摘要:Une recherche même rapide dans les bases de données disponibles pour le théâtre espagnol du Siècle d’Or ( Corde 1 , Teso 2 , Calderón Digital 3 , …) fait émerger la comedia de Calderón, Luis Pérez el gallego , comme l’une des pièces qui utilisent le plus le lexique du droit. Comme l’a remarqué Catalina Buezo, « los "pasos" de escondidos y tapadas no sobresalen en esta obra (sí algunos de cuchilladas), sino las cuestiones de tipo judicial » 4 , et ces questions justifient la présence de quelques mots clefs caractéristiques de l’univers judiciaire et des réalités juridiques : pleito et proceso , parte , pena ou castigo , justicia et ses dérivés, alcalde , juez , letrado , escribano , pesquisidor , alguacil , et quelques autres encore comme horca , potro , ou cadalso . Comme une coquetterie, peut-être, de la part de l’auteur, à moins que cela ne relève de la construction d’un horizon d’attente, on remarquera d’ailleurs dès la première scène l’emploi de termes juridiques par le criado gracioso qui, alors que son maître vient de le chasser, utilise le verbe apelar et le substantif definitiva (abréviation de sentencia definitiva ) : « Yo lo oigo, y yo lo creo, / y de la definitiva / no apelo, que la consiento … » 5 . Si, dans cette réplique du valet comique, le recours au vocabulaire du droit est gratuit, ou ornemental, sur le plan dramatique, la suite de l’intrigue illustre bien la question de l’inclusion du droit dans la fiction littéraire, dès lors que le héros de la pièce, poussé à la transgression des lois par les circonstances, devient de ce fait un ennemi public poursuivi par la justice, à laquelle il échappe à plusieurs reprises. Faut-il expliquer le caractère excessif, les outrances de cette pièce par la jeunesse de Calderón quand il la compose, à la fin des années 1620 6 – un jeune Calderón qui a cependant déjà à son actif des pièces de la qualité de La gran Cenobia , La cisma de Inglaterra ou encore Hombre pobre todo es trazas – ? Son héros impétueux, « hombre colérico » comme le qualifie sa sœur dans les premiers moments de la pièce (il y a trois occurrences de l’adjectif, p. 443c), est jugé plutôt durement par la critique, qui considère étrange la pièce dans son ensemble et bizarre son personnage principal, anarchiste, héros malgré lui et cow-boy avant la lettre 7 . Cette réception en demi-teinte tient généralement du jugement de goût et trouve ses premiers fondements, comme souvent, au XVIII e siècle. Car il se trouve que l’histoire de Luis Pérez a été considérablement diffusée, en Espagne et en Europe, bien après la première représentation de la pièce de Calderón, grâce notamment à cinq Relaciones qui au début du XVIII e siècle transforment le Galicien en héros légendaire, ainsi qu’à plusieurs traductions qui lui assurent une diffusion européenne (notamment en France dès le début du XIX e siècle) 8 . Cette même popularité rendait l’affaire suspecte aux yeux des ilustrados du siècle des Lumières 9 , doctes tenants du néo-classicisme pour qui cette pièce (qu’on la considère comedia ou drama ) est affectée de quelques tares rédhibitoires 10 , comme, sur le plan formel, sa terrible irrégularité 11 , l’intrigue se développant comme une succession de déplacements, supposant donc une plurilocalité de l’action 12 . Tel un road movie aujourd’hui, Luis Pérez el gallego nous mène à la suite de son héros de Galice au Portugal, puis en Andalousie avant un retour en Galice, et la stabilité propre au dénouement est si peu consistante que les derniers vers promettent une suite des aventures du héros – une suite que Calderón n’a semble-t-il jamais écrite, mais qui a suggéré à Anero Puente de le faire, dans la seconde moitié du XVIII e siècle… –. Mais Luis Pérez el gallego est aussi excessivement baroque du fait de la présence d’un code de conduite sur lequel, sans même s’en expliquer, le héros de la pièce fonde toutes ses décisions, marquées par l’impétuosité et l’impulsivité 13 . La signification idéologique des actions d’un modeste gentilhomme refusant la soumission à l’autorité déplaisait certainement aux néo-classiques, qui tendaient à voir comme un archaïsme qu’on préférât l’ ethos nobiliaire et individualiste à l’organisation moderne d’un vivre-ensemble policé. Toute l’action repose en effet, au-delà du cas individuel de Luis Pérez, sur une opposition entre deux forces actancielles principales que sont l’obligation d’honneur, comme éthique de l’homme libre qu’est le Galicien, et les lois sociales, représentées par un anonyme juge. Ce conflit de lois donne même lieu à des variantes, comme lorsque l’amiral de Portugal se trouve face à un dilemme.
关键词:procès; juge; lexique juridique; Luis Pérez el Gallego; Pedro Calderón de la Barca; point d’honneur↓juez; pleito; léxico jurídico; Luis Pérez el Gallego; Pedro Calderón de la Barca; pundonor