出版社:Université Catholique de Louvain, Katholieke Universiteit Leuven
摘要:Ghérasim Luca (1913-1994) est considéré comme un poète sonore ce qui paradoxalement peut faire disparaître l’indicible qu’il fait entendre quand la critique met depuis le fameux mot de Deleuze toute son œuvre sous le signe d’un bégaiement. Ce poète qui a échappé à la « solution finale » en Roumanie et lutté toute sa vie contre les multiples tentatives de la reproduire autrement jusque dans l’arraisonnement des écritures et des vies, n’a cessé d’opposer une force de vie dans et par le langage dont l’orientation peut être définie par une physique de la pensée : l’invention de corps-langages inouïs après l’extermination massive des Juifs d’Europe, la bombe d’Hiroshima et tout ce qui ne cesse de les prolonger. Loin d’un silence testimonial, l’œuvre de Luca constitue un défi à tous les discours de déploration et de défiance au langage : l’indicible est audible dès le plus petit poème qu’il s’appelle « Auto-Détermination », « Quart d’heure de culture métaphysique », « Passionnément » ou encore « La fin du monde ». « Le chant de la carpe » est un poème « à gorge dénouée » qui rend voix à ce qu’on veut taire, faire taire jusque dans la célébration. Ce qui ne manque pas d’obliger à reconsidérer la fameuse déclaration d’Adorno qu’on a peut-être mal lue ou lue trop vite.