Le personnalisme spirituel europeen de la revendication a l'integration dans la modernite politique roumaine.
Olimid, Anca Parmena
Au cours des deux derniers siecles, la dialogue interreligieux a pris des formes tres diverses. Historiquement, l'unite spirituelle contemporaine d'orthodoxes et catholiques a manifeste l'importance de la decouverte de nouvelles valeurs. Il s'agit notamment des aspects qui caracterisent la societe moderne de la deuxieme moitie du XIXeme siecle et le debut du XX-siecle. L'article initie cette occasion un examen naturel de contribution la recherche sur les debuts de l'oecumenisme moderne qui particularise la spiritualite roumaine par une reconstruction des demarches nationales et territoriales, mais surtout culturelles et religieuses. Dans un siecle inspire par la Revolution francaise, le changement structurel de la societe roumaine moderne genere une nouvelle conception sur l'Etat et l'Eglise, et en consequence l'evolution des relations entre l'autorite publique et les institutions confessionnelles.
L'article presente le dialogue interreligieux orthodoxe-catholique sous un angle systemique, fonctionel et structurel. L'idee centrale de l'article est celle du rapport entre l'autorite et la nature humaine dans la periode moderne, resultant de la necessite d'action de la doctrine autoritaire catholique. L'article propose comme hypothese de recherche pour le dialogue interreligieux actuel un nouvel scenario: l'analyse des rapports entre Rome et Byzance en partant des necessites du Byzance dans l'epoque moderne. Fondement de l'unite chretienne, l'Eglise Catholique, dans l'esprit de la tradition heritiee de Rome, condamnait le modernisme et la reaction de la Papaute exprimait l'esprit de la theologie dominante du fin du XIXeme siecle et notamment: l'opposition envers toute mesure qui dissociait la societe de religion. Ce dernier aspect negligeait ce qui est particulierement religieux et surtout la foi avec toutes ses consequences sur l'existence et le comportement des chretiens. Par consequent, pour eviter toute tentative theologique ou politique de stereotypiser la position de chaque eglise, l'article cherche de delimiter tres exactement les normes historiques et legales d'organisation de ces deux dans la Roumanie moderne.
Les objectifs assignes du cet article sont d'analyser les problematiques fondamentales soulevees par le dialogue interreligieux dans la Roumanie moderne (1859-- 1918). Ainsi, l'article attire l'attention sur trois objectifs qui definissent le processus de la constitution de la societe roumaine de la fin du XIXeme siecle et du debut du XXeme siecle: le dialogue institutionnel, le dialogue social et le dialogue formel: 1. en premiere partie, l'article analyse l'evolution des composantes structurelles et fonctionnelles des deux eglises, la liberte religieuse et le regime des cultes, notamment le regime juridique de la separation de l'Eglise de l'Etat; 2. en deuxieme partie, l'article oriente la recherche sur les aspects de l'emancipation culturelle, nationale et sociale. Le dialogue social ou le dialogue de l'experience commune est exprime par la mise en oeuvre d'initiatives regionales des communautes orthodoxes et catholiques. En ce sens, la Roumanie moderne est un espace geographique et historique commun pour les orthodoxes et les catholiques qui a elargit le vecu convivial de ces deux communautes chretiennes, reelle carrefour des traditions spirituelles; 3. en troisieme partie, l'article met en evidence l'echange des themes, des discours et des courants theologiques engages repondre au grand defi du pluralisme religieux dans la societe moderne roumaine.
Pour commencer, il convient de rappeler que de 1859 1918, la situation du dialogue interreligieux orthodoxe-catholique s'est developee autour de quatre fils directeurs distincts:
I. La recherche de la theologie de l'unite orthodoxe-catholique
Le dialogue institutionnel entre l'Eglise Orthodoxe et l'Eglise Catholique est un processus qui impose une ecclesiologie avec un grand nombre d'elements communs que les autres ecclesiologies, mais aussi avec des aspects et defis qui doivent etre expliques et depasses comme la primaute papale, l'infaillibilite papale et la proclamation du Conseil Vatican II de la primaute de l'Eglise Catholique.
