Madinat al-Zahra', le pretexte monumental des Umayyades de Cordoue. Reflexions sur la construction, le pouvoir et le politique.
Meouak, Mohamed
Introduction
L'histoire de la construction d'al-Zahra' constitue sans aucun doute un veritable evenement, a la fois social et politique, qui marqua les mentalites daps les hautes spheres de la societe andalousienne. Cette circonstance eut lieu, comme il est bien connu, du fait de plusieurs facteurs politiques directement en relation avec le propre Etat umayyade. L'un des faits politico-militaires le plus important quart a la decision de commencer l'edification de l'ensemble fut la defaite subie par les troupes umayyades a Simancas-Alhandega contre les armees chretiennes dans l'annee 329/940-941 (1). Un autre element, d'egale importance, doit etre pris en compte. II s'agit de la lutte que les dynastes umayyades livrerent contre les Fatimides aiin de renforcer leur controle politique, religieux et economique sur la Mediterranee occidentale. Toutes ces circonstances allaient se transformer en un veritable programme qui aurait pour but principal le desir des Umayyades de se proclamer comme califes et dignes successeurs, voire continuateurs du califat oriental (2). Pour cela, les Umayyades avaient besoin de deployer divers instruments ideologiques pour ainsi justifier telles actions politiques ou telles prises de decisions religieuses avec un fond symbolique qui aurait comme exposant maximum la construction du complexe palatin de Madinat al-Zahra'. L'objectif de notre etude consiste en un bref essai pour mesurer quels ont ete les instruments politiques qui permirent au califat umayyade de Cordoue de se maintenir au pouvoir. Pour cela, nous verrons en premier lieu le contexte de la construction du centre palatin de Madinat al-Zahra'. Puis, nous aborderons, en relation avec les concepts de pouvoir politique, la question du mulk attache au service prete a la dawla umawiyya. Ensuite, le moment sera venu d'etudier les veritables objectifs poursuivis par les califes umayyades en matiere de programme de constructions. Enfin, dans une derniere partie, nous nous arreterons sur le theme du monument comme fait symbolique au service de l'Etat umayyade en mettant surtout en relief le role decisif du souverain faisant oeuvre d'<< architecte >>.
Il etait une fois le calife et la ville d'al-Zahra' ...
Lorsque Abu l-Mutarrif 'Abd al-Rahman III, egalement connu par le laqab honorifique d'al-Nasir li-Din Allah, mit en place le califat en l'annee 316/929, la dynastie umayyade d'al-Andalus avait atteint le point culminant de son pouvoir politico-religieux. II est bien connu que le premier representant du nouveau califat avait eu l'intention de laisser bien visible son nouveau statut en construisant la ville palatine de Madinat al-Zahra', situee a seulement treize kilometres au nord ouest de Cordoue, et qui allait etre convertie en veritable centre administratif et gouvernemental de ses territoires. Selon les sources arabes, nous savons que les travaux de construction de Madinat al Zahra' avancerent assez rapidement et pour cela, nous sommes bien informes sur le fait que 'Abd al-Rahman III avait investi le tiers des recettes de l'Etat. Grace a une manne fiscale et economique relativement commode, il put donner un veritable coup de fouet a son projet de construction caracterise par la grandeur et la beaute. La ville palatine put profiter de sa situation topographique sur une pente semblable a une terrasse aux pieds de la Sierra Morena. Selon le geographe arabe al-Idrisi, voyageur cultive qui aurait visite les ruines de la propre Madinat al-Zahra' dans la premiere moitie du 6e/XIIe siecle, la cite d'al-Zahra' etait installee sur trois terrasses (3). A l'endroit le plus haut, il y avait le palais du calife qui etait mis en relief par rapport aux autres palais du fait de sa situation isolee. Le palais califal symbolisait de maniere impressionnante le pouvoir du calife, qui pouvait regarder de cet endroit au-dela de la ville et des limites de ses territoires. On suppose que ce palais est l'un des premiers elements construits a Madinat al-Zahra'. Sur la terrasse inferieure, il y avait des batiments du gouvernement, des palais de moindre envergure ainsi que des salles de reception et des maisons de fonctionnaires importants. Entre la terrasse moyenne et celle inferieure, on trouvait la mosquee, sur une espece de colline artificielle qui reliait la zone ou devaient evoluer les divers groupes de << courtisans >> de la terrasse moyenne a la zone constituee de maisons plus modestes de la terrasse inferieure. En l'annee 329/941, on put ce'lebrer dans la mosquee la premiere salat al-gamu'a (<< priere du vendredi >>), car il semblerait que ladite mosquee aurait ete construite en seulement quarante-huit jours par un millier de travailleurs. En 334-335/945, nous savons grace aux textes arabes qu'une premiere grande reception eut lieu dans la cite palatine, et peu de temps apres le calife dut y transferer l'ensemble de la << maison du pouvoir >> et l'atelier officiel des monnaies. La supervision des travaux de construction de Madinat al Zahra' fut confiee, au temps meme du calife 'Abd al-Rahman III, a son fils et successeur Abu l-'Asi al-Hakam II (4). Les textes arabes du Moyen Age relatent avec precision les differentes etapes qui marquerent les travaux de construction de l'ensemble palatin d'al Zahra'. La construction