摘要:La pratique en Allemagne des expulsions d'étrangers se dérobe au regard de l'observateur qui n'y verrait qu'une des manifestations du pouvoir administratif de l'Etat moderne. Comment, en effet, analyser cette pratique qui implique, par exemple, des argumentaires opposés comme celui de la protection du marché national du travail et celui des opposants à une « Europe forteresse », une différenciation entre « nationaux » et « étrangers », un corpus de lois, d'ordonnances, des centres de rétention, un agencement particulier entre Etats fédérés et Etat fédéral, des acteurs aussi différents que l'administration d'un canton rural et des organisations internationales non-gouvernementales ? Loin de n'être que le simple résultat des mécanismes d'une institution, cette pratique est le lieu de complexes relations de pouvoir mêlant des individus, des agences de contrôle, des diplomaties, des intérêts locaux et régionaux… Cette pratique apparaît comme un objet à la fois « résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives… », dotée d'un lien entre ces éléments épars, formation enfin, qui, à un moment historique donné, a eu pour fonction majeure de répondre à une urgence. La pratique des expulsions d'étrangers en Allemagne a en effet toutes les caractéristiques de ce que Michel Foucault a nommé un dispositif2. Les conditions de la genèse de ce dispositif, son évolution sous divers régimes politiques sont les repères essentiels qu'il convient de détenir avant d'examiner quatre aspects actuels du dispositif : l'internement ou la rétention administrative, les droits de recours, son agencement fédéral et sa transnationalisation croissante.