期刊名称:E-rea : Revue Électronique d’Études sur le Monde Anglophone
电子版ISSN:1638-1718
出版年度:2003
卷号:1
期号:1
页码:1
出版社:Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur le Monde Anglophone (LERMA)
摘要:Quand en 1906 Elizabeth Jordan, éditeur de Harper’s Bazar, demanda à Mary Wilkins Freeman d’écrire le chapitre intitulé “The Old-Maid Aunt” dans le roman collectif The Whole Family,1nul ne se doutait, parmi les contributeurs, que c’était là faire entrer le serpent dans le jardin de cette famille de Nouvelle-Angleterre. Dans l’idée que s’en faisait l’instigateur du projet, William Dean Howells, ce roman était un peu un défi — défi éditorial peut-être encore plus que narratif puisqu’il s’agissait avant tout de convaincre onze autres auteurs d’écrire un chapitre de cet ouvrage au sujet somme toute assez banal : The Whole Family devait être le portrait réaliste d’une famille américaine typique “in middling circumstances, of average culture and expériences” (Bendixen xii). Ce qui intéressait avant tout Howells, c’était le traitement des personnages : chaque membre de la grande famille des auteurs du roman devait faire parler à la première personne un membre de la famille Talbert — les fiançailles de la jeune Peggy Talbert avec Harry Goward étant un prétexte plutôt commode, un événement sur lequel chaque participant aurait certainement son mot à dire. Certes Howells pensait d’abord apparier les membres de la famille de façon logique : le père et la mère, le fils et la bru, la fille et le gendre, la petite fille et le petit garçon, la vieille fille et la jeune fille à marier, le roman s’ouvrant sur la voix de la grand-mère et s’achevant sur la seule voix extérieure à la famille, celle de l’amie de la famille. Mais les nombreux problèmes éditoriaux2 firent que le roman s’ouvrit sur le chapitre écrit par Howells et que les autres suivirent dans l’ordre d’arrivée des manuscrits. C’est ainsi que le manuscrit de Freeman arriva en second sur le bureau de Jordan… et après tout quelle importance ? En laissant à cette spécialiste ès vieilles filles, auteur de “A New England Nun” et de bien d’autres portraits de spinsters de Nouvelle-Angleterre le soin d’écrire la partition de “The Old-Maid Aunt”, il était entendu que sa voix devait rester une voix marginale : qu’avait-elle d’ailleurs à dire, Aunt Elizabeth, sur les fiançailles de la jeune fille de la famille ? Que pouvait-elle bien faire sinon se réjouir d’un sort qui n’avait pu être le sien ou bien maugréer à la manière de ces congénères aigries et acariâtres ? Mais voilà que Freeman, qui ne l’entendait pas de cette oreille, rendit un manuscrit des plus discordants : le portrait de la vieille fille en héroïne érotique.