du site dura plus de quarante ans, c'est-a-dire vingt-cinq ans sous le regne de 'Abd al-Rahman III (wa-fi sana 325 amara al-Nasir bi-bina' madinat al-Zahra' ou << dans l'annee 936, al Nasir ordonna la construction de la ville d'al-Zahra' >>) (5), et quinze ans sous le califat d'al-Hakam II, de 350/961 a 376/966. Outre le fait qu'il fit agrandir la grande mosquee de Cordoue, al-Hakam II exerca un role certainement fondamental dans l'edification de certains batiments palatins d'al-Zahra', surtout pour ce qui releve des salons de reception, des jardins, des bains et de l'installation de fontaines. Avec la disparition du second calife umayyade al-Hakam II, en l'annee 376/966, les travaux de construction du site officiel d'al-Zahra' furent probablement suspendus dans leur ensemble. Cependant, nous savons qu'on travaillait a la construction des edifices de la terrasse inferieure qui n'avaient pas de relation directe avec le reste du site palatin d'al-Zahra'. C'est la-bas que s'etendait la ville qui etait composee, grosso modo, de maisons de facture modeste, de casernes, de jardins et de quelques marches. Certaines sources historiques mentionnent l'existence de manufactures gouvernementales et meme la presence d'une prison souterraine (al-mutbiq bi-madinat al-Zahra') (6). L'importance d'al-Zahra' comme ville palatine et siege du califat fut reduite de facon significative au moment ou Muhammad b. Abi 'Amir dit al-Mansur, hagib tout puissant et regent du troisieme calife umayyade Abu l-Walid Hisam II, encore a un age mineur, fonda dans les environs de Cnrdoue la residence d'al-Madina al-Zahira, vers 368-370/978-980 (7). La fin du site princier des Umayyades eut lieu lorsqu'en 401-402/1010 les groupes berberes rebelles reduirent a des cendres ce qui avait ete le complexe monumental le plus carac teristique du califat umayyade de Cordoue. Le site d'al-Zahra' continua a etre peuple au moins jusqu'au debut du 6e/XIIe siecle.
Si l'on se penche sur l'histoire d'al-Zahra' d'un point de vue politique, il est important de savoir que la construction de Madinat al Zahra' en tant que residence des califes umayyades, siege des principales administrations de l'Etat ainsi que du pouvoir central : 'ala l-sarir bi-l-Zahra' ou << au siege d'al-Zahra' >> suppose le transfert d'un ensemble d'institutions de la premiere capitale, Cnrdoue, vers de nouveaux espaces (8). Ce changement, pour ainsi dire radical, convertira le nouveau centre en une ville que l'on pourrait qualifier de << ville nouvelle >> entierement concue pour regir les affaires institutionnelles du puissant Etat umayyade. Avec tout cela, une nouvelle entite urbaine est mise en place, et elle doit repondre aux necessites de ses nouveaux residents impliquant ainsi la creation de nouveaux ateliers officiels, de marches, de mosquees, etc. Dans ce projet monumental et politique, les Umayyades s'impliquerent de maniere profonde et continue mais ils ne furent pas les seuls a oeuvrer pour leur propre benefice. En effet, les membres des vieilles familles de hauts-fonctionnaires mawali d'Orient, les fonctionnaires berberes et les Saqaliba, esclaves et eunuques, travaillerent, chacun a leur facon et selon leurs propres interets, au service du pouvoir umayyade. C'est ainsi qu'en agissant de la sorte, ils consolidaient et amelioraient le contenu de leurs privileges tout en garantissant le maintien de leur statut au sein de la societe andalousienne (9).
Autour des concepts de pouvoir politique ou le mulk au service de la dawla umawiyya
Selon nous, autorite politique et programme de constructions officielles sont deux elements etroitement lies car ils constituent ce que l'on appelle le plan de diffusion des signes du pouvoir intrinseque des Umayyades. Sans cette organisation au service de la propagande umayyade, il serait difficile de comprendre comment un Etat islamique medieval pourrait croitre au niveau territorial et se maintenir dans le temps. Afin de comprendre la relation intime entre politique et monument, il serait interessant d'examiner le concept de mulk, en tant que pouvoir reel, et ses attributs au service de l'Etat umayyade (dawla umawiyya). Cet examen permettrait de mesurer le nombre et la qualite des supports sur lesquels le pouvoir umayyade pouvait compter. De nombreuses expressions viennent confnmer la place croissante de cette idee de l'autorite et de la souverainete. Ainsi, nous nous trouvons confrontes a la mise en place d'un veritable systeme etatique, et etre en possession du mulk, c'est egalement posseder le controle du pouvoir (10). Nous devons a Abdesselam Cheddadi une etude eclairante sur la conceptualisation de l'Etat selon Ibn Haldun (m. 808/1406) et donc du mulk. L'une des conclusions a laquelle aboutit l'auteur de cet article reside dans le fait que le mulk ne se base sur aucune assise sociale et qu'il ne reflete aucun interet structure dans la societe. Abdesselam Cheddadi ajoute ainsi que le mulk est forcement precaire et << [...] Il ne represente que ses propres interets : ceux du malik [celui qui possede], ceux des ahl al-dawla >> (11). Cette derriere partie, empruntee a Ibn Haldun, est sans doute inspiree de l'expression coranique suivante : Quli Allahuma malika al-mulki tu'ti l-mulka man tasa'u wa-tanzicu al-mulki mimman tasa'u que l'on traduit par << O Dieu, possesseur du regne ! Tu donnes le regne a qui Tu veux et Tu otes le regne a qui Tu veux >> (12).
