期刊名称:Journal for the History of Environment and Society
印刷版ISSN:2506-6730
电子版ISSN:2506-6749
出版年度:2017
卷号:2
页码:95-126
DOI:10.1484/J.JHES.5.114104
出版社:Brepols
摘要:According to urban and environmental historians, the second half of the nineteenth century witnessed a break in the cycle of exchange between town and country. Far from closing the virtuous circle of exchange of matter - food and raw materials in exchange for fertiliser - evoked by authors such as Chadwick and Leibig, towns became completely predatory on their surrounding areas. One of the most important aspects of this concerns the use of urban waste. As early as 1975, in one of the first works on this topic, Joel Tarr, discussed the use of urban waste by farmers in preindustrial North American agriculture. Since then, many historians have debated the extent of these transfers. One of the most fruitful fields of research explored by urban and environmental historians in this context is the history of sewage farms and the use of urban waste in agriculture. But, as Tarr noted in his article: “The lack of specific sources makes it difficult to establish how widely urban wastes were put to agricultural use before 1880” (Tarr, 1975: 603). Since then however, rural historians have shown very little interest in these questions and even less in France than in other European countries. For France, the only truly noteworthy study is René Bourrigaud’s monograph on nineteenth-century agriculture in the Loire- Atlantique (1994). To fill the void, urban and environmental historians have entered the field (for example: Barles, 1999 et 2005a; Aguerre, 2003; Carnino, 2013). But as numerous of these works were based on printed sources from outside the rural world, they were unable to examine how these urban by-products were received in the countryside. This article aims to estimate the extent to which poudrette (dried excrement), the best known by-product of Parisian sewage, was used as a fertiliser in the countryside of the Paris basin in the middle of the nineteenth century. It is based on a group of manuscript primary sources: agricultural inquiries from 1852 and 1862, post-mortem inventories of farmers in the Ile-de France and of a Parisian entrepreneur in the urban waste business and administrative correspondence concerning the founding of a company dealing with waste and the export of poudrette . In the first section, after a brief description of how the Parisian poudrette was produced and the structure of the industry, I examine the uses of poudrette and the area in which farmers employed it, in the centre of the Paris basin between roughly 1820 and 1850; in this period, poudrette was used mainly by the big farmers of the Ile-de-France in cereal-growing regions. In the second section, data from the 1862 survey will be used to show that although by then it was quite widely utilised in the area around Paris, poudrette played only a very small part in land fertilisation. Starting from these conclusions I then look at the nature of urban fertilisers in order to re-evaluate the effectiveness of town/country exchanges. The article concludes with some suggestions for a better understanding of the break between rural history and other fields of historical writing. Selon les historiens de l’environnement et les historiens du fait urbain, la seconde moitié du dix-neuvième siècle constituent une période de rupture dans le cycle d’échanges villes campagnes. Loin de boucler le cercle vertueux de l’échange de matières évoqué par Chadwick et Liebig, la ville devient exclusivement prédatrice. L’une des questions les plus importants de ce point de vue renvoie à l’utilisation des vidanges urbaines. Joel Tarr, dès 1975, mentionne, dans un travail précurseur, l’utilisation des vidanges urbaines par les agriculteurs dans les systèmes agraires nord-américains préindustriels. Depuis, de nombreux historiens se sont interrogés sur l’importance de ces transferts. Dans le cadre de cette problématique, les sewage farms et l’utilisation des sous-produits des vidanges urbaines dans l’agriculture constituent, pour les historiens de l’environnement et de la ville, un champ de recherches fertile. Mais, comme le notait Joel Tarr, dans son article : “The lack of specific sources makes it difficult to establish how widely urban waste were put to agriculture uses before 1880” (Tarr, 1975 : 603). Or, depuis cette date, les historiens ruralistes se sont très peu intéressés à ces questions. En ce qui concerne la France, seul le travail de René Bourrigaud (1994), sur l’agriculture de la Loire-Atlantique au dix-neuvième siècle, mérite réellement d’être cité. Face à ce silence, les historiens de l’environnement, de la ville ou des sciences ont investi ce champ de recherches (par exemple : Barles, 1999 et 2005a ; Aguerre, 2003 ; Carnino, 2013). La plupart de ces travaux, qui s’appuient sur des sources imprimées étrangères au monde rural, ne sont pas en mesure de rendre compte de la réception des sous-produits de la geste urbaine dans les campagnes. Cet article vise à rendre compte de l’importance de la poudrette, le sous-produit emblématique des vidanges parisiennes, dans le processus de fertilisation des campagnes du Bassin parisien au milieu du dix-neuvième siècle. Il s’appuie sur un ensemble de sources primaires, manuscrites : enquêtes agricoles de 1852 et 1862, inventaires après décès d’agriculteurs d’Ile-de-France et d’un entrepreneur parisien de vidanges, correspondance administrative relative à la constitution de société de vidanges et à l’exportation de poudrette. Dans la première partie, après avoir présenté brièvement les conditions de la production de la poudrette parisienne et la structure de cette industrie, nous évaluerons l’utilisation de la poudrette par les agriculteurs du centre du Bassin parisien vers 1820-1850. Nous verrons que, durant la première partie du dix-neuvième siècle, la poudrette était essentiellement utilisée par les gros cultivateurs céréaliers d’Ile-de-France. Dans la seconde partie, l’enquête de 1862 nous permettra de montrer que l’aire de la diffusion parisienne était très large. Mais nous montrerons aussi que la poudrette ne jouait qu’un rôle tout à fait marginal dans le processus de fertilisation de la terre. A partir de ces constats, nous serons en mesure de nous interroger sur le statut des engrais urbains, de réévaluer l’effectivité du cycle d’échange villes campagnes et de mieux comprendre les raisons du hiatus entre l’histoire rurale et d’autres champs historiographiques.