摘要:Dans un précédent numéro de Sciences du jeu 1 , nous proposions d’aborder la pratique des jeux d’argent sous l’angle de la question du jeu, en partant du principe que ces jeux » ne forment (…) pas une catégorie à part » (Henriot, 1989, p. 213). Or, cela supposait d’abord de sortir du « prisme de l’addiction » (Brody, 2015), attesté par le fait qu’une proportion importante de la littérature scientifique sur les jeux d’argent se situe dans une perspective essentiellement biomédicale et/ou de santé publique et considère la pratique de ces jeux comme une activité addictive et potentiellement problématique, voir pathologique (Reith, 2007). Sans doute était-ce alors nécessaire d’écarter de façon provisoire cette problématique de l’addiction au jeu pour se concentrer sur les pratiques ordinaires des jeux d’argent. Nous pouvions ainsi – grâce aux contributions des auteur·e·s 2 – ressaisir la dimension ludique de ces jeux dont on a plus souvent tendance à pointer le caractère nocif. Mais, après tout, l’un et l’autre sont-ils incompatibles ? Une pratique de jeu ne peut-elle pas être à la fois ludique et nocive ? Un jeu ne peut-il pas être risqué, voire dangereux, selon la façon dont il est conçu et la manière dont on s’y adonne ? Tout jeu n’implique-t-il pas d’ailleurs une part de risque et de danger dès lors qu’il est, par définition, fondé sur l’incertitude (Huizinga, 1951 ; Caillois, 1967 ; Henriot, 1989 ; Brougère, 1995). Comme souvent, Jacques Henriot a les mots justes et le sens de la métaphore pour décrire cette dimension paradoxale du jeu.