Nous voici donc en presence de locutions qui illustrent en quelque sorte la jouissance du mulk, ou bien du pouvoir. Les expressions en question peuvent etre divisees en quatre volets (13). Le premier correspond au mulk personnalise, c'est-a-dire celui qui est caracterise par un personnage ou un lieu : mulk al-Andalus ou << pouvoir d'al-Andalus >> en reference au premier emir umayyade 'Abd al-Rahman Ier; mulk Bani Marwan bi-l-Andalus ou << pouvoir des Marwanides dans l'Andalus >> ; mulk al-Nasir ou << pouvoir d'al-Nasir >> ; mulk al-Umawiyya ou << pou voir des Umayyades >>. D'autres textes historiques et litteraires peuvent etre mis en valeur afin d'etayer nos remarques. De ces ecrits, ceux qui ont ete choisis renvoient a une periode cruciale du califat umayyade : la mise en marche de la construction du complexe monumental de Madinat al-Zahra'. Le calife 'Abd al-Rahman III est l'objet de toutes sortes d'e'loges notamment pour ce qui concerne la force, la brillance de son pouvoir ainsi que la beaute, parfois meme consideree comme paradisiaque, de l'ensemble architectural de Madinat al-Zahra'. Parmi les exemples tires des textes arabes qui permettent une meilleure comprehension du concept de pouvoir, on pourrait egalement citer une locution construite autour du mot sultan : quwwat mulki-hi wa-'izzat sultani-hi ou << force de son pouvoir et noblesse de son autorite >> avec une legere variante dans le fragment suivant : quwwat al-mulk wa-'izzat al-sultan ou << force du pouvoir et noblesse de l'autorite >>. Dans cette derniere mention, outre la place fondamentale occupee par le terme mulk, il est indispensable de mettre l'accent sur la signification de sultan qui comporte d'une part le sens d'autorite avec l'idee de qahr (<< coercition >>) et de l'autre, celui dehugga (<< preuve >>). Selon cette definition, nous pouvons supposer que l'individu detenteur du titre de sultan serait alors celui qui possedait la force de contrainte et le droit de gerer la preuve. Nous relevons ensuite des expressions clairement metaphoriques commemorant la puissance et la beaute du bayt umayyade. Celles-ci, se rapportaiit bien entendu au calife 'Abd al Rahman III, mettent en scene le souverain en lui assignant les reussites politiques comme fa-gaddada al-mulk ou << il renova le pouvoir >> et wazayyana al-mulk ou << il embellit le pouvoir >>. Enfin, il serait interessant de retenir des expressions en rapport avec les instruments du pouvoir comme magalis al-mulk ou << conseils du pouvoir >>, martabat al-mulk ou << hierarchie du pouvoir >>, a'ba' al-mulk ou << fardeaux du pouvoir >>, qararat al-mulk ou << decrets du pouvoir >> et dans un style plus symbolique, l'expression generique al-alat al-mulukiyya ou << les insignes souverains >>, comme un ensemble de regalia constituant la partie centrale de la panoplie propagandistique des Umayyades (14).
Si le mulk est bien documents dans les sources arabes du Moyen Age, il faut signaler que le concept de dawla est egalement bien present chez les ecrivains arabes. Dans le cas de l'Andalus, nous pensons que la raison d'etre du mulk se trouve en grande partie dans le << service >> qu'il rend a la dawla umawiyya dans la mesure ou il sert d'instrument a la fois theorique et pratique du pouvoir. Cependant, il faut preciser que tres tot dans l'histoire de l'Islam, le terme dawla prit les sens de << dynastie >>, << Etat >>, << royaume >>, et meme de systeme politique en general. Le mot est tire de la racine d-w-l qui signifie, entre autres choses, << tourner >>, << alterner >>, << changer >>. Dans le Coran, nous trouvons bien le vocable dans le passage relatif aux beaux jours faisant place aux mauvais jours qui touchent tous les individus wa-tilka al-ayyam nudawilu-ha bayna al-nas ou << C'est ainsi que Nous donnons, chacun a leur tour, les jours de gloire au gens >> (15). Si on prend un autre exemple dans l'oeuvre d'Ibn al-Muqaffa', on observe que le mot n'a pas forcement une connotation qui inviterait a l'optimisme en matiere de regne, voire de longevite de ce dernier. L'auteur oriental utilise l'expression al-dunya duwal non pas pour signifier que le monde consiste en une masse de dynasties ou d'Etats mais bien pour avertir que ce meme monde est plein de << bonnes et mauvaises choses >> (16). En guise d'exemple plus prscis a nos propos, indiquons enfin l'existence d'un texte interessant ecrit par le celebre penseur musulman al-Mawardi (m. 450/1058) et consacre aux concepts de pouvoir, de souverainete et d'autorite. Grace a cet ouvrage, on peut se faire une idee des nombreux problemes poses par l'etude du politique en Islam medieval. Cette composition contient des passages instructifs sur les << fondations du pouvoir >> (qawa'id al-mulk) en relation avec les << fondements de l'Etat >> (asas al-dawla) (17). Dans ce dernier cas, il semblerait que ces deux expressions avaient ete mises en valeur comme doublet explicatif de la theorie du pouvoir politique et religieux et de son exercice pratique.
