摘要:FR.Le journal télévisé (JT) est constitué d’un assemblage de voix : voix du réseau de télévision responsable du JT ; voix du présentateur et des reporters qui se succèdent à l’écran ; voix des protagonistes et des interprètes des événements.Cette polyphonie, élaborée et orchestrée par les artisans du JT, est un révélateur du type de rapport que ceux-ci cherchent à établir avec le monde dont ils sont censés rendre compte et avec le public qu’ils sont censés informer.Une analyse en diachronie des voix présentes dans les JT diffusés au Québec depuis les années 1960 permet d’observer certains changements significatifs.Le JT montre à l’écran deux catégories de locuteurs : des journalistes (présentateurs, reporters, chroniqueurs), qui sont de loin les plus loquaces (80% du temps de parole) et des acteurs de l’actualité (protagonistes, témoins et interprètes des événements).Au début de la période, le monde que donne à voir le JT est surtout celui des institutions soumises au principe de publicité (les parlements, les assemblées publiques, les tribunaux et les conférences de presse convoquées par les grandes institutions) dans lesquelles domine une parole dite « officielle ».Ces voix institutionnelles ont cédé de plus en plus de place à des locuteurs individuels, en l’occurrence des experts et des « gens ordinaires », qui, en parlant, n’engagent qu’eux-mêmes.Avant 2000, l’actualité que décrit le JT est d’abord et avant tout l’affaire des acteurs politiques et des dirigeants de l’administration publique ; après 2000, l’actualité du JT est surtout l’affaire d’individus qui, pour diverses raisons, sont mis en scène dans le bilan de l’actualité.Cette montée en puissance du discours individuel peut s’expliquer par des facteurs techniques (qui ont rendu la chose matériellement faisable), des facteurs professionnels et organisationnels (qui ont fait en sorte que la valorisation de la parole individuelle est apparue aux yeux des artisans du JT comme une stratégie avantageuse, commercialement et professionnellement) et des facteurs socio-culturels (qui ont rendu cette publicisation de la parole individuelle acceptable, même souhaitable aux yeux des téléspectateurs).