首页    期刊浏览 2024年10月07日 星期一
登录注册

文章基本信息

  • 标题:Parcours politiques
  • 本地全文:下载
  • 作者:Michel Lequenne ; Denis Berger ; Emmanuel Valat
  • 期刊名称:Variations : Revue Internationale de Théorie Critique
  • 电子版ISSN:1968-3960
  • 出版年度:2006
  • 卷号:8
  • 出版社:Variations : Revue Internationale de Théorie Critique
  • 摘要:Michel Lequenne : Dès l’adolescence, dès mes 14 ans, j’ai dû travailler, et je travaillais depuis 7 ou 8 mois quand ont éclaté les grèves de 36. Ma conscience de classe a en quelque sorte commencé avant ma conscience politique, et dans ma famille, avec mon père, on parlait de politique tout le temps. Il n’était pas militant, mais un homme très ouvert et très curieux, et moi j’étais un révolté, mon père m’appelait d’ailleurs Robespierro. On parlait alors bien sûr de l’Espagne. Un ami de la famille qui était parti dans les Brigades a eu à faire avec le PC, et il nous racontait des histoires rapportées de la guerre. Les procès de Moscou m’ont fait problème et je me rappelle alors avoir posé des questions à mon père, et celui-ci me répondait que les communistes sont des gens qui se fusillent entre eux. Voilà assez pour être dégoûté des communistes pour le restant de ses jours. Mais mon père qui était un esprit très libéral pour son temps, me dit d’aller voir son copain coiffeur, qui m’en dira plus, et cet ami coiffeur me fait lire Faux Passeport de Charles Plisnier. Une bonne introduction à la politique, et à la question communiste. Avant la guerre, j’étais aux Auberges de Jeunesse, foyer de discussion politique incessante où il y avait tous les courants qui s’affrontaient. Je ne me suis pas engagé immédiatement. Durant la guerre, lorsque j’ai rencontré pour la première fois des trotskistes, je me suis considéré comme étant plus à gauche qu’eux. Maurice Laval (du futur POI), le premier trotskiste que j’ai rencontré m’a expliqué le rôle relativement positif de la résistance gaulliste… Si j’avais rencontré des gauchistes du CCI, j’aurai été immédiatement avec eux, là au contraire, je me suis tenu à carreaux. Après j’ai été appelé au STO, et je n’y suis pas allé pour des raisons purement personnelles : j’étais amoureux et je ne voulais pas quitter mon premier grand amour, mais comme je devenais réfractaire, j’ai dû partir de chez mes parents… Je retrouve alors à Paris un gars que j’avais connu aux Auberges de Jeunesse, un militant du groupe « Octobre », qui me dit : « Tu es réfractaire, qu’est-ce que tu veux faire ? » Et moi malgré tout ce que je savais des staliniens, je réponds que comme ils se battent, c’est eux qu’il faut que je rejoigne. Ce copain m’avertit de la ligne du PC, et il décide alors de me passer les journaux clandestins qu’il a sous la main : des Humanités clandestins, des Vérités clandestins, des polycopiés du CCI, et les premiers tracts du groupe « Octobre ». Alors j’ai lu tout ça. L’Humanité, ça m’a fait dresser les cheveux sur la tête, leurs articles étaient racistes ! J’ai lu aussi les textes de différents groupes trotskistes et je n’ai pas vu de divergence entre eux, je les ai trouvés formidables. Du groupe « Octobre », deux ans après la Libération, on n’était plus que deux, et historiquement je suis le dernier « survivant politique » de ce groupe.
国家哲学社会科学文献中心版权所有