Constructions et politique dans l'Andalus a fepoque umayyade
II est bien connu que les Umayyades de Cordoue (18), comme ceux de Damas, employerent tous les moyens a leur disposition pour renforcer les marques de leur identite politique. L'un de ses moyens de transmission des messages politico-religieux fut la mise en marche d'un veritable plan de construction d'edifices et de monuments susceptibles, entre autres objectifs, de meme en relief le pouvoir ferme de la dynastie umayyade (19). Les lieux ou le gouvernement s'exerce representent une espece de topographie du pouvoir avec l'objectif d'affirmer les signes et les emblemes de l'Etat umayyade. L'un des termes les plus utilises dans la documentation arabe est celui de bayt avec le sens large de << maison dynastique >>. On le rencontre avec la signifcation de pouvoir << interieur >>, ou d'image a la fois intime et publique car il constitue egalement le lieu ou les souverains se reunissent avec leur famille, leurs courtisans et leurs collaborateurs les plus proches a la direction des affaires gouvernementales. C'est en tout cas ce que nous croyons detecter dans les expressions suivantes : bayt al-halifa ou << maison du calife >> et bayt al-riyasa ou << maison du pouvoir 'actif' >> (20). Des lors et ainsi que le suggere Norbert Elias, nous pourrions nous demander comment les lieux du pouvoir se distribuaient et ou etaient-ils situes. Dans notre cas, il faut bien admeme que les renseignements fournis par les sources arabes laissent peu de place pour proposer quelques conclusions definitives car selon les renseignements dont on dispose a l'heure actuelle, il est encore difficile de mesurer avec toute la precision necessaire le niveau economique des lignages << nobles >> et des aristocraties au service de l'Etat (21).
A une echelle bien plus modeste, il est utile de noter l'emploi d'un autre vocable pour designer le lieu du pouvoir. Nous voulons parler de dar qui contient divers sens comme celui de << maison >> et << foyer >> avec l'idee de << siege >> du pouvoir en question. Les expressions que nous donnons explicitent relativement bien la situation topographique du pouvoir et sa relation avec les differents niveaux de ce que fut l'installation des Umayyades a Cordoue : dar al-imara ou << maison de l'emirat >>, dar al-halifa ou << maison du calife >> et dar al-mulk ou << maison du pouvoir >> (22). Toutes les locutions precedentes refletent avec clarte l'image publique de l'interieur du pouvoir politique. La splendeur du pouvoir se manifeste aussi a travers la hadrat al-sultan ou << centre du pouvoir >> que l'on trouve parfois dans certains textes arabes (23).
Aux cotes de cette teiminologie, nous avons mis a jour deux expressions qui sont les temoins evidents, salon nous, des lieux de reunion des organes du pouvoir central a al-Zahra': al-maglis al-kamil ou << le salon impeccable >> et al-maglis al-sultani ou << le salon du conseil souverain >> (24). C'est dans ce dernier lieu que les souverains umayyades recevaient en audience les personnes autorisees a franchir les enceintes privees apres avoir passe celles relevant du domaine public. On voit comment la frontiere entre salle de reception des hauts-fonctionnaires de l'Etat et salon prive n'est pas vraiment definie. Il semblerait plutot que ses fonctions etaient polyvalentes (25). D'autres magalis apparaissent a l'epoque califale avec un caractere hautement emblematique : maglis al-halifa ou << salon du calife >>, al-maglis al sarqi ou << le salon oriental >>, al-maglis al-garbi ou << le salon occidental >>, al-maglis al-kabir ou << le grand salon >>, etc. (26) Ces espaces installes dans le corps meme de Madinat al-Zahra' constituaient de veritables signes du comment le pouvoir umayyade avait organise la structure interne du complexe palatin. Mais en fait quelles etaient les fonctions reelles de ces salons ? Il semblerait que leurs attributions etaient multiples suivant les occasions et les objectifs que tel calife avait destine a tel ou tel salon. Avec tout cela, il faut ajouter un autre type de lieu representatif du pouvoir << interieur >> avec le formule rawd, at al hulafa' bi-Qurtuba ou << jardin (mausolee ?) des califes de Cordoue >> (27). Cet endroit avait eu sans doute une attribution fonctionnelle polyvalente, c'est-a-dire qu'il avait servi de lieu hebergeant des activites officielles et politiques mais aussi en tant qu'espace ou des activites ludiques se seraient developpees.
