期刊名称:Variations : Revue Internationale de Théorie Critique
电子版ISSN:1968-3960
出版年度:2008
卷号:11
出版社:Variations : Revue Internationale de Théorie Critique
摘要:Chaque révolte populaire vise la récupération de l’espace commun. Et il ne s’agit pas en premier lieu de « l’espace public » conçu comme un lieu privilégié du pouvoir légitime dans ses nombreuses mutations comme l’espace politique, l’espace culturel ou encore l’espace économique. Bien au contraire, tandis que les rebelles contestent et rejettent le bien-fondé des «espaces publics » – parfois jusqu’à demander leur anéantissement, ils veulent plutôt récupérer l’espace commun. Le premier milieu naturel de la révolte moderne, c’est l’espace urbain. L’espace urbain est ici à la fois une condition de possibilité de l’action collective et son enjeu. « Sous les pavés la plage », en mai 1968, exprimait aussi cette revendication pour une vie collective meilleure, le droit au plaisir et le droit à la beauté. Certes les pavés servaient ici d’arme, mais la plage incarnait déjà une fin politique. Le mot d’ordre résume une intuition révolutionnaire collective. Mais derrière cette intuition il y avait bel et bien une théorie, actuellement oubliée voir refoulée – celle de Malevitch ou celle des situationnistes, ou encore celle plus ancienne des grandes utopies des Lumières. Quarante ans après la dernière révolution, la question de l’espace commun n’a guère perdu sa pertinence.