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  • 标题:De l'immigration a l'assimilation: Enquete sur les populations d'origine etrangere en France.
  • 作者:Helly, Denise
  • 期刊名称:Canadian Ethnic Studies Journal
  • 印刷版ISSN:0008-3496
  • 出版年度:1998
  • 期号:June
  • 出版社:Canadian Ethnic Studies Association

De l'immigration a l'assimilation: Enquete sur les populations d'origine etrangere en France.


Helly, Denise


De l'immigration a l'assimilation. Enquete sur les populations d'origine etrangere en France. Michele Tribalat, avec la participation de Patrick Simon et Benoit Riandey. Paris, La Decouverte, coll. Recherches, 1996. 302 pp.

En 1992-1993, grace au concours de l'INSEE, M. Tribalat a mene une enquete aupres d'immigres et de natifs. Denommee Mobilite geographique et insertion sociale, cette enquete visait l'observation des processus d'insertion socio-economique, residentielle et culturelle sur un long terme. Elle est la premiere d'envergure realisee en France a partir d'un echantillon aleatoire, dans ce cas tire a partir du recensement de 1990 et stratifie selon le pays de naissance et le degre d'urbanisation. Pres de 17000 personnes ont ete selectionnees au sein de menages et dans des foyers d'accueil ou reside une population immigree masculine, et, au total, quelque 11 700 questionnaires ont ete exploitables (pp. 282-284).

Cette etude est novatrice en France par trois aspects: sa methode d'echantillonnage qui permet d'observer des populations immigrees installees sur l'ensemble du territoire francais et non simplement dans certaines zones de concentration residentielle, son respect de la differenciation des flux migratoires et sa prise en compte de variables determinantes de l'insertion des immigres, l'age a l'arrivee, la periode d'entree et la duree de sejour. En cela, comme l'ecrit l'auteure, elle brise quelque peu le carcan des prejuges officiels a propos des etudes sur les immigres en France et peut realiser des comparaisons inter-groupes.

Ce volume est le second publie a partir des donnees de l'enquete de 1992-1993. Le premier, Faire France (1995), essentiellement descriptif, faisait un tour d'horizon de l'ensemble des resultats obtenus. Celui-ci, tout autant descriptif, presente uniquement les donnees concernant des aspects dits culturels: pratiques matrimoniales (polygamie, endogamie/exogamie, homogamie sociale et ethnique), connaissance et pratiques linguistiques dans la sphere privee, formes de sociabilite, pratiques religieuses, rapports aux pays d'origine (retour definitif, visites) et d'etablissement (citoyennete, service militaire, vote). Cette presentation tient a renseigner sur deux aspects: les differences de comportement entre groupes immigres dans chacun des domaines cites ci-dessus, la proximite ou la distance de ces comportenments de ceux du groupe dit "de souche." Aucune analyse des processus sous-tendant ces pratiques n'est incluse et seul l'effet de quelques variables est precise (age a l'arrivee, duree de sejour). II sembler ait qu'une telle analyse comme celle de la construction d'une appartenance a la societe francaise seront realisees ulterieurement.

La lecture de ces resultats empiriques durant deux cent cinquante pages est quelque peu longue pour deux raisons. La presentation de frequences sans analyse et sans hypothese d'explication, est toujours de peu d'interet pour un lecteur; les donnees presentees ne permettent en effet aucune comprehension des phenomenes dont elles illustrent ou resument les effets. En outre, la plupart de ces donnees n'etonneront aucunement les sociologues de l'immigration ou des relations ethniques, alors que les fondements de certains comportements d'immigres auraient ete interessants a connaitre et a comparer entre eux en France et dans d'autres societes. Pourquoi, par exemple, dans des conditions d'habitat similaires (HLM), les immigres algeriens et marocains developpent-ils une sociabilite privee fort differente: familiale, peu etendue, faiblement communautaire dans le premier cas, communautaire et etendue dans le second cas? Quels facteurs sont a l'oeuvre: socialisation culturelle, forme de religiosite, mode de migration, mode d'implantation locale et regionale, homogeneite sociale et occupationnelle, capacite de transmission de la langue et de la culture aux jeunes? Selon quelques lignes de la conclusion (p. 257), de tels questionnements semblent envisages par l'auteure et la presente publication de simples resultats empiriques semblent tenir a des contraintes institutionnelles et politiques, les organismes publics subventionnaires l'ayant exigee ou pour le moins fortement recommandee. Le cout de l'enquete a ete de 8 millions de

La seconde raison du faible interet de la lecture de ce volume tient aux positions sur le statut de l'immigration qui le traversent. Ces positions sont plus politiques que sociologiques et certainement celles des organismes subventionnaires, mais elles demeurent enterinees par l'auteure, meme si celle-ci tente une mise distance (pp. 13-14, p. 257). Titrer une etude sur l'insertion d'immigres De l'immigration a l'assimilation, indique sans detour le statut envisage pour ces derniers et pour les cultures formees lors d'un processus d'emigration. Parler dans le titre d'un volume sociologique de populations d'origine etrangere est aussi illustratif d'une volonte politique d'amalgame. De fait un a-priori parcourt le volume: il existerait une culture francaise homogene et une norme "nationale" de la sociabilite privee, de la pratique religieuse, de la nuptialite, que les immigres devraient un jour le plus proche possible, adopter pour etre dits integres, assimiles, "francais" en un mot. L'ensemble du volume est par couru par cet a-priori que les pratiques culturelles des immigres doivent etre comparees a l'aune des pratiques d'une population dite majoritaire. L'erosion des usages souhaitee a ete invalidee par des etudes connues et la France n'echappe nullement a cette logique; on ne saurait confondre l'adhesion a des valeurs publiques, universalistes, politiques par les immigres francais d'avant-guerre et parfois d'apres-guerre, et l'adoption de pratiques privees. Pour comprendre les usages prives des immigres, il serait plus utile de les analyser en fonction de variables a decouvrir: parcours social, occupationnel et residentiel; referents identitaires; perception et realite de l'insertion, de l'acceptation, de la discrimination; politiques d'immigration, du logement et ce, dans le cas des individus de l'ensemble de l'echantillon et de chaque groupe ethnoculturel, socio-occupationnel, sexuel.

