摘要:Qui n’a pas entendu dire qu’il était « dangereux » pour une femme de sortir seule le soir ? Qu’il fallait « prendre ses précautions » au risque de « s’exposer » à une agression ? Et qu’une « femme bien » ne devait pas « traîner » dans l’espace public ? Au fondement de ces injonctions, il y a une évidence : celle de la vulnérabilité des femmes dans l’espace public du fait même de leur sexe. Or ce qui semble aller de soi mérite bien souvent d’être questionné comme le démontre de façon convaincante Marylène Lieber dans Genre, violences et espaces publics. Dans cet ouvrage, issu de sa thèse de doctorat en sociologie, elle questionne la persistance des peurs féminines et leurs implications dans la vie quotidienne, plus particulièrement en matière de déplacements diurnes et nocturnes. Ce questionnement s’opère à travers la mise en tension de deux champs d’investigations que sont les politiques publiques en matière de sécurité d’une part et les pratiques et les représentations, des femmes et des hommes, dans les espaces publics d’autre part. Ce qui aurait pu apparaître comme une juxtaposition d’approches structure son argumentation et appuie sa thèse ; à savoir que « les “risques évidents” que courent les femmes lorsqu’elles se déplacent dans l’espace public ne sont pas la conséquence de leur appartenance sexuée, mais participent de la production de cette appartenance » (p. 16).