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文章基本信息

  • 标题:Jocelyne Dakhlia ed., Trames de langues. Usages et métissages linguistiques dans l’histoire du Maghreb, Tunis-Paris, IRMC, Maisonneuve & Larose, 2004, 561 p
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  • 作者:Catherine Miller
  • 期刊名称:Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée
  • 印刷版ISSN:0997-1327
  • 电子版ISSN:2105-2271
  • 出版年度:2005
  • 期号:107-110
  • 页码:1-5
  • 出版社:Université de Provence
  • 摘要:Ce volume conséquent reproduit la publication des Actes de rencontres organisées dans le cadre d’un programme soutenu par l’EHESS de Paris et l’IRMC de Tunis. Il regroupe 30 articles en huit chapitres (des plurilinguismes dans l’histoire ; brassage et réappropriations ; évincements, dominations ; dynamiques du mixte et du distinct ; passages et passeurs ; territoires et frontières de la langue ; l’air du temps ; la langue de l’état moderne) plus huit articles de synthèse/lecture transversale. Le titre principal ainsi que ceux des chapitres indiquent bien l’objectif de cet ouvrage : saisir les usages linguistiques du Maghreb en sortant d’un schéma dualiste et en soulignant la fluidité des pratiques, l’importance du plurilinguisme, la labilité des frontières linguistiques à travers les époques et les lieux. Il s’agit d’une entreprise ambitieuse et passionnante, qui a voulu à la fois sortir des clichés du prêt-à-penser nationaliste mais également briser l’isolement des disciplines en faisant dialoguer les historiens et les linguistes. La pluridisciplinarité est théoriquement à la mode, mais dans la pratique, c’est une démarche moins commune et relativement difficile. L’introduction de Jocelyne Dakhlia souligne bien l’importance mais également les difficultés d’une telle approche. Elle indique combien la question des langues est un enjeu crucial, un lieu d’affrontement qui est trop souvent schématisée en terme d’une confrontation arabe contre français ou arabe contre tamazigh, dans une lecture qui manque de recul historique, comme si de tout temps les questions de langues avaient été perçues comme nécessairement problématiques et conflictuelles. Elle soulève une question, qui m’a souvent interpellée : « pourquoi les linguistes et les historiens travaillent-ils si peu en commun ? », question que l’on pourrait élargir à bien d’autres disciplines comme les géographes ou sociologues de la ville par exemple, qui s’intéressent fort peu aux questions linguistiques. Mais instaurer un dialogue réel entre historiens et linguistes s’avère relativement ardu, chacun attendant que l’autre lui fournisse des solutions pour les problèmes qu’il n’a pas pu résoudre. Or si les langues ne sont pas des systèmes clos et autonomes, elles ne sont pas un simple reflet des phénomènes culturels et sociaux. Les phénomènes linguistiques ont leur rythme propre qui ne correspond pas nécessairement aux rythmes des transformations politiques et historiques. J. Dakhlia souligne également que, face à la nécessité absolue de déconstruire une perception rigide des contacts de langue, il ne faut pas tomber dans un évangélisme du plurilinguisme et une apologie du métissage et du mélange. Le plurilinguisme du passé ne doit pas être systématiquement perçu comme une coexistence toujours harmonieuse qui trancherait avec l’idéologie nationaliste actuelle. Reprenant un questionnement qui a été souvent abordé par J.-L. Amselme, elle s’interroge sur l’ambiguïté du concept de métissage qui supposerait qu’il y ait eu au préalable des « corps purs » alors que les langues ne se constituent que dans et par le contact. La difficulté de penser le contact dans la durée, d’appréhender une dialectique du un et du composite, s’enracinerait dans une vision monolithique des langues, en partie héritée de la période coloniale et de l’idéologie jacobine. L’ouvrage, perçu comme un état des lieux, un bilan de ce qui peut se dire aujourd’hui de la question des langues au Maghreb, a donc pour ambition de « desserrer » quelques nœuds idéologiques, passionnels et identitaires. Il le fait avec le concours de nombreux chercheurs et universitaires algériens, marocains et tunisiens, qui ont pu se rencontrer et discuter de ces questions souvent épineuses dans le contexte maghrébin, loin des discours politiques formatés et convenus. C’est, il me semble, un des grands mérites de cet ouvrage qui accompagne les changements en cours au Maghreb (reconnaissance progressive de la diversité culturelle incluant l’héritage berbère, roman, juif, français) et qui témoigne que les tabous et les tensions de la période post coloniale sont peu à peu remis en question. En ce sens, cet ouvrage n’a pas seulement une portée scientifique mais s’inscrit dans une démarche de coopération, qui a très certainement nécessité un important travail de contacts préliminaires, de discussions et de relectures.
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