期刊名称:Temps Zéro : Revue d'étude des écritures contemporaines
印刷版ISSN:1913-5963
出版年度:2012
期号:5
出版社:Chaire de recherche du Canada en littérature contemporaine
摘要:1 La dramaturge britannique Sarah Kane s’est enlevé la vie en 1999. Elle avait 28 ans. Elle était actrice et metteure en scène. Elle avait écrit, en moins de cinq ans, un court métrage et cinq pièces de théâtre. Malgré sa réputation d’auteure scandaleuse, dont la première pièce Blasted (mise en scène pour la première fois au Royal Court Theatre Upstairs en 1995) a suscité de fortes réactions de la part de la presse étant donné son contenu sexuellement explicite et sa violence (viol, fellation, sodomie, mutilation, cannibalisme...), force est de constater qu’elle a eu une influence marquante sur le théâtre contemporain. Mais son influence concerne moins la transgression à laquelle son travail est, encore aujourd’hui, régulièrement associé que la fonction que Kane accordait au théâtre et qui passait par la forme qu’elle lui donnait. Kane, pourrait-on dire, a changé la réalité humaine parce qu’elle a changé les moyens que nous avons de nous comprendre nous-mêmes – le théâtre étant le miroir qu’elle a privilégié, un miroir dont la fonction réflexive dépendait d’une diffraction de l’image, d’une explosion (comme celle qui caractérise l’ellipse entre les deux actes de Blasted) qui fait que ce qui se passe au centre, au cœur de la pièce, tombe en lambeaux1. « Middles fall apart », écrit Ehren Fordyce (2010 : 104) au sujet des pièces de Kane. C’est là le legs de la dramaturge, un héritage qui passe par la destruction et que je souhaite explorer ici dans l’œuvre qui l’a intronisée sur la scène théâtrale, Blasted, et celle qui a été lue après sa mort, 4.48 Psycho sis (2000). Nombreux ont été les critiques qui ont vu en Kane l’auteure suicidée d’une œuvre désespérée. Toutefois, je proposerai ici, par le biais d’une mise en résonance des deux textes et de l’essai Survivance des lucioles de Georges Didi-Huberman (2009), de voir dans ces deux pièces le clignotement d’une survivance fidèle à l’espoir dont la dramaturge investissait la pratique théâtrale : « Si par l’art nous pouvons expérimenter quelque chose », disait Kane, « nous pourrions peut-être devenir capables de changer notre avenir » (Lanteri, 2002 : 19).