摘要:Si la poésie (ré)apparaît au xviie siècle comme par excellence le « langage des dieux », elle se dote aussitôt d’un coefficient de « vérité » et de « sagesse » – science et éthique –, qui surpasse par principe toute écriture à proprement parler « prosaïque ». La poésie d’idées procède de la capacité à se tenir sur le terrain même d’une philosophie ou d’un ensemble de savoirs non encore entièrement autonomisés, et à les « dire » en toutes leurs résonances et leurs effets de connaissance. Philippe Chométy définit dès lors un champ très large de compétences poétiques « classiques », à partir d’un regard volontairement contemporain. Ainsi sont convoqués, loin de tout anachronisme, mais en forme d’affirmation d’une légitimité pérenne : Hugo, selon qui les poètes sont des « savants au croisement de la science, de la religion et de la philosophie » ; Rimbaud, qui « voit » en tout poète la figure du « suprême savant » ; Claudel, assimilant la poésie à la « philosophie de l’Être » ; Ponge, enfin, le poète des « choses », et leur parti pris. Si le xxe siècle s’est interrogé sur « l’essence philosophique de la poésie », il fut en cela héritier d’un questionnement rigoureux au cours du siècle de Louis XIV. La « poésie d’idées » émerge pleinement dans les années 1650, en liaison avec la « diffusion et la vulgarisation » des idées et découvertes – philosophiques (Descartes, Gassendi), scientifiques (astronomie, sciences naturelles, etc.) – pour connaître en 1716, son accomplissement exemplaire avec la publication, par C.C. Genest (1639-1719), des Principes de philosophie, ou Preuves naturelles de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme, exposition versifiée de la physique cartésienne.