摘要:Le film de Gilles Perret, La sociale, vive la sécu , a connu un grand succès. On doit s’en féliciter, car peu de films parlent de la Sécurité sociale et plus rares encore sont ceux qui évoquent le ministre communiste Ambroise Croizat, un de ceux qui la mirent en place. Ce film n’en est pas moins discutable sur le plan historique, en dépit de certains rappels, parmi lesquels ceux de l’historienne Colette Bec. S’il est vrai que la conjoncture exceptionnelle de la Libération a permis de créer en France cet outil essentiel de cohésion sociale qu’est la Sécurité sociale, ce film est bien trop rapide sur ses origines. Elles s’inscrivent dans un processus entamé un demi-siècle plus tôt et marqué par deux lois fondamentales : les Retraites ouvrières et paysannes (ROP) en 1910 et les Assurances sociales en 1930. De plus, ce film ne dit rien sur le soutien apporté par les confédérés au projet d’Assurances sociales dès les années 1920, puis sur leur investissement en leur faveur dans la décennie 1930 ; il est également muet sur le fait que les « unitaires » ne cessent de les combattre, d’abord dans leur projet, ensuite dans leur mise en œuvre jusqu’au Front populaire. Or, la Sécurité sociale repose sur les Assurances sociales, qui l’ont devancée. On ne comprend rien à son histoire si l’on oublie cet élément primordial. Complètement occultées de notre mémoire collective, les Assurances sociales ont été pourtant très importantes. Pour le courant réformiste du mouvement syndical, elles marquent le passage d’une culture de conviction à une culture de responsabilité, pour reprendre la célèbre distinction de Max Weber. Les Assurances sociales traduisent en effet un profond changement dans les pratiques et les cultures militantes. Les confédérés abandonnent le discours incantatoire antérieur pour se confronter à la réalité : cette évolution constitue une rupture radicale avec l’orientation de la CGT jusqu’à la Première Guerre mondiale.
其他摘要:It’s too often forgotten that the creation of the French Social security, at the time of the Liberation, is part of a process that began half a century earlier, marked by two acts : « Worker’s and peasant’s pensions » and « Social insurance ». To the reformist movement of trade-unionism, the Social insurance marks the passage from a culture of conviction to a culture of responsibility and reflect a change in practices. The Social insurance, which covers retirement and sickness, affects initially nearly ten million people, fifteen million at the time of the Liberation. It’s managed by a network of departmental funds and « free funds » or « affinity funds », managed by the mutualists, the employers, the CFTC, the « confederated » CGT ; the « unified » CGT does not manage any funds. This article shows how the « confederated » CGT abandons its incantatory speech and gets involved in Social insurance.