摘要:MCF-HDR Sociologie, Université de Tours. « Qu’on le veuille ou non, la mythologie est première par rapport non seulement à toute métaphysique, mais à toute pensée objective, et c’est la métaphysique et la science qui sont produites par le refoulement du lyrisme mythique » . Ce postulat de Gilbert Durand offre au chercheur un nœud épistémique dont il ne peut se défaire s’il ne dépasse pas les conceptions à la fois évolutionniste et dialectique, ce va-et-vient entre la « puissance » et la « forme », entre le noumène et le phénomène. Le mythe ne doit pas, pour Gilbert Durand, être limité à son acception ethnologique classique d’envers représentatif d’un acte rituel. Il représente un système complexe d’archétypes et de symboles. Les premiers permettent de découvrir les « idées », c’est-à-dire l’anthropologie de la forme ; les seconds dévoilent les « mots », c’est-à-dire l’historicité de la forme. En analysant le mythe, on découvre ainsi l’homme dans son environnement et l’environnement de l’homme. Le mythe de la sirène, par exemple, permet de comprendre la principale finalité d’une figure imaginaire (l’euphémisation de la mort) et l’expression de doctrines historiquement promues (dépendantes par conséquent de leur bassin sémantique). Il est d’autant plus exemplaire que ce monstre parcourt les siècles en subissant à la fois des transformations de forme (oiseau à poisson) et de valeur (âme des morts à femme dépravée).