摘要:Depuis la fin des années soixante-dix, les firmes multinationales (MN) ont développé des stratégies dont l’un des effets majeurs – par rapport à la thématique de ce colloque – a été de les émanciper de façon croissante des contraintes de localisation sur un territoire donné, national, régional ou local. Cette déterritorialisation des MN est passée par plusieurs phases, pas seulement au sens chronologique, mais aussi du point de vue des stratégies menées par ces firmes. Par conséquent, en une date donnée coexistent des MN ayant atteint des degrés différents de déterritorialisation de leurs activités économiques. La première stratégie concernée par notre analyse est connue sous le nom de délocalisation des unités de production des MN. Cette première forme d’émancipation des contraintes de production sur un territoire national d’origine, apparue dès la fin des années soixante, est une sorte “ d’ancêtre ” (toujours vivant) des modalités plus sophistiquées de déterritorialisation qui ont pris corps à partir des années quatre-vingt. Celles-ci consistent en ce que l’on appelle les nouvelles formes d’investissement, selon le vocabulaire de l’OCDE1 d’une part, et ultérieurement en des alliances stratégiques entre les sociétés-mères de MN d’origine nationale différente. L’effet commun de ces deux nouvelles formules d’internationalisation des firmes, est de leur permettre d’être présentes dans des pays étrangers, et d’y développer leurs activités économiques sans procéder à un investissement direct à l’étranger (et donc avec une mise de fonds limités, voire presque nulle dans certains cas). Ces nouvelles formes de pénétration des économies étrangères ont résulté, au moins en partie, des contraintes imposées aux MN par des pouvoirs économiques locaux s’exerçant dans les pays d’accueil de leurs filiales (basées sur l’investissement direct), en l’occurrence le pouvoir réglementaire de l’État2 et, dans une moindre mesure, le pouvoir syndical local, voire le poids de l’opinion publique . 3 . Dans le courant des années quatre-vingt, parmi les firmes-réseaux résultant des stratégies qui viennent d’être évoquées, un certain nombre de MN s’est engagé dans une stratégie dite globale, basée sur une attitude extrêmement flexible vis-à-vis de la localisation territoriale des activités. Ces MN globales arbitrent entre n’importe quelle localisation, en tout point du globe (de l’économie mondiale), et en sont d’autant plus capables qu’elles recourent de plus en plus aux technologies modernes de l’information et de communication et qu’elles “ financiarisent ” leurs activités. La catégorie la plus déterritorialisée de MN se compose d’une cinquantaine de banques les plus multinationales du monde (les BMN), toutes issues de pays de la Triade, et opérant 24 heures sur 24 sur un marché financier devenu totalement mondial. On peut sans doute parler dans ce cas de MN a-territoriales, la localisation de la banque-mère ou des filiales devenant quelconque du fait de l’existence de zones bancaires off shore, parfois situées dans des paradis fiscaux, et plus récemment du fait que le marché financier est désormais devenu totalement planétaire. Si les stratégies évoquées ci-dessus, permettent probablement de donner corps à l’idée d’un “ international sans territoire ”, celles des BMN valident le thème d’un “ mondial ubiquiste ”, où la référence au territoire n’a plus grand sens, puisque ces banques peuvent développer leurs activités partout à la fois sans être localisées nulle part ou presque. La notion de réseau (de succursales et filiales) est devenue aujourd’hui extrêmement secondaire dans la stratégie des BMN, comparée à celle de mondialisation de leurs opérations financières.
关键词:économie politique; entrepreunariat; territoire(s) et territorialité; Mondialisation