摘要:On ne peut comprendre le rôle d’exemplum historique que Pline attribue à son œuvre sans revenir sur la genèse de celle-ci, qui suit avec un certain parallélisme sa carrière des honneurs. C’est au moment où il accède aux échelons de cette carrière qu’il prend conscience de la valeur de son témoignage en tant qu’homme d’État cultivé et écrivain, à l’image de son oncle Pline l’Ancien qui mena de front ses charges équestres et la rédaction d’une œuvre encyclopédique considérable. Comme pour tout membre de la noblesse romaine impériale, l’évolution parallèle d’une activité de negotium et de celle d’otium est la manifestation du statut social de son ordre et la condition nécessaire du franchissement des étapes du cursus honorum1. Pline a très bien compris ce double impératif. Aussi, lorsque, pour lui, arrive la possibilité de postuler à la questure qui entraîne l’entrée automatique au Sénat et le désigne comme un membre du petit groupe de candidats recommandés par l’empereur Domitien, son élection ne suscite-t-elle pas de contestation. Il sert, à partir de ce moment-là au sein des quaestores Caesaris qui sont choisis systématiquement parmi les candidati Caesaris2, ce qui le place certes en faveur auprès de Domitien3 alors qu’il a accès à certains dossiers financiers qu’il utilisera ensuite dans sa critique du principat du dernier des Flaviens. C’est pourquoi la problématique de la datation des différentes étapes du cursus honorum plinien est importante pour comprendre l’utilisation que fait le Comasque des données en sa possession. Si la date de sa questure ne peut être fixée avec certitude — pour Th. Mommsen, suivi par A.-M. Guillemin et M. Durry, il l’exerça sans doute en 89 ou 90, contre l’avis de W. Otto qui proposait une chronologie un peu plus récente, du 5 décembre 91 au 5 décembre 92 —, on peut noter que sa carrière politique et administrative est parallèle à celle de ses activités d’avocat et d’épistolier. Enfin, pour montrer à quel point ses différentes activités sont indissociablement menées, A. N. Sherwin-White démontra qu’on ne peut la fixer qu’en s’appuyant sur sa correspondance qui sert de traceur chronologique et typologique. Le cas de sa préture est emblématique des renseignements que Pline fournit sur sa carrière. En effet, cette magistrature n’a pu être datée sans recourir à la lettre VII, 16, 2, adressée à son grand-père par alliance, Fabatus : ici l’épigraphie a été d’un faible recours. C’est dans cette lettre où il parle de son ami Calestrius Tiro qu’il avoue qu’« ensemble nous avons servi à l’armée, ensemble nous avons été questeurs de César. Il m’a devancé dans le tribunat en vertu du droit des trois enfants, mais à mon tour je l’ai rejoint comme préteur, César m’ayant dispensé d’une année »4. Cet exemple montre qu’il ne pourra pas être possible de comprendre l’utilisation des événements vécus ou rapportés en tant qu’exempla historicisant un discours instrumentalisé contre Domitien et en faveur de Trajan sans que nous comprenions que Pline les intègre dans un processus de véridiction, construit autour de la correspondance — comme vecteur de transmission de l’information — et du réseau des amis — comme interlocuteurs validant cette construction littéraire historicisant des faits souvent d’actualité.