摘要:Une Bible latine passée au peigne fin, toutes marges annotées, tous livres commentés, de l’Ancien Testament au Nouveau, du Pentateuque à l’Apocalypse : une foison de talents mobilisés – exégèse renouvelée, histoire recomposée à raison des références et des façons de témoignages, incursions en la généalogie des mots, et leurs héritages, « sociologie » religieuse. Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) entame dès 1829 un décryptage historiciste des Écritures, qui organisera, de son vivant, l’un des arguments centraux de son ouvrage De la justice dans la Révolution et dans l’Église (1858). Cette lecture documentée et passionnée se poursuivra tout au long de son existence militante, et s’inscrira au plus profond de son œuvre. Les annotations du seul Nouveau Testament seront publiées à Bruxelles en 1867-1868. En 1883, Charles-Victor Langlois publiera les notes manuscrites rédigées par Proudhon dans le projet d’une « histoire universelle », sous le titre Césarisme et christianisme. Enfin, Clément Rochel, regroupant plusieurs manuscrits touchant aux « questions religieuses », publiera en 1896 Jésus et les origines du christianisme. L’ouvrage de G. Bessière reprend l’ensemble des considérations touchant au domaine du christianisme, que Proudhon livre tout au long de ses années fertiles en réflexions philosophiques, ou en matière d’économie et de morale, et qui, concernant les conditions sociales de l’événement de religion, constitue l’un des moments fondateurs de notre sociologie actuelle. Il était bon que ces réflexions, pour l’essentiel, et longuement, passées sous silence, soient aujourd’hui réexaminées en leur fraîcheur, leurs limites sans doute, mais aussi bien leurs ouvertures. Parce qu’elles ne peuvent se dissocier de la puissance de conviction, en leur temps, des thèses proudhoniennes d’une économie mutualisée, et d’une obligation de « révolution sociale et économique », toute issue politique n’étant que trompe-l’œil.