出版社:Chaire de recherche du Canada en histoire comparée de la mémoire
摘要:La discipline historique est rarement analysée sciemment à travers le discours que ses praticiens tiennent sur son savoir. Pourtant, cette « épistémo-logie historienne » est essentielle à sa compréhension puisqu’elle constitue le médium par lequel elle s’est définie, programmée et justifiée. Si l’épistémologie traverse l’histoire de la discipline, elle devient plus manifeste lorsque son savoir est questionné, comme depuis les trente dernières années en France par la révolution mémorielle. Portée par une série de facteurs, cette révolution lance un défi aux historiens en valorisant la mémoire contre l’histoire comme appréhension du passé. Pour le relever, l’épistémologie historienne s’est déclinée en deux initiatives issues de la dialectisation des concepts d’histoire et de mémoire rendue possible par leur désidentification radicale engendrée par la révolution mémorielle. Les historiens ont, d’une part, programmé un nouveau domaine de recherche en objectivant la mémoire : l’histoire de la mémoire. Les historiens ont, d’autre part, porté un nouvel intérêt au passé de leur discipline afin de mieux s’identifier comme groupe et légitimer leur pratique savante, extériorisant une mémoire de l’histoire. Objectivant et instrumentalisant la mémoire, l’épistémologie permet aux historiens de prendre la distance nécessaire avec elle pour que leur discipline maintienne son autonomie par rapport à elle, autonomie qui demeure sa présupposition principale comme savoir. Celui-ci, en plus d’être mis en oeuvre pour produire une connaissance du passé, est explicité via une épistémologie qui est aussi importante que l’infrastructure institutionnelle dans sa disciplinarisation. Son étude oblige à nuancer son prétendu refus – tant valorisé que dénoncé – chez les historiens.
其他摘要:The discipline of history is rarely studied knowingly through the discourse that its practicians enunciate on their knowledge (savoir). However, the « epistemo-logy » of historians is essential to its comprehension for it constitutes the medium through which the discipline has defined, programmed and justified itself. If this epistemology cuts across the history of the discipline, it becomes more manifest when the basis of its knowledge are challenged, just like the last thirty years in France by the memory craze. Fostered by a series of factors, this craze favors memory over history when it comes to apprehend the past. In response to the challenge, the epistemology of historians subdivided itself into two initiatives resulting from the dialectisation of the concepts of history and memory rendered possible by the memory craze. Historians have programmed a new area of research by objectifying memory: history of memory (a). They also developed a new interest for the past of their discipline in order to better identify themselves as a group and to legitimize their scholarly practice (b). Objectifying and instrumentalizing memory, epistemology allows historians to take the necessary distance from it permitting their discipline to maintain its autonomy from memory, autonomy which forms its principal presupposition as a knowledge. Not only does this knowledge is executed in order to produce a knowledge (connaissance) of the past, it is also formulated via an epistemology which is as important as the institutional infrastructure in its disciplinarization. The study of the epistemology of historians nuances their so-called refusal – which is as much praised than denounced by them – to theorize their knowledge.
关键词:histoire; mémoire; commémoration; historiographie; espace public