des mons << classique >>.
Dans le calcul qui suit. je n'ai pas tenu compte de la bande
supthieure qui, pour tous ces documents, est consacree aux vignettes du
Livre des marts.
L'espace restant de ces documents est. comme il se doit,
consacre au texte et aux vignettes <<pleine page >> du Livre
des morts. La proportion de fragments du Livre des marts est la
suivante: P.3158: 39% (text: 26,5 %, vignettes: 12,5 %)
P. ABDUA 84023: 53,75 % (texte: 39,50 %, vignettes: 25 %)
P. 3159: 45 % (texte: 16 %, vignettes: 29 %)
La place relativement importante du Livre des nzorts est, on le
voit, en partie due aux grandes vignettes. Toutefois, pour les
Egyptiens, la valeur des representations n'est pas inferieure a
celle des textes. Les formules attestees sur ces documents sont les
suivantes:
Titre general du Livre des morts:
Debut du chapitre 1 (seulement P.3159);
Chapitre 1 (V 1); Chapitre 17 (V 17);
Chapitre 30 (seulement P. ABDUA 84023);
Chapitre 72 (seulement P.3158);
Chapitres 79, 80, 85 et 86 (Transformations) (seulement sur P.
ABDUA);
Chapitre 89, largement represente sur les trois papyrus.
Les autres textes sont, notamment:
Des formules d'offrandes a diverses divinites;
Des invocations a l'Occident et a diverses divinites, ainsi
que de courts textes commentant la presence ou l'arrivee de
certains dieux;
Et, surtout, la << Formule pour amener le ha au corps du
daunt >> (ancien LM 191; voir J.-Cl. Goyon, << La veritable
attribution des soi-disant chapitres 191 et 192 du Livre des morts
>>, Studia Aegyp- tiaca 1 [1974]: 117-27).
Ce texte occupe une place importante sur les trois papyrus. Faisant
partie des Glorifications d'Osiris ([section] XV des S3h.w), ii
souligne la tres forte coloration osirienne des croyances thebaines a
l'epoque ptolemalque (a ce sujet, voir en particulier Fl. Albert.
Aenriaca Gregoriana VI [20121: sous presse). De surcroit, l'espace
consacre au LM 89 est egalement remarquable sur les trois papyrus. Or,
ce texte (<<Formule pour que le ha rejoigne le corps dans
l'au-dela >>) vehicule des idees tres proches de celles du
precedent. La presence conjointe des deux formules n'est sans doute
pas fortuite et revele certaine-ment une des preoccupations essentielles
de cette famille et, peut-etre, d'un certain milieu thebain.
Il faut done savoir gre a B. Backes d'avoir reuni ces trois
documents dans une publication irreproch-able et dont le contenu apporte
un materiel tres precieux a note connaissance des croyances funeraires
de Thebes au de'but de l'epoque greco-romaine.
ANNIE GASSE
CNRS, UNIVERS1TE PAUL VALERY-MONTPELLIER III