Les ecrivains arabes ont transmis quelques details de grand interet au sujet du monde exterieur du pouvoir et plus precisement a propos de l'edification des monuments. Ces edifices sont les elements les plus representatifs de la force du pouvoir politique et ils signifient la continuite et la perennite du regne umayyade en al-Andalus. Nous avons recueilli plusieurs expressions qui illustrent parfaitement cette situation mugtama' al-hilafa ou << siege du califat >>, mustaqarr al-hilafa ou << residence du califat >>, qasr al-hilafa ou << forteresse du califat >> etc. Tous ces centres sont des exemples de la presence du pouvoir et chacun d'entre eux avait des fonctions plus ou moins specifiques selon les circonstances. Au sujet de la notion de gasr et du contenu semantique du terme, nous pouvons signaler que ce type de construction represente la manifestation d'un pouvoir qui serait plutot regional ou local. Qasr al-hilafa est une locution que nous trouvons avec une relative frequence dans la documentation arabe, et il a bien le sens litteral de << forteresse du califat >> avec l'idee de puissance monumentale et politique. Quant aux termes mugtama' et mustaqarr, ils refletent, croyons-nous, le monde urbain et ils referent souvent a un pouvoir centralise, situe en ville et plus concretement dans la capitale de l'Etat umayyade, a savoir Cordoue (28).
Le monument au service de l'Etat umayyade ou quand le calife devient << architecte >>
A la difference de son ancetre 'Abd al-Rahman Ier al-Dahil qui fit construire un palais dans les environs de Cordoue et qu'il baptisa al Rusafa (29), rappelant ainsi la mansion du meme nom construite par son grand-pere [Hisam b. 'Abd al-Malik et situee pres d'al-Ragqa en Syrie, 'Abd al-Rahman III ne semble pas avoir ete motive par une recuperation nostalgique du paysage mais il va plutot entreprendre une modification sensible des lieux. Nous pouvons dire que cette transformation est a la fois creatrice et esthetique car elle va en finir avec la relative durete des environs montagneux de la Sierra Morena et elle va constituer une veritable campagne d'embellissements du site. << Briller >>, << fleurir >> et autres verbes construits sur la base de la racine arabe z-h-r mettent en relief le sens et la profondeur des intentions intimes du calife umayyade. C'est autour de la flaure que le jardin et la decoration en feuillage constituent un veritable ensemble d'idees en etroite relation avec la beaute et l'apogee du pouvoir (30). Al-Zahra' fait meme l'objet de comparaison avec les ville mythiques de Sadir ou CCumdaii, veritables modeles de perfection mais qui eurent a souffrir le chatiment divin. Tous ces faits sont marques par des references claires a un passe que l'on pourrait qualifier de glorieux et repondent egalement a des interets personnels. Et en relation avec ce qui vient d'etre mentionne, il serait interessant de s'arreter sur un aspect qui fait reference a des points de la culture biblique integres a la propre religion musulmane. Nous voulons parler de la possible similitude que l'on pourrait observer entre l'un des espaces de Madinat al-Zahra' et le concept de paradis. Cette problematique met en avant le fait que la creation de l'espace en question, al-sath al mumarrad ou << la terrasse lustree >> (31), aurait ete concue a partir de l'inspiration divine recue par le calife 'Abd al-Rahman III. Cette << terrasse lustree >> aurait eu parfois le sens de << palais lustre >> et
pourrait constituer une nette allusion au << palais lustre de verre >>, en arabe sarh mumarrad min qawarir, qui fut edifie par Salomon dans le but de mettre a jour les mysteres de Balqis, reine de Saba, et la pousser ainsi a se convertir a l'islam selon certaines traditions (32).