Il y a trois manieres de penser l'insertion d'un individu dans une societe selon qu'on se situe du point de vue de l'individu ou de la majorite politique:

1.-- Pour un individu, les prerequis minimaux a une insertion dans une societe democratique sont d'une part, l'exercice des droits le reconnaissant l'egal des autres residents (liberte de travail, reconnaissance de l'experience et de la scolarite, droits sociaux, libertes fondamentales, exercice du droit de vote, non-discrimination, acces a la citoyennete), d'autre part, l'apprentissage de pratiques permettant l'exercice de ces droits. La connaissance de la langue officielle et minimalement du fonctionnement des institutions publiques est certainement une de ces pratiques.

2.-- D'aucuns veulent penser qu'une telle insertion, basee uniquement sur l'exercice de droits et servant uniquement les interets de l'individu, n'est pas suffisante, et qu'une participation minimale a la societe civile est requise. Cette participation peut etre definie selon deux modes:

- affiliation a des institutions privees et reseaux, quelles que soient la composition et la fonction des unes et des autres;

- inclusion au sein d'un groupe dit culturellement majoritaire, souvent, sinon toujours, mesuree par la langue parlee dans la sphere privee (officielle ou d'origine), avec les amis, dans la vie familiale, avec les enfants, le conjoint, lors de la consommation de medias, ou encore mesuree a travers la comparaison statistique de comportements prives d'immigres et des dits "nationaux": taux d'activite, frequence de la pratique religieuse, frequentation de lieux publics (cafes en France), endogamie ou exogamie, criminalite et deviance (delinquance juvenile), comportements (bruit, proprete, entretien des logements). Il est evident que ce dernier mode ressort d'une tentative de controle social des immigres (et d'autres), car des normes societales sont definies a partir de moyennes de comportements d'un groupe dit majoritaire. Elle ressort aussi d'une vision de la cohesion sociale basee sur la multiplication d'interactions inter-individuelles normees et non sur l'exercice de droits.

3.-- On peut encore penser que la seule participation la vie sociale du groupe "majoritaire" ne suffit pas et que les immigres doivent partager des referents identitaires avec ce groupe: memoire historique, patrimoine, projet d'affirmation nationale. Cette vision ressort d'une volonte d'assimilation culturelle vouee a l'echec, car tout partage de referents identitaires par des immigres ne peut se faire qu'a partir de referents individuels, universalistes, et nullement particuliers et propres a une population et a une histoire specifiques. Et cette affirmation ne tient pas a une tradition historique anglo-saxonne, plus attachee a la defense des droits individuels qu'au developpement d'un sens d'appartenance a une collectivite nationale, comme le voudrait une tradition francaise.

Le volume presente ici participe au second courant de pensee. II s'appuie sur deux postulats assimilationnistes que la litterature des etudes ethniques a pourtant denonces depuis des annees:

--le premier veut confondre culture et ethnicite. Une identification ethnique ou un groupe ethnique ne sont en rien fondes de maniere essentialiste sur des differences culturelles mais plutot sur des rapports d'inegalite au sein desquels la culture a certes son role. Aussi l'adoption de nouvelles pratiques culturelles par des immigres ne tient-elle pas de maniere determinante a la nature de la culture de la societe ou du milieu d'origine, ou encore de la societe d'etablissement mais plus fortement aux conditions d'insertion et d'acceptation sociales. La these de l'assimilation n'a pas de fondements conceptuels; elle imagine un bicephalisme entre une culture de la societe dite d'accueil et des cultures autres. Elle ne pane absolument pas de reduction des inegalites mais d'alignements culturels; elle suppose une homogeneite culturelle de la societe dite hote ou d'accueil; elle erige cette culture homogene fictive en norme par rapport a laquelle sont judgees les pratiques culturelles (nuptialite, consommation, r eligiosite, reseaux prives, pratiques linguistiques) des autres (immigres, minorities nationales ou autochtones) comme des marginaux "nationaux."

--le second postulat veut que les cultures immigrees, centrees sur des appartenances de groupe, toujours supposees plus 'traditionnalistes' que celle de la societe dite d'accueil, disparaitront au profit de pratiques individualistes et de referents identitaires universalistes. Cette disparition est concue comme un processus mecanique d'adaptation et de bonne comprehension de leurs interets personnels par les immigres; elle se produira a travers l'insertion sur le marche general du travail, marche anonyme et base sur les qualifications a la difference du marche ethnique, a travers des mariages mixtes, une cohabitation residentielle, l'apprentissage de la langue officielle, l'ecole et diverses formes de controle social.
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