L'article envisage le dialogue interreligieux orthodoxe-catholique sur les fondaments traditionels de l'unite de l'eglise: la Scripture, la Tradition, l'Hierarchie et la Dogme. Si on fait abstraction du Magistere de l'Eglise Catholique, on observe que la visions theologiques orthodoxes et catholiques ne different pas essentiellement: la dogme est une suivie naturelle de la Sainte Scripture et de la Tradition. Tant l'Eglise Orthodoxe que l'Eglise Catholique ont les memes principes en ce qui concerne la Revelation.
La dogme est basee sur la Revelation transmise par l'Eglise. Par consequent, l'autorite des textes dans lesquels se sont exprimees les dogmes (les decisions des sept synodes oecumeniques envisagent l'infaillibilite de l'ensemble de l'Eglise et elles ont un caractere normatif). C'est ici que la litterature de specialite etablit la ligne de difference entre la tradition orthodoxe et celle catholique, car l'Eglise Catholique met l'accent notamment sur le Magistere. Dans ce processus, la theologie catholique a renforce l'autorite du Pape menacant de rompre l'equilibre episcopal qui, dans la vision de l'Eglise orthodoxe, representait l'element fondamental pour l'Eglise.
II. Le Vatican et l'architecture politique europeenne. Les orientations confessionnelles dans la politique du Saint Siege envers les Eglises d'Orient
Le chretien de la fin du XIXeme siecle et le debut du XXeme siecle ne croyait plus en Dieu, il avait rompu toute relation traditionnelle en devenant lui-meme la mesure de toutes les choses, le centre du nouveau univers moral. Dans cette dynamique du sujet religieux, le divorce de la relation personnelle de l'individu avec la Divinite merite un interet particulier, car la consequence de cette orientation est la crise spirituelle de la modernite, du desir de decouvrir la liberte spirituelle.
Les pretentions de l'homme moderne ont cree une culture postulee sur l'illusion de la substitution du Dieu et qui cherche de detruire la communaute spirituelle traditionnelle. Ici on rencontre la resistance du catholicisme qui oppose la liberte spirituelle son autorite externe. Jusqu'en 1870 (Conseil Vatican I), le developpement du systeme ultramontaniste (systeme ecclesial fonde sur l'autorite papale qui cherchait une nouvelle justification pour motiver sa suprematie) a conduit la reconquete des anciennes positions dominantes perdues en Europe.
Un evenement particulier qui regarde directement les orthodoxes qui se trouvaient sous la domination de l'Empire Ottomane a eu lieu au millieu du XIXeme siecle et plus precisement, le rapprochement des rapports d'amitie entre la Sublime Porte Ottomane et le Vatican, c'est dire entre le pape et le sultan.
Le programme pontifical sans precedent dans l'histoire de la papaute apportait de nouvelles espoirs pour les catholiques et amenait les orthodoxes vers l'union avec Rome. Le 6 Janvier 1848, par l'encyclique Ad Orientalis, Pape Pie IX promettait aux orthodoxes que, sans changer leurs habitudes et pratiques du culte, leur situation s'ameliora et ils disposeront des memes droits que les catholiques. Une nouvelle tentative d'attirer les orthodoxes dans un synode oecumenique a lieu l'ocassion du Conseil Vatican I, par la lettre Arcano divinae provodentiae consilio du Pape Pie IX. La lettre adopte la position intransigente des milieux catholiques condamnant le modernisme et toute mesure qui separait l'etre humaine de l'axe divin.
Ce liberalisme, initiallement manifeste dans le domaine politique a progressivement inclut tous les domaines de la vie humaine. L'effet de cette separation entre l'etre humaine et l'axe divine est la nouvelle societe humaine caracterisee par un complex d'individualites diverses oi chacun devient etranger soi meme et aux autres et ce que est but pour les uns, pour les autres peut devenir moyen. Dans cet esprit s'inscrit la bulle papale Aeternis Patris (4 Aoat 1879) qui proclamait l'attachement prodond du catholicisme l'idee de la symbiose entre l'eglise et la societe.
La condamnation de la laicite est soutenue par la doctrine tomiste normative qui purifait dans la conception de l'encyclique la ration par la foi. A la fin du XIXeme siecle, Leon XIII identifie l'idee d'une doctrine sociale de l'eglise qui ne representait "a troisieme voix'' entre le capitalisme liberal et le colectivisme marxiste mais surtout une possible alternative, moins radicale, ayant le but d'interpreter les realites et de diriger le comportement des catholiques vers l'unite des chretiens.