Si les indices de la monumentalite du pouvoir umayyade que nous venous de presenter permettent de detecter un essai de fixation de l'autorite a travers l'edifice, il est clair que cela avait du se manifester de maniere encore plus presente, voire plus vivante que ce que la documentation ecrite en arabe laisse entrevoir. Le bayt umayyade de Cordoue devait sans doute donner une grande priorite a toutes les possibilites offertes pour exhiber son pouvoir. Nous pouvons supposer que l'un de ses outils consistait en la mise en mouvement du pouvoir en question qui aurait eu un interet particulier a etre vu par tout le monde, et partout sur le territoire controle par les Umayyades (33). Cependant ce phenomene de pouvoir en marche et cette ubiquite du souverain n'ont de sens que si les representants de l'Etat sont fortement organises car ils sont les symboles statiques et dynamiques de l'autorite. Nous pourrions aller encore un peu plus loin au sujet du theme de l'edifice comme signe representatif des desirs politiques des Umayyades en faisant une comparaison avec le monde romain. Dans un article interessant et suggestif, l'historien francais Paul Veyne avait signale a juste titre que << La colonne Trajan n'est pas de la propagande parce qu'elle ne daigne meme pas convaincre : elle rappelle par sa seule presence qu'un empereur est au pouvoir et qu'il faut lui obeir parce qu'il faut lui obeir >> et d'ajouter plus loin que << Un roi est tout simplement un etre qui est de plus haute taille que les autres hommes ; tout le reste est secondaire >> (34). Ce petit detour par l'histoire politique du monde romain est sans nul doute seduisant pour divers motifs. D'une part, il semble evident que, malgre l'absence de toute Colonne de Trajan dans l'Andalus, les edifices et les monuments construits par les Umayyades etaient la ou ils etaient afin de rappeler la presence permanente du souverain, et de son pouvoir. D'autre part, les remarques de Paul Veyne nous invitent a reflechir plus en profondeur sur l'image de perennite du monarque telle que lui-meme et ses successeurs avaient desire transmettre a la posterite.
Conclusions et perspectives de recherche
Grace a l'information fournie par les sources arabes de l'Occident islamique, nous croyons que l'etude des structures de l'Etat umayyade se presence comme etant une realite qui, au niveau de la recherche scientifique, donne des resultats de qualite et par consequent difficilement discutables a l'heure actuelle. Ce dernier point constitue un element de poids si on se centre sur le complexe palatin de Madinat al Zahra', magnifique exemple materiel de ce que fut en grande partie la philosophie politique du pouvoir umayyade. II est malgre tout certain qu'il reste encore bien des textes a etudier et traduire dans le but d'atteindre le meilleur niveau possible de compreliension du site, et surtout faire une place plus grande a la documentation arabe d'Orient, susceptible d'apporter quelques details supplementaires (35). Il est bien connu que les Umayyades de Cordoue adopterent en partie les norines de fonctionnement politico-administratives utilisees par les 'Abbasides des l'epoque de l'emir Abu l-Mutarrif 'Abd al-Rahman II. Nous pensons que cette option pei-init, dans une certaine mesure, d'accentuer les marques et les signes de representation du pouvoir umayyade qui se traduisit, a partir du 4e/Xe siecle, en la materialisation effective de ce meme pouvoir avec la construction de Madinat al-Zahra'. Nous pouvons dire que ce dernier complexe urbanistique constitue une veritable ville aulique, residence officielle et espace prive des souverains umayyades. Il represente egalement le paradigme de l'architecture mise au service de l'autorite de l'Etat (36). Pour diffuser et perpetuer cet ensemble architectural, les Umayyades utiliserent differents codes poises au domaine des symboles, a l'epigraphie, a la stylistique ou encore a la decoration, cette derniere etant souvent de type vegetal. Afin d'illustrer nos dires, rien de mieux que de rappeler, une fois de plus, la presence des salons (magalis), avec coupoles et inscriptions epigraphiques qui contiennent le nom des califes dans une atmosphere de decoration florale avec l'objectif de sacraliser une certaine tradition islamique en matiere d'espaces prives. Dans ce cadre, le ceremonial politico-religieux se developpe dans toute sa splendeur mettant ainsi en relief ses etapes, ses structures et son rituel. Ces evenements, regles et organises selon un systeme et un rythme tres precis, avaient pour but non pas directement le people mais la reconnaissance et la veritable affrmation de l'autorite des Umayyades de Cordoue (37).
Si les donnees fournies dans les pages precedentes aident, de maniere generale, a comprendre la place occupee par le complexe palatin de Madinat al-Zahra' dans le cadre du projet politique des Umayyades, il ne faut pas oublier que celui-ci s'inscrit de maniere consciente ou non dans un ensemble plus ample qui est celui de la Mediterranee occidentale et du controle politique, economique et religieux d'un vaste territoire allant de l'Ifriqiya jusqu'au Maghreb occidental et passant par la peninsule Iberique ainsi que la Sicile. Pour cela, il est necessaire de replacer, si possible, nos conclusions en fonction d'autres modeles politico-religieux comme par exemple celui des Fatimides. Ce dernier exemple est, on le sait bien, proche par la geographie car sitee au Maghreb oriental mais aussi e'loigne du point de vue ideologique car marque du sceau de la si'a (38). Arrives au pouvoir au debut du 4e/Xe siecle, les souverains fatimides vont, outre la mise en marche d'un important programme de propagande, mettre en place un plan de constructions officielles dans lequel s'insere la fameuse ville de commandement appelee Sabra(t) al-Mansuriyya (39). Patrice Cressier et Mourad Rammah ont bien pose les enjeux qu'il y avait de faire une etude comparee des sites de Madinat al-Zahra' et Sabra(t) al-Mansuriyya a partir d'un examen exhaustif de la documentation ecrite et d'une reprise complete de la recherche archeologique, au moins pour le site tunisien. Eii outre, ces deux chercheurs ont clairement explique les similitudes et les differences qu'il y avait entre les deux sites : decision califale dans la fondation des deux sites ; proximite relative des deux sites par rapport aux anciennes capitales que sont Cordoue et Kairouan ; si Madinat al-Zahra' est la premiere fondation umayyade realisee par le premier calife, il faut bien signaler que Sabra(t) al-Mansuriyya n'est ni la premiere fondation fatimide ni celle du premier calife si'ite (40).
