摘要:La ville de Los Angeles est un défi pour les écrivains américains contemporains, non seulement à cause de son expansion désordonnée, de sa fragmentation géographique, sociale, ethnique ou linguistique, mais aussi à cause de l’omniprésence de l’image qui substitue à la « réalité » urbaine une production abstraite et amnésique, encombrée de clichés improvisés par les bâtisseurs de « Tinseltown » — « the imagineers ». Selon Julian Murphet, la littérature de L. A. témoigne de l’anéantissement de la conscience individuelle et collective par 1’appareillage sémiotique et idéologique qui régit le spectacle permanent de la ville. Mais J. Murphet entend aussi montrer que des voix engagées et sonores émergent encore de la machinerie visuelle de L. A. — « ‘Blades of Grass’ waving faintly in the last breath of wind blowing from paradise ». Mobilisant avec une remarquable lucidité les concepts élaborés par Henri Lefebvre, J. Murphet révèle en effet comment les textes littéraires parviennent encore à manifester la présence d’« espaces représentatifs », imaginaires et affectifs, et de « pratiques spatiales », rituelles ou rythmiques, au sein d’une ville saturée d’images. Loin d’être le miroir d’une réalité divisée et dénaturée, la littérature réinvente un « acte d’appropriation » de l’espace social.