Le 20 Juin 1894, Leon XIII adresse un appel unionist par l'encyclique Praeclara gratulationis qui appelait les orthodoxes d'accepter l'union avec le Saint Siege et de reconnaitre l'autorite du Pape comme chef supreme d'une seule eglise.
Le 30 Novembre 1894, le meme Pape cherchait d'eliminer tout doute orthodoxe concernant l'observation et la pratique des privileges et la tradition sous l'influence latine.
Le 24 Decembre 1894, Pape Leon XIII proclame l'encyclique Christi Nomen concernant la propagation de la foi parmi des Eglises de l'Est. Le texte de l'encyclique offrait comme solution une nouvelle position de l'eglise catholique dans l'architecture institutionnelle d'une seule eglise, en effet une architecture adressee toutes les nations pour l'unite de la foi chretienne. Par la concentration du pouvoir spirituel, le Pape imposait une appartenance inconditionnee pour tous les chretiens l'edifice traditionel de l'Eglise de Rome, parce que dans la conception du centralisme catholique moderne, il existait un seul accord, celui entre l'eglise locale et Rome, parce que le Pape est le seul qui symbolise, justifie et oriente la foi.
III. Les relations Etat-Eglise, fondement de la diplomatie ecclesiastique dans la Roumanie moderne
L'emergence des etats-nations constitutionnels et democratiques a ete accompagnee par un conflit culturel et spirituel entre les concepts rigides du catholicisme et les forces anti-clericales intransigantes de la fin du XIXeme siecle. A travers le XIXeme siecle, le principe moderne de la separation de l'Etat de l'Eglise n'ont pas connu en Roumanie des formes agressives. Le modele spirituel roumaine, avec son esprit de tolerance et de liberte religieuse, reformule la dichotomie majoritaire-minoritaire sous la forme tradition-progres. La frontiere temporelle que l'Eglise Othodoxe Roumaine etablit par rapport au passe est correlative au passage une plus pertinante comprehension de la jurisdiction spirituelle des temps modernes face au role plus angageant de l'Eglise Catholique et la constitution de l'ultramonstanisme. Ainsi, la Constitution Roumaine de 1866 assurait l'Eglise Orthodoxe Roumaine la position d'eglise dominante de l'Etat Roumain, car sa doctrine concernant les rapports avec l'etat excluait tout conflit provoque par l'Eglise. En ce sens, l'article 21 de la Constitution de 1866 garantissait la liberte de conscience et la liberte des autres cultes. Ces dispositions ont ete completes par les articles 43 et 44 du Traite de Berlin (1878) qui garantissait la liberte et la pratique exterieure de tous les cultes. Il est important de tenir compte que le 12 Juin 1881, le Saint Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine adopte le <<Reglement des relations ecclesiales du clere orthodoxe roumaine avec les chretiens d'autres rites et les nonchretiens qui vivent dans la Roumanie>>. Si l'on examine la ligne generale du cet acte on distingue deux aspects fondamentales: 1. la defense de l'identite religieuse des autres cultes et 2. les premiers pas vers l'autodeterminisme des autres cultes denomes minoritaires.
IV. La politique et les relations interreligieuses dans la Roumanie moderne
Dans une vision de synthese, les evenements politiques internes nous imposent d'enumerer au moins, quelques faits historiques en relations avec l'evolutions des relations orthodoxes-catholiques: 1866--abdication de Alexandru Ioan Cuza; 1866--1869--discussions l'egard des rapports entre un prince et puis un roi, Charles de Hohenzollern Sigmaringen, provenant de l'ancienne famille allemande catholique et les dispositions de la Constitution de 1866 qui obligeait le respect par la dynastie regnante de l'Eglise orthodoxe comme Eglise Nationale; 1870 --initiative de Mgr. Paoli, Vicaire patriarchal de Bucarest, de tenter un possible dialogue de reconciliation de Charles avec l'Eglise Catholique apres l'interdiction de reconnaitre son marriage avec une epouse non-catholique;
1881--proposition du Premier Traite entre le Saint-Siege et la Roumanie relativement l'organisation et l'hierarchie de l'Eglise Catholique, fondement des traites pour le Concordat conclu en 1927 et ratifie en 1929; 1883--la constitution de l'hierarchie catholique en Roumanie par Leon XIII; 1885--la proclamation de l'autocephalie de l'Eglise Orthodoxe Roumaine; 1883-- position oficielle du Saint Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine sur la constitution de l'Archiepiscopie Romaine-Catholique Bucarest. Meme s'il n'y avait pas un modele universel, le processus d'implementation d'un systeme institutionel par l'Eglise Catholique finira par l'etablissement de l'hierarchie catolique.
