(francuski) Le monastère de Treskavac, dont l'église remonte vraisemblablement au XIIIème siècle, a connu un net essor sous le règne du roi Dusan. Son entrée dans le cadre de l'Etat serbe en 1334, a été suivie, dans le bref intervalle d'une décennie, par l'octroi de trois (voire quatre) chrysobulles délivrés par Dusan. Par ces chartes ce monastère s'est notamment vu rattacher de nombreux biens et privilèges. Simultanément, son sanctuaire originel à nef unique, dédié à la Dormition de la Vierge, a été agrandi par l'érection du côté ouest d'un exonarthex, dont une partie forme une branche s'avançant au sud, et ultérieurement peint. D'après une inscription apposée au sud de l'entrée dans l'église, cet édifice aurait pu avoir pour ktitor le roi Dusan. Les peintures alors réalisées à Treskavac, aujourd'hui partiellement conservées, peuvent être datées entre 1334-1335 et les années cinquante de ce siècle. Un premier groupe ornant les murs, la calotte aveugle, la coupole et le tambour de l'exonarthex constitue une remarquable réalisation picturale de la fin des années trente et du début des années quarante du XIVème siècle. D'autres, disposées sur la façade ouest de l'ancienne chapelle venue s'appuyer sur le mur sud de la branche sud de l'exonarthex et sur les façades ouest et sud de ce dernier, doivent plus vraisemblablement être datées des années cinquante de ce même siècle. D'après les restes d'une inscription, le ktitor de cette chapelle aurait porté le haut titre aulique de tepcija. Compte tenu de la rareté de ce titre en Serbie vers le milieu du XIVème siècle, et au vu des données historiques il semble que ce ktitor puisse être identifié avec le tepcija Gradislav. Entre les années trente et les années quatre-vingts du XIVème siècle celui-ci est en effet le seul tepcija mentionné pour ce qui est des environs de Prilep, et nous savons qu'il a rattaché des biens aux monastères de Treskavac, aux Saints-Archanges à Prizren et à l'hôpital de Chilandar. Immédiatement après la construction de la chapelle venue jouxter l'exonarthex on a entrepris la décoration des façades ouest et sud de l'exonarthex puis de l'adjonction d'un portique ouvert. Dans la calotte de la coupole aveugle surmontant la partie sud de l'exonarthex, autour de la figure du Christ Emmanuel, et sur les murs des parties sud, centrale et nord de l'exonarthex, se développent les scènes du calendrier ecclésiastique le plus souvent accompagnées de distiques iambiques. Par des jeux de mots basés sur des radicaux similaires, ces vers attribués à Christophore de Mytilène poète byzantin du Xlème siècle, expliquent la mort en martyrs des saints et annoncent la récompense qui les attend dans l'autre monde. Sont aujourd'hui conservées les illustrations correspondant à une partie du mois de janvier (du 20 au 30), au mois de mars (du 1er au 31), une partie du mois d'avril (le 5, du 10 au 15 et du 22 au 26), puis deux figures correspondant à la fin du mois de mai et, finalement, une partie des mois de juin (du 1er au 7) et d'août (du 22 au 29). Ce calendrier peint, accompagné de distiques iambique trouve ses plus nettes analogies dans les scènes d'un calendrier partiellement conservées dans l'église Saint-Nicolas Orphanos à Thessalonique, dont les compositions reprennent également les vers de Christophore de Mytilène. La coupole surmontant la partie nord de l'exonarthex accueille une représentation de la Cour céleste, composée de trois parties. Au sommet de la coupole se tient le Christ roi des rois audessous duquel se développe une vaste composition incluant 1' Hétimasie avec le trône apprêté, la Vierge et le roi David revêtu de ses habits royaux. Tous sont entourés, conformément à la hiérarchie céleste, de séraphin, chérubin et des trônes du premier ordre, des seigneuries puissances et forces du deuxième ordre et des principautés, archanges et anges du troisième ordre. La troisième partie de cet ensemble est composé par les figures en pied de huit saints guerriers et martyrs revêtus de vêtements auliques luxueux, disposés dans le tambour de la coupole. Cette composition a pour fondements premiers la lecture des psaumes ainsi que la Hiérarchie céleste de Dionysos l'Aréopagite, auxquels se sont également raccrochées certaines influences venant d'autres textes liturgiques et théologiques. Certains éléments