Au terme de ce bref voyage qui nous a conduit dans l'Andalus umayyade avec une escale en Ifriqiya fatimide, voyons quelles perspectives de recherche il y aurait a prendre en compte pour une meilleure compreliension des deux principaux Etats musulmans de la Mediterranee occidentale au 4e/Xe siecle. Parmi les diverses possibilites offertes a l'historien, nous souhaiterions proposer deux orientations de recherche complementaires basees sur le principe fondamental de l'histoire comparee. Outre les travaux archeologiques de Patrice Cressier et Mourad Rammah mentionnes plus haut, nous pensons qu'il serait utile de reprendre la lecture critique des sources fatimides et umayyades consacrees a toutes les formes de celebration des pouvors question. Eii guise d'exemple, il serait interessant de faire une etude parallele du contenu des ouvrages du qadi al-Nu'man et ceux d'Ibn Hayyan notamment en ce qui concerne les diverses formes d'expression du pouvoir et des moyens de diffusion de celui-ci. Il y aurait sans aucun doute beaucoup a tirer par exemple de l'examen simultane du Kitab al-magalis wa-l-musayarat et du Kitab al-muqtabis, et cela malgre les differences de fonds et de forme parfois importantes. Toutefois, l'objectif principal poursuivi par leurs auteurs n'est autre que de celebrer, soit en prose soit en vers, l'un le califat fatimide et l'autre celui umayyade (41).
Dans une autre direction, il serait egalement utile de revoir le vocabulaire arabe relatif aux questions du pouvoir, des moyens et des lieux d'exercice. Outre la question de l'usage d'une terminologie specifique de la part de chacun des Etats (l'un si'ite et l'autre sunnite), nous devons considerer l'eventualite d'une utilisation plus ou moins abondante de termes tels que mulk, dawla ou sultan en fonction du moment historique et des circonstances politiques qui presiderent aux destines des Etats etudies. Les references politiques et religieuses de l'entite fatimide sont marquees par la si'a et ils signifient par consequent un tournant decisif dans les modes et les pratiques du pouvoir. Quant a l'espace umayyade, nous l'avons vu, il est principalement illustre par un discours continuiste et orthodoxe (sunnite) en matiere de legimite du pouvoir. Nous savons qu'apres examen exhaustif des sources et de l'archeologie, la realite de la dualite Madinat al-Zahra' / Cordoue n'offre en principe aucune difficulte aux yeux de l'historien. Mais cela semble etre bien different pour le cas de Sabra(t) al-Mansuriyya / Kairouan. En effet, alors que dans le premier cas il est question d'une distanciation relative des pouvoirs politiques tant par rapport aux institutions qu'aux propres e'lites impliquant une nouvelle repartition des fonctions politico-religieuses entre la ville nouvelle et Cordoue (42), dans le deuxieme cas, nettement plus complexe, il y aurait eu peut-etre une volonte de la part des califes si'ites de se rapprocher des elites sunnites de la ville de Kairouan, et contribuer ainsi a mettre en place un nouvel equilibre, certes fragile, mais necessaire pour les besoins politico-religieux des maitres de l'Ifriqiya au 4e/Xe siecle (43).
* Cet article a ete partiellement redige dans le cadre du projet de recherche espagnol finance par le Ministerio de Educacion y Cultura et intitule "Madinat al-Zahra': influencia, efectos y dispersion de un modelo politico-social palatino" (HUM2005-06046-C02-O1/HIST).
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(1) Acien Almansa, 1987, pp. 11-15, et Vallejo Triano, 1995, pp. 69-73.
(2) Dachraoui, 1981, pp. 141-142, 223-241 et Taqqus, 2007, pp. 17-46 sur la situation politique en Ifriqiya au debut du regne des Fatimides. Sur les origines de la dynastie fatimide, voir Beinhauer-Kohler, 2002, pp. 137-157.
(3) Al-Idrisi, s.d. II, pp. 579-580.
(4) Sur l'ensemble de ces faits, voir Safran, 2000, pp. 37-50.
(5) Ibn 'I[d.bar]ari, 1948-19512, II, p. 209.
(6) Ibn al-Abbar, 1963, I, p. 306.
(7) Sur le site d'al-Madina al-Zahira dans les sources arabes, voir Bariani, 2002, pp. 328-330, et sur le personnage d'al-Mansur, voir De la Puente, 1997, pp. 374-382.
(8) Ibn 'I[d.bar]ari, 1948-[1951.sup.2], II, p. 239.