Ainsi, chaque eglise locale devait fonctionner sur l'ensemble de l'Eglise universelle, meme si le processus n'est pas unique et les criteres et les resultats sont differents. Par la lettre apostolique Praecipuum munus Leon XIII justifait sa decision par l'obligation morale de promouvoir la religion chretienne au niveau du monde entier sur le modele permanent pour l'eglise catholique. Le article initie au debut de annees 1880 concentrait deux tendances majeures: 1. le centralisme sociale oriente vers l'exterieur et 2. la proclamation de la primaute de la vie interieure fondee sur les idees religieuses.
L'evolution actuelle du dialogue interreligieux orthodoxe-catholique vers l'Unite
Au cours des derniers decenies, la reconciliation orthodoxe-catholique a mobilise beaucoup d'energies permettant de decouvrir plus de rapprochements doctrinaux que d'incompatibilites pratiques.
Les deux reunions principales entre le Pape Jean Paul II et le Patriarche Teoctiste qui ont eu lieu Bucarest et Vatican en 1999 et 2002 ont exprime le destin commun historique (l'experience commune de la persecution communiste) en marquant l'efficacite de l'oecumenique moderne. A ces deux occasions Jean-Paul II et Patriarche Teoctist ont beni plus de 500.000 chretiens orthodoxes et catholiques qui scandaient le meme mot: <<Unite>>.
Aux cotes de ces realisations recentes, la cooperation pratique de l'Eglise Catholique et de l'Eglise Orthodoxe suscite actuellement une recherche theologique particuliere. On peut affirmer que 2007 a ete une annee riche en evenements pour les relations institutionnelles entre les catholiques et les orthodoxes.
La Xeme Session de la Commission mixte internationale pour le dialogue theologique entre l'Eglise Orthodoxe et l'Eglise Catholique a eu lieu le 8-15 Octobre 2005 au Centre Romain-Catholique de Ravenne. Les deux delegations ont adopte un plan pour l'unite chretienne sur le theme du Primat de l'Episcop de Rome.
Sur le plan methologique trois etapes succesives de rencontres seront la voiemaitrise vers l'unite: le primat papal dans le premier millenium (2009); le primat papal dans le deuxieme millenium (2011) et les discussions sur le primat papal dans une perspective theologique (2013). Le 30 Janvier 2009, les participants la Reunion de la Commission Mixte Internationale pour le Dialogue Theologique entre l'Eglise Catholique et les Eglises Orientales Orthodoxes ont approfondi la recherche d'un accord sur la base de la communion visible, non seulement exterieure, mais reelle comme un authentique espoir dans un monde marquee par l'experience du conflit.
Les Declarations, propositions, recommendations, rapports et documents finaux adoptes lors de ces dernieres reunions ont souligne la necessite de favoriser la dimension theologique commune. A cet egard, particulierement apres les evenements de 11 Septembre 2001, par le programme interreligieux UNESCO la comprehension des realites so ciales, historiques et culturelles est devenu le principal facteur de connaissance mutuelle des toutes les religions.
Enfin, le article reaffirme que le dialogue interreligieux doit etre apprehende comme un facteur de cohesion sociale afin d'eliminer les anciens stereotypes et les mefiances. En conclusion, l'article encourage une conception unitaire d'analyse du dialogue orthodoxe-catholique, en respectant la fonction identitaire de chaque eglise. En cette direction, un fait reste incontestable: les rapprochements et les divergences theologiques doivent etre approfondes dans l'unite de l'Eglise universale comme deux formes vivantes de la meme tradition apostolique.
"Aceasta lucrare a fost finantata din contractul POSDRU/89/1.5/S/61968, proiect strategic ID 61968 (2009), cofinantat din Fondul Social European, prin Programul Operational Sectorial Dezvoltarea Resurselor Umane 2007-2013"
"This work was supported by the strategic grant POSDRU/89/1.5/S/61968, Project ID 61968 (2009), co-financed by the European Social Fund within the Sectorial Operational Program Human Resources Development 2007-2013"
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Anca Parmena Olimid