Cet article retrace les adaptations rurales et urbaines d'une association transylvaine d'entraide, appelée Nachbarschaft (en allemand), vecinătate (en roumain) et szomszédság (en hongrois). Ne trouvant sa place ni dans la dichotomie Gemeinschaft/Gesellschaft, ni sur une échelle d'évolution continue allant d'une logique de « don » (entraide communautaire) à celle du « contrat » (assurance-mort), les différentes institutions du voisinage, rurales et urbaines, sont marquées autant par des continuités que par des ruptures. Là où l'État laisse un vide, les réseaux d'entraide s'activent pour répondre de manière originale à certains besoins collectifs. Le modus operandi de cette entraide organisée ne s'est pas inventé d'un coup. Ne correspondant ni à un renouvellement radical ni à une répétition à l'identique, la pratique du voisinage institué s'est transmise aussi bien sur le mode vertical (transmission générationnelle) qu'horizontal (transmission ethnique). Autant l'appartenance ethnique joue un rôle important dans le recrutement des membres d'un voisinage, autant la variabilité émergeant du paysage de ces institutions se révèle être inter- et intra-ethnique. À côté des ruptures entre institutions urbaines et rurales, le calcul et la prise en charge de la mort restent au cœur de tout voisinage transylvain.