(9) Sur les elites politico-administratives au service de l'Etat umayyade de Cordoue, voir Meouak, 1999, pp. 74-77, et idem, 2004a, pp. 218-232.
(10) Voir Mahassine, 1991, pp. 104-118 sur les detenteurs et les partisans du mulk chez Ibn al-Muqaffa'.
(11) Cheddadi, 1980, p. 547, et Dakhlia, 1998, pp. 83-94.
(12) Al-Qur'an al-karim, [1984.sup.3],3 : 26.
(13) Sur la complexite de l'etude du concept de mulk du point de vue de la theorie et de la pratique, voir Ayalon, 1984, pp. 307-310 pour la periode premoderne.
(14) Pour les informations fournies par la documentation arabe medievale sur le mulk dans l'Andalus umayyade, voir Meouak, 2007, pp. 176-179.
(15) Al-Qur'an al-karim, [1984.sup.3],3 : 140.
(16) Ibn al-Muqaffa', 1956, p. 124.
(17) Al-Mawardi, 1981, pp. 151, 202.
(18) Pour l'Andalus d'epoque umayyade, voir Souto, 1999, pp. 27-30.
(19) Bacharach, 1996, pp. 27-31, et Safran, 2000, pp. 52-70.
(20) Ibn Hayyan, 1979, p. 15/idem, 1981, p. 21, et Ibn Sa'id, 1953-1955, II, p. 303.
(21) Elias, 1985, pp. 17-45 dans un chapitre intitule : << Structures et significations de l'habitat >>.
(22) Ibn Hayyan, [1973.sup.2], p. 204 ; Ibn Hayyan, 1937, p. 67 ; Ibn al-Abbar, 1963, I, p. 35 ; Ibn al-Hatib, [1956.sup.2], pp. 25, 67, 145, et al-Bunnahi, 1948, pp. 56, 57.
(23) Ibn Hayyan, 1937, pp. 53, 104 ; Ibn Hayyan, 1979, p. 240/idem, 1981, p. 183.
(24) Cronica anonima, 1950, p. 29/92 ; al-Bunnahi, 1948, p. 56, et al-Maqqari, 1978-1980, II, p. 273.
(25) Al-'Udri, 1965, p. 86 ; Ibn Hayyan, 1979, p. 9/idem, 1981, p. 16, et Ibn al-Hatib, [1956.sup.2], pp. 91, 145.
(26) Cronica anonima, 1950, p. 30/93.
(27) Meouak, 1999, p. 38.
(28) Meouak, 1999, p. 39.
(29) Ulbert, 2004, pp. 378-382.
(30) Fierro, 2004, pp. 321-322 pour une analyse semantique de la racine arabe z-h-r.
(31) Voir un exemple d'emploi de la racine s-t-h dans al-Qur'an al-karim, [1984.sup.3], 80 : 20.
(32) Al-Qur'an al-karim, [1984.sup.3], 27 : 44.
(33) Meouak, 2003, pp. 33-36.
(34) Veyne, 1990, pp. 22 et 23.
(35) Yaqut al-Rumi, 1979-1986, III, p. 161 ; Ibn al-'Imad, 1986-1995, IV, pp. 261-264, et al-Dahabi, 1985-1986, VIII, pp. 265-269.
(36) Mazzoli-Guintard, 2003, pp. 65-68.
(37) Acien-Almansa, 1995, pp. 185-186.
(38) Hamdani, 2006, pp. 1-31 et Taqqus, 2007, pp. 47-77 sur la genese de l'installation des Fatimides en Ifriqiya.
(39) Djelloul, 2005, pp. 141-149 sur Sabra(t) al-Mansuriyya.
(40) Cressier et Rammah, 2004, pp. 241-242, ainsi que le resume utile de Tagqu, 2007, pp. 135-138 sur Kairouan et Sabra(t) al-Mansuriyya sous le regne du calife fatimide al-Mansur bi-Nasr Allah.
(41) Voir Poonawala, 2003, pp. 338-345, et Meouak, 2004b, pp. 53-58. D'autres textes du qadi al-Nu'man pourraient faire l'objet dune etude approfondie comme la Risalat iftitah al-da'wa, ou l'ouvrage d'Ibn Hammad sur les Banu 'Ubayd et la partie de l'oeuvre d'Idris 'Imad al-Din consacree aux Fatimides d'Ifriqiya.
(42) Mazzoli-Guintard, 1997, pp. 43-48.
(43) Une equipe de recherche franco-tunisienne prepare la publication d'un livre collectif rendant compte des nouvelles fouilles qui ont ete faites au cours de ces dernieres annees sur le site de Sabra(t) al-Mansuriyya Cet ouvrage contient des chapitres consacres aux resultats archeologiques et aux donnees issues des textes arabes medievaux. Le volume porte le titre de Fouilles a Sabra al Mansuriyya (Kairouan, Tunisie), Patrice Cressier et Mourad Rammah (dir.), Rome : Ecole francaise de Rome, 2009 (a paraitre).
Mohamed Meouak
Cadix