摘要:La tolérance n'est pas une attitude spontanée des êtres humains; on pourrait dire que l'instinct fondamental d'auto conservation et de défense de soi qui caractérise tout vivant se manifeste chez 1 'homme comme une fermeture qui le conduit à considérer avec soupçon tout ce qui pourrait menacer ce qui lui appartient: sa vie, sa famille, sa propriété, mais aussi ses habitudes, ses mœurs, ses convictions, en bref tout ce qui entre dans la constitution complexe de son identité. Pour cette raison il voit, dans ce qui est différent par rapport aux facteurs constitutifs de cette identité, des éléments négatifs, des réalités hostiles qu'il doit combattre pour se défendre. En pratique cela implique que ses rapports avec d'autres individus humains ne se manifestent pas sous des formes conflictuelles seulement si ceux -ci «partagent» avec lui un nombre considérable de ces facteurs d'identité. Par contre, les autres humains, ceux qui ne peuvent pas être considérés comme des «nôtres», deviennent qes ennemis et, même si on n'arrive pas à les attaquer physiquement pour les anéantir ou les soumettre, on considère «intolérables» les caractéristiques qui les font différents de nous (et on assume de telles diversités comme raisons ou comme prétextes qui justifient notre hostilité envers eux). Si on considère cette situation (qui nous rappelle l' «état de nature» dont parlait Hobbes et l' «agressivité» fondamentale théorisée par Freud), l'acceptation très diffusée de l'idéal de tolérance qui (au moins en principe) caractérise la civilisation actuelle peut nous étonner. Un examen historique nous montre toutefois que la culture occidentale est parvenue à un tel résultat à travers un itinéraire que nous pouvons exprimer en forme de paradoxe : on a accepté la tolérance à cause de l'intolérabilité de l'intolérance. Le paradoxe disparaît si on tient compte du fait que l'intolérabilité dont il est question a un sens strictement pratique et concret : l'intolérance religieuse avait donné lieu pendant la Renaissance, spécialement dans l'Europe nord-occidentale, à de telles atrocités (guerres de religion) que les esprits les plus illuminés commencèrent à proposer comme remède une attitude