摘要:Les regards ont subi trois inflexions majeures depuis les années 1980. La première pourrait être qualifiée d’« inflexion nationalo-républicaine ». En 1979, Alain Decaux s’était alarmé, à la Une du Figaro Magazine , de la disparition de l’enseignement du roman national à l’école. Pour lui, la réforme Haby, en instaurant des activités d’« éveil » en primaire et un pôle de sciences humaines et sociales au lycée, avait tout simplement fait disparaître la culture historique des enfants. Ce discours alarmiste, relayé par l’APHG (Association des professeurs d’histoire-géographie), avait pénétré les arcanes du pouvoir puisque, dès son élection, François Mitterrand, féru d’histoire, faisait savoir qu’il lancerait un grand chantier sur l’enseignement de l’histoire. Le milieu des années 1980 est alors marqué par une question majeure au cœur des finalités assignées à l’école et à l’histoire scolaire : comment maintenir le cap républicain fondé sur la capacité à intégrer dans une culture commune l’ensemble des élèves ? Certes, la question n’est pas vraiment nouvelle et on peut même affirmer que l’essence même du projet scolaire républicain réside dans cette volonté de fondre en une matrice commune les différences sociales et culturelles. Mais, au milieu des années 1980, la question immigrée se sensibilise et rejoint celle de la lutte antiraciste dans un contexte d’ethnicisation des rapports sociaux activée par la crise économique. Ministre de l’Éducation nationale, Jean-Pierre Chevènement lance le chantier de la réforme de l’enseignement de l’histoire et surtout de l’éducation civique. Plusieurs options s’offrent à lui : maintenir un enseignement à forte dimension sociale et thématique (ex : les mutations du travail du Moyen â ge au xix e siècle) ou en revenir à une vision plus traditionnelle d’une histoire scolaire événementielle, conforme à la chronologie classique et majoritairement nationalo-centrée. Les programmes de 1984-1985 optent pour la seconde option. Ces programmes, qu’il faut envisager avec le rétablissement de l’éducation civique en collège, sont alors le reflet de la foi dans les vertus intégratrices du projet nationalo-républicain.