ou détails, ainsi que des représentations quelque peu différentes de la Cour céleste peuvent également être relevés à Zaum, dans le Monastère de Marko, à Nicolas Sisevski et dans les contrées proches de Thessalonique. Au registre inférieur l'exonarthex accueille respectivement, dans sa partie centrale, les figures en pied de quatre saints guerriers et de quatre saints ermites, dans sa partie nord les figures en pied de quatre saints ermites, et dans la branche sud celles de quatre jeunes saints. Le portrait de ktitor du roi Dusan, ultérieurement recouvert par une nouvelle fresque laissant apparaître 1' inscription de l'époque de la décoration de l'exonarthex, a trouvé place au registre inférieur de la façade de l'église, au sud de l'entrée. Le coloris des fresques situées dans la partie sud de l'exonarthex est plutôt étouffé alors que dans la partie nord il est plus clair et plus chaud. Des fresques datant des années cinquante du XIVème siècle sont également conservées sur l'ancienne façade ouest de la chapelle jouxtant la branche sud de l'exonarthex et, partiellement, sur les façades ouest et sud de ce dernier. L'ancienne façade de la chapelle est ornée des portraits du ktitor et de son épouse tenant le modèle de leur fondation qu'ils remettent au Christ et à la Vierge représentés dans deux niches. D'après la partie conservée de l'inscription accompagnant son portrait, ce ktitor portait le titre de tepcija, de sorte qu'en se fondant sur les sources écrites il est très probable qu'il s'agit du tepcija Gradislav, à savoir le dernier personnage connu à avoir porté ce titre. Peu de temps après l'érection de la chapelle jouxtant le mur sud de l'exonarthex, on a également orné de fresques plusieurs niches disposées sur les façades ouest et sud de l'exonarthex et vraisemblablement, érigé un portique ouvert qui a été plus tard muré. Sur la façade ouest sont partiellement conservées les représentations de saint Démétrios ou saint Georges à cheval, au nord de l'entrée, de la Vierge à l'Enfant, dans la niche surmontant l'entrée, et d'une Vierge à l'Enfant sur un trône, au sud de cette même entrée. Quand au mur sud, il accueille, dans une niche située à l'ouest de la porte donnant accès à la branche sud de l'exonarthex, les figures en pied de saint Jean le Précurseur et de saint Jean Chrysostome qui s'adressent au Christ sur le trône, représenté dans une niche située à l'est de cette entrée. Au-dessus de cette même porte apparaît le buste d'un ange, alors que plus à l'est, au-dessus d'une ancienne porte a trouvé place un buste de l'archange Gabriel. Toutes ces peintures ornant les façades ouest et sud de l'exonarthex ne sont que partiellement conservées et de qualité quelque peu inférieure. Sur la représentation de saint Démétrios ou saint Georges à cheval, fortement mutilée, on note toutefois la qualité du dessin et la réalisation de la tête de sa monture. Elles sont d'un coloris clair, quelque peu pâli, dans lequel prédominent les tons chauds et la couleur marron. Les peintures réalisées au XTVème à Treskavac, au cours de trois phases chronologiquement proches, dénotent certaines particularités tant du point de vue de leurs thèmes que de leur style. En tant que fondation du roi Dusan, le plus ancien groupe de ces fresques illustraient deux thèmes plutôt inhabituels: la Cour céleste et le calendrier ecclésiastique. Bien que chacun d'eux ait eu des prototypes ou modèles antérieurs, ils présentent ici des solutions uniques. La Cour céleste a été enrichie de plusieurs niveau de signification symbolique alors que le calendrier ecclésiastique est, pour sa plus grande partie accompagné de distiques iambiques repris de Christophore de Mytilène. Ces deux thèmes peuvent trouver quelques parallèles, plus ou moins partiels dans des monuments situés aux environs de Thessalonique. Les distiques iambiques complexes accompagnant les fresques et l'emploi exclusif du grec dans ces inscriptions attestent l'engagement de peintres ayant une parfaite connaissance de cette langue. De même, par son style, cette peinture pourrait trouver des ressemblances dans la peinture du milieu thessalonicien. Enfin, les fresques, à présent passablement endommagées datant des années cinquante du XFVème siècle ou quelque peu ultérieures dénotent une certaine baisse de qualité survenue avec le temps.