摘要:Loin de Herzl et Sartre, loin de Marx et de toute conception unificatrice du judaïsme, il n’est pas de « question juive », mais des questions : plus exactement les juifs, par leurs destins les plus contraires, leurs rapports différenciés aux temps de l’histoire et du mythe, forment des réseaux toujours en mutation de questionnements qui sont au fondement d’une improbable identité, et cependant d’impérieuse nécessité. Car le « peuple juif », précisément, ne fait, ou ne se construit « peuple » qu’aux yeux déconcertés et très vite hostiles des « autres », citoyens de même pays, voisins de même quartier, impairs toujours parmi les pairs. Rien d’une « nation » rassemblée, mais peuples dispersés, disséminés, éparpillés en tous horizons, minoritaires en tous lieux, fût-ce en Israël même, territoire brisé et fragile, traversé d’ondes de chocs, de lignes de fracture, et de vocations divergentes. Pour rendre compte de cette essentielle différence – Derrida eût sans doute écrit « différance » pour en bien marquer la dynamique et la fécondité –, un regard composite et pluriel s’impose, attentif à la multiplicité des parcours et des récits, des œuvres et des inscriptions en l’Histoire, sans qu’un modèle englobant d’intelligibilité puisse, d’emblée, être sollicité. Dès que l’on accepte de lire, et de dire, cette dimension plurielle du judaïsme, des « questions juives » viennent à formulation comme sites d’analyse de très haute richesse. En ces Réflexions nouvelles, Claude-Raphaël Samama réunit, selon la logique de ce regard pluriel, des articles, réflexions, considérations, publiées en diverses revues, ou dans les Cahiers d’études et de recherche sur l’identité juive (CERIJ), dont il est l’un des fondateurs.