摘要:Les Cahiers ne vibrent pas au tempo des anniversaires. Nous travaillons le plus souvent des problématiques amples, renouvelées par les recherches récentes et les interrogations de nos contemporains. Les dossiers publiés en 2017 dans les Cahiers d’histoire expriment ce choix d’une histoire qui choisit, qui détermine ses objets, ses échelles. Ainsi sommes-nous passés d’une approche des réalités de l’État, « objet transhistorique », à l’étude d’un événement inscrit dans le temps court, l’exposition internationale de 1937, puis à une thématique, l’histoire des sciences et des techniques, sur le temps d’une période historique académique, l’époque moderne du XVI e au XVIII e siècle 1 . Est-ce abuser de la disjonction ? Est-ce trop s’éloigner de ces événements dont les médias et l’édition célèbrent chaque année l’existence passée ? De ce recueil des « commémorations » nationales qui vient de donner lieu à polémique publique autour de la place faite à Maurras en 2018 ? Des historiens membres du Haut comité aux commémorations nationales ont avancé, sans vraiment convaincre, la différence entre commémoration et célébration. Certes, l’ Action française a existé. Certes, Maurras a pesé sur les constructions idéologiques et les combats de l’extrême droite. Certes, ce sont là des objets d’histoire à ne pas négliger et les C ahiers d’histoire contribueront prochainement à cette histoire ; ce n’est certainement pas à commémorer telles des étapes décisives de la construction nationale. Faire comprendre mieux par notre travail est, bien sûr, une question cruciale : en 2018, où porterons-nous prioritairement notre attention ? Nous irons vers le rôle du Parti communiste algérien, vers la très sensible histoire de la colonisation et de la décolonisation, en même temps que vers la non moins sensible histoire des mouvements communistes. Nous irons vers l’internationalisme au féminin, nous irons vers la puissance critique des images qui nous ramènera à Blois. De 2017, nous avons évoqué la diversité des objets scrutés par les Cahiers . Il reste à présenter l’objet du présent dossier qui revient sur 1917 : un retour, qui n’est pas une commémoration, mais qui fait de cette année 1917, non un événement, mais un temps. Un temps fort par ce qu’il dit de l’état des sociétés d’alors, de la puissance et des formes des mécontentements des peuples, gros d’espoirs et de potentielles désillusions. Donc nous voilà dans le tempo des anniversaires. Anniversaire d’une année terrible qui voit l’Europe entrer dans une quatrième année de guerre, qui voit la guerre secouer une grande partie des empires coloniaux, y favorisant ici des formes d’autonomie, y renforçant là des répressions féroces, qui voit la guerre s’étendre par des alliances autour des deux blocs à l’échelle du globe tout entier, de l’Amérique latine à l’Asie, qui voit les peuples protester contre la boucherie qui s’éternise (année des mutineries aussi), et qui voit singulièrement le peuple russe refuser la guerre par deux révolutions successives.