Le choix de consacrer ce numéro de la revue Publif@rum à la thématique de la métaphore pourrait paraître à première lecture quelque peu aventureux. L’abondance des publications, la variété des approches théoriques adoptées à l’égard de l’étude de la « reine des figures » (Charbonnel, Kleiber, 1999 : 3), et surtout l’extrême difficulté de tracer un cadre méthodologique bien précis autour d’un phénomène qui intéresse des disciplines diverses (de la rhétorique à la philosophie du langage, en passant par la stylistique et la linguistique cognitive), tous ces aspects compliquent énormément la tâche de présenter un ouvrage collectif. Comment rendre compte dans un cadre cohérent de la différence entre les commentaires rhétoriques et les études cognitives, entre les lectures critiques des textes littéraires et les analyses épistémologiques des modèles scientifiques ou philosophiques ? Et surtout, peut-on encore parler d’un cadre théorique stable de référence pour les études sur la métaphore, ou faut-il plutôt se rendre à l’évidence qu’il s’agit d’un phénomène linguistique et ontologique à la fois, impliquant l’expression au même titre que les concepts, et dont il serait impossible de donner une définition univoque ? Selon Joëlle Gardes-Tamine (2012 : 69), on ne définira alors la métaphore que par négation, renvoyant à son noyau fondamental, à savoir un rapprochement de signes qui n’entretiennent pas nécessairement une relation d’analogie préalable, mais qui sont forcément réunis dans un même énoncé par les liens indissolubles de la syntaxe :